Traduit de l’anglais par Esther Ménévis.
Lu dans le cadre du club de lecture de ma médiathèque

3Participer à un club de lecture a beaucoup de bons côtés, l’un de ces bons côtés c’est de me conduire à lire des livres vers lesquels je n’irai pas spontanément. Celui-ci en fait partie, et j’ai pourtant passé un excellent moment de lecture. Le procédé décrit sur la quatrième de couverture est amusant mais comme tous les romans qui sont sous-tendus par un procédé celui-ci est trop répétitif à mon goût. Il s’agit de ce que certains appellent : « l’effet papillon » :un événement a une cause apparente mais il faut souvent chercher les véritables motivations des protagonistes dans des incidents plus anciens. Le roman relie entre eux onze destins et tout s’enchaîne de façon implacable, jusqu’à une fin que je ne peux dévoiler.

Pour moi l’intérêt de ce roman, c’est de décrire la vie des Londoniens, ceux qui vont mal, très mal et pas si mal que ça. Certains écoutent l’émission de radio du narrateur, Xavier Ireland, qui les écoute et les console de une heure à quatre heures du matin. Pour les nostalgiques, son émission rappellera la voix éraillée de Masha Béranger commentant les confidences des noctambules français. Les autres il les croise dans son immeuble et dans son quartier. Ce petit monde de Londres m’a passionnée et émue. J’ai souri souvent, mais je ne peux pas dire que ce soit un roman très drôle contrairement à ce qu’annonce la quatrième de couverture.

Une belle galerie de portraits de nos contemporains d’outre-manche.

 Citations

Le fameux procédé

… Parce que Roger a été contrarié par un SMS qu’il a reçu par erreur parce que son expéditeur n’était pas habitué à son téléphone parce qu’on lui a volé le sien,parce qu’un ado s’est fait renvoyé suite à une colère provoquée par une mauvaise critique, elle-même alimentée par la colère suscitée par le tabassage que Xavier n’a pas réussi à stopper quelques semaines plus tôt , un jour de grand froid.

On en parle

« Au delà des pages » blog trouvé sur Babelio

Traduit de l’anglais par : Josée Kamoun.
Lu dans le cadre du club de lecture de ma médiathèque.

3
Autour de l’exposition de Bruxelles, Jonathan Coe tisse ses habituelles réflexions sur les rapports humains. Tout se passe en distance et sans heurts, là où il pourrait y avoir un roman d’espionnage palpitant , une histoire d’amour torride, une naissance illégitime, on a une agréable partie de campagne , des grandes vacances d’un intellectuel anglais pas très amoureux de sa femme et attiré par des jeunes femmes en particulier un jolie hôtesse belge.

Le roman se lit facilement et ne manque pas d’humour, mais on n’est jamais passionné. On se dit aussi que Jonathan Coe n ‘aurait vraiment rien à faire d’un lectorat passionné. C’est agréable à lire aussi , pour la nostalgie d’une époque où l’on avait toute confiance dans le progrès scientifique : heureux temps où l’on croyait que l’atome allait résoudre tous les problèmes de la vie sur terre.

Mais c’est aussi la guerre froide, et la tentation d’une autre vie possible en URRS, et petit détail qui m’a étonné, la Belgique avait invité des Congolais pour montrer leur artisanat local, ils ne sont pas restés longtemps car ils se sont sentis comme des animaux de Zoo, on les comprend !

Un bon moment de lecture mais un peu fade à mon goût.

Citations

Humour, idée pour la participation britannique à l’exposition de 1958 , idée qui n’a pas été retenue , on se demande pourquoi !

Nous faisons tous la petite et la grosse commission, Sir John, même vous ! Nous pouvons bien répugner à en parler, répugner à y penser même, mais il y a de longues années, quelqu’un y a pensé, il a poussé-poussé, si j’ose dire… la réflexion, et le résultat, c’est que nous pouvons depuis faire notre grosse commission en toute hygiène et sans honte, et que le pays entier, que dis-je, et le monde entier, ne s’en porte que mieux. Alors pourquoi ne pas rendre hommage à cette réussite ? Pourquoi ne pas célébrer le fait que, outre qu’ils ont conquis la moitié du globe, les Britanniques ont livré une bataille historique contre leur grosse commission et qu’ils l’ont remportée.

