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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Roman très étrange, que ce récit d’un jeune attaché d’ambassade à qui l’on confie une mission sans grand intérêt : trouver les anciennes frontières des pays Baltes. On y découvre la vie des ambassades et de son personnel et avec mon esprit mal tourné, je me dis qu’en période d’économie, il y aurait là de très bonnes idées à piocher pour réduire les dépenses de l’état. Mais vu le savoir faire avec lequel nous est décrit ces personnes de la haute fonction publique française (tailler son cigare, faire la tournée des bars, rédiger des télégrammes que personne ne lit…) cela ne ferait que des chômeurs de plus !

J’ai commencé la lecture avec un grand intérêt et, au début, ce roman sur ces contrées lointaines m’a bien intéressée, puis, peu à peu, le personnage principal se perd dans une non-vie qui rend son roman non-vivant. On s’attend sans cesse à ce qu’il se passe autre chose, mais rien ne vient sinon qu’il fait froid et que les populations y vivent difficilement. Les chapitres courts aident à tourner rapidement les pages mais sans que rien n’accroche vraiment. On peut simplement se faire une idée, par ailleurs fort peu sympathique, des pays baltes en particulier sur les difficultés d’être ou ne pas être de la nationalité du pays.

Plein de détails m’ont fortement agacée, d’abord le pays n’est pas nommé, cela empêche le pays et le roman de s’ancrer dans le réel, la langue est souvent recherchée à la limite du snobisme, les expressions étrangères ne sont jamais traduites (La voix de baryton répercutée par Lothar à tue – tête, Nun ist die Welt so trübe, der Weg gehüllt in Schnee). Le flou, peu à peu, s’installe entre le réel et l’imaginaire, et la dénonciation de ce qui s’est passé pendant la deuxième guerre mondiale est noyée dans les limbes de son cerveau embrumé. Ceci dit il y a parfois de très beaux passages et le début m’a beaucoup intéressée .

Citation

Un portrait

C’est une femme plantureuse, la peau couleur d’argile, le ventre feuilleté de plis, les cuisses maculées de taches verdâtres , le visage large et lippu, le crâne aplati ; les yeux bridés trahissent une origine asiatique ; son sexe glabre est enfoui sous la chair surnuméraire, ses fesses sont d’une déesse aurignacienne , ses énormes seins suintent de tristesse – leurs aréoles me décrochent un regard noir.

le langage diplomatique

Je devine qu’il s’agit tout bonnement de ceux que le langage commun appelle des espions – les services secrets qui affectionnent les périphrases disent « les officiers traitants ».

L’ambiance des pays baltes en automne

Les visites de Neva se font de plus en plus rares. Elle semble gagnée à son tour par la mélancolie que j’ai observé chez Lotha. Elle devient bizarre. Me parle du mauvais temps, de ses études qui l’ennuient, des maladies de sa mère, de l’indifférence de son beau-père, de la froideur de son oncle. Serait-elle sur le point de sombrer dans une de ces hystéries nordiques, fréquente à cette latitude, sous ce ciel avare de lumière. 

Belle description avec un mot que je ne connaissais pas

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 Traduit de l’américain par Marie-Odile Fortier-Masek.

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J’ai lu plusieurs romans de cette auteure sans jamais m’enthousiasmer. Dans ce roman, Tracy Chevalier nous faire revivre l’époque des suffragettes en Grande Bretagne. Avec ,comme fil conducteur, l’amitié de deux fillettes, Maude et Lavinia qui viennent de la classe aisée de Londres. On y côtoie également la misère, grâce à Simon le fils du fossoyeur et Jenny l’employée de maison qui finira dans la plus grande des pauvretés après avoir eu un enfant illégitime. Pour régner sur les bonnes conventions une Grand-mère acariâtre et malfaisante.

Tracy Chevalier donne la parole à tous les protagonistes de cette histoire cela permet d’affiner les portraits mais donne une allure un peu décousue au roman. Chaque chapitre le lecteur doit changer de personnage principal. La réalité devient complexe et comme dans la vie le mal et le bien ne sont pas si simples à distinguer. La militante féministe n’est pas une mère très agréable, et la voisine qui est une bonne mère est cruche à souhaits. La grand mère est horrible, coincée dans ses valeurs de bourgeoise anglaise elle se fiche du bonheur des siens pourvu que les conventions soient respectées. Et les hommes ont l’air bien dépassés par une lutte qui les concerne de très loin.

