Apres Homo Sapiens, je savais que je lirai ce livre qui fait tant parler de lui et de son auteur. On retrouve l’esprit vif et peu conventionnel de Yuval Noah Harari mais c’est moins agréable à lire. Car, si de nouveau, il remet en cause la façon dont Homo Sapiens, (c’est à dire nous) a conquis la planète, au détriment des animaux et au risque de détruire l’équilibre de la nature, il projette dans le futur les conséquences de nos récentes découvertes. Nous sommes donc, selon lui, au bord de créer l’Homo-Deus qui aura sans doute aussi peu de considération pour Homo Sapiens que celui-ci en a eu pour les animaux. L’auteur consacre de longues pages sur le sort que nous avons réservé à l’espèce animale, c’est terriblement angoissant. Les démonstrations sont brillantes et souvent implacables. Mais c’est aussi très triste, car cet avenir n’est guère réjouissant. Yuval Noah Harari ne veut être ni gourou, ni prophète, il peut se tromper mais il nous demande de réfléchir. Il termine son livre en nous laissant trois thèmes de réflexions que je vous livre :
Tous les autres problèmes et évolution sont éclipsés par trois processus liés les uns aux autres :
1/ la science converge dans un dogme universel, suivant lequel les organismes sont des algorithmes et la vie se réduit au traitement des données.
2/ l’intelligence se découple de la conscience.
3/ Des algorithmes non conscients mais fort intelligents, pourraient bientôt nous connaître mieux que nous-mêmes.
Ces trois processus soulèvent trois questions cruciales, dont j’espère qu’elle resteront présentes à votre esprit longtemps après que vous aurez refermé ce livre :
1/ Les organismes ne sont-ils réellement que des algorithmes, et la vie se réduit-elle au traitement des données ?
2/ De l’intelligence ou de la conscience, laquelle est la plus précieuse ?
3/ Qu’adviendra-t-il de la société, de la politique et de la vie quotidienne quand les algorithmes non conscients mais hautement intelligents nous connaîtrons mieux que nous ne nous connaissons ?
Ne croyez pas pouvoir sortir de ces questions par une simple boutade, ou par un geste rapide de dénégation. Même si ces questions ne vous intéressent pas sachez que ces problèmes vont venir vers vous que vous le vouliez ou non. Il a fallu 500 pages à l’auteur pour en arriver là. Il vous entraînera auparavant dans l’histoire humaine avec beaucoup d’humour et de sagesse. Vous verrez Homo Sapiens conquérir, domestiquer et dominer complètement la planète et après avoir vaincu les trois fléaux qui l’ont occupé des millénaires durant, à savoir : la famine, la maladie et les guerres, s’il suit les tendances actuelles, il se prendra pour Dieu et voudra vivre une vie augmentée de tous les services rendus par les nouvelles technologies. Vous croyez qu’il délire, et pourtant entre le Bitcoin, les blokschains et les big-data , dites moi un peu où se trouvent l’individu, le pouvoir politique ou les nations. Que deviennent nos conceptions de l’humanisme ?
J’ai annoté ce livre au fur et à mesure de ma lecture et si je mets toutes mes notes dans mon article c’est que parfois elles me font sourire mais surtout elles me permettent de mieux me souvenir des raisonnements de cet auteur, Yuval Noah Harari : juif, athée, végétarien, homosexuel et surtout incroyablement intelligent. Il a déclaré que le fait de n’être pas dans le moule de l’Israélien classique lui avait permis d’être libre dans son mode de pensée.
Un livre implacable donc, vous le lirez sans doute mais avec moins de jubilation que son précédent ouvrage.
Citation
la fin des famines
En 2012, autour de 56 million de personnes sont mortes à travers le monde. ; 620000 ont été victimes de la violence humaine, (la guerre en a tué 120000, le crime 500 000). En revanche, on a dénombré 800 000 suicides, tandis que 1,5 million de gens mouraient du diabète. Le sucre est devenu plus dangereux que la poudre à canon.
Une formule et un exemple frappant : l’art de convaincre de cet auteur
Le mot « paix » a pris un sens nouveau. Les générations antérieures envisageaient la paix comme l’absence temporaire de guerre. Aujourd’hui, la Paix, c’est l’invraisemblance de la guerre. En 1913, quand les gens parlaient de la paix entre la France et l’Allemagne, ils voulaient dire : » pour l’instant, il n’y a pas de guerre entre les deux pays, et qui sait ce que l’année prochaine nous réserve ? » Quand nous disons aujourd’hui que la paix règne entre la France et l’Allemagne, nous voulons dire que, pour autant que l’on puisse prévoir, il est inconcevable qu’une guerre puisse éclater entre elles.
