Traduit de l’anglais par Claude et Jean DEMANUELLI

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J’ai passé beaucoup de temps à lire ce roman , tout simplement parce que ce qu’il décrit est à peine supportable. La guerre en Afghanistan vu du côté pakistanais est une horreur et quand un écrivain sait très bien écrire et captive son lecteur, cela devient tragique et trop lourd à supporter parfois. Je n’ai pas renoncé ,d’abord parce que cet écrivain mérite d’être lu mais aussi parce que je me dis que, vivant dans un milieu tellement épargné ,je n’ai pas le droit de fermer les yeux sur les horreurs des guerres qui secouent la planète. Nadeem Aslman met son talent d’écrivain au service de la connaissance des civilisations entre elles. J ai lu dans un des interviews de l’auteur que ce livre apparaît comme un roman d’amour pour les Indiens et les Pakistanais, et un roman sur l’horreur de la guerre pour les Anglais, les Américains et les Européens. Pas de doute je fais partie des Européennes ! Et en plus , je me dis que, si les Pakistanais et les Indiens voient dans ce roman ,une belle histoire d’amour, ils ont une conception étonnante de ce sentiment.

Naheed et Mikal s’aiment mais ils sont davantage unis par la mort que par la vie. Un des aspects les plus intéressants de ce roman , c’est de montrer à quel point les Pakistanais n’ont absolument aucune idée des valeurs de l’occident, et comment les Américains ne connaissent pas mieux les motivations des combattants Afghans ou Pakistanais. Ce roman permet d’avancer dans la compréhension de ce qui s’est passé pendant cette guerre qui n’est pas encore terminée.

Aucun manichéisme dans les personnages , j’ai été bouleversée par le personnage de l’aveugle(Rohan) qui est un musulman sincère et sans être fanatique commet les pires horreurs au nom de sa foi. Il laisse mourir sa femme pour l’aider à retrouver la foi ! Il renvoie un enfant de son école dont la mère se prostitue pour payer les études de son fils….

Je résume rapidement l’histoire ; deux jeunes Pakistanais partent aider les Afghans qui, après le 11 septembre 2001, voient les Américains envahir leur pays. L’un d’entre eux Jeo meurt victime des seigneurs de guerre , l’autre Mikal sera pris et torturé par les Américains. Ces deux jeunes élevés ensemble par le père de Jeo, Rohan, directeur d’une école « L’esprit Ardent » sont liés par un sentiment d’amitié très fort. Hélas ! Ils aiment la même femme, Naheed qui n’est évidemment pas libre de choisir son destin. Finalement seules les femmes et le vieux Rohan survivront au carnage annoncé dès les premières pages. La fuite de Mikal, à travers l’Afghanistan et le Pakistan, permet de décrire les rouages de cette guerre religieuse où tous les coups sont permis, les êtres humains sont de simples pions dans les mains de bandits dont le seul intérêt est de satisfaire leurs plus bas instincts : appât du gain, viol des femmes , et surtout écraser tous les gens un peu différents .

La religion est un arme facile à brandir car personne n’ose s’y opposer et fabriquent des victimes consentantes. La description des paysages rajoute beaucoup, je n’ose dire aux charmes du roman, mais au plaisir de lecture. Ce n’est certainement pas ce livre qui fera aimer l’Islam , on le sait, tous les fanatismes religieux sont dangereux, mais aujourd’hui celui de l’Islam se gère les armes à la main et il faut remonter aux guerres de religions pour en retrouver l’équivalent en France . Il faut espérer que les musulmans sauront interdire que ces violences là soient perpétrées au nom de leur foi car seuls les musulmans ont le pouvoir de faire apprécier leur religion et de montrer au monde que les horreurs qu’on commet au nom de l’Islam n’ont aucun rapport avec leur foi.

Citations

Une belle émotion au début du livre

Au bout de quelques instants , il avait avoué que son angoisse était due à l’apparition du méchant dans l’histoire que son père lui racontait .

« Mais as-tu jamais entendu une histoire dans laquelle les méchants finissent par gagner ? » lui avait demandé Rohan, en riant doucement pour le réconforter.

L’enfant avait réfléchi un moment avant de répondre.

« Non, mais avant de perdre, ils font mal aux gentils. C’est ça qui me fait peur. »

L ‘utilisation des enfants au combat

– La moitié de gamins ne sont pas des soldats, dit Mikal à un chef taliban. Il serait bon qu’ils restent cachés.

– Ce serait bon pour eux, peut-être, mais pas pour notre cause, répond l’autre. Tout le monde doit se battre. Cela aussi, ajoute-t-il d’un ton sans réplique , fait partie des plans d’Allah. »

 Le drame de Rohan

J’ai fait des erreurs quand mon fils était encore enfant , dit Rohan. Sa mère est morte apostat , et, en conséquence , je nous suis imposé , à moi-même et à mes enfants , une forme extrême de piété , les obligeant à prier et à jeûner , leur révélant des choses qu’ils étaient trop jeunes pour concevoir . L’impermanence de ce monde , les tourments de l’enfer et , avant cela, la tombe . J’ai fini par comprendre mon erreur , mais ils ont dû en rester marqués . Je me demande si c’est pour cette raison que mon fils est parti en Afghanistan.

la peur et la haine des Américains

« Je ne tiens pas à être vu en train de soigner un Américain, comme ça en plein vent. On m’abattrait moi aussi. Je connais des gens qui refusent ne serait-ce que de regarder des photos d’Américains. »

L incompréhension

– On ne peut jamais deviner ce qu’ils veulent les Occidentaux. Pour le savoir , il faudrait manger ce qu’ils mangent, porter ce qu’ils portent, respirer l’air qu’ils respirent . Être né là où ils sont nés.

– Pas forcément . Tu as parlé des livres . On peut apprendre dans les livres.

– Personne d’ici ne peut savoir ce que savent les Occidentaux, dit l’homme. On ne les connaîtra jamais. Le fossé est trop profond, trop définitif. C’est comme si on demandait ce que savent les morts ou ceux qui sont à naître.

On en parle

Au bonheur de lire que je ne connaissais pas et voici l’opinion de KROL que je connais bien.

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