Je me demande pourquoi cette romancière m’ennuie toujours un peu ? Ses romans m’apparaissent comme une machine bien huilée qui tourne très bien toute seule, en tout cas sans moi, c’est certain.

Citations

La condition de la femme en Grande Bretagne en 1900

Assise à la fenêtre, je l’ai regardé s’éloigner , et j’ai éprouvé cette même jalousie dont je souffrais jadis en voyant mon frère partir au collège. Il n’avait pas sitôt disparu à l’angle de la rue que je me suis retournée et à la vue de cette pièce tranquille et silencieuse, à la lisière de cette ville qui est le centre du monde, je me suis mise à pleurer. J’avais vingt ans et ma vie s’était figée, dans une interminable ornière sur laquelle je n’avais aucun contrôle.

Les jugements de sa belle mère, jugeant le « bovarysme » de sa bru

Dieu sait que j’ai toujours dit à mon fils que vous ne seriez pas heureuse . Combien de fois lui ai-je répété :  » Épouse-la si tu y tiens, mais elle ne sera jamais satisfaite !  » J’avais raison. Vous voulez toujours davantage , mais vos idées ne vous disent pas quoi. »

J’ai souvent éprouvé cela quand j’étais enfant

Il n’y a rien de plus exaspérant que quelqu’un qui ne s’aperçoit pas que vous le punissez. À vrai dire, j’avais plutôt la sensation d’être celle que l’on punissait.

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3
Je suis tellement contente quand je peux enfin rayer un titre qui était dans ma liste depuis si longtemps ! Voilà vous m’avez conduite à lire un « polar » un vrai de vrai. Et mes trois coquillages parlent pour moi, j’ai bien aimé. D’abord parce qu’on découvre la Mongolie aujourd’hui , pays à propos duquel je n’ai pas lu grand chose, et puis on sent le plaisir de l’écrivain à écrire ce polar. Il a tout mis dedans : le flic épuisé par une souffrance personnelle, les flics ripoux, la violence sous toutes ses formes, la fidélité à un idéal d’êtres purs, la beauté des anciennes traditions, l’horreur des multinationales à la recherche des terres rares, un peu de magie et pas mal d’humour. Dès le début j’ai été accrochée et amusée, par les références aux « Experts » par les mongols au beau milieu de la steppe !

Ensuite, l’histoire se déroule à un train d’enfer, et tous les coups sont permis, heureux pays où la police a le droit de tirer dans les mollets des méchants pour les faire avouer. Mais non, je ne suis pas devenue adepte de la violence policière, mais je trouve que pour les romans ça permet d’aller beaucoup plus vite, déjà le roman fait plus de 500 pages, avec les méthodes de la police française on en avait pour au moins le double. Et puis, je dois dire que lorsqu’on nous décrit des horreurs absolues, et bien, ça soulage de voir le bon policier relever la tête et envoyer le coup de feu salutaire.

Que les amis de Yeruldelgger se réjouissent, une suite est probable, j’allais dire pourquoi, mais je sais certains d’entre vous sont très vigilants sur les »spoilers ». Je ne suis pas certaine de la lire mais je ne regrette pas ma nuit passée dans les steppes de Mongolie à boire du lait de jument fermenté… Beurk !

Citations

Les spécialités culinaires qui ne font pas envie à tout le monde

Où on sent que l’écrivain s’amuse

– Qu’est ce que tu regardes ! ? vociférera le gros flic.

– T’as d’beaux yeux tu sais ? répondit Yeruldelgger.

Il s’était toujours promis de placer cette réplique dans une situation comme celle-ci. Il l’avait apprise d’un film français qu’il avait vu pendant sa période ciné-club à l’Alliance française.

On en parle

Chez Keisha chez Dasola, Aifelle et je demande aux autres de me pardonner, cette liste date du temps où je ne notais pas les blogs où je trouvais les références des livres que je devais lire.

