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J’ose maintenant me promener dans le rayon BD et en choisir une sans même avoir lu de critiques dans vos blogs ! Quelle révolution, toute personnelle (la révolution !), et qui affecte surtout mes finances… mais non, cela me procure aussi beaucoup de plaisirs. Ce n’est pas un sujet très gai que la disparition de ses parents, pas plus que le vieillissement, mais vous l’avez remarqué entre « Mamette » et »Les vieux Fourneaux » je m’y intéresse et le thème semble porteur. Vivrions-nous dans des sociétés vieillissantes ?

Roz Chast, raconte avec un humour et un réalisme étonnant la vie de ses parents dans un quartier populaire de Brooklyn, ils sont juifs d’origine russe. Ce qui veut dire, qu’entre les pogroms et la Shoa, leurs familles respectives n’ont pas été épargnées. Mais là, n’est pas le sujet de ce roman graphique. Roz nous fait le portrait de ses parents , et c’est parfois à mourir de rire. Sa mère a un tempérament explosif, et son père est gentil et délicat malheureusement c’est aussi un grand angoissé. Avec le grand âge, il est atteint de sénilité et tout devient alors effroyablement compliqué.

Roz Chast raconte très bien les difficultés et le coût de la vieillesse aux USA, elle a réussi à ce que ses parents soient à peu près correctement pris en charge, mais il s’en est fallu de peu qu’elle ne puisse pas faire face financièrement. Cette plongée dans le monde américain qui n’est pas dans la misère mais qui a du mal à s’en sortir est vraiment intéressante, tout cela raconté avec humour. Je pensais mettre cinq coquillages et n’avoir aucune réserve et puis les cinq pages finales me rendent mal à l’aise. Le livre se termine sur les dessins que Roz Chast a fait de sa mère sur son lit de mort. Je me suis sentie très mal tout à coup, sa mère meurt, elle est là avec elle et elle la dessine… bref je ne comprends pas et pire je suis un peu choquée. Dommage car le début et 99 % de ce roman graphique sont si bien.

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L’avantage d’élargir sa blogosphère, c’est de trouver de nouvelles tentations : la lecture de ce livre je le dois à « Et si on bouquinait un Peu » qui signe ses commentaires « Patrice » sur mon Blog mais c’est Eva qui a écrit l’article qui m’a tentée. Son billet doit être bien fait car j’ai peu de goût pour les romans historiques et pourtant je n’ai pas hésité une seconde. J’espère donc, vous donner envie à mon tour. Cet auteur nous fait revivre un fait historique qui appartient à la face sombre du grand règne de Louis XIV. À la fin de son règne, ce grand roi devient bigot et révoque l’édit de Nantes. Pour le plus grand malheur des protestants installés en France qui avait gagné une certaine tranquillité et prospérité. La France s’est ainsi privée d’artisans industrieux qui ont fait la richesse des pays qui les ont accueillis.

La famille que Guillaume Vallade (fils cadet d’une bonne famille catholique) va aider à fuir la France travaille dans des tapisseries et sont « Lissiers » ou liciers . Il tombera éperdument amoureux d’Esther mais qui est mariée, elle lui confie sa sœur Jéhanne restée en France pour protéger leurs biens. Jéhanne a connu les dragonnades et toutes les horreurs que la soldatesque à qui l’on permet tout est capable de commettre sur une femme sans défense et d’origine huguenote . Guillaume, fis du plus grand bâtisseur de Versailles aurait dû connaître une vie facile, malheureusement, il sera la victime de la jalousie de sa belle sœur. Et c’est là que se situe le fait historique du « Congrès ». L’église dans sa version la plus stupide a organisé un procès pour prouver l’impuissance du jeune garçon, et annuler son mariage. La belle sœur compte ainsi faire de son fils le seul héritier des Vallade. Et donc, on oblige le jeune couple après moult examens de leur appareil génital de passer à l’acte devant une foule de médecins de gens d’église et de la partie adverse. On ordonne au présumé coupable de « Dresser, pénétrer, mouiller ».

