Depuis Zaï-Zaï-Zaï, je suis « une fan » absolue de cet auteur de BD. Je me souviens que dans Zaï-Zaï, j’avais ri un peu »jaune » car je trouvais que la critique de notre société était assez bien vue donc triste, dans celle-ci, mon rire a été plus franc, il faut dire que se moquer des romans photos ou de romans à l’eau de rose porte moins à conséquence. Il n’empêche que la critique de notre société est aussi présente et la réunion du lancement de la Startup avec un « brainstorming à l’américaine » doit rappeler plus d’un souvenir à tous ceux qui ont travaillé dans la communication. Chaque page est un petit chef d’oeuvre d’humour, mais peut-être un peu trop le même esprit de dérision à chaque fois. Légère critique de ma part pour un album que j’ai adoré, je conseille de le lire à petites doses. J’aimerais le savoir par cœur certaines répliques pour pouvoir faire rire mon entourage.

Citations

dialogue de couple

Le coup de foudre pour le livreur de macédoine

(ils vont en manger tous les soirs pendant un mois et plus)

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sylvie Schneiter. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Un roman qui est construit comme une suite de fragments de vie, autour des souvenirs de Jacqueline Woodson, écrivaine spécialiste de littérature pour la jeunesse. Dans ce livre, c’est sa propre jeunesse qui l’occupe et elle se souvient, d’abord de la mort de sa mère qu’elle a essayé de toutes ses forces d’oublier. C’était avant Brooklyn, quand la famille vivait dans une ferme du Tennesse : »SweetGrove ». Moments de bonheurs bouleversés par la mort. Celle de Clyde le frère de sa mère mort au combat au Vietnam. Puis celle de sa mère qui ne surmontera jamais ce deuil, alors le père entraîne ses deux enfants à Brooklin, « où est maman ? » demande le petit frère d’August (prénom féminin, celui de la narratrice), « elle vient demain ou après demain ou encore après » répond inlassablement August qui est surtout attirée par les trois filles qui semblent posséder les clés pour vivre heureuse à Brooklin.

L’auteure sait si bien nous les décrire ces quatre filles qui parcourent les rues de la grande ville en se tenant par les épaules et en se défendant quand elles le peuvent de tout le mal que peuvent faire les habitants d’un quartier voué à la misère que nous la voyons cette bande : Sylvia Angela Gigi et August, on entend leurs rires et leurs peurs. Leurs vies peuvent devenir très vite tragiques et la réussite ne tient qu’à leur courage et à leur détermination. Le père est un personnage attachant, qui se soucie de l’éducation, on peut imaginer son bonheur d’avoir réussi à élever ses deux enfants dans un quartier où les dangers les guettaient à tous les coins de rue. Malgré tous les événements qui forment comme le décor de la vie de cette petite fille : les émeutes qui font fuir les rares blancs de son quartier, les pillages des quartiers chics et la drogue déjà bien implantée à Brooklyn, ce n’est pas, finalement, le tragique qui l’emporte mais l’optimisme et la fraîcheur de l’enfance qui arrive à devenir adulte sans trop se perdre.

Citations

Être noire : discours d’une mère à sa fille

Sa mère lui dit qu’elle avait les yeux de son arrière-grand-mère. « Elle est venue au monde en Caroline du Sud, par un papa chinois et une maman mulâtre. » Gigi regarde à ses yeux, légèrement bridés, marron foncé. « Les cheveux aussi, enchaîna sa mère, soulevant les tresses de Gigi. Lourds et épais comme les siens. »
 » Ta seule malédiction, c’est ta peau sombre. Je te l’ai transmise, conclut sa mère. Tu dois inventer un moyen de dépasser ta couleur. Inventer ta voie pour y échapper. Reste à l’ombre. Ne la laisse pas devenir plus foncée. Ne bois pas de café. »
 

Mot d’enfant

Une fois, j’étais petite, ma mère m’avait demandé ce que je voulais être quand je serai grande. « Une adulte » avais-je rétorqué. Mon père et elle avaient éclaté de rire.

La vraie misère

Un homme qui avait grandi dans notre quartier marchait dans les rues en uniforme de l’armée. Manchot. Il avait appris à tenir une seringue entre ses dents et à s’injecter avec sa langue, de la cam dans les veines au niveau de l’aisselle.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Un petit livre très agréable à lire et que toutes celles et tous ceux qui apprécient, ou, ont envie de découvrir Érik Satie, aimeront. Stephanie Kalfon ne vous expliquera pas pourquoi Satie avait chez lui, le jour de sa mort quatorze parapluies, tous noirs, mais vous racontera comment ce grand musicien a fini par mourir de faim et d’épuisement. Il marchait tous les jours d’Arcueil à Paris. Dans ce qui était une banlieue ouvrière pauvre, Érik Satie a trouvé une petite chambre où ses deux pianos ne laissaient la place qu’à un lit. C’est là qu’il a vécu et qu’il est mort après avoir quitté Montmartre.