Prière de tolérance

Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités.Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais

  • que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ;
  • que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ;
  • que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ;
  • que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ;
  • qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ;
  • que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.

Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.Voltaire, Traité sur la Tolérance, avril 1763

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L’horreur d’être élevée par une mère suicidaire :

Souvent, elle raconte à Charlotte qu’au ciel tout est plus beau.
Et ajoute:quand j’y serai, je t’enverrai une lettre pour te raconter.
L’au – delà devient une obsession.
Tu ne veux pas que maman devienne un ange ?

Ce serait prodigieux, n’est ce pas ?
Charlotte se tait.

La grand-mère neurasthénique

Évidemment, sa grand mère l’aime profondément.
Mais il y a comme une force noire dans son amour.
Comment cette femme peut-elle s’occuper d’une enfant ?
Elle, dont les deux filles se sont suicidées.

Le grand amour de Charlotte le professeur de chant et ses intéressantes théories

Il a développé des théories nouvelles sur les méthodes de chant.
Il faut aller chercher la voix au plus profond de soi.
Comment est-il possible que les bébés puissent crier si longtemps ?
Et sans même abîmer leurs codes vocales.

On en parle

Allez sur Babelio vous verrez que ce roman a touché tant de lecteurs et de lectrices.

SONY DSCTraduit du Norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.
Un énorme merci Keisha  pour ce petit joyau.

5
J’espère vous donner envie de lire ce roman qui est sur ma liste de juillet 2014. Avec un talent rare, Ingvar Ambjørnsen raconte le quotidien de deux hommes que l’hôpital psychiatrique a réuni. Ils sont différents des gens dits « normaux », Elling le personnage principal est très cultivé, s’exprime dans une langue très recherchée mais il est absolument incapable d’affronter les réalités du quotidien. Tout devient très compliqué quand, comme lui, on essaie de tout comprendre, ce qui se voit et ce qui ne se voit pas avant la moindre action. Heureusement, dans sa vie, il y a Kjell Bjarne son « pote pour la vie » et à deux, ils finissent par s’en sortir. J’oubliais un personnage clé, Frank, l’infirmier psychiatrique qui les aide à se reconstruire en dehors de l’institution. Il mérite une médaille cet homme, car il sait malgré tous les obstacles que l’ont peut ramener vers la vie en société ces deux olibrius, qui passent leur temps à le critiquer alors même qu’ils lui font une confiance absolue.

Les situations font vraiment rire, car à travers tout le sérieux avec lequel Elling nous explique le pour et le contre de telle ou telle décision, on imagine les réactions des gens autour de lui qui pensent qu’il serait si simple d’agir au lieu de tant réfléchir. Imaginez par exemple à quel point il peut-être difficile de prendre un billet pour aller en train dans une ville de la banlieue d’Oslo. Ceci pour aller voir Frank qui n’a pas jugé utile de venir les chercher en voiture. Finalement tout se passera correctement, même si Elling a été un peu long au guichet, il a tenu à expliquer à l’employé qui était Frank, quelle partie de sa famille avait un rapport avec la ville de banlieue en question… et évidemment derrière lui les gens s’impatientaient un peu… Mais les deux compères sont arrivés, un peu en avance (quatre heure d’avance) dans un pays ou attendre dans le froid n’est pas sans conséquence !

Je ne peux évidemment tout raconter, je vous laisse découvrir le rapport entre la poésie et la choucroute, l’utilité de changer de slips, la difficulté d’utiliser les toilettes publiques, l’importance des statues dans les jardins… Mais surtout laissez-vous embarquer pour une grande, très grande leçon d’humanité et des bonnes tranches de rire.

Citation

L’aménagement de l’appartement , l’imaginaire bridé par Frank (celui qui doit les aider depuis leur sortie de l’hôpital psychiatrique)

Je me plaisais à me présenter notre appartement comme étant le mien .Comme étant le nôtre, à Kjell Bjarne et moi. Lequel , toujours à Broynes , m écrivait pour me demander comment se passait les rénovations . Je répondais qu’elles se passaient mal . Qu’un dénommé Frank s’interposait en permanence. Notre idée d’installer un jardin suspendu dans le salon tombait salement à l’eau. Frank n’avait même pas voulu en discuter.