Le roman évite tout passage voyeur, on est dans le drame de ce jeune homme chez qui ces investigations bloquent tout espèce de désir. Je ne veux pas divulgâcher ce roman, la fin est triste autant que le début. Le passage le plus tragi-comique, ce sont les discussions des médecins entre eux, Molière n’est vraiment pas loin, sauf qu’ici ces ânes savants ont entre leurs mains la vie et l’honneur d’un jeune homme et d’une jeune femme. L’absurdité des lois religieuses qui se mêlent de justice humaine sont révoltantes. J’ai beaucoup apprécié la façon dont cette fin de règne et les difficultés des uns et des autres sont décrites. Mais j’ai toujours les mêmes réserves pour ce genre de roman, j’aurais largement préféré lire le travail d’un historien que ce sujet . Qu’est ce que c’est que cette histoire de « congrès » ? Est-ce qu’il y a eu beaucoup de cas de couples obligés à s’exécuter devant témoins ? et le cas de ce Guillaume Vallade était-il lié aux Huguenots ?

Bref, je ne suis pas totalement en accord avec la partie romancée de ce texte mais très intéressée par la partie historique, tout en ne faisant pas complètement confiance au romancier pour la véracité des faits. Compliqué ! mais c’est ce que j’éprouve à chaque fois que je ne suis pas totalement bien dans un roman historique. Que ceux qui aiment le genre se précipitent et me disent ce qu’ils en pensent car c’est vraiment dans le style un bon roman même pour moi, la difficile.

Citation

La note est de moi, et malgré le moment tragique du récit, j’ai éclaté de rire en trouvant la définition

L’impuissant commet le plus affreux crime de mensonge ! j’accuse de stellionataires* et d’imposteurs ceux qui font supposer de fausses marchandises pour véritables. En commettant cette mystification ils deviennent faux-monnayeurs.

*Stellionataire qui commet un stellionat : fait de vendre un bien dont on sait ne pas être propriétaire (la note est de moi car j’avoue que je ne connaissais pas ce mot)

Opposition de deux conceptions de la religion

– Une femme doit comprendre ce que des confesseurs attendent qu’on leur réponde, murmura-t-il en surveillant qu’on ne l’entendait pas.

– De la religion d’où je viens, ce genre d’homme n’existe justement pas, dit-elle d’une voix qui sonnait.

– Hélas, madame ! Il est peut-être là, le fond de notre problème.

Une remarque tellement vraie

Je l’avais deviné dès qu’il est entré. Les porteurs de mauvaises nouvelles ne peuvent pas dissimuler longtemps le malheur dont ils sont embarrassés.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Au programme du club, j’ai lu rapidement ce roman, avec plaisir pendant la première moitié, et puis, peu à peu, plus laborieusement. Mais je n’ai peut-être pas pris tout le temps qu’il fallait pour l’apprécier parce que je voulais le rapporter à la médiathèque afin de savoir si d’autres lectrices auront plus de plaisir que moi. Agnes Desarthe créé un personnage, Rose, qui semble subir sa vie plus qu’elle ne la vit vraiment. Elle est l’enfant de Kristina, très belle femme au caractère étrange et d’un père officier de l’armée française qui a la fâcheuse habitude de prendre toujours les mauvaises décisions. Philosophe à ses heures, et passionné par Spinoza, il hésite avant chaque action, et étant sûr de se tromper à chaque fois, il va dans le sens inverse de ce qu’il pensait juste. Compliqué et peu efficace. Rose se retrouve donc à Paris en 1920 sans argent mais avec beaucoup de courage. Elle est d’une naïveté peu crédible mais cela permet à l’auteur de nous décrire les bas-fonds parisiens avec un plaisir certain. Rose risque de perdre sa vie mais rencontrera des personnages variés dont un admirateur d’Apollinaire (d’où le titre du roman) qui la sauveront.