Le style, et le rythme de la phrase épousent la musique de Satie et c’est très agréable à lire. Nous n’avons pas d’explication ni à sa misère ni à sa folie. Evidemment l’alcool y est pour beaucoup, l’absence de reconnaissance aussi. Pourtant, ses amis reconnaissaient son talent, mais rien ne pouvait visiblement effacer les paroles si dures et si terribles des professeurs du conservatoire. D’autres compositeurs sont passés par là sans pour autant douter de leur capacité à composer. Pour Satie tout était musique et imposer des règles pour en rendre compte, c’est freiner le génie musical. Il était sans doute trop sensible, trop orgueilleux, trop .. trop tout et aucun sens des contraintes. Il a vécu dans le dénuement le plus total alors que sans doute le succès était à sa porte. Il nous laisse sa musique qui a son image est peu structurée mais si belle par moments. Un génie certes mais insaisissable et si peu conventionnel.

Citations

Un mal de vivre

Où en sommes-nous chacun, de ce qui fait une vie ? Qu’a-t-on appris de tous les bruyants bavardages dont nous recouvrons nos malaise d’être là, vide et visible, mon Dieu tout se vide… À qui la donner pour ne plus l’affronter, cette perplexité d’être soi, être soi d’accord mais qui ? Il est impossible de se ressembler. Un matin, quelque chose se stabilise et une rue plus loin, on a changé de caractère ou de colère. Il n’y a pas de mots pour dire ces variations silencieuses. On s’éloigne, c’est tout. On ne se reconnaît plus, « simply like that ». Autour, tu es resté identique pourtant, sauf soi-même. On est perdu. Dépassé. Alors on attend, avec le visage intérieur de quelqu’un d’autre. Celui des mauvais jours et des incertitudes, souffle agressif, sans raison non sans raison, si ce n’est que vivre n’est plus tenable. Soudain, se tenir là dans le monde, c’est au-dessus de nos forces.

Le portrait de son ami qui lui ressemble en pire !

Contamine triste mine, ne parvenait plus à aller au bout des choses. En amitié comme en littérature, il collectionnait les débuts de phrases et les débuts de relations. Il n’osait jamais prendre le risque de travailler, se tromper où se soumettre au jugement d’un autre. C’était un peureux. En fait, derrière une apparente paresse, il avait un ego grand comme les Buttes-Chaumont. Il était fantaisiste, bourré d’idées, une vraie fourmilière son crâne. Mais rien ne se développait : une meilleure idée en chassait une bonne et puis voilà, end of the story. En parallèle de sa vie littéraires, il faisait des traductions exécrables d’auteurs qu’il execrait mais qui, eux, avaient publié. Contamine avait la naïveté de croire que le plus difficile et le plus noble se situait au commencement des choses : aborder quelqu’un, rebondir avec une idée nouvelle, lancer un nouveau parti politique, proposer un premier baiser. Il croyait réellement que le courage, c’était de se jeter à l’eau. Il découvrit qu’en vérité, le courage, c’est quand il faut tenir bon. Quand il faut continuer de nager. Il n’était ni coriace ni patient. Il était comme Éric, il lui fallait les honneurs et l’admiration immédiate, totale, l’effet quoi, le reste… C’était pour les dactylo.

Explication du titre : on a trouvé quatorze parapluie après la mort de Satie

Dès qu’il a un sou en poche, c’est pour acheter un parapluie :
un de Secours ( de couleur noire)
un « Just in case » (de couleur noire)
un Malheureux (de couleur noire)
 un plus Solide ( de couleur noire)
un qui s’Envole (de couleur noire)
 un Jetable (de couleur noire)
un très Digne (de couleur noire)
 un imperméable (de couleur noire)
un que l’on peut Casser (de couleur noire)
un qui nous Attend (de couleur noire)
 un très Intimidant (de couleur noire)
Un Alambiqué (de couleur noire)
un très Sportif qui défend bien ( de couleur noire)
et le dernier, gentil juste pour les Dimanches (de couleur noire).
Tous peuvent se porter été comme hiver. Ils sont pratiqués, indémodables, discrets et très patients. Absolument noir. Ils sont au nombre de quatorze, mais ils n’empêchent pas de se sentir seul. Ils permettent de se sentir abrités . Surtout quand il ne pleut pas.

Et ce qui est le plus important sa musique :

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Qui n’aimerait pas entendre la personne qu’on a tant aimé conclure le dialogue de la rupture par ces mots :

« Reviens quand tu veux »  ?