La rencontre amoureuse de Kjell Bjarne et la psychologie torturée d’Elling

Je ne parvenais pour ainsi dire pas à m’emparer de l’image représentant Kjell Bjarne et Reidun Nordsletten dans la cuisine . De quoi parlaient-ils ? Kjell Bjarne était-il aussi peu loquace qu’il en avait pris l’habitude avec moi ? Ou brillait-il grâce à des mots d’esprit et des tournures amusantes maintenant qu’une femme lui prêtait une oreille avide ? Lui prêtait-elle d’ailleurs autre chose d’avide que sa seule oreille ? Y avait-il déjà quelque chose entre eux ? Non. Sans quoi je m’en serais rendu compte . Il ne fallait pas pousser !

Lorsqu’il est redescendu, sifflotant, sa boîte à outils sous le bras, j’ai été soudain très accaparé par la lecture du journal du jour. S’il croyait que mille et une question me brûlaient la langue, il pouvait toujours se brosser. A peine si j’ai daigné lui accorder un regard avant de retourner à mon article.Tiens donc : le parti social-démocrate réclamait une baisse des taxes d’importation sur les véhicules ! Il valait mieux lire ça que d’être aveugle. Et, ailleur , ils annonçaient qu’il allait faire plus froid. On se couche décidément moins bête le soir à chaque seconde qui passe, ai-je songé.

Coup de téléphone non prévu

Il voulait savoir s’il me dérangeait, si j’étais très occupé. Ce que j’étais à l’évidence étant donné que je rangeais mon tiroir. Mais quelque chose me retenait de lui fournir cette explication. J’ai menti, répondant que je m’ennuyais à cent sous de l’heure.

Portrait de Frank vu par le Elling le rouspéteur

Frank ? Mais que croyait-elle à la fin ? que nous sortions de notre plein gré manger une pizza avec ce misérable espion des services communaux qui fourrait son nez dans tout ce que nous disions et faisions ? Nous n’avions pas le choix, si tant est que nous voulions conserver notre appartement ainsi que les maigres privilèges qui y étaient liés. Frank ? Un gauchiste minable qui ramenait sa fraise de façon intempestive et se mêlait même du choix de la pizza que les gens allaient consommer et qui, par dessus le marché, était payé par la ville d’Oslo pour le faire !

Et pour le fun si vous voulez un petit air de Norvège.. Et imaginez Terry, un Togolais qui fait la vaisselle à l’hôpital royal qui devient en quatre mois un expert en Halling

Ce que j’ai trouvé sur Youtube sur les films réalisés à partir de l’œuvre de Ingvar Ambjørnsen (que j’aimerais pouvoir les voir !).

https://www.youtube.com/watch?v=pjMTVGdH2v8

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Deux heures de lecture, pas plus, mais deux heures agréables et très drôles. C’est visiblement compliqué de grandir avec deux parents sourds quand soi-même on entend très bien. Dans de très courts chapitres Véronique Poulain raconte son quotidien. Et si, comme moi, on ne connaît pas du tout ce monde là, c’est très instructif. Est-ce qu’il y avait matière à un livre ? Je ne sais pas trop, disons… que je suis contente de ne pas avoir eu à l’acheter, mais que je ne regrette pas ma lecture. Je sais maintenant que les sourds sont très bruyants et que leurs enfants sont malheureux qu’on les remarque, surtout quand ils pètent trop fort dans un bus ! Pour moi qui ne suis pas spécialiste, c’est un excellent livre pour les adolescents, cela permet de comprendre le handicap présenté sous une forme humoristique.

Il paraît que le film : « La famille Bélier » qui a été tourné à partir du livre connaît un cerain succès. J’imagine les éclats de rire à la scène du « prout » . Lire le billet de Dasola pour ne pas aller voir le film.

Citations

Les textos ont aidé la communication mais il reste quelques difficultés

Aussi habituée que je sois au langage de ma mère, je ne comprends pas toujours ses textos. « oui café pas pu venir cause occupe dernière minute surprise invite. » Phrase limpide.

