Édition Pocket

Le bandeau me promettait une lecture inoubliable et un roman qui a connu un énorme succès. Même « la souris jaune » en avait dit beaucoup de bien, je dis même car il est très rare que je trouve chez elle des livres à grand succès. Je l’avais remarqué chez « Sur mes brizées« . J’ai été beaucoup plus réservée qu’elles deux. Je trouve que la première partie sur la montée du nazisme en Autriche est bien raconté mais je crois que j’ai tellement lu sur ce sujet que je deviens difficile. Il y a un aspect qui a retenu mon attention, c’est à quel point les Autrichiens ont été parfois pires que les Allemands dans le traitement des juifs. Ils n’ont pourtant été que peu jugés après la guerre pour ces faits. On comprend bien la difficulté de s’exiler, même quand l’étau antisémite se resserre, la famille que nous allons suivre a beaucoup de mal à laisser derrière elle leurs parents âgés et ils espèrent toujours au fond d’eux que cette folie va s’arrêter. Quand ils se décideront à partir au tout dernier moment, les frontières se sont refermées et les pays n’accueilleront plus les juifs. Ils passent donc un moment en Suisse dans un camp assez sinistre. Ils iront finalement dans le seul pays qui a accepté de recevoir des juifs : La République Dominicaine. C’est toute l’originalité du destin de ces juifs qui ont été accueillis dans ce pays si loin de leurs traditions autrichiennes. Dans ce gros roman l’auteure décrit avec force détails l’installation de ces intellectuels dans un kibboutz où chacun doit cultiver, élever les animaux, construire une ferme dans le seul pays qui a accepté officiellement d’accueillir jusqu’à la fin de la guerre des juifs chassés de partout. Nous voyons ces Autrichiens ou Allemands tous intellectuels de bons niveaux s’essayer aux tâches agricoles et de faire vivre un kibboutz et ensuite la difficulté de se reconstruire avec des origines marquées par la Shoa . Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas entièrement adhéré à ce roman. Je n’avais qu’une envie le de finir sans jamais m’intéresser vraiment à ces personnages.

 

Citations

 

Beau rapport père fils

Je ne pus retenir un soupir de soulagement : finalement il n’y avait eu ni affrontement ni querelle. Je lus dans les encouragements de mon père une grande ouverture d’esprit et une tolérance que je ne soupçonnais pas. Ses yeux perçants souriaient et je sentis une puissante vague d’amour déferler et m’envelopper tout entier. Je savais quel renoncement et quels regrets c’était pour lui. J’étais fier de mon père. Il m’aimait. Je ne le décevrais pas.

Vienne

Je ne me sentais pas juif, mais simplement et profondément autrichien. J’étais né dans cette ville, comme mon père et ma mère avant moi. C’était mon univers, dans lequel je me sentais en confiance et en sécurité, et qui devait durer éternellement. L’Autriche était ma patrie, et être juif n’avait pas plus d’importance qu’être né brun ou blond. Bien sûr nous étions juifs, mais notre origine ne se manifestait guère plus qu’une fois par an le jour du grand Pardon, quand mon père s’abstenait de fumer ou de se déplacer, plus pour ne pas blesser les autres dans leurs sentiments que par convention conviction religieuse.

Vienne et ses juifs

Malgré les signaux d’alerte qui ne cessaient de se multiplier, nous nous raisonnions : nous étions si nombreux, quelques 180000 rien qu’à Vienne, et tant de juifs occupaient des positions clés dans l’économie et la culture. Nous étions héros de guerre, artistes, scientifiques, universitaires, médecins, notre pays ne pouvait se passer de nous.

 

 

 

8 Thoughts on “Les déracinés – Catherine BARDON

  1. Je ne l’ai pas lu et je ne sais pas si je le ferai.

    • Ce livre nous révèle l’accueil des juifs en république Dominicaine à une époque où tous les autres pays avaient fermé leur frontière.

  2. keisha on 9 août 2021 at 08:25 said:

    L’intérêt est le rappel de quelques faits, dont la venue en République dominicaine. J’ai eu des bémols, en particulier sur les histories sentimentales.
    https://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2018/09/les-deracines.html
    Donc nos avis se rejoignent , non?
    En tout cas je n’ai pas lu la suite (deux volumes je crois)

    • Je suis un peu loin de mon ordi pour remettre le lien sur mon article mais je le ferai. Moi non plus, je n’ai pas eu envie de poursuivre.

  3. Pfff.. je crois que je vais me fier à ton avis : j’ai ce 1e opus sur mes étagères depuis un moment, et j’ai lu d’autres billets avec des bémols (dont sans doute celui de Keisha). Entre ça, et le fait de savoir que c’est une tétralogie… je crois que je vais m’en débarrasser !

    • Ce n’est pas un mauvais roman, et c’est le témoignage d’une réalité peu connue mais il est vrai que je manque d’enthousiasme pour le défendre complètement.

  4. LaSourisJaune on 20 août 2021 at 20:14 said:

    Ah, je n’avais pas encore vu que tu avais lu Les Déracinés… J’avais été vraiment touchée par le destin de ce jeune couple, de jeunes intellectuels destinés à une vie culturelle dans la capitale autrichienne, et que le destin vient douloureusement contrarier. De même que par le choix terriblement tragique des parents d’Almah… Tragique, tellement fort… Je recommande encore le tome 2, plus léger mais attachant, par contre je n’ai pas aimé le 3e opus.

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