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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Quelle autre place pour ce livre que dans ma bibliothèque au milieu des livres de Camus ? Je me souviens très bien avoir demandé en classe de première, pourquoi « l’Arabe » de « L’étranger » n’avait pas de nom, je crois me rappeler que le professeur avait expliqué le caractère détaché de Meursault et que donner une identité à sa victime aurait affadi le propos de l’auteur. Peut-être, mais voilà qu’avec un talent complètement différent Kamel Daoud pose autrement la question et il nous entraîne dans le destin de l’Algérie. Cela le fait souffrir qu’un des livres les plus lus au monde soit un chef d’œuvre mais dont l’événement central soit le meurtre d’un homme dont on ne sait rien de plus sinon qu’il est « Arabe ».

Toute la première partie du roman, il voit dans cette absence d’identité un des malheurs de la colonisation, puis il nous entraîne dans les autres tragédies de l’Algérie dues le plus souvent à la religion. Mais tout cela ne dit rien du talent de cet auteur qui reprend à son compte le roman d’Albert Camus au point d’en faire un véritable pastiche. On retrouve tous les moments de « l’étranger » et on sent l’homme révolté poindre à travers tout ce long monologue. La colère de Meursault contre le prêtre qui veut le ramener vers Dieu avant sa mort , rejoint celle de cet Algérien qui veut vivre libre chez lui en s’affichant non croyant. On pense également à « La chute » à cause du monologue dans un café, et la mauvaise conscience du narrateur qu’il veut faire partager à son lecteur.

C’est un superbe hommage à Camus et à la littérature française. Pourquoi ne suis-je pas aussi enthousiaste que d’autres lecteurs de ce livre ? parce qu’il m’a rendu profondément triste. L’auteur réussi par la colère à transcender ses contradictions. Mais pour moi, sa colère a un une odeur de meurtre ; même si je comprends qu’elle lui a été nécessaire pour renaître.

Citations

 L’argument essentiel du livre

 Songes-y, c’est l’un des livres les plus lus au monde, mon frère aurait pu être célèbre si ton auteur avait seulement daigné lui attribué un prénom, H’med ou Kaddour, juste un prénom, bon sang.

Contradiction de l’Islam

L ‘autre jour un producteur de vin me racontait ses misères . Impossible de trouver des ouvriers, l’activité est considéré comme « haram », illicite. Même les banques du pays s’y mettent et refusent de lui accorder des crédits ! Ha, ha ! Je me suis toujours demandé : pourquoi ce rapport compliqué au vin ? Pourquoi diabolise-t-on ce breuvage quand il est censé couler à profusion au paradis ? Pourquoi est-il interdit ici-bas, et promis là-haut ?

 Un verset du coran, (malheureusement il y en a tant d’autres !)

Si vous tuez une seule âme, c’est comme si vous aviez tué l’humanité entière.

Les femmes

Elle appartient à un genre de femmes qui, aujourd’hui , a disparu dans ce pays : libre, conquérante, insoumise et vivant son corps comme un don, non comme un péché ou une honte.

On en parle

Quelques belles critiques sur Babelio.
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 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 3
Présentation très sincère d’une personnalité appartenant à un monde disparu ou en voie de disparition : l’agriculture traditionnelle. Dans ce type d’agriculture, on avait besoin d’un ouvrier agricole dans chaque ferme. Joseph est un survivant de ce monde là. Il aime son travail et est dévoué à ses patrons sans pour autant être servile. Je reconnais à Marie Hélène Lafon un réel talent pour décrire les gens simples. Elle ne les caricature pas et ne les idéalise pas. Ils apparaissent dans leur vérité avec leurs peines, leurs souffrances et leurs joies.

Joseph n’en a pas connu beaucoup de joies. Il a failli se laisser aller et se noyer dans l’alcool lorsque la seule femme qui s’est intéressée à lui, s’est avéré être une alcoolique et l’a finalement abandonné. Une troisième et dernière cure de désintoxication et une psychologue plus fine que d’habitude l’aideront à s’en sortir.Il s’est senti abandonné comme il l’avait déjà été par sa mère qui a préféré vivre proche de son frère qui lui, a mieux réussi sa vie.