Genre de préjugé que revèle cette exposition dite universelle

Le fait est que ces Belges sont plus andouilles que nature, ils connaissent rien à la bière, et, d’ailleurs rien à rien.

On en parle

Clara et d’autre avis sur Babelio

traduit de l’anglais par Isabelle Chapman
Lu dans le cadre du club de lecture de ma médiathèque

3
Un livre très intéressant sur un sujet qui ne m’intéresse absolument pas : la presse à scandale anglaise. Mais après certaines révélations de la presse française est-on si loin des tabloïds britanniques. C’est un roman à deux voix , une jeune pigiste intéressée seulement par les scandales que l’on peut lire à longueur de journées dans la presse. Elle vit dans une galère absolue et court après tous les articles pour finir ses fins de mois. Elle a la surprise de se voir confier par une rédactrice d’un journal plus prestigieux,un article sur une journaliste très très âgée qui méprise complètement la presse d’aujourd’hui.

Le roman permet de décrire tous les rouages de la presse et raconte très bien les difficultés des jeunes à s’imposer dans ce monde sans pitié. Et à l’opposé la voix de la vieille femme qui a parcouru tous le siècle avec les horreurs qu’on connaît mais avec une culture qui est si loin des préoccupations de la jeune Tamara venue l’interviewer. le choc de ces deux mondes donne lieu à des moments d’humour assez drôle.

L’intrigue est assez bien menée. Je pense que c’est important de lire un tel livre, mais je crois que les gens qui croient à la presse à scandale ne liront pas ce genre de roman , dommage ! Quant aux autres, les gens comme moi, on sait qu’on peut inventer n’importe quoi dans ces journaux et qu’à part le sexe et l’argent rien d’intéressant n’y est vraiment traité .

Intéressant mais très triste sur l’état de notre société.

Citations

La vieillesse

Il avait eu un mouvement de recul incapable de dissimuler son dégoût Craignait-il que la vieillesse ne soit contagieuse ? Elle pouvait le lui confirmer:elle l’était. La mort prématurée était la seule issue si on voulait l’éviter.

La culture de Tamara

Pour les amuse gueules, ça ira, rectifia Tamara en son for intérieur. Hitler n’était pas Sinatra, mais c’était quand même une célébrité, d’une certaine manière. Au moins tout le monde avait entendu parler de lui.

 Le directeur de rédaction

Il tenait de l’esquimau :il avait à sa disposition cinquante mots pour dire non.

3
Je me souviens de mon plaisir à lire « les séparés » , un plaisir fait de sensations retrouvées de ma jeunesse. Entre ces quatre murs, je retrouve une partie de ce plaisir, il s’agit, ici, des sentiments qui soudent et séparent les familles. Le propos du roman est très ténu, le frère aîné d’une fratrie de cinq enfants réunit sa mère veuve, et son frère et ses deux sœurs dans sa maison de Grèce. Lors de son attente, il se remémore son enfance et lors des trajets de chacun des membres de la fratrie, les secrets des uns et des autres vont être peu à peu dévoilés au lecteur .

Toute une réflexion sur la famille s’installe : la force de l’amour certes, mais aussi, le poids des liens qui parfois étouffent et empêchent de mener sa vie d’être libre. J’avoue avoir trouvé le propos un peu léger alors que de très lourds secrets étouffent cette famille. On comprend que la fratrie ait explosé et on s’étonne un peu à la fin de la légèreté de certains propos. Le style, au début, est insupportable , c’est voulu, je crois, cela permet d’être dans la peau de Saul(le frère aîné), et puis, on s’habitue et ça s’arrange un peu.

Un plaisir en mi-teinte pour moi.

 Citations

Exemple du style du début

Parler de Dimitri aussi. Il serait temps.
Lire, c’était trahir. S’extraire. S’échapper. Un monde nouveau, en faire partie à tout prix.

 Cette phrase me touche

Les êtres proches, vivants ou morts , sont à la fois absents et omniprésents , on ne se défait jamais tout à fait de leur absence.