Pour en apprendre un peu plus sur cette auteure, je me suis promenée sur le Net, et j’ai eu la surprise de voir qu’elle était la fille du pédiatre Aldo Nahouri qui a été critiqué par les médias pour avoir tenu des propos très proches de ceux que le médecin qui essaye de soigner Kristina donnent à son mari. Famille surprenante où la création artistique prend une grande place ainsi que le souvenir très douloureux de la déportation des juifs. Tout cela est présent dans l’écriture d’Agnès Desarthe, avec, dans ce roman, la difficulté d’arriver à une existence propre , d’avoir un destin. Rose est dominée par son époque et j’ai eu plus d’une fois envie de la confronter à la réalité de la vie. Je ne peux imaginer qu’une jeune fille de 19 ans vienne vivre à Paris avec pour seul bagage sa connaissance d’Alexandre Dumas.

PS : à notre club, une seule lectrice a défendu ce roman, elle a été touchée par la misère du Paris de l’époque, les autres ont été plus sévères que moi, elles ont surtout souligné les ficelles de la construction romanesque, sorte de pastiche de tous les romans de l’époque.

Citations

Description de la personnalité de Kristina

Le reste du temps, elle gardait une distance qu’elle aurait voulu ironique (car elle ne manquait pas de goût), mais qui était vide (car elle manquait de cœur).

Conseil du médecin

Il faut la forcer si elle refuse mon ami. Pudeur, caprice, enfantillage. Ne restez pas planté devant la porte, commandant. Enfoncez les lignes ennemies. Il faut lui remuer les entrailles à cette chère si chère Kristina.

SONY DSCTraduit de l’anglais (États-Unis) par François Dupuigrenet Desroussilles (c’est très bizarre cette indication « États-Unis » car la romancière est bien typiquement britannique et son roman aussi !)

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L’enthousiasme de mes amies blogueuses a fini par gagner, j’ai commencé ma fréquentation de Barbara Pym et je me dis que ce n’est pas le dernier roman que je lis de cette auteure parce que cet essai m’a bien plu. Alors merci Keisha, Dominique, Aifelle et j’en oublie car un moment , j’ai cru voir le nom de cette auteure partout. J’ai beaucoup aimé les trois quart du récit mais la fin est décevante. Ce qui est absolument « délicieux » ce sont les descriptions des rapports des personnages de cette toute petite ville. Tout le monde se connaît, et autour d’une tasse de thé, ces dames et ces messieurs passent leur temps à faire des commentaires sur la vie des voisins. Dans cette douce ambiance, mettez un bellâtre hongrois qui ne sait rien des us et coutumes britanniques mais qui s’y connaît en femme, et voilà notre petite communauté qui s’agite se déchire et .. se réconcilie à la fin. Le personnage principal, est une femme entièrement dévouée à l’épanouissement de son écrivain de mari en panne d’inspiration. Les observations de Barbara Pym sentent le vécu.

Ce roman me fait penser à un épisode de »Dawnton Abbey au village », mais où il ne se passerait rien et sans les propos acides de Violette : ça manque un peu de méchanceté. En ce moment, c’est la littérature que je recherche , mais j’aimerais quand même un peu plus de mordant.

Citations

Sourire dès la première page

Elle se pencha pour effleurer de ses lèvres la joue de Cassandra qui lui rendit son baiser un peu gauchement, car l’embonpoint de Mrs Gower rendait sa joue presque inaccessible.

Un charme indéfinissable si britannique, j’adore ce genre de passage

Dans sa jeunesse il n’avait jamais réussi à s’engager dans une carrière, car il avait résolu très tôt de faire un beau mariage, convaincu que sa bonne mine et son allure martiale suffiraient à lui gagner le cœur de toutes les femmes. Malheureusement ses efforts n’avaient pas été couronnés de succès. On peut penser que ses avances avaient manqué de la chaleur, de la dévotion empressée, que toute jeune femme s’attend à rencontrer à cette époque de sa vie. Mr Gay, étant de tempérament naturellement froid, n’avait jamais été amoureux.

Les couples en sortie

En des lieux tels que Up Callow les épouses devaient toujours prendre au sérieux leurs maris. Au moins en public.