Voilà c’est tout, si vous lisez ce roman, vous partagerez la vie de cet homme et vous serez, sans doute admiratif de l’honnêteté de cette auteure. J ai plus de réserves que pour « L’annonce » car il n’y a pas d’histoire, et en même temps ce n’est pas un témoignage, il s’agit bien d’un roman. J’ai pensé que ce livre se rapproche des romans d’Annie Ernaux mais sans l’aspect autobiographique. C’est important de redonner vie à ceux qui ne savent pas s’exprimer, et cela sans aucune volonté de démontrer quelque chose. Mais du coup j’ai trouvé ce roman un peu vide, à l’image de la vie de Joseph.

Citations

Les rapports patron valet de ferme

La patronne levait le sourcil et pinçait le coin de sa bouche, à gauche, toujours du même côté, Joseph remarquait ces choses aussi, à force de voir les gens. On sentait que la patronne n’aimait pas trop que le patron se lance à parler sur les personnes ou sur l’état de l’agriculture, même si on savait que Joseph n’allait nulle part et ne répétait pas.

Une jolie expression

Surtout que le père était très porté sur la chose et aurait certainement lancé de fortes paroles à ce sujet qui devait être délicat avec une femme aussi cartonnée de partout.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Elisabeth Peelaert

Livre critiqué dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.com
Un petit déjeuner complet ne se conçoit pas sans un bon roman. Livre critiqué dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.com

 

3
J’avais décidé de ne plus participer à « Masse Critique » de Babelio depuis ma dernière déception. Mais pour ce livre, je me suis laissée tenter. D’abord, parce que je n’avais pas à choisir, et que, de plus, cet auteur m’avait scotchée avec « Enfant 44 « . Même si je n’ai pas été passionnée, je ne regrette pas ma lecture. Donc merci Babelio pour ce cadeau.

Dans mes blogs amis, je lis souvent des billets enthousiastes à propos de thrillers, j’aimerais que mon texte vous donne envie de lire celui-la pour savoir s’il s’agit d’un bon thriller, car je me sens incompétente en la matière. Le suspens me gêne pour la lecture si bien que je commence toujours par la fin pour lire tranquillement le roman. Que les fans du genre se rassurent, je ne la dévoilerai pas ! Je sais que cela constitue une grande partie de leur plaisir.

Ce roman raconte de façon très détaillée un complot qui a abouti à la disparition d une jeune femme en Suède. Mia est une très jeune fille qui a été adoptée par un couple de riches fermiers suédois. Très jolie jeune femme noire , elle est le centre d’intérêt et des ragots du petit village.

La personne qui a conscience que rien n’est normal dans cette disparition, c’est Tilde, la mère du narrateur. Seulement voilà personne ne veut la croire et tout le monde la croit folle même son mari. C’est là que réside l intérêt du roman : montrer comment l’impression d’un complot est proche de la folie , quand on commence à voir des signes d’hostilité dans le moindre des comportements d’autrui, les lignes entre la folie et la raison deviennent floues.

Il est certain qu’être victime d’un complot doit donner à la victime des comportements paranoïaques, et l’inverse est vrai également, quelqu’un qui est paranoïaque peut lire tout comportement hostile comme une preuve du complot qui veut la faire taire. Le narrateur a bien du mal à démêler les fils de l’histoire qui a tant perturbé sa mère. Et la façon dont celle-ci essaye de se raccrocher de toutes ses forces à la chronologie pour convaincre son fils est très émouvante.

Si lire ce roman sans en connaître la fin, permettrait de savoir si c’est un bon thriller, je ne peux pas répondre à cette question. Mais ce que je peux dire, c’est que ce roman analyse très bien les ressemblances et la souffrance engendrées par le fait d’être victime d’un complot ou par la folie. Un petit détail agaçant dans la typographie, c’est la redondance des deux types de guillemets pour les citations.

Citation

Le poids des ragots dans le monde rural

Au sujet de cet enfant malheureux, il y aura des ragots. Ces ragots seront la plupart du temps des mensonges. Mais cela ne change rien, car lorsqu’on vit dans une communauté qui croit à ces mensonges, qui les répète, ils deviennent réalité -pour toi et pour les autres. Impossible d’y échapper, parce qu’il n’y a pas de preuve qui tienne. Il s’agit là de méchanceté, et la méchanceté se moque des preuves.

On en parle

Kitty la mouette (encore un oiseau de mer !), qui a beaucoup aimé.

