Édition P.O.L

 

J’ai trouvé cette lecture chez « lire au lit » un blog qui propose des lectures originales et qui sont souvent éditées chez P.O.L. Comme cette blogueuse, je me suis attachée à Aymeric, le père du petit Jim, né d’une d’une maman, Florence qui mène sa vie un peu à « l’arrache ». Le roman couvre la jeunesse d’Aymeric et de Florence, puis raconte les dix ans de bonheur absolu pendant laquelle Aymeric sera le père de Jim, jusqu’au retour du père biologique. Ensuite, nous partageons la terrible souffrance de cet homme qui verra son « fils » partir au Canada avec ses parents biologiques. Aymeric et Jim se retrouveront, mais vingt ans plus tard et Jim aura beaucoup de questions à poser à ce père qu’il a tant aimé.
Résumé de cette façon, je ne sais pas si je vous donne envie de lire ce roman, pourtant c’est incroyable comme cette lecture m’a touchée. D’abord parce qu’on ne traite pas si souvent de l’attachement d’un homme pour un enfant jusqu’à penser à en être le père. Sans pour autant faire les démarches administratives qui officialiseraient le lien, pensant sans doute que le lien d’amour est plus fort que n’importe quelle administration. Ensuite parce que tous les personnages sont dans la nuance, trop sans doute, si Aymeric s’était plus imposé et avait plus rejeté Christophe le père biologique, il aurait sans doute moins souffert. Combien de fois dans ce roman, j’ai eu envie de lui dire : « mais réagis, impose toi , ne te laisse pas faire » . Comme il le dit si bien dans ce roman les conseils des autres qui ne vivent pas la situation sont souvent trop tranchants et n’aident pas à comprendre l’ensemble de la situation. Ces personnages sont des gens d’aujourd’hui ni en réussite particulière ni en échec, ils vivent dans une région que l’auteur aime profondément : le Jura. Une région de bois et de montagne, dans laquelle Pierre Bailly a ses attaches . Le centre du roman qui raconte l’enfance de Jim au milieu de la nature qu’il découvre grâce à son père et à une grand-mère qui vit dans une ferme au milieu des bois, est un moment magique. Comme tous les bonheurs, il y a des failles que le narrateur ne veut pas voir : est-il encore amoureux de Florence ? ou reste-t-il près d’elle pour élever leur (son) enfant ?

Le récit est très bien mené , le choix de la maman de le couper de ce père pour que l’enfant essaie de s’adapter au Canada est très logique mais que de dégâts derrière. Le personnage que je trouve le moins crédible mais aussi celui qui m’a le plus dérangé c’est Christophe le père biologique. Il n’a absolument pas voulu de cet enfant et a repoussé cette femme quand il a su qu’elle attendait un enfant de lui. Un terrible accident a tué sa femme et ses deux filles et c’est chez Florence qu’il vient se faire consoler. Il fallait bien un personnage pour le roman , mais lui je n’arrive pas à imaginer sa construction mentale.

Nous sommes aussi dans un monde que je connais peu, un monde où on va écouter des concerts pour tout oublier et la drogue aide bien dans ce cas. Je préfère et de loin quand le narrateur obtient le même résultat dans ses marches en montagne.

Un superbe roman et je me promets de lire les autres livres de cet auteur.

 

Citations

Psycho à la fac

En psycho que on devait être trois mecs pour deux cents filles. Je me souviens d’une soirée où j’ai dit à un type que je faisais psycho, il en est resté bouche bée pendant plus de dix secondes, estomaqué par ma réponse. Il a fini par s’exclamer : mais oui, t’as tout compris, toi, oh, le petit malin, en plus ça marche à ce que je vois, bien joué mon gars. Là, il regardait en direction de Jenny, et quand je lui ai annoncé qu’on se connaissait d’avant, qu’on ne s’était pas rencontré sur les bancs de la fac mais au collège, il a repris sa tête de poisson crevé. Il venait de trouver la seule raison pour un mec aller en fac de psycho finalement non, ce n’était même pas pour ça que j’y étais .

L’éducation d’un petit garçon aujourd’hui .

On avait beau avoir le souci, autant Flo que moi, de ne pas trop valoriser les codes masculin et de ne pas lui imposer des pratiques de petit mec, on avait beau l’encourager à s’autoriser à aimer la couleur rose ou tel jouet traditionnellement destiné aux filles, et j’insiste pour dire que je faisais ma part de boulot en la matière, et bien je ne pouvais pas m’empêcher de camper ce personnage de père qui bricole, de père qui n’a peur de rien, de père un peu brutal parfois .

Comment gérer une crise : les amis ne sont pas forcément les mieux placés .

