Édition Points, 254 pages, décembre 2019 (2012 première édition)

 

Roman trois fois récompensés : Prix Fémina, Prix du roman Fnac, Prix des prix Littéraires , et qui pourtant ne m’a pas complètement séduite. Le style est un peu étrange, que j’ai compris un peu mieux à la fin du livre. L’auteur dit que Yersin n’aurait sans doute pas apprécié ce roman biographique pour décrire sa vie et son oeuvre . Cet homme est particulièrement pudique sur sa vie personnelle , et très atypique sur sa vie de chercheur. Quand on lit l’article Wikipédia on en apprend pratiquement autant sur sa vie de chercheur. Yersin a découvert le bacille de la peste et avant celui de la toxine diphtérique, mais c’était aussi un explorateur qui est tombé en « amour » avec le Vietnam où il a été plus honoré qu’en France. La volonté de l’écrivain c’est de nous faire comprendre cette personnalité à travers en particulier ses lettres à sa mère, et à sa soeur . Il nous parle aussi de tous les gens qui ont croisé ou qui auraient pu croiser Yersin, pour nous faire revivre l’époque dans laquelle vivait ce savant-explorateur, tout en respectant la pudeur de cet homme. On apprend donc ses découvertes scientifiques, sa volonté de découvrir le Vietnam, et de maîtriser la culture de l’hévéa, et de la quinine. Comme chercheur pasteurien, il produit des vaccins pour protéger les populations, mais tout cela vous le saurez dans l’article Wikipédia.

C’est un livre que j’ai eu beaucoup de mal à lire alors que l’homme est passionnant, le mélange des chronologies, le mélange des personnalités qui lui font penser à Yersin : Rimbaud, Céline, et les politiques de l’époque, et un style très haché expliquent mes réserves.

 

Extraits

Début style particulier.

 La vieille main tavelée au pouce fendu écarte un voilage de pongé. Après la nuit d’insomnie, le vermeil de l’aube, la glorieuse cymbale. La chambre d’hôtel blanc neige et or pâle. Au loin la lumière à croisillons de la grande tour en fer derrière un peu de brume. En bas les arbres très verts du square Boucicault. La ville est calme dans le printemps guerrier. Envahie par les réfugiés. Tout ceux-là qui pensait que leur vie était de ne pas bouger. La vieille main lâche la crémone et saisit la poignée de la valise. Six étages plus bas, Yersin franchit le tambour de bois verni et de cuivre jaune. Un voiture en habit referme sur lui la portière du taxi. Yersin ne fuit pas. Il n’a jamais fui. Ce vol il l’a réservé des mois plus tôt dans une agence de Saigon. 

Paris en 1889.

 Paris devient la capitale mondiale de la médecine, et en son centre le tout nouvel Institut Pasteur en brique rouge est le phare du progrès. Tout est neuf, les parquets cirés et la faïence étincelante des paillasses. Pierres meulières et façade Louis XIII. L’idée germe déjà de créer des Instituts Pasteurs à l’étranger et de lancer des campagnes de vaccination préventives et curatives. Devant Yersin, dans la grande salle éclairée par les hautes fenêtres à petits carreaux, se rassemblent des médecins hospitaliers français mais aussi un Belge, un Suédois, un Cubain, trois Russes, trois Mexicains, un Hollandais, trois Italiens, un Anglais, un Roumain, un Égyptien et un Américain. Si l’on compte bien : douze nationalités et pas un Allemand. Voilà qui ne présage rien de bon. 

Une vision réaliste du commerce.

 Chaque mois à l’aller, depuis Saigon, des négociants habitués de la ligne convoient les produits de l’Europe à destination des Philippins riches, vêtements de Paris et porcelaines de Limoges, carafes de cristal et vins fins. Au retour, ils rapportent en échange à fond de cale les produits de la sueur des Philippins pauvres, pains de sucre, cigares manilles et cabosses de cacao.

Médecine vue par Yersin.

J’ai beaucoup de plaisir à soigner ceux qui viennent me demander conseil, mais je ne voudrais pas faire de la médecine un métier, c’est-à-dire que je ne pourrais jamais demander à malade de me payer pour les soins que j’aurais pu lui donner. Je considère la médecine comme un sacerdoce, ainsi que le pastoral. Demander de l’argent pour soigner malade, c’est un peu lui dire la bourse ou la vie.