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Traduit de l’anglais par Christine Barbaste. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir dans une lecture aussi peu dans mes centres d’intérêts habituels. Je ne me souvenais plus que Sandrine en avait déjà dit le plus grand bien. Ce livre raconte l’histoire d’un groupe de créateurs d’une comédie à succès « Barbara (et Jim) » . Le succès de cette comédie vient du charme et de la drôlerie de l’actrice principale Sophie Straw (à propos, je n’ai pas réussi à en trouver trace sur le net, au point je me suis demandée si c’était une créature fictionnelle). Dans ce livre, on dit que ça l’énerve qu’on la compare à Sabrina dont voici la photo (qui elle, est dans le livre) :

20160118_181929J’adore ! et je dédie cette publicité à tous ceux et toutes celles qui trouvaient, dans Mad Men, la poitrine de Joan irréaliste.

Ce qui est vraiment plaisant dans ce roman, c’est la description de la société anglaise des années 60, celle qui finira par faire sauter tous les verrous de la bienséance installés par la Reine Victoria. Cela commence par l’homosexualité, qui lorsqu’elle est refoulée fait souffrir tant de gens, les homosexuels bien sûr, mais leur entourage en particulier la femme qu’ils se croient obligés d’épouser pour donner des gages de bienséance, sans pour autant éprouver d’attirance pour elle, et bien sûr leurs enfants. On voit aussi la lutte entre la BBC sérieuse mais terriblement ennuyeuse et le divertissement à travers des comédies drôles et légères. Bien-sûr la télévision est allée encore plus loin aujourd’hui, et depuis la « télé réalité » qui montre tout sauf la réalité, elle s’est perdue à force de divertissement.

Aujourd’hui, tout cela est remplacé par le net et les jeunes ne regardent plus beaucoup la télévision. Est-ce mieux ? Est-ce pire ? Comme le faisait remarquer Sandrine lors de mon commentaire à propos de ce livre, on est parfois effaré du temps perdu à « surfer » sur cette merveilleuse source de connaissance mais aussi le vide que représente le temps que nous passons devant notre ordinateur ! J’ai noté que très tôt le politique a compris l’importance des médias, puisque le premier ministre de l’époque (Harold Wilson) aurait demandé qu’un des épisode de la série soit tournée au 10 Downing Street. Donc notre premier Ministre qui se déplace pour participer à une émission télévisée de distraction populaire n’est pas un novateur.

L’intérêt de ce livre, c’est de nous faire revivre une époque, mais c’est un peu plus compliqué à lire pour les Français car nous ne connaissons pas les personnages dont il est question, en tout cas pas moi.

Citations

la sexualité

-Tu n’es pas vierge n’est ce pas.
-Bien sûr que non. 
En vérité Barbara n’en savait trop rien. Résolue à s’affranchir de quelque entrave avant de venir à Londres , elle avait tentée deux ou trois bricoles avec Adam, juste avant le concours de beauté. Mais comme il ne s’était pas montré très dégourdi, elle ne savait plus trop quel était son statut officiel.

L’accent anglais

On l’entendait à la radio, et elle parlait avec ce timbre et cet accent estampillé BBC que personne, nulle part en Angleterre, au nord comme au sud, n’avait dans la vraie vie.

 Les opinions dans la classe moyen en 1960

Mon père me tuerait si je votais travailliste, dit Sophie. Il prétend qu’il a travaillé trop dur pour tout donner aux tire-au-flanc et aux syndicats.

Finalité d’une comédie télévisée

N’est ce pas là tout l’objet des comédies télévisées ? De fédérer les gens ? Et c’est ce que j’adore dans ce travail. Tu rigoles de la même chose que ton patron, ta mère, ton voisin, le critique de télévision du « Times », et la reine, pour ce que j’en sais. C’est génial. 

20160102_184800Traduit de l’américain par Anne Laure Tissut. Ce roman est arrivé jusqu’à moi grâce à Keisha qui ne l’a pas commenté et Aifelle que je remercie pour sa gentille attention.

