Édition Coin de la Rue, 247 pages, septembre 2024
Régis Delanoë, trouve au décès de sa grand-mère, Augustine, des cahiers dans lesquels elle a raconté sa vie. L’auteur confronte les souvenirs d’Augustine avec la réalité telle qu’il peut la voir aujourd’hui, et il a utilisé le talent de Joëlle Bocel pour illustré son roman. Le pays breton d’où vient cette femme est assez peu raconté : elle vient d’Yffiniac dans la baie de Saint-Brieuc en plein pays Gallo. Sa famille au début du 20° siècle était suffisamment riche pour ne s’exiler ni dans une grande ville de la province , ni à Paris, ni au Canada ni aux USA. Comme tous les paysans de cette époque, ils assurent leur survie et travaillent comme des fous. La guerre 14/18 a été un premier choc terrible, toutes les familles avaient un fils, un père, un frère un oncle à pleurer. Augustine était une élève brillante, mais il n’est pas question qu’elle puisse faire autre chose que venir aider ses parents. Cela la marquera car lorsqu’elle aura ses enfants avec un homme qu’elle aimera beaucoup, ils les élèveront en respectant leurs choix d’études. La partie la plus importante c’est la modernisation de l’agriculture. Ils se lancent dans l’élevage intensif du porc et deviennent riches, mais évidemment, contribuent aussi à la tragédie des algues vertes qui souillent les côtes bretonnes aujourd’hui encore, et les produits qu’ils utiliseront pour les animaux et les cultures sans aucune protection seront sans doute responsable du cancer rare et très agressif du mari d’Augustine.
C’est un texte intéressant sans être passionnant. On voit à quel point la religion est importante même si l’église est souvent source d’injustice rien n’a ébranlé sa foi . Pour ceux qui ne connaissent pas la Bretagne et son agriculture, ce témoignage leur apprendra plus qu’à moi qui connaît bien cette région. Mais j’ai bien aimée cette Augustine et le regard de son petit fils plein d’amour et de respect pour celle qui l’a élevé.
Extraits
Début du premier chapitre.
Toute la vie d’Augustine est donc là, dans ces trois cahiers posés sur mon bureau. L’un bleu, un autre beige, le dernier orange. Autour de moi sont entreposés toutes les boîtes contenant ses affaires. Sur un mur, j’accroche un grand panneau de Liège sur lequel je punaise des éléments les plus marquants retraçant son siècle de vie. Des noms, des dates et des photos, une frise chronologique, une carte IGN, des lettres… Autant de documents à confronter au terrain, à différents témoignages et aux archives que je compte dénicher. Voilà qui ressemble presque à une enquête policière
La Bretagne et l’exil.
Au début du XX° siècle, les trois-quarts des Bretons étaient des ruraux, contre la moitié à l’échelle nationale. La région était surpeuplée et touchée par une crise économique sévère, amorcée dans les années 1880 et qui poussait une partie des habitants à l’exil. Fuyez pauvre gens ! Rejoignez la ville, Rennes, Paris. Fuyez même en Amérique. Fuyez cette société archaïque et servile, quasiment médiévale, au service de notables qui profitent de la misère pour s’enrichir Fuyez ce monde cloisonné, renfermé, replié. Au recensement national de 1911, les Côtes-du-Nord figuraient tout en haut du classement de l’émigration.
Éducation dans les années 1930 extrait d’un livre d’olivier Galland .
« Le statut de l’enfance et de la jeunesse à bien changé. Longtemps, il fallait apprendre à l’enfant à accepter, dès son plus jeune âge, les contraintes qu’il ne manquera pas de subir lorsqu’il accédera au statut d’adulte. L’enfance ne préparait pas tant à la liberté et à l’autonomie mais à l’acceptation d’une condition donnée à l’avance. » inutile de bercer d’illusions les enfants. Ils devaient très vite comprendre et admettre leur fonction utilitaire : paysans, ouvrier, ménagère, journalier. Puis quand venait leur tour, à eux de faire des enfants.Déterminisme et reproduction sociale.
La mort et le deuil
Mes parents m’ont dit » « Ta grand mère est morte, tu ne la verras plus jamais. On va la mettre dans la terre et les vers la mangeront. »(…)Dans tous les cas nous étions habillés de noir. Les hommes portaient un brassard noir le femmes de grandes capes avec capuchon. Puis pendant plusieurs mois, elles devaient rabattre sur le visage un voile de crêpe noir. Lorsque j’eus mon premier manteau à sept ans, c’était aussi un noir, en prévision de la mort de ma grand-mère que l’on jugeait proche. Mais elle est morte plus d’un an après.
L’essor agricole en Bretagne
Sans limite ni contrôle, le Bretagne se laissa gagner par ce dopage agricole aux résultats immédiats et spectaculaires. Entre les années 1960 et 1970, les fermés bretonnes multiplièrent par deux leur surface cultivée, par trois leurs achats de matériel agricole, par trois aussi les tonnes de porcs élevés, et même par quatre les hectolitres de lait produits. Il fallait faire grand et gros.
Ah la Bretagne! Cela me parait bien intéressant, en dépit de quelques bémols.
c’est très intéressant comme témoignage les dessins sont jolis.
Je pense que j’aurais autour de moi des amateurs à qui l’offrir. C’est une bonne idée d’en avoir fait un roman illustré !
ce n’est pas un roman c’est un essai témoignage.
En lisant ton résumé, j’ai pensé un peu au Cheval d’orgueil, le livre autobiographique de Pierre-Jakez Hélias qui date un peu maintenant mais qui est très évocateur sur la vie des paysans en Bretagne après la 1ere guerre mondiale.
Jakez Hélias était un véritable écrivain, là c’est un travail honnête mais ce n’est pas écrit par un écrivain, l’écriture est fluide mais il m’a manqué quelque chose.
Je crois que je ne serais pas trop surprise en lisant ce témoignage, tout un monde paysan fonctionnait de la même manière, avec sans doute une emprise plus forte de la religion en Bretagne.
oui exactement mais la Normandie a toujours été plus riche et plus « avancée » que la Bretagne et l’emprise religieuse moins forte enfin c’est ce que je crois.
Pas pour moi surtout avec tes bémols, je la connais suffisamment et je préfère lire autre chose sur le sujet.
tu connais Augustine ? la bretagne ? la réalité paysanne ?
Je vais passer … C’est le type d’histoire que je connais trop bien sur la Bretagne. Je ne pense pas que, nous bretonnes, y apprenions grand chose de nouveau !
je me fais des idées sur les blogueuses et je ne t’avais jamais imaginée bretonne, je t’imaginais ou dans des montagnes ou au soleil ou dans des forêts profondes … bon nous voilà plus proches géographiquement que ce que je pensais .