Je ne connaissais pas cet auteur qui m’avait tentée à travers la lecture de vos blogs, c’est chose faite, et le moins que je puisse dire c’est que je ne regrette pas les heures passées en sa compagnie. Son style est très particulier, il évoque avec des expressions un peu vieillottes la nature où ce curieux bouquiniste a décidé de vendre (ou pas !) des livres aux rares personnes qui s’égarent jusqu’à sa boutique. Chaque chapitre démarre par une description du temps ou par des éléments de la nature, souvent j’y suis peu sensible, mais Éric Holder a su dompter mon impatience, car il peuple son récit de personnages qui sont loin d’être des caricatures. Ils sont humains c’est tout, donc avec de gros défauts mais aussi quand on s’y attend le moins des qualités qui m’émeuvent. Ainsi, ce garde-champêtre ne sera pas seulement la victime du « terrible » libéralisme contemporain – et trop souvent caricatural dans les films ou dans les romans- mais deviendra gardien du camping, heureusement pour Antoine, notre bouquiniste qui pourra donc après son histoire d’amour se réconforter en regardant les soleils couchants dans l’Algeco mis à la disposition du gardien. Antoine n’est ni meilleur ni pire qu’un autre, il fera, lui aussi, souffrir Marie la boulangère qui était celle – avant Lorraine- avec qui il allait au cinéma et avec qui il finissait ses soirées. Le mari de la boulangère qui a joué et perdu tout l’argent du ménage viendra rappeler à Antoine que Marie est fragile et qu’il n’a pas le droit de la faire souffrir. Ce roman est riche d’une galerie de portraits et on a envie de se souvenirs de tous sauf, peut-être, de madame Wong qui exploitait notre Antoine mais cela se termine bien. Nous apprenons au passage que le commerce chinois recherche nos vieux livres : est-ce vrai ?

J’avais beaucoup aimé il y a quelques années le film fait à partir du roman d’Éric Holder « mademoiselle Chambon »

On pourrait facilement mettre en film « la femme qui n’a jamais sommeil » et pourquoi pas Vincent Lindon dans le rôle d’Antoine et pour Lorraine, la conteuse, Sandrine Kimberlain ce serait parfait aussi.

Citations

 Quand j’ai cru que je n’accrocherai pas à ce roman à cause des descriptions trop classiques

Quand l’avant-garde des nuages est apparue dans le ciel, on a tout de suite vu qu’il s’agissait de méchants, de revanchards. Pas une goutte depuis 2 mois, il allait corriger la situation vite fait, ce n’était pas pour plaisanter. Derrière eux, l’urgence crépitait en arc bleuâtres sous le ventre du troupeau, au loin le canon. La lumière s’est éteinte subitement, la nature retenait son souffle, en apnée. Quand le vent est revenu, fou furieux, il hurlait en se frayant un chemin à coups de gifles. Des milliers de feuilles d’acacia, jaunies ou dorées, périrent à l’instant, jonchant le sol. Les premières gouttes de pluie laissèrent entendre des hésitations de moineau sur un balcon. Quelques secondes plus tard, l’eau tombait par baquets, rejaillissant des gouttières sous pression, noyant le paysage.

Toujours le style, mais déjà je savais que j’aimais ce roman

Octobre est resté suspendu aux lèvres du soleil abondant, avec la bienveillance d’un ciel ou de rares nuages patrouillent avant de repartir dépités.

Le prénom de la femme aimée et perdue

Elle s’appelait Anne, un prénom entouré d’un hiatus, qu’on ne sait où accrocher, et qui demeure suspendu comme une exténuation, un début de mots, une adresse qui n’aurait pas été achevée. Anne, on sent déjà qu’une part manquera.

Je ne savais pas ça

 La Veuve Clicquot, née Nicole-Barbe Ponsardin, tient lieu de phare. J’apprends à Lorraine qu’elle vécu quatre-vingt-neuf ans, son mari, qu’elle adorait, était issu de la plus illustre famille de facteurs d’orgues français.

Deux hommes ont aimé la même femme

 Lui me parle souvent de toi. Tu as même intégré nos quelques sujets de conversation favoris, ceux qui permettent de nous entremettre, bon gré mal gré, sur la lande où nous ne sommes que deux. Je ne réponds pas à toutes ses questions. J’adore voir, quand il les pose, le rêve passer dans ses yeux.

Un portrait

Parmi les habitués, un ancien matelot. Outre la marine, son domaine de prédilection, qu’il cultive historiquement, il maîtrise des sciences qui, si on l’écoute, s’y rapportent, la géologie, l’astrophysique, la botanique, l’anthropologie. À l’aide d’une mémoire étincelante, il jette des passerelles inédites de l’une à l’autre. Il n’a pas navigué sans savoir sous quels ciels, ni sur quel flots il se trouvait, leur composition, leurs impératifs, leur pouvoir. Ce passionné restait modeste, les cimetières, disait-il, étaient remplis de gens comme lui.

Traduit du galicien par Ramon Chao et Serge Mestre. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Pour commencer une réflexion à méditer :

Les vraies frontière, ce sont celles qui parquent les pauvres loin du gâteau.

Un roman des années 2000 dont je ne connaissais pas du tout l’auteur. Manuel Rivas écrit en galicien, est traduit parfois en breton, solidarité des langues celtiques, se traduit lui-même en castillan et, est, plus rarement, traduit en français. Original, non ?