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Laird Hunt plonge le lecteur du 21e siècle dans la guerre civile américaine que nous appelons en France guerre de sécession. Elle fit un million de morts, il faut se souvenir qu’elle fut la guerre la plus meurtrière de la nation américaine. Comment la faire revivre aujourd’hui ? L’auteur a pris le parti de la raconter du point de vue d’une femme, puisqu’il est avéré qu’une centaine de femmes se déguisèrent en homme pour participer aux combats. C’est évidemment un point de vue original, car même si Constance a un fort tempérament, l’horreur de ce qu’elle doit vivre fera vaciller sa raison. Peu à peu, le lecteur perd pied dans l’imaginaire d’une femme dont l’esprit flotte entre la réalité sordide des violences de la guerre et les souvenirs de son enfance qui sont aussi marqués, on le découvrira peu à peu, par des scènes traumatisantes. Elle doit faire face à deux dangers, celui de tout soldat à la guerre et celui d’être reconnu comme femme. Une seule chose est vraiment douce pour elle, son amour pour Bartholomew trop faible pour être soldat.

Pourquoi ne suis-je pas plus enthousiaste pour ce roman encensé par la critique et la blogosphère ? Je sais que cette guerre est encore un sujet brûlant aux États-Unis, beaucoup moins pour moi. Je reconnais à cet auteur un talent certain pour faire revivre cette époque et les troubles psychologiques causés par les faits de guerre. Mais je dois dire que la conscience troublée de Constance ne m’a pas permis de toujours bien comprendre ce qu’elle vivait. Distinguer le réel du cauchemar est compliqué quand le filtre passe par un cerveau dérangé. Comme pour Constance , le début de la guerre est clair et précis, donc ma lecture enthousiaste et rapide, et peu à peu, je me suis embourbée dans l’horreur, les cadavres putrides, les corps mutilés, la folie traitée à coups d’eau glacée et ma lecture est devenue très laborieuse.

Citations

Problème de traduction ?

 Il y avait des batailles en aval et dès que la rumeur eut circulé que nous allions à leur rencontre, le régiment connut une saignée sévère de recrues. Ce n’était à faire que de sortir du rang pour ne plus revenir.

Un beau personnage de femme mais qui trahira Constance

Elle parlait d’amour et d’amour anéanti par la guerre . Cela ne la dérangeait pas de trahir la cause pour laquelle son mari avait combattu et péri, me dit-elle. Les États confédérés avaient fait sécession par entêtement, et la guerre était venue emporter son mari . Elle partirait au Nord quand tout serait fini. Elle retournerait dans ce village du Maine qu’elle avait quitté tant d’années plus tôt.
– » S’ils m’acceptent , dit-elle.
– Pourquoi ne le feraient-ils pas ?
– Cette guerre, fit-elle. Cette guerre, cette guerre. »

Résumé de ce qu’a vécu Constance

Il en fallait plus que que la brûlure du fouet du vieux pour me donner du cœur à l’ouvrage. Plus que l’homme à la corde avec son pistolet de cavalerie . Plus que le souvenir de tous les hommes avec qui j’ai vécu dans l’armée de l’Union,. Des hommes capables de pisser sur un chat à l’agonie. De se moquer d’un petit garçon perdu. De violer une femme entrée dans l’automne de sa vie. De faire brûler une maison appartenant à des femmes d’église. De vous boucler dans une taule à fous et de vous y laisser pourrir.

Un nouveau mot

Secesh : homme du sud.

20151221_135737Traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanchita Gonzales Battle. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

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Roman policier classique donc, évidemment, avec une pointe d’originalité, celle-ci provient du fait que deux protagonistes sont télépathes. Ils entendent parfaitement les idées des gens qui sont en face d’eux. C’est parfois utiles, quand on joue au poker par exemple, gênant quand on fait l’amour et qu’on se rend compte que sa partenaire fait sa liste de courses en même temps, mais très utiles pour interroger des terroristes. Je pensais beaucoup m’amuser en lisant ce roman, mais il n’y a pas tant d’humour que cela. L’intrigue est assez complexe et demande à être menée jusqu’au bout. Donc, cela occupe une grande partie du roman. Il faut de plus comprendre le pourquoi du phénomène . Si bien que finalement, on est dans un policier bien ficelé et très classique. Ce n’est pas trop mon style mais j’ai hâte d’être à la réunion du club car nous avons des inconditionnelles du genre.