Elle était au courant de tout, bien sûr, elle était encore plus remontée que moi. C’est toujours facile de s’emballer quand on est extérieur, on ne vit pas les choses, on n’est pas vraiment concerné, on ne souffre pas de la même manière, et puis on n’aura pas à assumer les conséquences de nos réactions et de nos actes, alors on adopte une position radicale, on joue les durs, et on ferait mieux de se taire, car on est souvent de mauvais conseil,

19 Thoughts on “Le Roman de Jim – Pierric BAILLY

  1. keisha on 10 juin 2021 at 07:32 said:

    Grace à toi j’ai découvert le blog Lire au lit, et c’est exact, je sens que là bas je trouverai de chouettes idées lecture. Bon , le roman de jim est à la bibli, je l’avais pris reposé (trop de tentations et un quota d’emprunts) mais maintenant je vais revoir ça!

    • Oui « lire au lit » est un blog intéressant, mais comme c’est chez elle que j’ai découvert acheté et lu « la demoiselle à cœur ouvert » je suis prudente mais ce livre là m’a beaucoup plu.

      • keisha on 10 juin 2021 at 13:12 said:

        J’en ris encore! ^_^
        En fait je crois que c’est le titre précédent de l’auteur que j’avais vu.
        De toute façon, P.O.L. ou Minuit, ça passe ou ça casse, souvent.

  2. deux découvertes en une note pour moi, ce matin. Celle du blog, lireaulit, auquel je viens de m’abonner, et celle de ce titre que je vais garder dans un coin de mon carnet jusqu’à ce qu’il sorte en poche. Merci Luocine !

    • C’est vrai que « lire au lit » est un blog intéressant, mais comme je l’ai dit à Keisha , je me méfie un peu de ses engouements intellectuels très universitaires. Ce roman-ci est vraiment très bien.

  3. le sujet est intéressant et j’ai autour de moi une famille où le problème s’est posé et ce fut comme dans ce roman très dur pour le père brutalement dépossédé, en plus c’est souvent associé à des bagarres entre conjoints ce qui amplifie encore les dégâts pour les enfants
    je note peut être pas pour moi mais j’ai des amies qui travaillent dans le social et c’est un sujet qui peut leur plaire

  4. Je vais régulièrement sur le blog Lire au lit, mais je ne m’y retrouve pas souvent, nous n’avons pas tout à fait les mêmes goûts, en revanche, j’aime le ton de ses articles. Et Bien souvent je suis déçue par les livres édités par POL. Donc, bon, là, je verrai plus tard.

    • J’ai connu une déception avec les suggestions de ce blog, et c’est vrai qu’elle semble attirée par cette maison d’édition mais ce roman pourrait te plaire.

  5. Je risque d’être encore énervée à la lecture de ce roman si jamais je me lance ; ces adultes qui prennent des décisions gravissimes pour les enfants sans tenir compte des conséquences, ça me met hors de moi. Et le personnage de Christophe ….

    • Le personnage de Christophe est pour moi le moins crédible et tu as tout à fait raison ces adultes ne pensent pas aux conséquences de leurs actes mais même s’ils t’énervent ils sont nombreux et l’auteur le raconte bien.

  6. Je ne lis et n’entends que du bien à propos de ce roman (même les intervenants du Masque et la plume étaient unanimes !) et j’ai surtout confiance en ton avis. Je l’ai donc soigneusement noté !

    • C’est un bon roman, et très représentatif des personnalités d’aujourd’hui. Cet homme qui ne se défend pas très bien face aux difficultés de la vie, j’en connais beaucoup.

  7. Je le croise en bib’, je me fierai à ton enthousiasme et tes émotions !

  8. EddieS. on 14 juin 2021 at 22:37 said:

    Belle chronique pour un très beau livre que je viens de terminer en larmes. Je suis bien d’accord avec vous sur le fait que ce roman de Jim ne comporte pas les stigmates intellos et parisiens des livres habituellement publiés par cet éditeur ( et par d’autres ) , il a agi pour moi de toute sa finesse et de son humanité, pour dans les dernières pages me submerger d’émotion.

    • Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir été très émue par ce très beau roman. Et moi aussi je me méfie un peu de cette maison d’édition.

  9. Je n’avais pas encore repéré ce roman mais ce que tu en dit est très tentant.
    Chez POL, j’aime beaucoup Emmanuel Carrère mais ce n’est pas une maison d’édition vers laquelle je vais les yeux fermés.

    • Je ne fais pas très attention aux maisons d’édition, plutôt aux auteurs et je lirai volontiers d’autres romans de cet auteur.

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