Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Édition Phébus , traduit de l’anglais par Jean buhler
Ce roman s’est retrouvé dans les propositions du club de lecture dans le thème : « écrivains américains ayant habité en France ». J’ai appris ainsi que Louis Bromfield a séjourné des dizaines d’années en France puis, il est retourné dans son Ohio natal pour y fonder une ferme écologique qui se visite toujours. Ce roman, je l’ai lu et relu dans ma jeunesse, j’adorais les passages où Mrs Parkington règle ses comptes avec les médiocres qui n’avaient pour eux que la richesse due à leur naissance. J’ai éprouvé un plaisir très régressif à le lire de nouveau. L’intrigue est bien menée : une riche héritière d’un mari peu scrupuleux qui a amassé une fortune considérable voit s’effondrer un monde basé sur l’appartenance à une classe sociale et qui se croit à l’abri des lois et du commun des mortels. Elle fera tout ce qu’elle peut pour sauver son arrière petite fille des retombées qui vont éclabousser son père qui a épousé la petite fille de Susie Parkington. L’auteur fait de constants retours en arrière qui nous permettent de revivre la vie de cette femme et expliquent pourquoi leurs enfants et petits enfants ont tant de mal à se sentir bien dans leur peau. Trop beaux pour ses fils, pas assez belle pour sa fille, mais dans tous les cas beaucoup, beaucoup trop riches, ils n’auront pas su être heureux. En relisant ce roman, j’ai pensé qu’aujourd’hui les requins de la finance n’ont guère été punis pour leurs actions qui ont ruiné tant de gens dans le monde. Il y a bien des aspects de ce roman auxquels je suis moins sensibles aujourd’hui et que je trouve même agaçants. La place de la femme, qui doit être belle, courageuse, soutenant son mari en toute occasion, et en même temps heureuse, on est loin des combats féministes ! L’idée que l’hérédité explique les difficultés des descendants : les « Blairs » étaient des originaux les enfants seront marqués un peu bizarres. En revanche, j’avais oublié à quel point ce roman était une critique du capitalisme américain et soutenait la politique de Roosevelt, le roman raconte la fin d’un monde fondé sur un capitalisme prédateur et l’arrivée d’un société plus humaine et plus honnête. L’auteur critique beaucoup les Américains qui croient que la naissance leur permettent d’appartenir à un monde au-dessus des lois, ce que je trouve un peu étrange car pour moi l’image de l’Américain est plutôt représenté par le « self made man ». Et finalement, je l’avoue, avoir de nouveau éprouvé de la sympathie pour cette femme extraordinaire même si je ne crois pas du tout que ce genre de personnalité avec toutes ces qualités puisse exister.
Plus qu’un jugement objectif sur ce roman, les cinq coquillages viennent illustrer tous les bons souvenirs que cette lecture m’a rappelés.
Citations
Sa jeunesse admirons au passage la nature féminine….
Susie ne manquait jamais de voir le soleil se lever, car sa mère et elle étaient toujours debout avant l’aube afin de préparer les provisions des hommes qui allaient travailler dans les mines. Il fallait emballer des sandwichs et verser le café dans des bouteilles. Active et précise dans ses gestes, la mère de Susie était jolie, avec ses petits yeux bleus et ses joues à se joue à fossettes. C’était une de ces femmes qui ont besoin de travailler sans relâche, de par leur nature même. Elle n’aurait pu se priver de fournir de grand effort physique. Susie connaissait aussi ce besoin dévorant d’activité, cette inquiétude qui ne l’eût jamais laissé en repos si son énergie n’avait été heureusement tempérée par une forte propension à la rêverie et à la contemplation.
Le personnage négatif de l’ancien monde
Ned avait peu d’expérience, mais il avait déjà rencontré assez d’individus de la trempe d’Amaury pour pouvoir les juger au premier coup d’œil. Ces gens-là croyaient être protégés par des privilèges spéciaux du fait de leur naissance et échapper ainsi aux lois qui régissent les actes de l’ensemble du peuple américain. Ils étaient nés dans cette période où le sentiment des valeurs avait été faussé, où l’on ne croyait qu’à la puissance de l’argent et où l’on négligeait complètement les qualités du cœur et de l’esprit.
Une phrase que je dédie à ceux qui sont toujours en retard
Toujours ponctuel, le juge Everett arriva à onze heures trente. L’exactitude est le propre des gens qui travaillent beaucoup. Seuls les oisifs peuvent se permettre de gaspiller le peu de temps qui nous est accordé pour vivre.
Réflexions sur un type de personnalité que je trouve assez juste
La pauvre duchesse, avec son visage blême et ses yeux pitoyables de tristesse, semblait demander l’aumône d’un peu de sympathie, mais dans l’instant qu’on lui accordait, elle la refusait contre toute attente et se cachait derrière l’écran de sa dignité blessé. Elle était triste comme seuls peuvent l’être ceux qui sont parfaitement égoïstes, ceux qui sont condamnés à souffrir toujours et partout, parce qu’ils ne veulent pas voir plus loin que les murs de la prison dans laquelle les tient enfermés le souci de leurs propres peines.
Plaisir régressif : je te comprends, en relisant Autant en emporte le vent, j’ai ressenti ça.
Je ne connais Bromfield que de nom, avec Mousson. Jamais lu. Mais ça a l’air ben, dis donc!
J’avais adoré la mousson, tu me donnes envie de relire ce roman. La différence entre ma jeunesse et aujourd’hui c’est que je relisais très souvent les mêmes romans car c’était compliqué d’avoir de nouveaux livres. Mais du coup je me souviens mieux de ces livres.
un auteur bien trop oublié et rangé au rang des romans sans intérêt
un de mes meilleurs souvenirs de lecture fut La Mousson j’avais 14 ans je crois et le livre m’a été offert un soir de réveillon, j’ai passé une partie de la nuit à le lire et depuis j’ai du le relire …allez environ 15 fois je crois
je n’ai pas lu celui là alors tu penses si je vais me précipiter, je te recommande Précoce automne du même aux éditions Phébus un petit chef d’oeuvre
Je vais suivre ton conseil. Je me souviens bien de la Mousson moi aussi. Je crois que je suis devenue très indifférente aux jugements des uns et des autres sur la prétendue bonne littérature. Le privilège de l’âge : je lis ce qui me plaît.
J’aime beaucoup les choix éditoriaux de cette maison d’édition.
Je n’avais pas trop fait attention à la maison d’édition. Plutôt à cet auteur qui a enchanté ma jeunesse.
Ce roman a été écrit en quelle année ? Il me semble qu’il était dans la bibliothèque familiale, cela ferait donc plus de quarante ans…
Je ne crois pas l’avoir lu, pourtant…
Vérification faite ce roman paraît en 1943 …. il était aussi dans la bibliothèque de mes parents avec « la Mousson ». Et j’ai lu ces deux romans avec passion. La relecture montre des failles mais j’ai retrouvé mes souvenirs de plaisir de lecture d’autrefois : des personnages pour qui ont a une forte empathie et d’autres une forte antipathie. Ils font ensuite partie de notre vie.
D’après ce que tu en dis, ce roman semble très connu voire un classique et je n’en n’ai jamais entendu parler !
Pour la critique de la société américaine, pourquoi pas ?!
Ce romancier est surtout connu pour « La mousson » c’est un roman qui m’avait permis dans ma jeunesse de découvrir l’Inde .