 Interrogation qui est la mienne

Je m’interroge devant les grandes familles unies, les frères et sœurs que rien ne semble avoir séparés , sont-ils meilleurs que nous ? Plus aimants ?

Rôle de la mère avec des enfants adultes

« Maman, tu n’es pas responsable de nos déboires, de nos désillusions, tu n’es pas toute-puissante, tu ne peux pas contrôler nos relations, tu ne peux pas savoir ce que ressentent réellement tes enfants adultes. »

 C’est tellement vrai

Parfois dire est inutile et nocif.

On en parle

Sur la route de Jostein ,Paroles et musiques et d’autres sur Babelio

 Traduit de l’anglais par Isabelle D.Taudière et Clémentine Peckre.
 Lu dans le cadre de masse critique.

3
Livre historique qui rapproche le destin de deux jeunes allemands de la même génération, l’un Rudolf Höss deviendra le directeur d’Auschwitz, fleuron d’une belle carrière chez les SS. Il sera donc responsable des millions d’être humains massacrés sous ses ordres dans des conditions les plus effroyables que l’humanité a pu imaginer. L’autre, Hanns Alexander un peu plus jeune, a failli être une de ses victimes, mais sa famille a réussi à s’installer à temps en Grande-Bretagne. Issue de la très grande bourgeoisie juive de Berlin, la guerre fera de lui un chasseur de dignitaires nazis, et c’est lui qui retrouvera et fera juger Höss.

Le livre est écrit par le petit neveu de Hanns. Chapitre après chapitre on suit la destinée des deux hommes. Comme souvent dans ce genre de récit, on tremble devant l’aveuglement du père de Hanns, qui décoré de la croix de guerre, et médecin renommé, peine à prendre la décision de fuir ce pays. Un Allemand qui l’avait connu pendant la guerre 14/18, a pris sa défense lorsqu’une première fois des SA veulent s’en prendre à lui. C’est si rare de lire cela que je ne résiste pas à citer son nom, le Capitaine Otto Meyer qui préviendra la famille Alexander qu’elle doit absolument fuir lorsque le danger devient trop pressant. Rudolf Höss, est originaire de Baden-Baden et rien n’aurait dû faire de lui un des plus grand meurtrier de l’histoire.

On retrouve dans cet ouvrage, cette idée, aujourd’hui banale, qu’un homme ordinaire mis dans certaines circonstances peut devenir un bourreau.
Je ne peux pas dire que j’ai appris grand chose, car j’ai beaucoup lu sur le sujet. Un aspect me restera en mémoire, si les allemands n’avaient pas connu la défaite sur leur sol, ils auraient gardé les idées du National-Socialisme et seraient toujours antisémites. Comme ce maire qui soutient à Hanns qu’il n’y a jamais eu de juifs dans son village, alors qu’il s’y trouve un grand cimetière juif ! Jusqu’au bout Rudolf Höss croit en son idéal nazi, c’est la défaite et aussi la lâcheté de ses supérieurs au procès de Nuremberg qui l’amène à, enfin dire qu’il s’est trompé.


Je suis restée songeuse en lisant ce passage qui en dit long sur son soi-disant remord

Dans un passage capital de ses confessions, il estimait que l’extermination des juifs était une erreur, non parce que ces massacres à grande échelle étaient immoraux ou monstrueux, mais parce que, soulignait-il, « c’est cet anéantissement en masse qui a attiré sur l’Allemagne la haine du monde entier.

L’épilogue où l’auteur reçoit la douleur du petit fils de Höss qui visite Auschwitz avec l’auteur est important pour l’avenir de l’humanité. L’ouvrage est illustré, ce petit fils a accepté de publier les photos de famille où on voit les Höss dans leur villa d’Auschwitz mener une vie joyeuse et insouciante. Pendant qu’on assassinait, gazait et brûlait des millions de personnes, Madame Höss acceptait que sa villa soit richement décorée d’objets provenant du camp, d’être servie par des employés qui ne lui coûtait rien, mais elle se plaignait de …l’odeur !