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque.

3
Un livre triste à en mourir. L’histoire est implacable, deux êtres qui se détruisent et qui en mourront. Le personnage principal, Alcide Chapireau , est un ostréiculteur amoureux de la nature et des choses simples. Il a deux fils Zac et Marcel, d’une première femme trop tôt disparue. La rencontre avec Laura femme fantasque et déséquilibrée, leur sera fatale à tous les deux. Éric Fottorino décrit très bien l’ambiance mortifère d’un couple qui se détruit, lorsque l’un des membres est pervers.

Elle est malade, Laura, et joue de sa perversion avec un art implacable et ne fait qu’une bouchée des enfants de son compagnon puis d’Alcide lui même. Comme toutes les personnes perverses, il lui faut un bouc émissaire et elle commence par aimer puis à détruire consciencieusement ce qu’elle a aimé.

Un roman très triste et bien raconté, mais je suis contente de l’avoir fini car il plombe le moral. On aurait tant aimé qu’Alcide sache se séparer autrement de cette femme destructrice.

Citations

Genre de phrases tristes et vraies, parfois, que l’on trouve dans tout ce roman

Un fils trouve toujours de bonnes raisons pour ne plus parler à son père.

Amitié masculine

Si les deux hommes étaient aussi liés, c’était d’abord par leur peu d’entrain à parler. Il leur arrivait de marcher des heures sans échanger un mot, concentrés sur les allures des chiens. Leur amitié supportait le silence.

Laura

Elle était restée sans réaction, jetant à la poubelle les affaires de Zac et de Marcel, mue par une rage froide avec l’inébranlable assurance d’avoir raison. D’avoir toujours raison. Elle ne le voyait pas. Elle ne l’entendait pas. à aucun moment, il n’avait pu saisir son regard qui glissait sans cesse. Elle faisait exprès . Elle savait s’y prendre. Jouer la comédie de l’indifférence, le laisser s’emporter tout seul pour mieux le lui reprocher ensuite. Son numéro était au point, une merveille de maîtrise. Du grand art. Un sourire esquissé sur ses lèvres, elle chantonnait, faussement affairée , occupée à le détester.

On en parle

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 3
J’avais choisi ce livre pour me tenir compagnie lors de mes trajets Saint-Malo/Paris, j’adore arriver en avance dans les gares parisiennes avec un bon livre (et même sans), le spectacle de l’humanité qui voyage me met de bonne humeur. J’ai connu Jacques Poulin grâce à Lecturissime, à propos d’un autre Roman. Dans les commentaires, les lectrices faisaient allusion à « Volkswagen Blues » comme un de leurs livres préférés de cet auteur. Comme il s’agit d’un Road Movie, cela me semblait particulièrement adapté à un voyage.

Un écrivain part à la recherche de son frère accompagné par une jeune femme métisse (mi indienne mi blanche), en « combi » Volkswagen bleu , d’où le titre. Ensemble, ils traverseront l’Amérique , roulant en grande partie sur la piste de l’Oregon, célèbre pour avoir été suivie par les pionniers qui peuplèrent l’ouest américain.

Qui est Théo, ce frère disparu grand amateur de légendes du Far West que « la grande sauterelle » détruira les unes après les autres ? Nos rares contacts avec ce personnage ne permettent pas de très bien le cerner. Il est à l’image des êtres qui croisent notre vie, ni le frère idéal que l’écrivain croyait bien connaître, ni le délinquant qu’il craint de retrouver.

Comme toujours dans le genre « Road-movie, le plus important c’est tout ce qui se passe lors d’un long voyage, les deux personnages vont s’enrichir l’un l’autre et devenir des « chum » c’est à dire des « copains » en québécois. Tout le long de la route, nous suivons également les histoires de ceux qui, il y a quelques siècle, se sont illustrés sur les terres américaines. À commencer par toutes les tribus indiennes qui furent décimées ou massacrées pour laisser la place à la nation américaine.Cette histoire de violence finira par accabler notre écrivain et il faudra toute la patience de « la grande sauterelle » pour qu’il retrouve le goût de vivre et qu’il termine son voyage.C’est l’occasion également pour l’écrivain de réfléchir sur ce que représente l’écriture. Il s’en veut de produire une œuvre dont il n’est pas satisfait et de la façon dont il se coupe du monde quand il écrit au point de ne pas avoir compris l’appel au secours de son frère.