Ce roman raconte la guerre civile espagnole, cette guerre qui a laissé tant de traces et qui s’estompe dans les mémoires car les combattants des deux côtés disparaissent. Mes premières lectures « engagés » parlaient de cette guerre et un de mes chanteurs préférés étaient Paco Ibanez, cette chanson résume bien l’esprit de ce roman.

En effet « Le crayon du charpentier », choisit une façon délicate et poétique de raconter l’horreur et la brutalité et ça fonctionne très bien. Un garde civil, Herbal, assassine un peintre dans sa cellule, celui-ci lui donne son crayon de charpentier, à partir de là cet homme va vivre avec une voix intérieure qui lui intime l’ordre de sauver le docteur Da Barca et de lui permettre de vivre une superbe histoire d’amour avec la belle Marisa Mallo. Grâce à cette histoire, nous allons rencontrer des hommes étonnants qui auraient pu dessiner une toute autre histoire à l’Espagne si seulement ils ne s’étaient pas détestés entre eux, et puis au milieu des plus grandes ordures au service du régime franquiste, cette superbe figure de la mère Izarne qui dirigeait le sanatorium réservé aux prisonniers tuberculeux. Tout le roman se situe entre réalité et le rêve, un peu à l’image de toute vie surtout quand la réalité se fracasse sur une dictature implacable et qui refuse à tout rêve de se réaliser. En suivant le cheminement d’Herbal, l’auteur veut donner une chance au pire des tueurs à la solde de Franco de prendre conscience de ce qu’il a fait et de se racheter.

L’art , la peinture, la poésie prendront une grande part aux déchirements intimes de ce garde civil qui réussira à sauver ce merveilleux docteur Da Barca qui a passé sa vie à faire le bien autour de lui, même si ce garde civil franquiste convaincu n’a pas pu sauver le peintre qui vient lui rendre visite si régulièrement depuis qu’il l’a certes assassiné mais pour lui éviter une mort sous la torture par ses amis plus franquistes ou tout simplement plus cruels que lui. Aujourd’hui, il termine sa vie dans un bordel, mais n’a pas perdu sa conscience (le crayon du charpentier), son message d’espoir, il le transmet à une jeune prostituée qui trouvera, peut-être, elle aussi sa voix intérieure qui la conduira vers un avenir où la beauté permet de combattre la laideur.

Citations

L’humour d’un mourant

Comment vous sentez-vous ? demanda Souza.. Il fallait bien trouver quelque chose pour commencer.

Comme vous le voyez, dit le docteur en écartant les bras, l’air jovial, je suis en train de mourir. Vous êtes sûr que c’est bien intéressant de m’interviewer ?

Un passage assez long qui fait comprendre ce que voit un peintre et le dur métier de lavandière

Regarde, les lavandières sont en train de peindre la montagne, lança soudain le défunt. En effet, les lavandière étendaient leur linge au soleil, entre les rochers, sur les buissons qui entouraient Le phare. Leur baluchon ressemblaient au ventre de chiffon d’un magicien. Elles en tiraient d’innombrables pièce de couleur qui repeignaient différemment la montagne. Les mains roses et boudinées suivaient les injonctions que lançaient les yeux du garde civile guidés à leur tour par le peintre : les lavandières ont les mains roses parce qu’à force de frotter et de frotter sur la pierre du lavoir, le temps qui passe se détache de leur peau. Leurs mains redeviennent leurs mains d’enfants, juste avant qu’elle ne soit lavandières. Leurs bras, ajouta le peintre, sont le manche du pinceau. Ils ont la couleur du bois des aulnes car eux aussi ont grandi au bord de la rivière. Lorsqu’ils sortent le linge mouillé, les bras des lavandières deviennent aussi dur que les racines plantées dans la berge. La montagne ressemble à une toile. Regarde bien. Elles peignent sur les ronces et les genêts. Les épines sont les plus efficaces pinces à linge des lavandières. Et vas-y. La longue touche de pinceau d’un draps tout blanc. Et encore deux touches de chaussettes rouges. La trace légère et tremblante d’une pièce de lingerie. Chaque bout de tissu étendu au soleil raconte une histoire.
 Les mains des lavandières n’ont presque pas d’ongle. Cela aussi raconte une histoire, une histoire comme pourrait en raconter également, s’il nous disposions d’une radiographie, les cervicales de leur colonne vertébrale, déformées par le poids des baluchon de linge qu’elles transportent sur la tête depuis de nombreuses années. Les lavandières n’ont presque pas d’ongles . Elles racontent que leurs ongles ont été emportés par le souffle des salamandres. Mais, bien entendu, venant d’elles, ce n’est qu’une explication magique. Les ongles ont été tout simplement rongé par la soude.