Avancée de la science .

 On déroule souvent l’histoire des sciences comme un boulevard qui mènerait droit de l’ignorance à la vérité mais c’est faux. C’est un lacis de voies sans issue où la pensée se fourvoie et s’empêtre. Une compilation d’échecs lamentables et parfois rigolos.

Début du communisme et mélange des personnages .

Yersin ne croit pas une seconde à la ritournelle révolutionnaire. Tuer des hommes pour faire vivre des rêves. Pas comme le jeune Rimbaud , l’auteur d’un « projet de constitution communiste » cinquante avant le Congrès de Tour. Ce qui aurait dû lui valoir à titre posthume la carte numéro zéro du Parti.


Éditions Julliard

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

…il ne serait sorti que pour leur parler de la relativité du laid et du mensonge des apparences.

Parfois un livre vous fait partir loin dans des pays lointains, grâce à ce roman vous partirez dans le passé, à la cour du jeune roi Louis XIV, auprès d’une femme, Cateau qui est au service d’Anne d’Autriche, sa mère. Ce livre est si bien écrit que je vous garantis le voyage ! Catherine Beauvais avant d’être le médecin à la cour a beaucoup souffert, car elle est très laide. Enfant, elle a été rejetée par ses parents, puis souffre douleur des enfants avec qui elle a été gardée. Elle a connu un moment de bonheur avec sa grand-mère qui lui a appris les mystères des soins par les plantes, en particulier avec les lavements.

Un homme se mariera avec elle pour pouvoir mettre sur sa vitrine « magasin du Monstre » et voir ses ventes augmenter. Sa grand-mère, toujours elle, l’aidera à venir près de la reine pour soigner « cette grosse femme » qui mangeait beaucoup trop. C’est alors que les vrais monstres vont se déchaîner, les courtisans qui ne comprennent pas comment une femme si laide peut vivre à la cour. L’auteur visiblement n’aime pas beaucoup Mazarin qu’il accuse de tous les pêchés (je dis bien de tous les pêchés !), et a peu de considération pour Madame de Sévigné, ses traits d’esprit étaient surtout méchants.

Ce livre est bien écrit, il est enlevé et rempli d’allusions littéraires qui font plaisir. Je vous le disais, un voyage dans le temps et un excellent moment de lecture alors que, ce qui y est raconté sent, parfois, la pisse, la merde , la putréfaction. Le mal n’est pas toujours là où on le croit comme le disent ces derniers mots du roman prononcés par un voyageur qui pourrait bien être l’auteur ou vous lecteur  :

…il ne serait sorti que pour leur parler de la relativité du laid et du mensonge des apparences.

 

Citations

 

Un début qui m’a donné envie de lire ce livre.

 Pour le voyageur qui, en 1655, découvrait Paris du haut de la butte Montmartre, la ville semblait une vaste mer de toits argentés au milieu desquels émergeaient, par endroits, le mât pointu d’une église ou les tours carrés d’une cathédrale. Et c’était un spectacle merveilleux, vraiment, que celui de cette étendue qui allaient se perdre au fond de l’horizon, et d’où montait, comme une chanson, une continuelle rumeur de cloches, de hennissements et de cris.
 Mais sitôt que le voyageur avait dévalé l’un de ces petits chemins éclaboussé d’arbustes qui serpentaient jusqu’à la ville, c’en était fini de la beauté. Il n’est pas toujours bon de pénétrer le revers des choses. Car sous cet immense tapis d’ardoises, au pied de ces grandes tours où Dieu veillait au destin de quatre cent mille de ces créatures, se cachait un monde d’une laideur repoussante.

Détails puants.

Les Parisiens et les Parisiennes, faute de latrines, pissaient et chiaient où bon leur semblaient (quoi qu’il existât certains lieux plus prisés que d’autres : aux Tuileries, par exemple ils étaient plusieurs centaines à se retrouver chaque matin sous une allée d’ifs pour débarrasser de leurs intestins du mauvais repas qu’ils avaient ingurgité la veille). Tous les jours les boueurs évacuaient vers la banlieue près de vingt mille boisseaux de merde. 

J’adore ce genre de raccourcis.

