Édition Livre de poche. Traduit de l’anglais (Irlande) par Sophie Aslanides
Une bonne idée piochée dans ce roman
Peut-être serait-ce une bonne idée que tout le monde cesse d’écrire pendant deux ou trois ans pour laisser les lecteurs rattraper leur retard
Je dois cette lecture à Athalie et après avoir relu son billet, je comprends pourquoi je suis tombée dans le piège de ce roman. Athalie a complètement raison, l’ego des écrivains qui les mène à courir les plateaux télé et à faire les beaux pour recevoir des prix littéraires est très bien raconté dans ce roman. Mais c’est d’une tristesse ! et cela me donne envie de vomir. Or, une de mes grandes joies, je la dois aux livres écrits par ces êtres si imparfaits. Je crois que je n’ai pas envie d’apprendre qu’ils peuvent être de si petits hommes. Depuis « Bel Ami » ou Rastignac je sais bien que celui qui au départ n’a pas grand chose doit avoir les dents bien longues et très peu de scrupules pour arriver au sommet. Maurice Swift n’a pour lui que d’avoir 20 ans et être un très beau garçon qui plaît aux hommes aussi bien qu’aux femmes. Il va faire un coup de maître en prenant le cœur et l’âme d’un vieil écrivain homo d’origine allemande et qui a commis une vilénie lorsqu’il était jeune homme à Berlin.
Le talent de Maurice, car il en a un, c’est de voler les histoires des autres, avec ce roman il a dévoilé au monde que ce grand écrivain admiré par tous a envoyé à la mort une famille juive, parce qu’il éprouvait une passion amoureuse pour son ami. Passion qui n’était pas partagée puisque ce jeune ami était amoureux de la jeune fille juive qu’il essayait de sauver. Ce roman lance Maurice dans la vie littéraire mais il n’a plus aucune inspiration puisque plus personne ne lui raconte d’histoires. Il se mariera et volera le manuscrit de sa femme, dont il provoquera la mort ainsi que celle de son fils. Ensuite, directeur d’une revue, il volera des idées aux talents inconnus qui lui envoient des nouvelles.
Athalie a aimé la fin lorsqu’enfin le destin va se retourner contre lui, et que ses impostures seront dévoilées. Moi j’étais, déjà, complètement écœuré par le personnage. Je pense que j’aurais voulu que le roman s’arrête à la première histoire, les deux meurtres sont de trop. Le seul moment que j’ai aimé après le premier roman, c’est lorsqu’un grand écrivain Gore, ne cède pas à son charme et lui fait comprendre qu’il n’est absolument pas dupe du personnage.
Si vous voulez perdre toutes vos illusions sur les écrivains, et que vous êtes en bonne forme morale, lisez ce livre. Si vous avez envie de croire que les écrivains ne sont pas pires que les autres humains et que parfois vous vous sentez triste de l’état du monde, passez votre chemin : ce livre ne vous aidera pas à vivre
Citations
Un moment assez amusant
Cependant, je me souviens qu’il me félicita pour mon dernier succès et ajouta que, bien qu’il n’eût pas lu mon roman parce qu’il ne lisait aucun auteur non-américain, il avait reçu l’assurance de notre éditeur commun qu’il s’agissait d’un texte d’une certaine valeur.« Je vous en prie, n’en prenez pas offense », me dit-il avec son accent traînant, enfonçant ses doigts boudinés dans sa bouche pour retirer un morceau de petit four logé entre ses dents avant de l’examiner avec l’ intensité d’un analyste médico-légal, puis de s’en débarrasser en l’envoyant d’une pichenette sur la moquette. « Je ne lis pas non plus les femmes et je m’arrange pour le faire savoir dans toutes les interviews parce que cette déclaration m’assure inévitablement un maximum de publicité. La brigade du politiquement correct monte immédiatement sur ses grands chevaux et en un temps record, je me retrouve en vedette de toutes les pages littéraires. »
Humour
Ces livres étaient efficaces mais si douloureusement banals que même le président Regaen en avait emporté un en vacances en Californie vers la fin de son déconcertant règne et déclaré qu’il s’agissait d’un portrait magistral des ouvriers des aciéries américaines, sans se rendre compte que les ouvriers en question forniquaient à qui mieux mieux entre les lignes.