La fin des masses
De surcroît, malgré toutes les percées médicales, nous ne saurions être absolument certain qu’en 2070 les plus pauvres jouiront de meilleurs soins qu’aujourd’hui. L’État et L’élite pourraient se désintéresser de la question. Au 20e siècle, la médecine a profité aux masses parce que ce siècle était l’ère des masses. Les armées avaient besoin de millions de soldats en bonne santé, et les économies de millions de travailleurs sains. Aussi les États ont-ils mis en place des services publics pour veiller à la santé et à la vigueur de tous. Nos plus grandes réalisations médicales ont été la création d’installation d’hygiène de masse, de campagne massive de vaccination et l’éradication des épidémies de masse. En 1914, l’élite japonaise avait tout intérêt à vacciner les plus pauvres, et à construire des hôpitaux et le tout-à-l’égout dans les taudis : pour que le pays deviennent une nation forte à l’armée puissante et à l’économie robuste, il lui fallait des millions de soldats et d’ouvriers en bonne santé.
L’ère des masses pourrait bien être terminée et, avec elle, l’âge de la médecine de masse. Tandis que soldats et travailleurs humains laissent place aux algorithmes, certaines élites au moins en concluent peut-être qu’il ne rime à rien d’assurer des niveaux de santé améliorés ou même standards aux masses pauvres, et qu’il est bien plus raisonnable de chercher à augmenter une poignée de surhommes hors norme.
Victoire du libéralisme économique sur le totalitarisme communiste
Si le capitalisme a vaincu le communisme, ce n’est pas parce qu’il était plus éthique, que les libertés individuelles sont sacrées où que Dieu était en colère contre les communistes païens. Le capitalisme a gagné la guerre froide parce que le traitement distribué des données marche mieux que le traitement centralisé, du moins dans les périodes d’accélération du changement technique. Le comité central du Parti communiste ne pouvait tout simplement pas faire face au changement rapide du monde à la fin du 20e siècle. Quand la totalité des Data s’accumule dans un seul bunker secret, et qu’un groupe de vieux apparatchiks prend toutes les décisions importantes, ils peuvent certes produire des bombes nucléaires à la pelle, mais ni Apple ni Wikipédia.
On raconte une anecdote probablement apocryphe, comme toutes les bonnes anecdotes, lorsque Michael Gorbatchev tenta de ressusciter l’économie soviétique moribonde, il envoya à Londres un de ses principaux collaborateurs pour voir ce qu’il en était du thatchérisme et comment fonctionnait réellement un système capitaliste. Ses hôtes guiderent le visiteur soviétique, à travers la City, la bourse de Londres et la London School of Economics, où il discuta avec des directeurs de banque, dès entrepreneurs et des professeurs. Après de longues heures, l’expert soviétique ne plus se retenir : » Un instant, je vous prie. Oubliee toutes ces théories économiques compliquées. Cela fait maintenant une journée que nous parcourons Londres en long et en large, il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre. À Moscou nos meilleurs esprits travaillent sur le système de fourniture du pain, et pourtant il y a des queues interminables devant les boulangeries et les épiceries. Ici, à Londres, vivent des millions de gens, et nous sommes passés aujourd’hui devant quantité de magasin et de supermarché, je n’ai pas vu une seule queue pour le pain. Je vous en prie, conduisez-moi auprès de la personne chargée de ravitailler Londres en pain. Il faut que je connaisse son secret. » Ses hôtes se gratterent la tête, réfléchirent un instant, et dirent : » Personne n’est chargé de ravitailler Londres en pain. »
Tel est le secret de la réussite capitaliste. Aucune unité centrale de traitement ne monopolise toutes les données concernant la fourniture en pain de la capitale.
L’avenir de l’internet
les gouvernement et les ONG poursuivent en conséquence des débats intenses sur la restructuration d’internet , mais il est beaucoup plus difficile de changer un système existant que d’intervenir à ses débuts. De plus, le temps que la pesante bureaucratie officielle ait arrêté sa décision en matière de Cyber-régulation, Internet ce sera métamorphosé dix fois. La tortue gouvernementale ne saurait rattraper le lièvre technologique. Les data la submergent. La NSA (National Security Agency) peut bien espionner chacun de nos mots, à en juger d’après les échecs répétés de la politique étrangère américaine, personne, à Washington, ne sait que faire de toutes les données. Jamais dans l’histoire on en a su autant sur ce qui se passe dans le monde, mais peu d’Empires ont gâché les choses aussi maladroitement que les États-Unis contemporains. Un peu comme un joueur de poker qui c’est quelles cartes détiennent ses adversaires mais se débrouille pour perdre à chaque coup.