 Les discussions étaient rares entre Catherine et Pierre. Comment aurait-il pu en être autrement au sein de ce couple où le mari croyait que sa femme était bête et où la femme savait que son mari l’était.

C’est drôle, non ?

Jamais, durant les séances de soins, la reine ne lui parlait des affaires du royaume ce n’est pas parce que l’on montre son derrière à son médecin que l’on est obligé de tout lui dire.

Les hôpitaux .

 La plupart des malades, quelque fût leur affection, étaient rassemblés dans un immense dortoir qui puait l’urine, les chaires moisies et la soupe suri. Ce spectacle misérable était compensé par l’extraordinaire dévouement des sœurs qui s’occupaient de l’endroit. Sans doute n’étaient-elles pas pas les femmes les plus tendres et les plus patientes de la terre. Mais au moins ne passaient-elles pas leur temps, comme les nonnes des Filles-Dieu, à marmonner des prières, persuadées que cela suffirait pour changer le monde.

Édition Presse de la Cité. Traduit du japonais par Jean-Baptiste Flamin

 

C’est avec « Treize marches » que j’avais découvert cet auteur et malgré la classification thriller de celui-ci et ses 740 pages je m’étais promis de le le lire. Voilà qui est fait mais je ne suis pas certaine de relire de sitôt un thriller ! Les trois coquillages s’expliquent par ma grande difficulté à lire un roman où le ressort essentiel est dans le suspens. Mais si cela ne vous dérange pas, précipitez vous sur cet énorme roman, car dans le genre il doit être bienfait et le côté « science à peine fiction » fonctionne bien. Pour une fois, le point de vue n’est pas américain mais japonais et ça change pas mal de choses. D’abord sur les révélations des pratiques peu glorieuses des services secrets américains. Par exemple : les lieux de tortures et d’assassinats des personnes soupçonnées de terrorisme, pour respecter les règles du droit américain ces prisons sont dans des pays étrangers. Le plus grand scandale c’est certainement la guerre en Irak qui a laissé cette région complètement dévastée. Un jour où l’autre les États-Unis seront jugés pour avoir déclenché une guerre sous un prétexte qu’elle savait faux. Dans ce roman, il y a quelques personnages positifs des hommes désintéressés qui œuvrent pour le bienfait de l’humanité et qui prennent des risques incroyables pour réussir à créer un médicament qui sauvent des enfants atteints d’une maladie rare, ce sont des scientifiques japonais, et c’est très amusant de voir les rôles habituellement tenus par des américains donnés à de jeunes nippons.
Je dois évoquer le côté science fiction du roman.Un enfants est né dans une tribu pygmée dans la forêt africaine au Congo avec une tête très bizarre mais surtout des capacités cognitives complètement hors normes. Une expédition organisée par la CIA sous la responsabilité directe du président des États-Unis veut absolument liquider cet enfant. Comme tout roman de science-fiction celui-ci repose sur une question intéressante que ferait notre espèce à l’arrivée d’une mutation d’hommes avec des capacités nous dépassant complètement. Dans ce roman tout est mis en œuvre pour la détruire et cela permet de décrire tous les plus mauvais côtés de la puissance américaine, relayée par les pires instincts de violence des humains plongés dans les guerres tribales. Les violences dans les villages africains sont à peine soutenables et hélas elles ne sont pas loin de la vérité. Bref, 750 pages de tensions et d’horreurs de toutes sortes, ce n’est vraiment pas pour moi. Mais je suis quand même contente de l’avoir lu car je trouve que cet auteur pose de bonnes questions, et n’hésite pas à décrire ce qui d’habitude est soigneusement dissimulé. Après la peine de mort du Japon, (dans treize marches) voici les pratiques de la CIA américaine, l’humanité est vraiment loin d’être un havre de paix !

 

Citations

 

Le personnage principal japonais.

Kento n’avait pas décidé de continuer en doctorat parce que le monde de la recherche l’attirait, mais parce qu’il n’avait plus se résoudre à rentrer dans celui du travail. Au contraire, depuis son premier jour à l’université, Kento ne s’était jamais senti à sa place, comme s’il s’était trompé de voie. Il n’avait pas éprouvé une once d’intérêt pour la pharmacie ou la synthèse organique. Comme il ne pouvait rien faire d’autre, il s’était résigné à poursuivre, sans plus. Si rien ne changeait, dans vingt ans, il serait devenu un de ces chercheurs ennuyeux ayant trouvé refuge dans une niche, comme son père.

