Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Je n’arriverai jamais à comprendre la manie des maisons d’édition française de changer les titres des livres traduits. En anglais le roman de Julian Barnes s’appelle : « Levels of Life », il suffit d’avoir joué deux ou trois fois avec des enfants à des jeux vidéo pour (même sans parler un seul mot d’anglais) traduire ce titre, et par voie de conséquence, comprendre ce qui a été pour moi un grand mystère pendant ma lecture : qu’est ce qui relie les récits des intrépides aéronautes du XIXe siècle et le décès de la femme aimée de Julian Barnes ? Les différents niveaux de vie, ces deux hommes Nadar de son vrai nom Tournachon, l’officier de l’empire britannique Burnaby et cette belle et mystérieuse actrice Sarah Bernhard ont essayé d’échapper à la pesanteur terrestre en s’élevant grâce au ballon (très peu) dirigeable dans les airs.
Tout le talent du conteur d’histoire nous fait revivre avec beaucoup d’humour ces moments de vie de gens audacieux, inventifs, et si peu réalistes. Et puis Julian Barnes dans un récit totalement différent nous livre ce qu’il a dû affronter lors de la mort de celle qu’il aime. Il descend alors vers les profondeurs de la mort et tel un Orphée littéraire, il fait revivre son Euridyce . Le chemin de sa descente au fond de son chagrin est poignant. Tout ses mots sont justes et nous comprenons son chagrin et à quel point il ne sera plus jamais le même. Il se sent si seul et si semblable à tous ceux qui ont connu un deuil d’un être cher, mais termine son texte par une note d’espoir qui permet de boucler son livre et de revenir vers les récits qu’il avait peut-être commencé à écrire avant le décès de celle qui l’a accompagné pendant 30 ans :
Ainsi en est-il, peut-être, du chagrin. On imagine qu’on a lutté contre lui, avec détermination, surmonté l’affliction, fait partir la rouille de notre âme, quand tout ce qui s’est passé, c’est que le chagrin s’est déplacé, à changé de point de mire. Nous n’avons pas fait venir les nuages en premier lieu, et n’avons pas le pouvoir de les disperser. Tout ce qui s’est passé, c’est que de quelque part – ou de nulle part- une brise inattendue s’est levée, et nous sommes de nouveau en mouvement. Mais vers où sommes nous emportés ? Vers l’Essex ? La mer du Nord ? Ou, si ce vent est un noroît, alors, peut-être, avec de la chance vers la France.
Citations
Un officier britannique : la classe !
Ces aéronautes se conformaient volontiers aux stéréotypes nationaux. En panne de vent au-dessus de la Manche, Burnaby, « sans (se) soucier des émanations de gaz », allume un cigare pour s’aider à réfléchir. Quand les équipages de deux bateaux de pêche français lui font signe de descendre afin qu’il puisse être recueilli dans l’eau, il répond « en leur lançant un numéro du Times pour leur édification » -suggérant ainsi,probablement, qu’un officier anglais pragmatique peut très bien se débrouiller tout seul, merci bien, Monsieur.
Les peurs du modernisme
Et la photographie semblait menacer plus que « l’amour-propre » d’un sujet. Ce n’étaient pas seulement les habitants des forêts qui craignaient que le photographe et son appareil ne volent leur âme. Nadar se souvenait que Balzac avait une théorie selon laquelle l’essence d’un individu était composé d’une multitude de « couches spectrales » superposées. Et le romancier croyait que, pendant, « l’opération daguérienne »une de ses couches était détachée et retenue par l’instrument magique. Nadar ne se rappelait pas si cette couche était censée être définitivement perdue, ou si une régénération était possible, mais il suggéra avec impertinence que, vu la corpulence de Balzac, celui-ci avait moins à craindre que beaucoup d’autres la perte de quelques couches spectrales.
Portrait de Sarah Bernhard
On trouvait Sarah Bernhard trop petite, pas plus d’un mètre 50, pour une actrice ; trop pâle et trop maigre aussi. Elle semblait impulsive et naturelle dans la vie comme dans l’art ; elle enfreignait les règles théâtrales, se tournant souvent vers le fond de la scène pour déclamer une tirade. Elle couchait avec tous ses partenaires masculins principaux. Elle aimait la gloire et se faisait volontiers sa propre publicité…
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Voilà ce Barnes!
Je ne l’ai pas lu, dis donc. Quand je lis un roman traduit, j’essaie de capter le titre d’origine (si c’est vraiment différent – et parfois on se demande pourquoi), je le note dans mon billet
je suis très sensible aussi au changement de titres quand je ne les comprends pas.
Je suis d’accord avec toi sur la traduction des titres ! On pouvait très bien laisser celui-ci tel quel !
et en plus cela donne une clé à ce livre qui sans cela apparaît comme un recueil de nouvelles sans lien apparent.
je ne connais pas celui la
un auteur que j’apprécie de façon générale, j’attends de mettre la mains sur le dernier qu’il a publié sur l’art
Comme toi celui sur l’art m’attire aussi.
Un auteur que j’apprécie beaucoup, mais curieusement, je n’ai presque rien lu de lui.
je l’avais vu passer sur les blogs et mon club de lecture m’a donné l’occasion de le lire.
Je crois que je n’ai jamais lu Julian Barnes. Une erreur qu’il va me falloir réparer un jour ou l’autre.
oui bien sur mais il me semble au rythme de tes lectures que tu ne te laisses pas beaucoup aller….
Comme Jerome, je n’ai jamais lu Julian Barnes.
Bonjour Goran cela faisait longtemps! un auteur qui mérite un peu d’attention.
Je n’ai pas lu Julian Barnes depuis loooongtemps! Mais tu m’intrigues.
C’est un bon auteur. Ce n’est pas son meilleur livre. Même s’il m’a touchée en parlant de son deuil.
A mon tour je viens faire un tour sur votre blog qui est très riche. J’apprécie particulièrement la variété et l’éclectisme de vos lectures qui sortent des sentiers battus et qui font découvrir des auteurs et des livres dont on ne parle pas forcément partout.
je vois plusieurs commentaires de la même personne sur le même livre, je dois approuver le commentaire avant qu’il apparaisse car j’ai beaucoup de faux commentaires. Mais le votre en est un vrai, merci
A mon tour je viens faire un tour sur votre blog. J’apprécie particulièrement l’éclectisme de vos lectures. Des livres et des éditions qui sortent souvent des sentiers battus.
A mon tour je viens faire un tour sur votre blog. J’apprécie particulièrement l’éclectisme de vos lectures. Des livres et des éditions qui sortent souvent des sentiers battus.
Jamais lu ce livre ni cette auteur…
Et je te rejoins pour la question des traductions.
Nos partageons donc ce petit agacement. Julian Barnes est un auteur que la blogosphère apprecie tu auras donc l’occasion de’n entendre parler.