Connais-toi toi même….
Vous voulez savoir quoi ? Payez à « 23andMe » la modique somme de 99 dollars, et on vous enverra un petit paquet dans lequel vous trouverez une éprouvette. Vous crachez dedans, vous la fermez hermétiquement et vous la renvoyer à Mountain View, en Californie. Là, l’ADN de votre salive est lu, et vous recevez les résultats en ligne. Vous obtenez une liste des problèmes de santé qui vous guettent et le bilan de vos prédispositions génétiques a plus de quatre-vingt-dix traits et conditions, de la calvitie à la cécité. « Connais-toi toi-même ? » Cela n’a jamais été plus facile ni meilleur marché. Puisque tout repose sur des statistiques, la taille de la base de données de la société est la clé pour des prédictions exactes Aussi la première société à construire une base de données génétiques géante fournira-t-elle à la clientèle les meilleures prédiction et accapara-t-elle potentiellement le marché. Les sociétés américaines de bio-technologie redoutent de plus en plus que la rigueur des lois sur la vie privée aux États-Unis, alliée au mépris chinois pour l’intimité, n’apporte à la Chine sur un plateau le marché génétique.
Fin de l’humanisme
Les hommes sont menacés de perdre leur valeur économique parce que l’intelligence est découplée de la conscience.
Jusqu’à aujourd’hui, la grande intelligence est toujours allée de pair avec une conscience développée. Seuls des êtres conscients pouvaient accomplir des tâches qui nécessitaient beaucoup d’intelligence, comme jouer aux échecs, conduire une voiture, diagnostiquer une maladie ou identifier des terroristes. Toutefois, nous mettons au point de nouveaux types d’intelligences non conscientes susceptibles d’accomplir ses tâches bien mieux que les êtres humains. Toutes ces tâches sont en effet fondées sur la reconnaissance de forme, il est possible que, bientôt, des algorithmes non conscients surpassent la conscience humaine en la matière.
Justification de la guerre
L’humanisme évolutionniste soutient que l’expérience de la guerre est précieuse, et même essentielle. Le film « le troisième homme » a pour cadre la ville de Vienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Réfléchissant au conflit récent, le personnage Harry Lime observe : « Après tout, ce n’est pas si terrible… En Italie, sous les Borgia, ils ont eu trente années de guerre, de terreur, de meurtre et de bain de sang, mais ils ont produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu l’amour fraternel, cinq siècles de démocratie et de paix, et qu’ont-ils produit ? Le coucou. » Il a tort sur presque tous les points, au début des temps modernes, la Suisse a probablement été la région d’Europe la plus assoiffée de sang et exportait surtout des mercenaires, et le coucou est en fait une invention allemande.
Humour en Israël
De nos jours, il est assez intéressant de le constater, même les fanatiques religieux adoptent ce discours humaniste quand ils veulent influencer l’opinion publique. Chaque année depuis une décennie, par exemple, la communauté israélienne LGBT
(lesbiennes,gays, et transgenres) organise une Gay Pride dans les rues de Jérusalem : un jour d’harmonie unique dans cette ville déchirée par les conflits, parce que c’est la seule occasion où les juifs religieux, les musulmans et les chrétiens trouvent soudain une cause commune ; tous se déchaînent contre la parade. Ce qui est vraiment intéressant, cependant, c’est l’argument qu’ils invoquent. Ils ne disent pas : » Ces pêcheurs doivent être privés de parade parce que Dieu interdit l’homosexualité. » Mais, devant tous les micros et caméras de télévision, ils expliquent que « voir une parade gay dans les rues de la ville sainte de Jérusalem blesse notre sensibilité. Les gays nous demandent de respecter leurs sentiments, qu’ils respectent les nôtres. ».
Humour
Alors que les prêtres du Moyen-Âge disposaient d’une hotline avec Dieu et pouvaient distinguer le bien du mal à notre intention, les thérapeutes modernes, nous aident simplement à entrer en contact avec nos sentiments intimes.
Importance du crédit
Les Temps Modernes finir par casser ce cycle du fait de la confiance croissante des gens en l’avenir et au miracle du crédit qui en est résulté. Le crédit est la manifestation économique de la confiance. De nos jours, si je souhaite mettre au point un nouveau médicament, et que je manque d’argent, je peux obtenir un prêt à la banque, ou me
tourner vers des investisseurs privés et des fonds de capitaux à risque. Quand Ébola est apparu en Afrique de l’Ouest à l’été 2014, que croyez-vous qu’il advint des actions des sociétés pharmaceutiques qui travaillait à des médicaments et des vaccins contre ce virus ? Elle s’envolèrent. Les actions de Tekmira augmentèrent de 50 %, salle de BioCryst, de 90 %. Au Moyen-Âge, quand une épidémie se déclarait, les gens tournaient les yeux vers le ciel et priaient Dieu de leur pardonner leurs péchés. Aujourd’hui, quand les gens entendent parler d’une nouvelle épidémie mortel, ils prennent leur téléphone mobile et appellent leur courtier. Sur le marché boursier, même une épidémie est une occasion de faire des affaires.