J’aime bien ces images et ce portrait

Il faut dire que la vieillesse guettait tout particulièrement ce patelin. Tout à coup, elle montrait ses dents au détour du chemin et endeuillait les femmes au beau milieu d’un champ de brouillard, elle transformait les voix après une seule gorgée d’eau de vie et ne mettait pas plus d’un hiver à rider complètement la peau de quelqu’un. Cependant la vieillesse n’avait pas réussi à pénétrer à l’intérieur de Nan. Elle s’était contentée de lui tomber dessus, de le recouvrir de cheveux blancs et d’une toison blanche et frisée sur sa poitrine. Ses bras étaient enveloppés d’une mousse blanche semblable à celle des branches du pommier, mais sa peau était restée comme le cœur des sapins qui poussent dans cette région. Sa bonne humeur soulignait ses dents brillantes, et puis il avait toujours cette fameuse crête rouge sur l’oreille. Son crayon de charpentier.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

J’ai choisi de lire ce livre car l’image des femmes tondues à la libération, est quelque chose qui m’a toujours profondément révoltée. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas réagir contre des femmes qui avaient profité de la guerre pour s’enrichir grâce à des soldats allemands, mais alors qu’elle soient jugées et non livrées à la vindicte publique, c’est bien en tant que femmes qu’elles sont ainsi humiliées et non pour des faits de collaboration. J’ai déjà lu un roman de cette auteure (et toujours dans le cadre du club) « les oubliés de la lande » et je retrouve dans celui-ci un aspect qui ne me touche pas, un mélange du merveilleux de l’ancien monde celtique avec la cruauté du monde moderne. Cependant, j’ai apprécié que finalement, au moins dans un roman, toutes les femmes tondues se trouvent venger. Maria Salaün avait une superbe chevelure rousse et à l’époque c’était toujours mal vu et apparenté au diable, les choses ont bien changé , encore que … si on en croit Pascal Sacleux ce n’est toujours pas si facile d’être roux en Bretagne.

Voici les cheveux de Charlotte, ils me donnent le sourire à chaque fois que je les vois. Et je ne suis pas la seule …

Citations

Préjugés contre les rousses

La couleur du diable. Celle du feu et de tous les roussis de l’enfer.

 Superstitieuse, Marguerite refusa de toucher aux cheveux de l’enfant.
 Son père s’occuperait de la toilette de la fillette tandis que la vieille serait chargée de la nourrir, de la promener et de la divertir par quelques histoires de son cru.
Passant le seuil de la porte, il n’était pas rare de la voir s’immobiliser, demeurer comme interdite et cesser là tout ouvrage, oublier même celui qu’elle s’apprêtait à conduire. Aussi pouvait-elle entrer d’un pied ferme dans la chambre où l’enfant gazouillait et resté planté là, l’instant d’après, sans oser faire un pas de plus. C’était cette histoire de cheveux qui la paralysait. Rien à faire, elle ne s’y habitait pas. Elle prétendait voir une couronne de flammes ceindre la tête de la gamine. Quand ce n’était pas des grappes de vipère qui s’agitait en tous sens.
 Malheur, quel malheur ! Clamait la vieille à tout bout de champ impossible de savoir si elle parlait toujours des cheveux de l’enfant, de sa naissance qui avait tué sa fille, de la vie qui l’avait fait veuve trop tôt, ou de l’avenir de la petite.

Quel livre ! Je l’ai lu deux fois. Une fois, pour comprendre d’où venait cette Naïma si courageuse, celle qui peut soulever des montagnes pour arriver à voyager en Algérie mais qui a tant de mal à faire parler son père. Et puis je l’ai relu tranquillement sans me dépêcher en allant à chaque événement voir ce qu’on disait sur la toile des événements évoqués par l’auteure.

Je suis tombée sur des reportages qui à eux seuls feraient des romans et j’ai encore plus admiré le talent d’Alice Zeniter de ne pas avoir alourdi son récit des habituels prises de position sur l’Algérie. Elle mène son récit sur une ligne de crête très inconfortable comme l’a été la vie de ces algériens qui refusaient le FLN sans pour autant accepter la colonisation. Trop favorable à la France, elle aurait minimisé le racisme et surtout le traitement des harkis après 1962 en France. Trop proche des combattants , elle aurait passé sous silence des crimes révoltants et le rejet de sa propre famille . Elle porte ces contradictions en elle mais ne veut plus être une victime de cette histoire.

Alors elle nous raconte tout, depuis l’Algérie jusqu’au Paris d’aujourd’hui en passant par les camps de Rivesaltes où on a parqué des Harkis comme s’ils étaient coupables de quelque chose. Refusés et assassinés en Algérie, ils étaient très mal vus en France. Ensuite c’est la vie en HLM qu’on n’appelait pas encore Cité . Son père fait partie de ceux qui se sont emparés de ce que la France offrait grâce à l’école pour s’en sortir . Sa fille, qui ressemble à l’auteure, est donc la troisième génération, celle qui veut connaître ses origines mais qui hélas ne retrouve qu’une Algérie marquée par une autre guerre : celle de l’intolérance islamiste. Cette Algérie-là, est encore perdue pour elle qui assume une vie de femme libre.

