Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Je n’ai pas trop accroché à ce roman qui possède pourtant des qualités certaines. Un homme, devenu SDF par manque d’amour et de réussite passe son temps sur la frontière Franco-Italienne dans les Alpes. Il y croise un autre « chemineau » qui a été moine chartreux autrefois et à eux deux, ils représentent ceux que notre société ne peut pas accepter : des itinérants qui n’attendent plus rien de la société des hommes. Coublevie, notre SDF, s’arrête parfois dans le Café du Nord, lieu de réunion d’une bande de paumés alcoolisés. Mais dans ce café vit aussi Camille, la fille du bistrotier, qui éveille des convoitises masculines, car elle est jeune et si belle. Et puis c’est le drame, un des habitués est retrouvé assassiné.
Je ne vous en dis pas plus car je divulgâcherai ce roman. La force de son propos tient dans le fait que nous sommes dans la tête de Robert Coublevie qui est loin d’avoir les idées claires. Ce roman m’a fait un peu penser à Farrago, qui est un de mes romans préférés. On suit ici aussi une errance de quelqu’un qui a si peu de chance de s’en sortir mais qui connaît très bien la nature où il trouve refuge. Ici, c’est la montagne et cela nous vaut de très belles descriptions. D’où viennent donc, mes réserves ? Certainement de l’aspect répétitif des situations et des descriptions. Le cerveau embrumé de Robert a peu à peu endormi mon intérêt. Mais je suis sûre que ce roman peut trouver son public et j’y ai trouvé de très belles pages.
Citations
Portrait
J’ai pas encore parlé de Tapenade, un autre habitué du café du Nord, une relation de bureau en quelques sortes, retraités agent supplétif, j’en sais rien, mais un type heureux, fier d’être en vie et surtout fier de rien branler, avec un bon sourire de Chérubin céleste et, juste au-dessus, un tas de cheveux gras et filasse que c’en est une désolation. Le vrai poivrot des jours heureux… Mounir l’appelle première pression à froid mais c’est un peu long et le type boit jamais bière, seulement des petits jaunes… Je préfère Tapenade.
Réflexion
La mémoire, c’est un piège. Elle rassemble nos échecs et nos déceptions, elle classe toutes ces misères, elle les accumule dans le foutoir intime, là où ça pourrit sans ordre et sans façon. Crois-moi, elle nous fait vraiment souffrir, la mémoire, genre élancements dentaux, vieilles caries qui se réveillent.
Réflexion dans une chapelle
C’est pas Dieu qui importe. C’est ce truc-là, le téléphone. On passe notre vie à le tapoter, le guetter, le consulter et, dès qu’il reste muet une demi-heure, on pète de trouille. On a vraiment peur qu’il reste silencieux. Avec Dieu, le silence, quand même, on a l’habitude.
Paysage de montagne
On arrive à la chapelle de Constance avec sa petite croix en pierre, sa fontaine dans un tronc de mélèzes, ces fleurs et son toit de bardeaux.Je la connais, cette chapelle.C’est là, dans un recoin, le long du ruisselet canalisé en fontaine, que sortent les premières violette, les toutes premières de l’année, celle qui sentent la guimauve, l’enfance et la Résurrection. Cette fois, en plus des violettes, l’églantier est en boutons… Je tends le.doigts vers les roses sauvages qui pointent leur nez au milieu des épines.