« Je ne sais pas Françoise appelle plusieurs mon skype déjà. Pour ça. » Pour ça quoi ? Je laisse tomber.

Humour

Dans la langue de mes parents, il n’y a pas de métaphores, pas d’articles, pas de conjugaisons, pas de proverbes, maximes, dictons, Pas de jeux de mots. Pas d’implicite.Pas de sous-entendus. Déjà qu’ils n’entendent pas, comment voulez vous qu’ils sous entendent.

On en parle

Un concert de louanges sur Babelio que je trouve un peu excessives, ce n’est quand même pas le livre du siècle.

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J’ai absolument adoré la première partie de ce roman. Un peu moins la seconde , lorsqu’on voit, en 1943 et 1944, le « Tout Paris » essayer de revivre de façon futile autour du monde du spectacle. Le roman commence par l’enterrement à Saint Pierre de Chaillot de : « Princesse Natalie,Marguerite, Marie, Pauline de Lusignan, duchesse de Sorrente. 7mai 1908-10 février 1945 » . Le roman raconte la lente et inexorable destruction de cette jeune femme morphinomane . La première partie se passe à Cannes où la famille se trouve « coincée » jusqu’en 1943. Coincée cela veut dire que la famille a du mal à recevoir exactement comme elle l’a toujours fait.

À la mort de sa mère la riche Américaine princesse Elisabeth de Lusignan, Natalie apprend qu’elle est la fille naturelle de Paul Mahl un riche juif ami de son père le prince de Lusignan. En plus d’être une bâtarde elle est donc confrontée au monde juif et sous la botte des nazis cela prend un tout autre sens que dans les salons du microcosme de l’aristocratie parisienne. Natalie n’était pas capable de se défendre d’un milieu oppressant, elle était faite pour une vie de salon à la Marcel Proust, auteur qu’elle découvre et qu’elle comprend. Sa rencontre avec la morphine lui sera fatale et lui enlèvera toutes ses forces. Quand la famille retourne à Paris , cette femme droguée est envahie de pulsions et de révoltes qu’elle n’arrive pas à assumer. Elle aurait voulu être plus courageuse et pouvoir répondre à sa petite fille en pleurs : « mais qu’est ce qu’on leur fait aux juifs , quand on les arrête ? » . Sa révolte se limitera à une sortie chez la princesse Murat :

« Les juifs sont devenus des morts-vivants, tout leur est interdit. Ils sont plus ostracisés que des lépreux au Moyen Age ! « .

Ambiance glaciale garantie, dans ce Paris mondain qui, comme Natalie me dégoûte quelque peu. Comme elle, et cela grâce au talent de Pauline Dreyfus , le grand écart se creuse entre les soucis des réceptions (quelle robe ? quel plat ? quelles conversations ?) et les familles juives qui disparaissent peu à peu. Comme Natalie, j’ai envie de les secouer tous ces Cocteau, Guitry invités chez les Murat, Noaille Trémoïles et autres… et leur demander s’ils savent répondre à cette petite fille en pleurs : « mais qu’est ce qu’on leur fait aux juifs , quand on les arrête ?« . Comme elle, je n’aurais peut-être pas eu le courage d’aller plus loin dans ma révolte que de ne plus traverser les Champs-Élysées interdits aux juifs ( tiens, je ne le savais pas !) et monter dans le dernier wagon du métro le seul autorisé aux juifs. Il me reste à parler du style de cette auteure, son sens de la formule est absolument admirable et drôle. C’est un livre qui se lit vite et qui fait du bien alors qu’il raconte une histoire bien triste et une époque abominable.

Citations

Les conventions

Pas un bal où elle ne s’affichât auprès du jeune André Mahl, au point de scandaliser les maîtresses de maison, ulcérées que la jeune fille préférât ce jeune homme « israélite » à tant d’autres jeunes gens dont le sang, était lui irréprochable. Natalie était certes la moins jolie des sœurs Lusignan, mais de là à « s enjuiver ». Tapie derrière les éventails, augmentée de points d’exclamation, la réprobation se propageait.