Il ne faut pas réduire ce roman à l’Algérie, aux Harkis et aux cité, mais grâce à cet éclairage, l’auteure nous fait revivre la France des années 60 jusqu’à aujourd’hui. J’ai retrouvé des ambiances et des moments de moments de ma jeunesse, le Paris d’Hamid c’est aussi le mien, la vie en province était si étriquée que seule la capitale pouvait donner ce sentiment de liberté . Je pense aussi que cette écrivaine a trouvé un territoire où elle n’est pas « perdue » : l’écriture. et j’espère, pour le plus grand plaisir de ses lectrices et lecteurs qu’elle y reviendra très vite

Citations

Un adage contraire aux célèbre « Vivons heureux vivons cachés » des gens du Nord

– Si tu as de l’argent, montre le.
C’est ce qu’on dit ici, en haut comme en bas de la montagne. C’est un commandement étrange parce qu’il exige que l’on dépense toujours l’argent pour pouvoir l’exhiber. En montrant qu’on est riche, on le devient moins. Ni Ali ni ses frère ne penseraient à mettre de l’argent de côté pour le faire « fructifier » ou pour les générations à venir, pas même pour les coups durs. L’argent se dépense dès qu’on l’a. Il devient bajoues luisantes, ventre rond, étoffes chamarrées, bijoux dont l’épaisseur et le poids fascinent les européennes qui les exposent dans des vitrines sans jamais les porter. L’argent n’est rien en soi. Il est tout dès qu’il se transforme en une accumulation d’objets.

Dicton

Ici on dit que les dettes se couchent comme des chiens de garde devant la porte d’entrée et défendent à la richesse d’approcher.

Humour

Il m’a filé une baffe et je suis redescendu avec le cousin qui m’insulte tant qu’il pouvait en disant que j’avais fait mal à son honneur, à sa réputation. Tu y crois, toi, Hamid ?
Youssef se tourne vers le petit garçon, avec un large sourire
-Même pour faire la Révolution, il faut être pistonné….

Les cités des années 60

 Le Pont- Féron offre à Clarisse et Hamid une haie d’honneur faite de barres décrépites, d’antennes de télévision tordues, de chaussées défoncées, de vieux assis devant les immeubles, leurs bouches à demi vide ou bien brillantes de dents en or, les sacs plastiques à leurs pieds contenant un mélange de médicaments et de nourriture. Il semble à Hamid qu’il a suffi qu’il s’absente un an pour que la cité s’effondre sous le poids de l’âge. Elle fait partie de ces constructions qui n’ont d’allure que flambant neuves et qui vieillissent comme on pourrit La conjoncture s’ajoute au faiblesse de son architecture pour faire craquer les murs, la crise sonne le glas des trente glorieuses et écrase ce quartier de travailleurs qui travaillent de moins en moins.

L’homme algérien ne trouve plus sa place

Il y a la télévision. Celui qui ne fait rien la regarde. C’est comme ça, en France. Mais comment rester chef de famille lorsque l’on regarde la télévision aux côtés de ses enfants et de sa femme ? Quelle différence y a-t-il entre soi et les enfants ? Soi et l’épouse ? La télévision et le canapé effacent les hiérarchies, les structures de la famille pour les remplacer par un avachissement similaire chez chacun.

  Très bien vu !

  Et en guise de modernité, de glamour politique, qu’est-ce qu’on vous a proposé -et pire- qu’est-ce que vous avez accepté ? Le retour de l’ethnique. La question des communautés à la place de celle des classes. Alors les dirigeants pensent qu’ils peuvent apaiser tout tension avec une jolie vitrine de minorités, une tête comme la leur, en haut de l’appareil d’État, sûrement, ça va calmer les gens de la cité. Il nous montre Fadela Amara, Rachida Dati, Najat Vallaud-Belkacem au gouvernement. La peau brune, Le nom arabe, ça ne suffit pas. Bien sûr, c’est beau qu’elles aient pu réussir avec ça ‘ ça n’était pas gagné- mais c’est aussi tout le problème, elles ont réussi. Elles n’ont aucune légitimité à parler des ratés, des exclus, des désespérés, des pauvres tout simplement. Et la population maghrébine de France, c’est majoritairement ça, des pauvres.

Paris

Hamid s’enivre de Paris tant qu’il peut. Il voudrait pouvoir s’injecter la ville, il l’aime, il est amoureux d’une ville, il ne croyait pas que c’était possible mais il ne veut plus la quitter. Ici, tout les monuments sont célèbres et les visages anonymes. Les photographies et les films font que Paris semblent appartenir à tous et Hamid, plongée en elle, réalise qu’elle lui manquait alors même qu’il n’y avait jamais posé le pied.

C’est bien observé

 Hamid et Gilles jalousent François qui sert des mains ici et là et surjoue pour eux le fait d’avoir ici ses habitudes. Ils découvrent que l’anonymat de la grande ville, qui les libère, crée aussi le besoin paradoxal de lieux où l’on peut entrer et être reconnus.