Pour ma part, je trouve que le suspens prend trop de place par rapport à la réflexion que j’aurais souhaité plus développée sur ce qu’un gouvernement est capable de faire pour la « bonne cause », par exemple la lutte contre le terrorisme. J’ai regretté également que l’auteur ne soit pas plus humoristique sur les possibilités qu’offrirait la télépathie. Je me souviens d’un roman de Fredric Brown « martien Go-Home » tellement plus amusant et destructeur. Des martiens qui n’ont comme arme que le fait de dévoiler la vérité et les pensées les plus secrètes de chaque homme, finissent par détruire complètement la société américaine. J’avais beaucoup ri, mais je ne l’ai pas relu depuis longtemps.

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À quoi pense une femme qui fait l’amour ?

Les animaux c’est sympa ; continua Denny. Je ne me sens pas mal avec eux. Ils ne pensent pas beaucoup. Angela, c’est une fille bien, mai merde, elle n’arrête pas de penser. On était en train de baiser l’autre soir et elle pensait à la vaissele qu’elle avait laissée dans l’évier.

20151218_095309Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard dans le thème découverte de l’Ouest américain.

3Seuls ceux et celles qui liront ce roman comprendront le gros plan sur la fermeture Éclair de mon jean. J’avais déjà lu un roman de cette auteure, « le temps des miracles » que j’avais beaucoup apprécié. Ces deux livres sont dans la catégorie « ado » mais peuvent être lus par un large public. À mon avis, celui-ci cible franchement un public jeune, ce qui lui donne un côté bien sympathique.on a parfois l’impression de lire une BD sans image. On part sur les routes du Far West, avec une fille à fort tempérament, pour arriver sur la côte Ouest. Bella Rossa est très belle, rousse grâce à son ascendance irlandaise, d’une énergie peu commune. Elle a des seins superbes, comme des pastèques dit-elle, et dans ce monde qui manque de femmes c’est loin de n’être qu’un avantage. Deux personnages haut en couleur l’accompagnent. Son père paralysé, boit sans arrêt, il crie sur sa fille et sur tous ceux qui s’occupent de lui. Et le plus important pour elle, Jaro, son homme qui n’est pas toujours un cadeau.

Ensemble, ils mèneront leur carriole sur les pistes des chercheurs d’or pour leur vendre des objets pour le moins variés. C’est donc l’occasion de revisiter le Far West avec tous ses dangers (dont la guerre) et des personnages parfois très peu recommandables, un pasteur pervers et lubrique, des fermiers qui lynchent un homme à cause de la couleur de sa peau, un voleur aidé d’un opossum, des femmes trop peu farouches au goût de Bella Rosa… C’est un récit simple et efficace en somme, une bonne distraction pour ceux et celles qui aiment les Westerns. Les personnages ne sont pas caricaturaux et le récit est enlevé. Si on considère que ce roman s’adresse a un public jeune, il est parfait, mais pour des adultes, il manque de profondeur.

Citations

Le tout c’est de trouver le client

Pour palper réellement ce magot, encore fallait-il trouver des clients ! Et, franchement, Jaro n’avait jamais rencontré personne qui eût besoin d’un coupe-œuf ou d’un épineur de raisins secs !

Un moment de grâce

 Et tout ça grâce à ta salle manie d’ouvrir ta braguette à tout bout de champ, s’exclama-t-elle en embrassant Jaroslaw avec fougue.
Dans sa fièvre spéculatrice, elle oubliait toutes les épreuves que Jaro lui avait fait endurer, les pincements affreux de la jalousie, les ravages causés à son cœur et à sa fierté. Elle oubliait les filles au gros derrière, les nuits de solitude à guetter le retour de son, amour, les douleurs qui lui transperçaient le ventre, tout.

