Traduit de l’anglais par Dominique Letellier.
Un roman vraiment passionnant que j’ai repéré chez Dominique. Le prétexte choisi par Jessie Burton pour nous raconter la richesse des Pays-Bas, en particulier d’Amsterdam au 17e siècle, c’est une fabuleuse maison de poupée, que l’on peut voir au Rijksmuseum le musée national. Cette Miniature appartenait à une certaine Petronella Oortman. L’auteure a été fascinée par la minutie avec laquelle cette jeune femme a reproduit à l’identique sa propre demeure , dépensant autant d’argent pour la réplique que pour sa maison principale. Son roman se situe en 1686, le personnage principal à travers les yeux duquel nous découvrirons la riche ville d’Amsterdam et la VOC (la compagnie des Indes Orientales) est une toute jeune provinciale, Petronella dite Nella. La fraîcheur de son regard, l’envie qu’elle a de vivre et de mieux connaître son richissime mari si éloigné d’elle, donne beaucoup de charme à ce récit. L’auteure se plaît à nous décrire avec force détails, les décors, les menus, les tableaux la vie d’une riche demeure d’un « seigneur » de la compagnie.
Pour rendre ce roman palpitant, et il est même très angoissant, des mystères se mêlent à ce qui devrait être une vie paradisiaque. Pourquoi son mari tient sa jeune femme éloignée de lui ? Pourquoi un ou une « miniaturiste » lui envoie-t-elle des objets si proches de son quotidien ? A-t-il (ou a-t-elle ) un espion dans la place ? Ces objets prédisent-ils l’avenir ? Sont-ils une aide ou porteurs de maléfices ? Que cache l’hostilité de sa belle-soeur Marin ? Comment un jeune Africain, sauvé de l’esclavage par le maître de la maison, peut-il survivre dans une ville aussi peu ouverte aux autres ?
Car là est le paradoxe de ces richissimes néerlandais : ils font du commerce avec le monde entier, mais ils sont gouvernés par des forces obscures et rétrogrades de tendances calvinistes et aucune déviance n’est autorisée. On sent la présence de ces « ayatollahs » de la religion dans tous les moments de la vie des habitants. Un peu comme des habitants d’une maison de poupée regardés par des géants inquisiteurs, bref un peu comme le regard de l’auteure elle-même visitant le musée où se trouve cette maison miniature. L’angoisse monte peu à peu, jusqu’à la fin où les catastrophes s’enchaînent.
On ne peut raconter les détails de la montée vers l’angoisse finale sans déflorer le roman (les Québéquois diraient « divulgacher » j’ai appris ce mot chez Keisha) . Jessie Burton fait découvrir peu à peu la personnalité de Johannes Brandt le mari de Petronella et c’est un beau personnage même si on n’y croit pas trop. C’est pour moi le point faible du roman, la période est parfaitement bien rendue, l’énigme bien imaginée mais j’ai eu du mal à croire aux personnages.
Citations
Une idée qui m’a étonnée
La pitié,contrairement à la haine, peut-être enfermée et mise de côté.
Une idée de la mer
La mer est tout ce que la terre ne sera jamais, déclare Otto. Aucune surface, même minuscule, ne reste la même.
Les femmes à bord
– Les femmes portent malchance à bord
– Elles portent la chance que les hommes leur accordent
Description de la nourriture
Cinq minutes et cette tourte sera prête J’y ai ajouté des asperges .
Une bouffée brûlante qui sort du four emplit la pièce. la servante dépose la tourte sur un plat, l’arrose de verjus, de fonds de mouton et de beurre, avant de la passer à Nella.
Les grands mariages
La fête a duré trois jours. mais vous savez ce qu’on dit, à propos des grands mariages ? Qu’ils cachent un manque de désir.
Bonjour Luocine, cela reste une lecture plaisante même si en effet, les personnages ne sont pas assez fouillés. Bonne journée.
Bonjour Dasola, Dasola qui me dit bonjour à chaque commentaire , j’ai trouvé l’arrière plan historique passionnant car je ne connaissais pas du tout les Indes Orientales Néerlandaises, les personnages auraient pu avoir plus de consistance, il est vrai.
Bonne journée à toi aussi Dasola
Merci Luocine, pour deux raisons, d’abord pour le rappel de ce titre que j’avais noté aussi chez Dominique, tu confirmes son intérêt donc, je renote … Ensuite pour ces deux mots bien plus sonores que spoiler ; « déflorer » et « divulgacher », qu’ils me plaisent ces deux-là, vivement une note où je puisse les caser ! Bonne journée !
Tu as vu que « divulgacher » je l’ai volé à Keisha , j’adore l’inventivité des Québécois! j’ai vu un commentaire négatif chez Clara à propos de ce livre. Mais moi, j’ai passé un très bon moment avec ce roman. Tu verras les personnages sont assez peu crédibles , on ne comprend pas très bien les motivations du mari de l’héroïne .
pour ma part je me suis bien laissée emportée par les personnages
c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai lu ce livre qui ne m’a pas déçue.
Au moins le thème est super original ! Si en plus c’est passionnant, que demande le peuple ?
à mon avis rien si le peuple veut un roman historique!
Rien à la bibli, mais cela ne semble pas essentiel, à tout prix, donc…
c’est une bonne façon de connaître les Pays Bas du 17° siècle.
oh dommage pour les bémols, je l’avais noté aussi!
Les bémols réels pour moi, ne m’ont pas empêchée d’apprécier ce roman , alors j’espère qu’il croisera ta route.
Les bémols réels pour moi, ne m’ont pas empêchée d’apprécier ce roman , alors j’espère qu’il croisera ta route.
Il est noté celui-là, j’ai bien envie de tester
Il m’avait beaucoup tenté chez Dominique, j’ai apprécié le fond historique et l’ambiance du roman, mes réserves tu les as lues dans mon billet, j’ai hâte de lire ton billet si tu passes à l’acte.
J’ai lu pas mal de chroniques et les blogueuses ont généralement aimé le livre surtout l’aspect suspense, enfin, l’énigme dont tu parles. Je suis tentée à cause du contexte, je suis sûre que ça va me plaire !
je le pense également avoir des réserves ne veut pas dire qu’on déconseille un livre, celui-là je le conseille avec une difficulté à croire aux personnages.