La famille Alexander , ne reviendra jamais en Allemagne, ce pays les aura trahi à tout jamais. Le livre comporte de nombreuses annexes et une abondante bibliographie ce qui certifie le sérieux de cet ouvrage qui se lit très facilement.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque

3
Quelle énergie dans ce livre, mais également quelle volonté de démontrer ! Démontrer que l’exploitation des mines s’est construite sur la destruction de la partie la plus vulnérable de la population. Les propos du livre sont très durs et sans nuance, on se demande pourquoi ces pauvres gens se laissaient, ainsi, conduire à une mort certaine sans mirador ni barbelés…. L’autre côté ce sont les familles possédantes uniquement centrées sur leurs propres intérêts. Uniquement ? Pas tout à fait, heureusement ,un personnage est intéressé au sort des mineurs. Hippolyte qui a étudié et qui essaie d’améliorer la condition ouvrière et il y réussit.

Bref on relit du Zola,sans le talent littéraire, je ne peux pas dire que cela m’a beaucoup convaincue. Pourtant, je parlais d’énergie, parce qu’une petite fille Sophie qui est l’écrivaine, si j’en crois ce que je lis, se trouve être, par le plus grand des hasards, issue d’une des familles possédantes des houillères, et d’une famille de mineurs. Lorsque cette enfant paraît dans le roman, les personnages se complexifient. Pour plusieurs raisons :

  • L’auteure a connu les gens dont elle parle et cela l’empêche sans doute de voir le monde en noir et blanc.
  • La condition des mineurs s’est améliorée et la fermeture des usines est vécue comme une catastrophe aussi bien pour les possédants que pour les anciens mineurs
  • Une partie de la famille des mineurs a réussi son ascension sociale alors que la riche famille des possédants s’enfonce dans la pauvreté que l’on cache sous des allures de grandeurs.

On sent alors que l’enfant à qui on raconte des carabistouilles sur ses origines n’aura qu’une envie : se sortir de son milieu. Ce sont les événements de 68 qui lui permettront de s’émanciper complètement et voilà la militante politique qui règle ses comptes avec ses origines si étouffantes. Je comprends bien la démarche de Sophie Chauveau, au centre de relations conflictuelles, elle a voulu dire qui elle était et c’est ce qui m’a fait lire ce roman jusqu’au bout. Mais j’ai beaucoup moins apprécié qu’elle veuille également décrire la France du Nord et des mines de 1900 à 1968 avec le regard de la militante politique qu’elle est devenue.

Je trouve que sa vision de la société est trop manichéenne et sans grand intérêt. On a lu ces récits tant de fois, aussi bien du côté des mineurs que des grandes familles bourgeoises.

 Citations

Voilà le genre de passage où je trouve que l’auteur exagère à plaisir ! la glace qui dure 6 mois

 Des corons, des crassiers, des curés, des patrons d’une férocité inimaginable et des terrils à perte de vue, partout des malheureux de tous âges, des hommes aux gueules noires, des mioches chétifs et blêmes, accablés d’otites ou gémissant à fendre l’âme, et des femmes qui les lavent sans trêve. Hommes et gosses, par ici elles lavent tout, jusqu’aux murs des maisons qui noircissent trop vite. Sans cesse occupées à laver les femmes ! Pas d’autre horizon que le lavoir où , la moitié de l’année il faut fendre la glace.

On en parle

Je n’ai pas encore trouvé de blogs qui en parlent.

Traduit de l’anglais par Robert Fouques Duparc
Lu dans le cadre du club de lecture de ma médiathèque : thème Afrique du Sud

3
Devrait-on relire les livres qui nous ont marqués à leur parution ? Je n’ai pas la réponse, mais j’ai du mal à cacher ma déception pour ce livre là. Il faut dire que son écriture correspondait à un moment précis de l’histoire de l’Afrique du Sud , au moment où une répression terrible s’abattait sur tous ceux et celles qui voulaient que le monde entier sache ce que le régime de l’apartheid cachait d’horreurs dans son implacable application.

