Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Édition Albin Michel

 

Dans cette période qui devrait normalement être celle de la fréquentation des cimetières, je vais vous parler d’un roman pour lequel je ne suis pas enthousiaste, même si j’ai eu quelques bons moments pendant la lecture. Violette Toussaint née Trénet est gardienne de cimetière. Quand je dis « née » je ne vous dis pas l’essentiel : Violette est née sous « x » et une sage femme l’a prénommée Violette car à la naissance sa peau violacée l’avait condamnée à ne pas survivre, puis Trénet sans doute parce qu’elle aimait ce chanteur. Violette rencontre son destin sous les traits de Philippe Toussaint un trop beau garçon qui passe son temps à faire l’amour aux femmes, la sienne, celles des autres et toutes les filles qui en ont envie. De cette union mal assortie naîtra une petite fille Léonine et sept ans de bonheur intense pour Violette, même si son mari continue à courir les femmes dans toute la région. Le malheur de Philippe vient d’une mère Chantal Toussaint qui méprise sa belle fille et cherche à transmettre à son fils son propre mépris. Un accident terrible va survenir, mais je ne peux, sans divulgâcher le récit, vous le raconter. Les plaisirs de lecture de ce gros roman, vient des différentes anecdotes liées aux histoires de cimetière. Violette aime son métier et accueille avec respect les malheur des uns et des autres, c’est cet aspect qui m’a le plus intéréssée. J’avoue que l’intrigue autour de la mort de sa petite fille de sept ans, m’a beaucoup moins passionnée et surtout, je ne crois pas du tout aux deux personnages principaux. On est dans la caricature ou dans l’esquisse de personnages mais pas dans la richesse de la complexité de l’humain. L’histoire se tisse lentement au gré d’incessants retour en arrière ou de changements de personnages, on s’y perd un peu. Ce n’est pas ce qui m’a le plus dérangée, mais je ne comprends pas trop cette envie de rendre le roman aussi sinueux . Pour finir par un happy-end très prévisible. Comme je le disais en commençant, il y a de très bonnes petites histoires autour du cimetière, qui rendent ce roman parfois très agréable à lire, mais sinon il faut accepter le côté « romanesque », dans le mauvais sens du terme, des personnages. Cela m’a fait penser aux romans d’Anne Gavalda en plus caricatural.( Et je précise que parfois je prends plaisir à lire Anne Gavalda – comme pour ce roman que je suis loin d’avoir entièrement rejetée.)

 

Citations

Portrait de son mari

Le jour de la parution de l’article, Philippe Toussaint est rentré de la feue ANPE la mort dans l’âme : il venait de réaliser qu’il allait devoir travailler. Il avait pris l’habitude que je fasse tout à sa place. Avec lui, niveau fainéantise, j’avais gagné le gros lot. Les bons numéros et le jackpot qui va avec.

J’aime bien ce genre de remarques

Demain, il y a un enterrement à 16 heures. Un nouveau résident pour mon cimetière. Un homme de cinquante cinq ans, mort d’avoir trop fumé. Enfin, ça, c’est ce qu’on dit les médecins. Ils ne disent jamais qu’un homme de cinquante cinq ans peut mourir de ne pas avoir été aimé, de ne pas avoir été entendu, d’avoir reçu trop de factures, d’avoir contracté trop de crédits à la consommation, d’avoir vu ses enfants grandir et puis partir, sans vraiment dire au revoir. Une vie de reproches, une vie de grimaces. Alors sa petite clope et son petit canon pour noyer la boule au ventre, il les aimait bien.
On ne dit jamais qu’on peut mourir d’en avoir eu trop souvent trop marre.

Une enfance et un couple sans amour.

Je crois que j’ai toujours eu ce réflexe, celui de ne pas déranger. Enfant, dans les familles d’accueil, je me disais : « Ne fais pas de bruit, comme ça cette fois tu resteras, ils te garderont. » Je savais bien que l’amour était passé chez nous il y a longtemps et qu’il était parti ailleurs, entre d’autres mur qui ne seraient plus jamais les nôtres.

Moment d’humour

Maintenant, ma dernière volonté, c’est de me faire incinérer et qu’on jette mes cendres à la mer. 
-Vous ne voulez pas être enterrée près du comte ? 
-Près de mon mari pour l’éternité ?!Jamais ! J’aurais trop peur de mourir d’ennui !
-Mais vous venez de me dire que ce sont les restes qu’on enterre ici. 
-Même mes restes pourraient s’ennuyer près du comte. Il me fichait le bourdon.

18 Thoughts on “Changer l’eau des fleurs – Valérie PERRIN

  1. keisha on 2 novembre 2020 at 08:23 said:

    Je ne m’attends pas à de la haute littérature, on peut le lire pour les histoires autour du cimetière, alors. Mais pas prioritaire.
    (je ne te reproche rien, je suis dans une histoire de chat hyper gentillette, pour me reposer du Mauvignier en cours)

  2. Je ne suis pas tentée du tout .. même si je lis un roman assez gentillet en ce moment, une histoire improbable mais avec un petit grain de folie bienvenu.

  3. Il fait partie de ces romans qui ont une note très (trop) élevée sur Babelio et dont je me méfie a priori. Je devrais lui laisser une chance, je sais, mais je n’arrive pas à être tentée…

    • Ta remarque sur Babelio me fait penser à ce qui se passe sur « TripAdvisor » à force de multiplier les avis sur les restaurants une certaine uniformité se fait jour et en Bretagne ce sont toujours les crêperies et les pizzerias qui sont les mieux notées. C’est à dire là où les gens vont le plus souvent et sont moins déçues car ils ne s’attendaient pas à manger autre choses que des pizzas ou des crêpes. Voilà donc un roman qui ne déçoit personne car on ne s’attend pas à y trouver autre chose qu’une forme de réconfort.

  4. C’est vrai qu’il faut accepter le côté romanesque, mais parfois ça fait du bien ;-)

    • Tu vois parfois des lectures qui font du bien , font plaisir et on accepte alors certaines facilités qui peuvent gêner d’autres lecteurs ou lectrices.

  5. Depuis sa sortie, ce roman rencontre un beau succès et moi, je l’ai fui à cause de son aspect « pavé ». Ton billet me fait dire que je ne dois pas avoir de regret, qu’il est fort possible que le côté caricatural des personnages m’aurait sacrément agacée !

  6. c’était agréable à lire mais pas folichon non plus… beaucoup d’invraisemblances dans mes souvenirs.

  7. Je ne lirai pas ce livre, mais je commence quand même bien ma journée en passant ici, ton commentaire sur TripAvisor me fait bien rire ! C’est exactement cela !

  8. On me l’a prêté alors je le lirai sans doute mais en connaissance de cause !

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