La jeune fille devra, quant-à elle, trouver le chemin pour réunir les deux identités qui sont en elle. Ensemble, ils devront faire face à la violence du passé historique et retrouver dans la douceur de la nature et des liens entre humains des raisons d’espérer.

Une petite remarque, si l’on est absolument pas gêné par le français québécois (j’ai quand même recherché ce qu’était un « maringouin », et j’avoue que je pensais à une grosse bête genre élan, mais non ce sont des moustiques qui peuvent s’avérer aussi gênants que des grosses bêtes !) il n’en est pas de même pour moi avec l’anglais. Toutes les petites phrases en anglais ne sont pas traduites, c’est un peu bizarre, j’arrive à comprendre mais c’est quand même compliqué.

Au final un bon moment de lecture avec un auteur modeste et très agréable à lire. Son roman a bien agrémenté mon voyage. D’ailleurs deux fois les contrôleurs de la SNCF m’ont souhaité bon voyage et bonne lecture. Sans doute parce que je semblais davantage sur la piste de l’Oregon que dans le TGV Paris /Saint-Malo !

 

Citations

Un passage qui m’a fait sourire

– Qu’est ce que vous faites dans la vie quand vous ne cherchez pas votre frère ? Demanda la Grande Sauterelle
– Je suis écrivain, dit l’homme . Et vous ?
– Mécanicienne. Dit-elle. J’ai étudié la mécanique automobile.
– Vous avez un diplôme ?
– Non et vous ?
– Moi non plus, dit il en souriant

La nature, le Mississippi

Ils comprirent tous les deux et sans avoir besoin de se dire un mot que c’était le Mississippi, le Père des Eaux, le fleuve qui séparait l’Amérique en deux et qui reliait le Nord au Sud, le grand fleuve de Louis Jolliet et du père Marquette, le fleuve sacré des Indiens, le fleuve des esclaves noirs et du coton, le fleuve de Mark Twain et de Faulkner, du jazz et des bayous, le fleuve mythique et légendaire dont on disait qu’il se confondait avec l’âme de l’Amérique.

Je ne pense pas que la disparition des librairies aident beaucoup les amoureux des livres

Dans les librairies elle volait les livres sans aucun scrupule, car elle trouvait que la plupart des libraires aimaient davantage l’argent que les livres.

On en parle

Livre de Malice

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

3Tout le livre est dans le nom de famille de l’auteure. Voilà une petite fille qui rêve des « choré » des Claudettes, de manger de la charcuterie,de porter des chaussures à talons, d’être comme tout le monde dans son petit village de province où elle habite le château, évidemment ! Elle devra, la mort dans l’âme vouvoyer ses parents, porter des collants en laine qui grattent et des chaussures vernies et ne jamais en faire assez pour se fondre dans la masse.

C’est un livre qui se lit en quelques heures mais qui fait bien revivre l’enfance d’une petite fille qui mord dans la vie, et qui est juste trop vivante, trop rieuse, trop imaginative pour des parents trop coincés. Il y a pourtant beaucoup d’amour dans cette famille , seuls les grands parents sont vraiment mortifères.

C’est un livre drôle et enjoué. Un plaisir de lecture qui inaugure bien du club de lecture 14/2015

Citations

Difficile de se fondre dans la masse

Moi engluée dans cette petite bourgade de quatre mille habitants bourrées de commerçants, de saisonniers, de gens qui respirent pareil, pensent pareil.

De gens que la différence irrite.

De gens capable de m’apprendre « Ah ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne… » rien que pour se fendre la poire une demi seconde.
Vous y avez pensé, maman ?
« Nan », bien sûr que « nan ».

Moi j’ai pas pu ne pas y penser. J’ai composé, triché,menti pour faire partie de la troupe, j’avais pas le courage d’être différente, je voulais me fondre dans la masse. Ils étaient si nombreux les autres.

On en parle

Blablamia

97822136688262

 J’ai repéré ce roman chez Dasola.

 3D’habitude, je n’ai pas un grand goût pour les romans qui décrivent la grisaille du monde du travail. Ce roman là est un peu à part, car s’il est vrai que l’on voit une boite commerciale faire bêtement faillite , et une jeune diplômée utilisée pour renvoyer le vieux commercial simplement passé de mode, le roman n’est pas simpliste pour plusieurs raisons.