20151215_112915Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3Je dédie ce livre à mon fils heureux papa d’une petite fille qui a un an aujourd’hui. S’il lit ce roman, il y retrouvera toutes les angoisses de sa mère lorsqu’il était adolescent. Il s’agit, en effet d’un roman sur l’addiction au monde connecté. Isabelle Jarry nous plonge dans un futur pas très éloigné du nôtre. L’homme a réussi à créer des androïdes capables d’une certaine forme d’intelligence donc, d’autonomie. Pour lutter contre les méfaits d’un temps trop long passé devant des écrans, la société impose des cures de désintoxication d’une semaine à tous ceux qui ne savent pas se déconnecter du monde virtuel. C’est ainsi que commence le roman : Tim se retrouve brutalement dans un de ces centres pour une semaine sans possibilité de prévenir Today, son androïde, qui, à force d’interactions, est devenu pour lui beaucoup plus qu’un robot, il est son véritable assistant et son compagnon de vie.

Le roman permet de suivre deux survies, celle de Tim qui se retrouve confronté à la nature et qui s’inquiète sans cesse pour son androïde qu’il voudrait au moins prévenir de son absence. Or il ne le peut pas puisque le principe de la cure est de priver brutalement le patient de tous ses liens avec le monde virtuel. L’autre personnage en errance, c’est Today (l’androïde) dont l’existence est sans cesse menacée par des rencontres plus au moins hostiles.

Le roman ne décrit pas un monde déshumanisé et la relation de Tim et de Today n’a rien d’impossible. À travers leurs deux expériences, l’auteure nous fait revivre notre société dans des aspects à la fois tragiques et amusants. Les recherches de Tim portent sur la survie après une catastrophe nucléaire, et il rentre donc en contact avec un sage japonais qui est resté vivre à 40 kilomètres de Fukushima, ça c’est pour l’aspect tragique mais pas désespéré puisque ce Japonais a réussi à survivre dans une nature délaissée par l’homme donc de plus en plus belle. Le côté léger et drôle vient des personnages rencontrés par Tim et Today, le chef de cuisine, parodie de ceux présentés à la Télévision, la cantatrice quelque peu décatie, le clochard lubrique…

Bien sûr, on retrouve dans ce roman une opposition entre la vie dans la nature et le monde moderne connecté mais ce n’est pas pour autant un roman moralisateur ni trop simpliste. Et une fois n’est pas coutume, le mot de la fin est donné à l’androïde pas à l’humain. J’ai quelques réserves, encore une fois – ça devient de plus en plus fréquent- les passages en anglais ne sont pas traduits. Mais surtout, j’aurais aimé en savoir plus sur Tim et sur ce qu’il va devenir enfin l’histoire de plusieurs personnages ne me semble pas finie. l’auteure laisse à notre imaginaire le destin de plusieurs personnages : je me suis sentie abandonnée par l’écrivain , que deviendra Mme Hauvelle la chercheuse aigrie, et Mirène la cantatrice clochardisée et surtout Tim, c’est un peu dur de ne pas savoir où va le personnage principal , je suis désolée pour toutes celles qui détestent qu’on « divulgache » les intrigues mais voici la dernière phrase concernant Tim

Il ne savait pas où il allait….

Je n’en dis pas plus pour garder mes lecteurs et lectrices, mais moi je trouve ça frustrant. C’est la raison pour laquelle je n’ai mis que 3 coquillages alors que, jusqu’à l’avant dernier chapitre, je pensais en mettre quatre. L’auteure prépare peut-être une suite ?

Citations

La place de l’homme dans la nature

L’être humain lui-même était si faible… La nature dans son exubérance, sa force insurmontable, son inépuisable énergie, sa faculté à essaimer et à se reproduire, la nature l’avait nargué dès le début. Pourquoi, à l’instar des autres espèces, n’avait-il pas accepté la place qu’il occupait , prédateur des uns, proie des autres, maillon dans la chaîne de la vie ? Pourquoi avait-il voulu échapper à cette condition, imposer sa loi ?