La méchanceté
Ma propre mère, Nina, a commencé comme actrice, vous savez. Elle a ensuite renoncé à cette profession pour devenir une alcoolique, une traînée et une aliénée. Je ne sais pas pourquoi elle n’aurait pas pu faire tout ensemble. Historiquement, les deux carrières ne se sont jamais avérées incompatibles.
L’indignation littéraire
Et tout ce que je peux en dire, c’est que la moitié des romanciers du monde entier ont mis leur grain de sel, ce qui a fourni à chacun d’entre eux les quelques minutes de publicité qu’ils recherchaient. Comme la concurrence est féroce quand il s’agit d’exprimer son indignation !
Aie, il faut choisir son moment, alors? Mais j’avais bien aimé Les fureurs invisibles du coeur…
C’est un roman bien construit et très efficace. Il raconte bien les côtés obscures des écrivains. Trop bien à mon goût. J’ai besoin de croire que ces hommes et ces femmes ne sont pas pires que la moyenne de l’humanité, pour être honnête j’ai envie d’avoir de la sympathie pour eux, car ils contribuent à mon plaisir de vie.
Finalement il fait quasiment pire que l’écrivain qu’il a dénoncé au départ. En tout cas pas mieux. Ce n’est pas très engageant.
Pour moi il fait pire mais c’est passer du temps avec un tel personnage qui m’a le plus contrariée.
J’avais beaucoup aimé Les fureurs invisibles du coeur, et du coup, j’ai commencé celui-ci pleine d’enthousiasme, et n’ai pas survécu (enfin façon de dire !) à la 50ème page… bref, je n’ai pas accroché du tout et n’ai pas réussi à m’intéresser un minimum au personnage.
Cela me console un peu. Je ne suis donc pas la seule à vouloir garder quelques illusions sur les écrivains.
J’avoue que j’ai adoré ! Pas le personnage, mais la construction en ellipses, et par paliers qui enchainent les vilenies, avant la chute … Même si, une fois que l’on a compris le principe, on est de moins en moins surpris. Le fait que le personnage soit un écrivain ne m’a pas gênée, la satire de l’ambition peut s’appliquer à tous les milieux, hélas.
Je découvrirai avec plaisir un autre titre de l’auteur, je ne pense pas que ce sera ton cas Luocine, par contre, et j’espère que tu ne m’en veux pas trop ^-^
Tout ce que tu dis sur la construction du roman est exact, je suis parfois un peu primaire dans mes réactions si l’auteur s’en prend à ce qui fait mon plaisir de vie j’ai du mal à aller au-delà. Ici c’est le cas , ce prédateur qui survit dans le monde des écrivains je l’ai trop détesté pour apprécier ce roman. Non je ne t’en veux pas car j’apprécie toujours de « sortir de ma zone de confort » (expression très utilisée en ce moment sur les média, sans que je sache pourquoi).
Je crois sincèrement que je vais l’adorer, comme Athalie, parce que j’aime, en littérature s’entend, qu’on me montre le « côté obscur », comme tu dis.. Il est d’ailleurs déjà sur mes étagères !
Je mets ton premier commentaire, je t’explique il faut que je trouve un ordinateur pour pouvoir répondre aux commentaires.
Rhô, mon commentaire d’hier n’est visiblement pas passé … je réitère, donc : je suis quasiment sûre d’apprécier ce titre, qui est sur mes étagères, car contrairement à toi, j’aime quand ça creuse du côté obscur (en littérature, s’entend !!).
(Et je t’ai envoyé un message à propos de l’abonnement à mon blog).
Bien sûr que j’avais vu ton message et oui j’ai essayé de m’abonner . Je ne sais pas si tu as vu il y a une panne du serveu OVH, j’ai hâte de lire ton billet sur ce livre.