D’abord la langue , au début, je me sentais rétive à ce qui relève de différents procédés. Le romancier s’adresse à ses personnages, il dit « tu » à la jeune diplômée et « vous » à l’ancêtre, « on » lorsque les décideurs ne veulent pas être nommés, « ils » quand les personnages deviennent agressifs. Cela donne une couleur un peu terne au roman, et puis, tout à coup, j’ai compris que cette ambiance impersonnelle, moi aussi, je la ressentais. Je suis en colère contre tout ceux qui décident d’uniformiser l’arrivée dans nos villes et nos villages .

Que vous arriviez à Dinard, Saint-Malo, Dinan, vous passerez par les mêmes zones semi industrielles et commerciales que traverse aussi le vieux voyageur de commerce. Et si, vous voulez vous y loger avec un salaire moyen, vous habiterez des lotissements qui ressemblent à ceux de Dijon ,Marseille , Rennes et à l’endroit où habite la jeune diplômée. Je connais mal le monde des affaires, mais ce n’est pas difficile d’imaginer que si une boîte qui vend des canapés rachète un grossiste de papiers peints , elle n’aura aucun intérêt à développer la vente des dits papiers peints !

Et pour vivre et rêver ? Et bien il reste la littérature .. Rimbaud Hannah Arendt et la solution au monde qui va si mal ? le romancier en propose une à laquelle je ne crois guère : ouvrir une librairie.. Alors que je viens d’ acheter ce livre à moins d’un euro par Amazon grâce à « recyclivre  » , qui soutient l’association « Aide et Action« , comment alors, imaginer que l’on puisse vivre grâce au commerce des livres dans une petite boutique d’un village de province.

 Citations

Les personnages négatifs ont des couleurs négatives, procédé un peu trop systématique …

 C’est un gros break déglingué d’une couleur de survêtement usé, hésitant entre le vert et le brun et que le soleil ne parvient même pas à faire luire.

 Le chef bête et méchant qui durant tout le roman aura des couleurs plus moches les unes que les autres :

Une chemisette aux nuances mauve et rose, une vague couleur de tranche de jambon

Chemisette vaguement ocre, couleur de boue sale, et cravate brique à motifs de feuilles mortes

Une réflexion sur le bon goût actuel en matière de papiers peints,mais je dois dire, que je doute qu’on revienne aux imprimés qui font le bonheur de « l’ancêtre » :

Aujourd’hui,les produits sont standardisés, de vagues unis aux nuances discrètes, reproduits à l’infini, sans compter le blanc décliné sous toutes ses formes …..Le blanc, véritable tyrannie , parfaite dictature de l’intérieur moderne, dites-vous souvent. On assimile le bon goût de l’uni au reflet de nos vies lisses.

L’histoire d’une entreprise

Les choses ont suivi leur cours, ce qui devait croître et se développer s’est réalisé. On embauche deux secrétaires, quelques commerciaux, la boîte continue de prospérer. On déménage. On crée des entrepôts pour stocker les papiers peints dont on est distributeur exclusif . On achète des camions . On recrute des routiers, des assistantes commerciales, de nouveaux représentants. La boîte grandit encore. On se se dote de responsables : un pour le transport, un pour les finances, un pour les commerciaux. La boîte toujours plus grosse, tente ans qu’elle tient. On vieillit , on revend, et maintenant les fruits tombent dans l’indifférence générale.

 On en parle

chez Dasola

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9782253174936-001-TTraduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Lavacourt

3Ce roman a croisé ma route cet été, il a représenté un très bon moment de lecture. J’en avais lu une bonnes critique chez Clara. Je vais joindre ma voix au concert de louanges malgré une réserve. Je rappelle brièvement le sujet : une grand-mère, bientôt arrière grand mère attend sa famille dans sa maison de vacances avec accès direct sur la plage. Toute sa vie Alice se reproche la mort accidentelle de sa jeune sœur, Mary. Un incendie lors d’un bal donné en l’honneur des soldats partant pour la guerre 39/45 a vu périr de nombreuses personnes brûlées vives ou piétinées, comme la trop fragile et tendre Mary, par une foule paniquée.