Le Haïku qui donne son titre au roman

La voix du rossignol s’éloigne
La lumière s’éteint
Magique aujourd’hui

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Désolée pour la couverture de ce livre, j’ai rarement vu plus moche. Heureusement, comme ce roman a été couronné par tant de prix et admiré dans le monde des blogs cela n’empêchera personne de l’acheter . J’avais d’autant plus envie de le lire que j’avais commencé à l’entendre lu par l’auteur lui-même. L’histoire est maintenant bien connue, deux soldats de la guerre 14-18 réchappent de très peu à la mort, malgré la cruauté d’un « salopard de gradé » le lieutenant d’Aulnay Pradelle qui en veut à leur vie. Réunis par la mort qui est passée si près d’Albert Maillard, et qui a gravement mutilé Edouard Péricourt en lui arrachant la moitié du visage, les deux anciens poilus vont essayer de survivre dans l’après guerre, puis ils vont imaginer une fabuleuse escroquerie. Les deux personnalités sont totalement opposées autant l’un est timoré et ne cherche qu’à se faire le plus discret possible, autant l’autre est complètement hors norme.

Un des intérêt du roman, c’est de mettre en scène l’après guerre. Et si l’arnaque aux monuments aux morts est une invention romanesque, le scandale de la façon dont on s’est occupé des dépouilles des soldats tués au combat est en revanche tout à fait historique. Le roman est soutenu par un suspens très fort, on se demande si, ayant échappé au pire, ces deux hommes ne vont pas connaître un destin funeste. Le personnage de Henri d’Aulnay-Pradelle est tellement odieux, qu’il en est caricatural ; on espère sans cesse que la vie va lui faire payer toutes ses turpitudes. C’est ma grande réserve pour ce roman, je n’ai pas pu croire aux personnages des méchants. Pas plus d’ailleurs, qu’au personnage du fonctionnaire incorruptible : il est mal aimé, mal habillé, porte un dentier qui tient mal, sent mauvais, n’est compris de personne, il faut donc avoir ce physique là pour ne pas être corruptible ?

Le rythme du récit fait penser à un roman policier, et les traits des personnalités à une bande dessinée (et, il existe maintenant en bande dessinée). Comme souvent, quand on attend beaucoup d’un roman, on est parfois déçu. Je m’attendais à beaucoup plus de nuances dans le traitement des personnages. Ce serait si simple si les méchants étaient tous comme Henri d’Aulnay-Pradelle, et tous les hommes politique corrompus jusqu’au dernier.

Citations

Verdun

En 1916, au début de la bataille de Verdun – dix mois de combats, trois cent mille morts-, les terrains de Chazières-Malmont, pas loin des lignes de front, encore accessible par la route et assez proches de l’hôpital, grand pourvoyeur de cadavres, s’étaient révélés, pendant un moment, un lieu pratique pour enterrer les soldats. La fluctuation des positions militaires et les aléas stratégiques bousculèrent à plusieurs reprises certaines parties de ce vaste quadrilatère dans lequel se trouvaient à présent ensevelis plus de deux mille corps, personne ne connaissait réellement le nombre, on parlait même de cinq mille, ce n’était pas impossible, cette guerre avait fait exploser tous les records.

J’adore cette scène

Henri (le sale type de l’histoire) n’attendit pas la fin de la phrase pour quitter la pièce en claquant violemment la porte derrière lui. Ce bruit allait faire vibrer la maison de haut en bas. Hélas, l’effet tomba à l’eau. Cette porte, munie d’un mécanisme pneumatiques, se rabattit lentement avec des petits ouf… ouf… ouf… saccadés.

les sentences de Madame Maillard qui scandent le roman à chaque difficulté de son fils Albert

Albert a voulu partir aux colonies , bon, moi je veux bien. Mais s’il fait comme ici et qu’il se met à pleurnicher devant les indigènes, il va pas arriver à grand chose, c’est moi qui vous le dis ! Mais bon c’est Albert. Qu’est ce que vous voulez, il est comme ça.