Les rapports amoureux chez les scientifiques (Humour)

On s’approche, on s’éloigne, sans jamais se heurter. Une vraie liaison de van der Waals.
– Ah, le plaignit Doi. Dommage.
– Et toi, tu as quelqu’un ? Il y a une fille mignonne dans mon labo. Avec elle c’est plutôt une liaison métallique. On bouge comme des atomes dans un groupe sans parvenir à se toucher. 
– Ce serait bien si je pouvais avoir une petite liaison covalente…
-Pareil…

Le danger

Le conseiller scientifique avait mesuré avec justesse l’ampleur de la menace biologique née dans la jungle congolaise. Cette menace c’était « le pouvoir » . Ce qu’il fallait craindre, ce n’était ni la force destructrice de la bombe nucléaire ni le potentiel des technologies et des sciences les plus avancées, mais la puissance intellectuelle qui les engendrait.

La guerre des drones

La brusque onde de choc l’assaillit par-derrière transperça tout son corps, la vague de chaleur et le souffle embrasé le firent voler en avant.

Il tomba la tête la première dans un ruisseau, ce qui lui évita de perdre conscience. Il ne récolta que des éraflures au visage. L’explosion l’avait rendu sourd, il se tapota les côtés du crâne pour tenter de retrouver l’ouîe. Il se releva, se retourna, et là, à cinquante mètres de l’endroit qu’il avait foulé quelques secondes plus tôt, découvrit un gigantesque cratère, bordée d’arbrisseaux aplatis par le souffle.
Yeagger se coucha à plat ventre, dégaina son fusil, sans la moindre idée du point de tir de les nuits. Il leva finalement les yeux, regarda à travers les branches qui recouvraient sa tête, et frémit. L’ennemi était dans le ciel. À six cents mètres d’altitude un Predator, drone de reconnaissance armée, avait lancé un missile antichar Hellfire. Son pilote avait déclenché ses flammes infernales depuis une base de l’armée de l’air situé dans le Nevada : un dispositif de pilotage semblable à une console de jeux lui permettait de manœuvrer cet engin à distance, de l’autre côté du globe.

Ce passage résonne aujourd’hui :

Il y a entraide parce qu’il est lucratif de s’entraider. Un exercice simple : l’aide publique au développement des pays industrialisés n’a d’autre but que de permettre à terme d’investir dans les pays en développement. Tôt ou tard, l’Afrique sera suffisamment développée pour garantir assez de ressources et de consommateurs. Allons plus loin : prenez les traitements médicaux. Dans ce domaine le profit passe avant tout le reste, même dans le développement de traitements contre les maladies graves. Les remèdes aux infections les plus rares ne sont pas développés faute de débouchés assez juteux.

Édition Actes Sud Jacqueline Chambon . Traduit de l’anglais(États-Unis) par Gaëlle Rey

 

Aifelle m’a donné envie de découvrir cette auteure à travers un autre titre « Dans la course » , un des commentaires parlait de ce roman que j’ai donc lu. J’ai cherché dans la campagne bretonne ce qui pouvait évoquer l’Amazonie pour faire ma photo, j’ai eu un peu de mal ! mais vous avez quand même l’eau et les herbes.