On sait dès le début du roman qu’Alice , veuve et quelque peu acariâtre, veut donner sa propriété à l’église, lieu où elle a trouvé du réconfort toute sa vie. Ses enfants ne sont pas au courant des projets pour la maison à laquelle ils sont, pour certains d’entre eux, très attachés. C’est un roman à plusieurs voix, Alice , Kathleen sa fille, Anne-Marie la belle fille parfaite et Maggie la petite fille bientôt mère alors qu’elle vient de rompre avec son petit ami.

Ce qui rend ce roman attachant, c’est l’analyse de plus en plus précise des relations familiales à travers le 20e siècle.
La description des charmes d’une maison de vacances au bord de la mer où les enfants , puis les cousins et cousines se retrouvent tous les étés me rappellent de bons souvenirs. La passion de la belle-fille , parfaite femme au foyer, pour la construction des maisons de poupées, m’a fait sourire et penser à toutes les œuvres décorant certaines maisons : encadrements, broderies, patchworks, tapisseries… Un beau roman de vacances, malgré l’aspect parfois caricatural des différentes personnalités.

Citations

Les joies des réunions de famille

A Thanksgiving , l’année d’avant , Kitty et Alice en étaient presque venues aux mains après une dispute sur le poids que devait avoir une dinde pour nourrir vingt personnes. Elle n’avait plus adressé la parole à Kitty depuis. Ni à son frère pour le punir d’avoir épousé un tel monstre.

Passion d’une femme au foyer, les maisons de poupées

Minnie’s Minis de Staffordshire, proposait de superbes gâteaux miniatures avec un glaçage très proche de la vraie pâte d’amandes , des cerises en céramique sur le dessus , chacune pas plus grosse qu’une tête d’épingle . On pouvait même enlever une part de gâteau pour apercevoir le chocolat et le coulis de cerise à l’intérieur.

L’importance de l’église

 L’église était comme une scène pour Alice, l’endroit où elle se tenait bien, où les autres la voyait telle qu’elle voulait être vue.

 Et la citation que j’adore, celle qui m’avait fait noter ce roman chez Clara

Passé un certain stade , vous ne vous inquiétez plus pour vos rides et vos bourrelets. Vous refusez de rentrer votre ventre au moment où vous tentez d’avoir un orgasme.

 On en parle

Clara, Cathulu, Cuné, Brize et Keisha

Traduit de l’anglais (des États-Unis) par Hélène Hinfray.
Avant propos de Mario Pasa.

3Si je cite l’auteur de l’avant propos , c’est qu’il raconte si bien à la fois ce livre et la personnalité de son auteur. C’est suffisamment rare pour être souligné. Il a bien de la chance , Mario Pasa de connaître Bill Bryson, on sent, en effet, sa sympathie pour un auteur hors du commun. Bill Bryson est un boulimique de connaissance et il sait les transmettre. Le projet de ce livre, c’est donc à partir de sa maison , un ancien presbytère britannique, retrouver l’histoire du monde.

On apprend donc beaucoup, sinon tout, sur les briques, le fer, l’acier,le téléphone, les toilettes, la propreté , les maladies, la condition ouvrière… On y croise des noms très connus : Eiffel, Darwin, Thomas More , Jefferson… et des noms beaucoup moins connus fort injustement. J’ai été , encore une fois, très étonnée de voir combien il est difficile de faire accepter les progrès en médecine. Deux exemples :

  • le scorbut , plusieurs personnes avaient fait la relation avec l’alimentation privée de produit frais sur les navires partant pour de longs mois. Mais il y avait toujours quelqu’un pour nier l’évidence et les pauvres marins continuaient à mourir, alors qu’il suffisait de les nourrir différemment.
  • La fièvre puerpérale , très vite on s’est rendu compte que la propreté des mains et des instruments des chirurgiens avait un rapport avec la mortalité des femmes , mais avant que ces messieurs acceptent de se laver les mains avant de s’occuper d’une parturiente , il a fallu tant de morts.

Évidemment avec Bryson on ne s’ennuie jamais et on s’amuse beaucoup quand on ne se révolte pas. Encore une fois, on voit que a condition ouvrière du début de l’ère industrielle est particulièrement horrible surtout pour les plus faibles : les femmes et les enfants.

J’ai deux petites réticences , mais qui n’ont absolument pas entaché mon plaisir.