L’humour
En vérité, aujourd’hui encore, quand ils prêtent serment, les présidents américains posent la main sur une Bible. De même dans bien des pays à travers le monde, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, les témoins, à la cour, posent la main sur une Bible en jurant de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Il est paradoxal qu’ils jurent de dire la vérité sur un livre débordant de fictions, de mythes et d’erreurs.
Une partie des problèmes de l’Afrique
Sur une table bien astiquée de Berlin, ils déroulèrent une carte à moitié vide de l’Afrique, esquissèrent quelques traits ici ou là, et se partagèrent le continent.
Quand, le moment venu, les Européens s’y aventurent munis de leur carte, ils découvrirent que nombre des frontières tracées à Berlin rendaient mal justice à la réalité géographique, économique et ethnique de l’Afrique. Toutefois, pour éviter de réveiller des tensions, les envahisseurs s’en tinrent à leurs accords, et ces lignes imaginaires devinrent les frontières effectives des colonies européennes. Dans la seconde moitié du XXe siècle, avec la désintégration des empires européens, les colonies accédèrent à l’indépendance. Les nouveaux pays acceptèrent alors des frontières coloniales, redoutant de provoquer sinon une chaîne sans fin de guerres et de conflits. Beaucoup de difficultés que traversent les pays africains actuels viennent de ce que leurs frontières ont peu de sens. Quand les écrits fantaisistes des bureaucratie européenne se heurtèrent à la réalité africaine, ce fut la réalité qui dut céder.
Pourquoi les religieux détestent la théorie de l’évolution
La théorie de la relativité ne met personne en colère parce qu’elle ne contredit aucune de nos croyances chérie. La plupart des gens se fichent pas mal que l’espace et le temps soit absolu ou relatif. Si vous croyez possible de courber l’espace et le temps, eh bien, faites donc ! Allez-y, pliez-les. Je n’en ai cure. En revanche, Darwin nous a privé de notre âme. Si vous comprenez pleinement la théorie de l’évolution, vous comprenez qu’il n’y a pas d’âme. C’est une pensée terrifiante pour les chrétiens et musulmans fervents, mais aussi pour bien des esprits séculiers qui n’adhèrent clairement a aucun dogme religieux, mais n’en veulent pas moins croire que chaque humain possède une essence individuelle éternelle qui reste inchangée tout le long de la vie et peut même survivre intacte à la mort.
Le charme de l’éducation britannique
John Watson, qui faisait autorité en la matière dans les années 1920, conseillait sévèrement aux parents : » Ne serrez jamais vos enfant dans vos bras, ne les embrassez pas, ne les laissez jamais s’asseoir sur vos genoux. S’il le faut, donnez-leur un baiser sur le front quand ils vous disent bonne nuit. Le matin, serrez leur la main. »
Genre d’anecdote qu’on aime répéter
Une anecdotes célèbres, probablement apocryphe, rapporte la rencontre en 1923 du prix Nobel de littérature Anatole France et d’Isadora Duncan, la belle et talentueuse danseuse. Discutant du mouvement eugéniste alors en vogue, Duncan observa : « .Imaginez un peu un enfant qui aurait ma beauté et votre intelligence ! ». Et France de répondre : « Oui, mais imaginez un enfant qui ait ma beauté et votre intelligence ! »
La vie, le sacré et la mort
La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par les Nations unies au lendemain de la dernières guerre – qui est ce qui ressemble sans doute le plus à une constitution mondiale- déclare catégoriquement que le « droit à la vie » est la valeur la plus fondamentale de l’humanité. Puisque la mort viole clairement ce droit, la mort est un crime contre l’humanité. Nous devons mener contre elle une guerre totale.
Tout au long de l’histoire, les religions et les idéologies n’ont pas sanctifié la vie elle-même, mais autre chose au-delà de l’existence terrestre. Elles ont donc parfaitement toléré la mort. Certaines ont même montré beaucoup d’affection pour la Grande Faucheuse. Pour le christianisme, l’islam et l’hindouisme, le sens de notre existence dépendait de notre destin dans l’au-delà ; pour ces religions, la mort était donc un élément vital et positif du monde.