L’argent et la « noblesse »

Un jour que la cousine de son mari d’autant plus à cheval sur sa généalogie qu’aucun parti ne lui semblait à la hauteur de la sienne, lui avait lancé : « Mais au fond votre nom ne vaut rien ! » . Élisabeth avait eu assez d’esprit pour lui répondre « Pas au bas d’un chèque. .. »

La noblesse d’empire

Partout où l’empereur est passé, il se sent un peu chez lui . Jérôme n’a rien fait d’exceptionnel dans sa vie, celle de ses ancêtres lui tient lieu de carte de visite.

L’art de la formule de Pauline Dreyfus

De toute façon, la duchesse douairière de Sorrente n’a jamais aimé les enfants, non plus que les contacts physiques qui présidaient à leur arrivée. Sitôt après la naissance d’un fils , elle s’était estimée quitte avec son mari et avait définitivement condamné la porte de sa chambre. Elle s’était réfugiée dans la lecture et la médisance, deux activités qui accomplie avec sérieux, auraient suffi à emplir la journée de n’importe qui.

Ce qui ne se fait pas

Les frasques d’Élisabeth sont indubitablement à ranger dans la case « ce qui ne se fait pas ». Dans la même nomenclature, il y a le divorce, le mariage avec une demoiselle ayant du sang juif(du sang protestant à la rigueur, si la jeune personne porte le nom d’une grande banque), et la bâtardise assumée. Tous ces comportements qui engendrent la pire des calamités pouvant s’abattre sur une famille : « le scandale ». En puriste des mondanités, il aurait volontiers ajouté à cette liste le fait de manger son dessert avec une cuillère…

On en parle

Chez Clara, et Mimipinson.

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Une BD trouvée chez Jérome et ses fans , encore que ne sache pas trop si Noukette est fan de Jérôme ou l’inverse ! Ce dont je suis certaine c’est qu’ils aiment tous les deux cette BD dont le tome 2 vient de paraître et qu’ils m’ont donné envie de la lire alors que j’ai du mal avec ce genre de littérature. Les trois vieux irrévérencieux, héros de la BD sont drôles et certaines réparties m’ont fait sourire. Par exemple celle que j’ai photographiée :

Tu veux me dire pourquoi tu embarques du pain à une crémation ? Tu veux te faire des tartines grillées ?

L ‘histoire est bien partie pour tenir au moins une dizaine d’albums et cela me déprime quelque peu. Enrichie par la vie tumultueuse des trois protagonistes et la révélation finale : l’argent caché aux îles Caïmans par le patron du laboratoire « Garan-Servier » dont Sophie, la petite fille de Lucette, pourra, peut-être, disposer à sa guise. Les dessins frôlent la caricature et ce n’est pas ce que je préfère mais ils servent bien l’histoire.C’est très facile à suivre alors que le récit raconte autant la jeunesse « soixante-huitarde  » des 3 compères que le moment actuel. Face à cet univers de croulants, une jeune femme enceinte qui pense que cette génération d’enfants gâtés leur a gâché la planète et rendra la vie difficile au bébé qu’elle porte en elle. Les auteurs essaient de ne pas tomber dans tous les poncifs de la gauche bobo écolo en se moquant des combats des anciens syndicalistes mais quand même …

Donc pour moi un plaisir en mi-teinte mais un bon moment de détente et quelques bons gags qui viennent souvent de la volonté d’agir comme des jeunes alors que leur âge les trahisse . Un exemple : lorsque Antoine emporté par son délire de « rétrojaloux » (expression de sa petite fille Sophie), veut franchir le mur d’enceinte de la propriété de Garan-Servier en Toscane, d’un geste ample, il envoie son fusil par dessus le mur qui…. je ne raconte pas la chute qui est très drôle car je ne veux pas que Krol (entre autre !) m’accuse de « spoiler ». De toute façon, le dessin est bien meilleur que ma tentative de vous faire vivre ce passage.

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Citation

les divers façons de dire qu’une femme attend un bébé

 Qui lui a bombé la guérite à ta Sophie ?

On s’aperçoit qu’elle en a gros sous le tablier !

Un polichinelle dans le tiroir

Avoir une brioche au four

On en parle

Chez Dasola

Et pour le fun la musique que la jolie Sophie écoute dans la voiture sur les routes italiennes !