Si par hasard vous avez envie d’aller en Amazonie (ce qui n’est pas mon cas) lisez ce roman avant pour avoir une idée de ce que vous pourrez y trouver. Entre les moustiques tueurs, les serpents, les plantes toxiques voire mortelles, la chaleur gorgée d’humidité, se cachent des tribus indiennes certaines sympathiques d’autre pas. L’horreur absolue ! Dans cet enfer une jeune scientifique part à la recherche d’une spécialiste des médicaments pour avoir des explications sur la mort de leur collègue qui était déjà parti à la recherche de cette spécialiste. Pour ne pas attraper la malaria, elle prend des médicaments qui lui donnent des cauchemars abominables, ce qui permet à l’auteure de nous faire comprendre son passé. Son père était Indien (de l’Indes) et sa mère du Minnesota. Elle a peu connu son père qui s’est séparé de sa mère pour vivre en Indes et y a refait sa vie. Ce n’est pas du tout le thème principal du roman, même si cela explique sans doute une part du caractère de Marina Singh. Ce roman raconte comment des chercheurs essaient de trouver de nouveaux médicaments dans la jungle amazonienne si riche en biodiversité. Il y a du suspens autour de la mort d’Anders Eckman, dont je ne peux rien dire sans me mettre à dos toutes les anti-divulgâcheuses. En revanche, je peux vous parler de la très antipathique Dr Swenson employée par le même laboratoire que Marina et Anders pour trouver un médicament qui permettrait d’allonger la période de fertilité des femmes. Les femmes indiennes qui accueillent ces scientifiques ne connaissent, en effet, pas de perte de fertilité durant toute leur vie. C’est bien là le but des recherches pour lesquelles le Dr Swenson est rémunéré, mais si elle ne donne pas les résultats de ses recherches, c’est qu’elle veut, avant, trouver un médicament efficace contre la malaria. Elle sait que ce médicament ne sera pas financé par son laboratoire car il n’intéressera pas les femmes américaines. On peut reconnaître les débats actuels sur les médicaments chers (remdesivir) et ceux qui ne coutent rien (l’hydroxychloroquine).

Les histoires d’amour compliquées de Marina, son attachement à un petit enfant indien ne m’ont pas du tout passionnée. En revanche la course aux médicaments et les descriptions de la vie en Amazonie m’ont beaucoup marquée. Si j’ai des réserves sur ce roman, c’est parce qu’aucun personnage n’est vraiment sympathique. J’ai besoin de me sentir bien avec les personnages et entre le Dr Swenson en grand patron détestable et méprisant tout le monde et les amours de Marina, je n’étais bien avec personne. En plus, j’étais plongée dans l’univers – très bien décrit- que je déteste le plus au monde (sans y être jamais allée !)  : la forêt amazonienne.

Citations

 

Une belle lettre d’amour du Dr Ekman

Tous les jours ou presque, j’ai mal à la tête et j’ai peur qu’un de ces minuscules animaux d’Amazonie ne soit en train de creuser un trou de ses dents pour atteindre mon cortex cérébral, et la seule chose au monde que je désire, la seule chose qui donnerait du sens ou de la légitimité à mon existence, serait de pouvoir poser ma tête sur tes genoux. Tu passerais ta main dans mes cheveux, je sais que tu me ferais pour moi. Tel est ton courage, telle est ma chance.

L’arrivée au Brésil

À l’extérieur, l’air était si épais que l’on aurait pu mordre dedans et en mastiquer un morceau. Jamais les poumons de Marina n’avait inhalé tant d’oxygène, tant d’humidité. À chaque inspiration, elle avait l’impression d’emmagasiner dans son corps d’invisibles particules florales, et que de minuscules spores s’installaient entre les cils vibratiles de ses organes pour y prendre racine. Un insecte frôla son oreille dans un bourdonnement si perçant que la tête de Marina bascula en arrière comme si elle avait reçu un coup. Un autre insecte lui mordit la joue tandis qu’elle levait la main pour chasser le premier. Il n’était pas dans la jungle, mais dans un parking. L’espace d’un instant, des éclairs de chaleur illuminèrent un banc de nuages menaçant a des kilomètres au sud avant de les ramener dans la pénombre.

L’horreur absolue pour moi

À la tombée de la nuit, les insectes les assaillirent par nuées. Carapaces dures et souples, mordeurs et piqueurs, grésillant, vrombissant et bourdonnant : tous, jusqu’au dernier, déployèrent leurs ailes de papier et vinrent percuter avec une rage folle les yeux, la bouche et le nez des trois seuls êtres humains qu’il purent trouver. (…) « Le Dr Rapp disait que le travail des entomologiste était facile, dit le Dr Swenson en tournant le dos à l’assaut des insectes. Ils n’avaient qu’à allumer une lumière et tous les spécimens accouraient. »

En période où l’on conteste les recherches en médecine lire de tels faits fait froid dans le dos

Étude clinique mener à Tuskege, en Alabama, de 1932 à 1972, par des médecins américain qui étudièrent l’évolution de la syphilis sur des participants auxquels ils refusaient de donner un traitement curatif pour pouvoir continuer leur recherche.