André Brink a eu le mérite, grâce à ce livre , d’ouvrir notre conscience à l’inacceptable violence faite aux valeurs de l’humanité. Un homme honnête, Ben Du Toit, simplement honnête, veut montrer qu’on a tué d’abord le fils du jardinier de l’école puis, le jardinier lui-même seulement parce qu’ils étaient noirs. Je me souviens bien combien j’avais été angoissée par l’enquête du personnage principal Ben , au point d’avoir parfois du mal à tourner les pages. Le roman commence en effet par la fin , la mort de l’honnête et courageux Ben. On sait que tout finit mal, seul espoir : l’écrivain réussit à écrire ce roman , il en devient un personnage ; comme son livre est arrivé jusqu’à nous, on comprend qu’une partie de la vérité a été révélée au monde.

Je trouve que le roman a vieilli et il m’a fallu toute la force de mes souvenirs pour aller jusqu’au bout. Je ne veux pas m’étendre car ce serait comme abîmer une œuvre qu’on a adorée mais je laisse à deux autres blogueuses le soin d’exprimer deux opinions opposées.

Citations

Une citation qui sert trop souvent (elle est de Tolstoï)

Toutes les familles heureuses se ressemblent. Mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon.

Face à la tyrannie, je suis d’accord avec cette phrase

Je veux dire que peu de gens semblent prêts à être simplement humains, à en prendre la responsabilité.

 La vie

Attendre, attendre. Comme si la vie était un avoir dans une banque, un dépôt qui vous serait restitué un jour, une fortune. Et puis vous ouvrez les yeux et vous découvrez que la vie ne vaut guère plus que la petite monnaie qui se trouve dans votre poche.

Le racisme

Ils ne savent pas ce qu’ils font. Même quand ils tuent nos enfants, ils ne savent pas ce qu’ils font.. Ils croient que ça n’a pas d’importance. Ils ne croient pas que nos enfants soient des êtres humains. Ils pensent que ça ne compte pas.

 On en parle

Missbouquin qui aime beaucoup et Mimipinson qui n’a pas apprécié.

 Roman lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque

3
Roman historique qui remplit parfaitement son office : renseigner le lecteur le plus exactement possible sur un fait du passé, et maintenir son intérêt grâce à une intrigue romanesque. Je ne connaissais les Amish que grâce au film Witness et quelques reportages lus. Marie Kuhlmann, écrivaine spécialiste de l’histoire alsacienne, s’est documentée sur les anabaptistes, secte protestante à l’origine des Amish.

Originaires de Suisse, ils fuient les persécutions des luthériens. Ils s’établissent en Alsace et là certains d’entre eux, seront à la recherche d’une plus grande pureté. Ils deviendront les Amish du nom de Jacob Amann leur prédicateur. La partie romancée suit une famille particulière celle d’Elias et Frena Freiner. On est plongée dans les difficultés de ces gens soumis aux persécutions et aux rudesses de la vie rurale. S’ajoutent pour eux les rigueurs qu’ils s’imposent à eux mêmes, par exemple : qu’un de leurs enfants épouse une anabaptiste non Amish, ils se coupent définitivement de lui et ne le reverront jamais. Ce qui me passionnent sur ce sujet c’est de voir que toute religion entraîne l’intolérance. Les protestants persécutés en pays catholiques ont été d horribles persécuteurs dans les pays protestants.

Le roman se lit très facilement mais n’est pas d’un grand intérêt littéraire, ce n’est pas son but on passe un agréable moment de lecture et on apprend beaucoup de choses sur cette sombre période d’intolérance religieuse.

Citations

L’intolérance

Là-bas, comme il ne parvenait pas à ses fins, il excommunia les opposants, qui firent de même à son encontre. Ancien contre Ancien, puisqu’ils étaient les seuls à pouvoir excommunier, chacun étant certain que l’autre commettait une grave erreur.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque , thème : le voyage.

3
J’ai dans la ma liste, deux romans de cet auteur que vous avez été plusieurs a bien aimés : « la lune captive dans un oeil mort » et « la théorie du panda » chez Krol une fan inconditionelle de cet auteur. 
Ce roman est, je le pense parce que je n’ai pas lu les autres, un bon exemple de son écriture.

