Édition de l’Olivier
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy
Roman très étrange à côté duquel je suis passée sans accrocher. L’auteur nous raconte la vie de la famille Edelstein dont chaque membre possède un don surnaturel qui leur rend la vie impossible. La grand mère envoie des colis au contenu très bizarre, un savon à moitié utilisé, par exemple. Le père sait qu’il ne doit jamais rentrer dans un hôpital, le fils, Joseph, se fond (au sens propre) dans les décors et la fille Rose ressent les sentiments de ceux qui ont cuisiné pour elle. Chaque bouchée est une atroce souffrance quand les cuisiniers sont malheureux. Rose est amoureuse du grand ami de son frère Georges qui la trouve trop jeune. Joseph est un surdoué qui ne réussira pas à se faire admettre dans une bonne université.
On suit donc cette famille dont aucun des membres n’est vraiment heureux et en particulier Rose qui, à cause de ce don, nous fait découvrir peu à peu ce qui ne va pas dans sa famille et dans la nourriture aux USA.
Je suis certaine d’être passée à côté de l’intérêt de ce roman que j’ai lu pourtant avec attention car c’était un des rares romans que j’avais sur le bateau pour une navigation ralentie par l’anticyclone au large des Açores. J’espère que je rencontrerai des avis qui contrediront ces impressions d’une lecture inutile. Comme celui de Brize par exemple. Mais lisez aussi l’article de Jérôme qui en plus d’être beaucoup plus drôle que le mien décrit très bien combien les critiques officielles peuvent dire n’importe quoi !
Citation
Dans la famille Edelstein le fils
Tout ce que j’ai comprenais , c’est qu’il n’avait pas inséré le pied de la chaise dans sa jambe , mais que, je ne sais comment, sa jambe était devenue le pied de la chaise , tout en gardant sa chaussette qui rentrait dans sa chaussure. La chair était invisible, ou plutôt, il ne restait qu’un reflet de jambe que je distinguais vaguement. S’était-il coupé la jambe ? Non. Encore une fois : pas de sang, rien. À la place, il n’y avait que ce reflet de jambe humaine autour du pied de la chaise, un halo tamisé d’humanité qui tendait à disparaître autour du solide pied en métal, un changement de texture qui, d’une certaine façon, faisait sens. On aurait dit que la chaise prenait naturellement l’avantage sur lui, comme si elle le dissipait ou l’absorbait avec une simplicité qui ferait croire qu’elle avait cet effet sur tout le monde. Et puis il avait le pied de la chaise, le bout en caoutchouc qui entrait dans la chaussure, chaussures qui ne paraissait plus contenir de pied humain.