Je n’avais pas lu ce livre dont on a parlé lors du club de lecture de février. Le jugement d’une participante qui n’aime pas les « histoires de secrets de famille » a empêché ce roman de recevoir un coup de cœur du club. La discussion m’a intéressée et j’ai eu envie de me rendre compte par moi même de ce que ce livre pouvait apporter. Tout commence par la mort de l’arrière grand-mère et l’organisation de ses obsèques. Un secret enfoui depuis presque un siècle refait surface.
Tout de suite, j’ai accroché à ce roman car je suis tellement sûre que nos comportements sont dictés par le poids des non-dits familiaux, et je suis hantée par cette question : comment ne pas transmettre à ses enfants le poids de ses erreurs ? À sa façon, en racontant un échec amoureux dans quatre générations différentes, ce roman aide à comprendre ces difficultés fondamentales de la vie. Bien sûr ce n’est pas un chef d’œuvre littéraire, mais ce livre peut faire du bien à touts ceux et toutes celles qui se posent ce genre de questions : Comment stopper les répétitions familiales plus ou moins mortifères ? Dans la famille de Lia, tout commence par l’arrière grand-mère qui s’est forgée une légende plutôt que de se confronter à la réalité de sa souffrance. Par cette conduite, elle a influencé négativement les choix amoureux de sa fille et de sa petite fille. Lia mettra tout en œuvre pour casser la répétition des échecs des femmes Palin. Mais ce qui est étonnant et tellement bien vu, c’est de se rendre compte que chaque génération fait des erreurs en essayant d’éviter celles de la génération précédente.
Le roman se lit très vite et sans être passionnée par l’intrigue, j’ai vraiment aimé le questionnement de ces femmes parce que leurs questions résonnent très fort en moi. Comment transmettre des forces, il y a les messages conscients et tout ce que malgré soi on lègue aux générations futures. Si ce roman est sur les rayons de vos médiathèques, n’hésitez pas à l’emprunter même s’il n’a pas de coup de cœur, je suis sûre que vous y lirez une partie ou une autre de vos interrogations. Il se lit vite mais ne s’oublie pas si vite.
Citation
Une bien jolie phrase
– Ton arrière-grand-mère aura été toute sa vie une femme de courage et de conviction, me dit-elle.
-C’est bizarre de parler d’elle au futur alors qu’elle est morte.
-C’est du futur antérieur, pas du futur. Mais tu as raison, ma chérie. C’est un temps merveilleux. Celui qui permet de parler au futur de ceux qui sont passés. C’est le temps des nécrologies.
La difficulté d’être trop aimée
C’est comme si elle m’avait fondue en elle, chair indistincte de sa chair, âme indissoluble de son âme. J’ai dû la suivre, m’adapter, comprendre, accepter. Pouvait-il en être autrement ? Je n’avais qu’elle. Il fallait que je l’aime à tout prix pour me faire aimer d’elle. Coûte que coûte. Est-ce cette confusion des êtres qui l’a transformée plus tard en combattante de ma liberté, de mes expériences d’adolescentes. Cette peur panique qui l’envahissait à chaque fois que je tentais de me dégager, cette couverture d’amour dans laquelle elle cherchait à m’emmailloter dès que je voulais éprouver par moi même et qui me donnait le sentiment d’étouffer. Je vais mieux depuis que je me suis éloignée.
Oui, si je le croise, pourquoi pas ? C’est un roman ? Ce n’est pas une autobiographie ? Rassure-moi.
c’est un bon petit roman, nourri certainement de ce que l’auteur connaît de son passé et du passé des siens. Je comprends tes réticences après avoir lu de Vigan, mais l’auteur est toujours présent dans ses livres, ça dépend ce qu’elle en fait. Moi aussi je n’aime pas beaucoup les gens qui prennent l’impudeur pour de la création littéraire, je déteste encore plus les auteurs qui règlent leurs comptes personnels à travers leurs livres, mais je ne rejette ps évidemment toute forme d’allusion à sa propre vie, et là c’est bien raconté et ça m’a touchée.
Hum, pas sûr que ce soit pour moi, ces secrets de famille pesant sur des générations!
tu aurais donc été d’accord avec une des participantes du club, moi j’ai eu la curiosité de le lire car je n’aime pas trop les aprioris, et j’ai eu bien raison, c’est un bon premier roman et il me touche car je suis très angoissée par la transmission consciente et inconsciente. Elle raconte très bien cela.
Beaucoup de romans reposent sur des secrets de famille, ça peut donner de très bons moments de lecture.
et celui-là est un vrai bon moment de lecture, en tout cas pour moi, j’ai beaucoup aimé la femme qui, par trop d’amour, empêche sa fille de bien vivre sa vie de femme .
Pas tentée pour une fois, je n’aime pas trop non plus les histoires de famille. Les citations ne m’y incite pas davantage…
tu aurais été entièrement d’accord avec une participante du club.
Quand tu écris « c’est de se rendre compte que chaque génération fait des erreurs en essayant d’éviter celles de la génération précédente », cela me donne envie de le lire. Je mets ça sur la liste et je contrôle en passant à la médiathèque!
moi c’est ce qui m’a plu, j’ai tellement essayé de ne pas être comme mes parents dans ce que je leur reprochais et évidemment j’ai mis le balancier trop fort dans l’autre sens . Je crois quand même qu’aimer ses enfants c’est essentiel mais hélas cela ne suffit pas.
Pourquoi pas ? ce poids intergénérationnel est souvent présent chez Toni Morrison… et tu sais combien j’aime cette romancière ;-)
Heu … on est quand même très très loin de Toni Morrisson!
Ce que tu en dis éveille mon envie d’aller aussi le lire. J’aime bien cette idée des destins marqués malgré soi par des secrets qu’on porte, et les efforts qu’une génération ou une autre peut faire pour s’en débarasser. Je note !
Et c’est très bien raconté, un bon momrent de lecture et pour moi beaucoup de résonance avec ce qui me pose problème dans ma vie.
M’étonnerait fort que j’accroche, vu le sujet. A voir…