Il y a un charme à sa façon d’écrire, et ses personnages sont attachants malgré leur peu d’envie de vivre. Mais j’avoue que l’extrême pudeur du narrateur m’a quelque peu dérangée. Le narrateur mal dans sa vie, et en décalage avec le monde qui l’entoure, s’enfuit à travers la France avec sa fille Anne qu’il a fait sortir de l’hôpital psychiatrique. On ne saura pas pourquoi elle y était, une chose est sûre, il aurait mieux valu, pour les personnages transformés en cadavres, qu’elle y soit restée.

Rien n’étonne son père (moi si !) et comme il n’a plus goût à grand chose cette cavale lui semble mieux que la vie avec la gentille Chloé qui passe son temps à rénover des tables de nuit. Dit comme ça, on pourrait penser que je n’ai pas aimé ce roman, ce n’est pas tout à fait vrai , Pascal Garnier a un style et une façon de raconter qui retient le lecteur.

Je lirai ses autres livres pour me faire une idée définitive de cet écrivain. Pour l’instant je ne suis pas totalement conquise.
Je mets en lien son interview où il m’est apparu très sympathique.

Citations

J’aime bien cette phrase

Bien des fois, alors qu’il circulait au volant de sa voiture, il avait remarqué ces individus, généralement solitaires, penchés au-dessus des grands axes routiers comme des busards mélancoliques.

C’est exactement l’état d’esprit du personnage principal

La vie au paradis. C’était exactement l’idée que Marc s’en faisait, l’insignifiance poussée jusqu’à la perfection. 

On en parle

Biblio-lingus beaucoup plus enthousiaste que moi

et son interview sur encres vagabondes

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque, Thème littérature francophone canadienne.

 3
Je dois dire que j’ai une grande tendresse pour cet auteur et tout de suite après que ce n’est pas son meilleur livre. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il a toujours une façon légère de dire les grandes tragédies qui ont traversé sa vie. Il aurait pu faire un livre sur les horreurs du régime d’Haïti qui ne lui ont laissé comme choix que la prison , la mort ou l’exil. Il n’insiste pas , il part dans ce qu’il a justement nommé « sa dérive douce » pour s’adapter à un Canada glacé et où les portes ne s’ouvrent pas si facilement.

Heureusement, il y a les femmes ! Et le corps des femmes. Il décrit avec une grande sensualité ce qui, sans doute, lui a permis de rester en vie au début de cet exil. Il a un sens du portrait bien agréable à lire, il fait vivre devant nos yeux le monde des Québécois pas très riches mais très vivants. Alors des chroniques légères vers un destin d’écrivain. Le livre s’arrête lors de l’achat de la machine à écrire. Comme lui, je pense qu’il a plus d’avenir là que comme ouvrier, pourtant il a essayé et il est tout surpris de se rendre compte que son départ de l’usine n’a étonné personne.

 Citations

Sens du portrait

Il me présente enfin, Jenny sa petite amie, pâle et maigrichonne.
L’impression de serrer une main d’enfant tout en captant au fond de ses yeux un esprit aussi vif u’un rasoir. Je connais ce genre de nana qui ne dit pas un mot en public mais dont l’opinion en privé est décisive.

Lui et les femmes

On était dans le lit Julie et moi à regarder un documentaire sur la fidélité chez les castors (je précise tout de suite que ce n’était pas mon choix). Le zoologiste, qui a passé toute sa vie à étudier la question, racontait que cette fidélité va à un point tel que si le mâle est stérile sa compagne choisira de ne pas procréer. J’ai tout de suite su que cette histoire allait réveiller quelque chose chez Julie.

– Prends ton temps, me dit Julie, je ne suis pas pressée, tu vas m’expliquer pourquoi tu aimes toutes les femmes ?

Je regarde sa main qui s’ouvre et se ferme.

– Je t’écoute, me fait-elle avec cet air buté qu’elle prend pour parler de son père.

 Je jette un coup d’œil par la fenêtre et me perds dans la contemplation d’une famille de nuages, en balade dans le ciel rose de fin de soirée. Julie s’est rhabillée en silence. Je l’entends partir. Je n’ai rien fait pour l’arrêter. Dans de pareils moments je reste toujours figé. Elle n’a pas claqué la porte. Une telle maîtrise de soi nécessite au moins cinq générations d’apprentissage.

On en parle

D’une berge à l’autre qui comme moi aime beaucoup cet auteur.