  • J’ai eu parfois une impression de redite , avec son livre , « une histoire de tout ou presque » et d’autres livres que j’ai lus , en particulier sur la condition ouvrière du XIX° siècle .
  • Le rapport de ce qu’il raconte avec les pièces de la maison est, le plus souvent, tiré par les cheveux.

Citations

Je pourrai recopier tant de passages…. je n’en choisis qu’un

De toutes façon, le christianisme a toujours été curieusement mal à l’aise avec la propreté, et la tradition a très tôt assimilé sainteté et saleté. Quand Saint Thomas Becket rendit l’âme en 1170, ceux qui firent sa toilette notèrent en termes approbateurs que ses sous-vêtements « grouillaient de vermine ». Au Moyen Age, faire le vœu de ne jamais se laver était un moyen quasi infaillible de s’assurer une gloire éternelle . Beaucoup de gens, par exemple, faisaient à pied le pèlerinage d’Angleterre en Terre sainte, mais un certain moine Godric, qui l’effectua sans se débarbouiller une seule fois, ne pouvait que devenir saint Godric- c’était couru d’avance.

On en parle

Je n’ai pas encore lu de billets sur ce livre mais cela ne saurait tarder, je mettrai alors un lien

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard

3Merci Jérôme. Sans ton commentaire à propos « d’Emily », je n’aurais certainement pas lu « Les joueurs » du même auteur. C’est un roman du quotidien, le quotidien d’un couple qui sait parfaitement se faire la guerre. Les petites remarques qui tuent, la parfaite bonne conscience de la femme qui ne veut plus aimer , ses faiblesses qu’elle préfère cacher , tout cela sonne juste. Lui, est plus surprenant, il veut absolument la reconquérir et misera sur la roulette du casino pour y arriver.

Sans être une charge contre les mœurs américaines, le regard de Stewart O’Nan est pertinent et rend son roman attachant. Les lieux touristiques américains, où, le plus souvent le supermarché est le point de passage obligé est criant de vérité. Ils s’étaient demandés en mariage aux chutes du Niagara , c’est donc là qu’ils reviennent. Lui plein d’espoir et cherchant maladroitement à refaire exactement le même parcours que du temps de leur amour. Elle maugréant et certaine que tout cela ne sert à rien , ne met pas beaucoup de bonne volonté pour vivre ce qui est, sans doute, leur dernière aventure. Les attractions : musée de cire, trajet sous les chutes, plate forme au dessus du vide….tout cela semble des pièges à gogos, surtout quand on a envie de vomir…

Ah oui ! j avais oublié une horrible gastro s’est invitée des leur arrivée. Mais rien n empêchera Art d’aller au bout de son projet : miser son couple sur un coup de roulette ! J’ai bien aimé également , l’analyse de leur déchéance financière. Certes, la société américaine est fondée sur la consommation et l’appât du gain , mais le surendettement des ménages est d’abord provoqué par les habitudes de consommation à crédit.

Enfin l’écriture est légère et souvent drôle à l’image des têtes de chapitres qui comme à la roulette sont calculés en terme de chance. Je vous donne un exemple : chance qu’un orchestre de jazz joue « My Funny Valentine » le jour de la Saint-Valentin : 1 sur 1. Et je vous laisse écouter cette fameuse chanson par Chet Baker.

Citations

Genre de dialogue de couples au bout du rouleau :

– Bon sang, dit-elle
– Quoi
– Rien.
– Tu fais ta tête contrariée.
– Je rumine.
– Il ne faut pas que tu rumines.
– Je ne le fais pas exprès, c’est plus fort que moi.
– Est – ce que tu rumineras encore quand on aura divorcé ?
– Pourquoi est – ce que j’arrêterais ?
– Je me disais que ça fonctionnait peut être comme la procédure de sur endettement, que tout serait pardonné.
– Navrée, il y a certaines dettes qu’il faut payer
– Ça valait le coup d essayer.
– Pas vraiment.

Pas mal vu :

Étant à jamais coupable, il se trouvait à jamais sans défense par rapport à elle, ce qui alimentait un ressentiment qu’il savait injustifié, le laissant démuni, sans rien d’autre pour contrer la colère de Marion que l’impatience, et, après si longtemps, l’épuisement.

On en parle

Chez Jérome bien sûr et Kathel et babelio où les avis sont parfois plus négatifs que le mien.