Ma photo dit où j’ai trouvé ce roman et pour qu’il continue à trouver des lecteurs, j’irai le remettre dans cette petite cabine de plage qui sert de boîte à livres à Dinard. Lors de sa parution je n’avais entendu que des louanges à propos de ce roman. J’avoue être moins enthousiaste. J’aurais vraiment préféré que les « âmes soient grises » mais non, le méchant est d’un noir absolu ce qui a rendu ma lecture pénible. Le juge Mierck est un horrible personnage qui se fait servir des œufs mollets alors qu’il ausculte le corps d’une petite fille de dix ans assassinée sans éprouver la moindre compassion. Ce juge est peu crédible, même si on peut mettre sous le compte de la guerre toute proche les actions qu’il est capable de faire pour parvenir à ses fins. Je comprends d’autant moins ce personnage que les autres protagonistes de l’affaire sont justement plus en nuances. Je croyais que ce roman était aussi un roman sur la guerre 14/18 , ce n’est pas tout à fait exact. Bien sûr la guerre sert de toile de fond, d’autant que l’auteur a situé son intrigue dans une ville où résonne le bruit des canons. Alors évidemment la guerre, on ne parle que d’elle, l’élan patriotique mis à rude épreuve devant la multitude des corps blessés. D’ailleurs, s’il n’avait pas fallu réquisitionner la route qui relie le village à la demeure du gendarme l’histoire aurait pu être très différente. L’affaire même n’aurait pas eu lieu. Philippe Claudel n’a pas raconté la guerre et pourtant elle est la cause de toute cette tragédie.

La construction de ce roman est vraiment originale et c’est pour cela que j’ai mis quatre coquillages. Quelqu’un nous parle, au début, on ne sait pas qui il est. Et puis peu à peu on comprend qu’il s’agit d’un gendarme qui a payé de la mort de sa femme le fait de s’être occupé d’un témoignage à propos du meurtre de la petite fille, le jour où sa femme a accouché toute seule. Depuis l’alcool lui sert de support et c’est donc à travers son cerveau embrumé que peu à peu une vérité va se faire jour, une vérité car la vérité c’est vraiment trop compliqué à saisir. Tout le village est présent dans cette histoire et aussi la guerre puisque sans être sous le feu, ce petit village de l’arrière vit au rythme des batailles de 14-18. Il restera au gendarme un dernier aveu à faire qui rajoute à la noirceur de cette histoire.

Je ne peux pas dire que j’ai adoré cette lecture, peut être à cause du dernier aveu, mais je suis très contente de l’avoir faite. Je regrette un peu de ne plus pouvoir en discuter car ce n’est plus d’actualité autour de moi mais peut-être grâce aux commentaires vais-je raviver vos souvenirs. Comme par hasard un blog, « le bouquineur » que j’apprécie vient d’en parler et son avis est beaucoup plus enthousiaste que le mien.

Citations

 

Explication du titre

 Les salauds, les saints, je n’en ai jamais vu. Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc, c’est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c’est pareil… Tu es une âme grise, joliment grise, comme nous tous…

Un beau passage

Un procureur au début du siècle, c’était encore un grand monsieur. Et par un temps de guerre, quand un seul coup de mitraille fauche une compagnie solide de gaillards prêts à tout, demander la mort d’un homme seul et enchaîné relevait de l’artisanat.

Un portrait : humour et délicatesse

C’était frappant cette pâleur de future morte, et cette résignation dans les traits. Elle se prénommait Clélis . Ce n’était pas banal, et c’est très joliment gravé dans le marbre rose de sa tombe.

J’aime bien ce genre de remarques

La jeune fille était une de Vincey. Ses ancêtres s’étaient battu à Crécy. Ceux de tout le monde aussi sans doute, mais personne ne le sait et chacun s’en fiche.

 

 

traduit de l’anglais par Franchita Gonzalez Batlle

 

Après avoir lu les nouvelles « la cité de la poussière rouge » je voulais connaître cet auteur pour les romans qui l’avaient rendu célèbre : les romans policiers. Malgré mon peu d’appétence pour le genre, j’ai été intéressée par cette enquête qui se déroule à Shanghai en 1990. Une jeune femme est découverte assassinée, jetée à la rivière dans une bâche plastique et l’inspecteur Chen et son adjoint Yu vont chercher à savoir ce qui s’est passé alors que visiblement autour d’eux personne n’a trop envie de savoir. Quand, en plus, l’enquête touche aux hautes sphères du Parti Communiste alors, non seulement le silence des uns et des autres devient pesant, mais de plus très menaçant. La fin est horrible et tellement dans ce qu’on connaît de la Chine : reconnue coupable, la personne est exécutée le lendemain de son procès laissant bien peu de place aux doutes et à l’éclaircissement total des affaires. Beaucoup plus que l’enquête policière, ce qui m’a plu, c’est le monde chinois en mutation. Les amateurs de polars aimeront sans doute plus que moi cette enquête, mais tous ceux et toutes celles qui ont lu « la cité de la poussière rouge » aimeront trouver sous la plume de cet excellent écrivain la société de Shanghai en route pour une forme de gouvernance originale et impitoyable : »le capitalisme communiste »dont la devise pourrait être : tout est permis sur le plan économique mais ne touchez pas au PARTI ni à ses dirigeants.

 

Citations

Formatage politique

C’est absurde, se dit-il, que la politique puisse modeler une vie de cette façon. Si Guan avait épousé Lai, elle n’aurait pas connu un tel succès dans la vie politique. Elle n’aurait pas été travailleuse modèle mais une épouse ordinaire qui tricote un pull pour son mari, transporte une bouteille de propane sur le porte-bagage de son vélo, essaie de payer trois sous de moins quand elle fait son marché, râle comme un disque rayé et joue avec un bel enfant assis sur ses genoux – mais elle aurait été vivante.

 

Où on retrouve l’auteur de » la Cité de la poussière poussière rouge »

Il habitait une vieille maison Shikumen à un étage- un style répandu au début des années trente, où une maison comme celle-là était construite pour une famille. Soixante ans plus tard, elle en abritait plus d’une douzaine, toutes les pièces avaient été divisées pour loger de plus en plus de monde. Seule la porte d’entrée peinte en noir était restée la même, elle ouvrait sur une petite cour jonchée d’objets divers, une sorte d’entrepôt de ferraille, d’où l’on entrait dans un vestibule haut de plafond et flanqué de deux ailes. Le vestibule autrefois vaste était transformé en cuisine et réserve collective. Des rangées de réchauds à charbon avec leurs piles de briquettes indiquaient que sept familles vivaient au rez-de-chaussée.

 

Traduit de l’anglais par Christine Raguet.

Une plongée dans la souffrance d’un homme rongé par l’alcool, et qui a laissé sur son chemin un bébé qui a dû se débrouiller tout seul pour grandir. Non, pas tout seul car le geste le plus beau que son père a accompli, a été de le confier au seul être de valeur rencontré au cours de sa vie d’homme cabossée par une enfance bafouée, puis par la guerre, par le travail manuel trop dur et enfin par l’alccol : « le vieil homme » saura élevé l’enfant qui lui a été confié et en faire un homme à la façon des Indiens , c’est à dire dans l’amour et le respect de la nature. Bien sûr, cet enfant a de grands vides dans sa vie : son père qui lui promettait tant de choses qu’il ne tenait jamais et sa mère dont il ne prononce le nom qu’aux deux tiers du roman mais que la lectrice que je suis, attendait avec impatience. Ce roman suit la déambulation lente de la jument sur laquelle le père mourant tient tant bien que mal à travers les montagnes de la Colombie-Britannique, guidé par son fils qui jamais ne juge son père mais aimerait tant le comprendre. Après Krol, Jérome Kathel, j’ai été prise par ces deux histoires, la tragédie d’un homme qui ne supporte sa vie que grâce à l’alcool. Et celle de son enfant qui a reçu des valeurs fondamentales de celui qu’il appelle le vieil homme. Tout le récit permet aussi de découvrir le monde des Indiens, du côté de la destruction chez le père, on vit alors de l’intérieur les ravages mais aussi la nécessité de l’alcool. Souvent on parle de l’alcoolisme des Indiens, comme s’il s’agissait d’une fatalité, mais au centre de ce comportement, il existe souvent des secrets trop lourds pour que les mots suffisent à les évacuer. L’enfant en parle ainsi

C’est un peu comme un mot de cinq cents kilos

L’autre aspect, bien connu aussi du monde des Indiens, c’est l’adaptation à la nature qui remet l’homme à sa juste place sur cette planète. Et l’auteur sait nous décrire et nous entraîner dans des paysages et des expériences que seule la nature sauvage peut nous offrir.

 

Citations

Être indien

Il était indien. Le vieil homme lui avait dit que c’était sa nature et il l’avait toujours cru. Sa vie c’était d’être seul à cheval, de tailler des cabanes dans des épicéas, de faire des feux dans la nuit, de respirer l’air des montagnes, suave et pur comme l’eau de source, et d’emprunter des pistes trop obscures pour y voir, qu’il avait appris à remonter jusqu’à des lieux que seuls les couguars, les marmottes et les aigles connaissaient.

L’alcool

 Le whisky tient à l’écart des choses que certaines personnes ne veulent pas chez elle. Comme les rêves, les souvenirs, les désirs, d’autres personnes parfois.

La souffrance et l’alcool

 J’ai essayé de me mentir à moi-même pendant un paquet d’années. J’ai essayé d’me raconter que ça s’était passé autrement. J’ai cru que j’pourrai noyer ça dans la picole. Ça a jamais marché du tout.

Les couchers de soleil

Lorsqu’ils passèrent la limite des arbres au niveau de la crête, les derniers nuages s’étaient écartés et le soleil avait repris possession du ciel à l’ouest. Les nuages été à présent pommelé de nuances mordorées et il pensa que c’était bien la seule cathédrale qu’il lui faudrait jamais.
Photo prise dans un blog que j’aime beaucoup : ruralité .net
 oui, les couchers de soleil sont des cathédrales !