Édition Folio

 

J’ai certainement suivi l’avis d’un blog pour acheter ce roman, qui n’est vraiment pas pour moi. C’est un très joli texte, écrit de façon poétique. Mais je ne suis absolument pas rentrée dans cette histoire ni dans l’écriture. Ce livre raconte à la fois une histoire d’amour très puissante pour un homme des bois dans une région qui ressemble à la Sibérie. Mais c’est aussi l’histoire des violences dues à la guerre et à l’intolérance des hommes pour des gens différents. C’est aussi l’évocation d’une contrée si rude que l’on peut mourir de ne pas se protéger du froid ou de la force des éléments. Je crois qu’en « livre lu » par une belle voix ce livre aurait pu me toucher mais je ne devais pas, ce jour là, être d’humeur à me laisser portée par les esprits , les guérisseurs, les animaux sauvages qui peuvent avoir des relations avec les hommes. Non, ce jour là, je n’étais pas réceptive à ce roman qui a pourtant de belles qualités.

 

Citations

Pour vous donner une idée du style de l’auteure :

Chez les Illiakov, on se contentait de ce qu’en avait toujours dit la grand-mère, « Ajoute une herbe sèche dans le désert et ce n’est plus le désert ». La mère avait repris ses gestes et ses paroles. Elle les avait à son tour transmis à Olga. La décoction avait un goût de terre. L’haleine d’humus rappelait que sous l’écorce de glace, la glèbe sommeillait, prête à réapparaître. Matin après matin, ce goût nous accompagnait un peu plus loin dans la fonte des neiges. Combien de fois l’hiver l’emportait-il sur le courage ? Combien de fois nous ôtait-il la force de nous lever ? Les ancêtres avaient trouvé des ruses. Déjoué la tentation de l’abandon. « Ajoute une herbe sèche dans le désert et ce n’est plus le désert. »

Les esprits

Immobile auprès d’Igor, je souris dans le vague. Je sais que ma bouche est traversée par une trace grise. On ne revient jamais indemne du Grand-Passage. Il faut bien payer un tribut aux esprits. Je n’en connais pas la nature. Je sens seulement, après chaque rituel, que mon corps pèse si lourd qu’il pourrait s’enfoncer dans la terre. Mes mains pendent au bout de mes bras, plus lourdes que des outres pleines. On dirait que du plomb a coulé dans ma tête. Je souris car j’ai accompli mon devoir mais il me semble aussi que dans ma chaire devenue viande on m’a ôté un peu de vie. Alors Igor pose sa main sur ma tête, ainsi que Baba le faisait, et la régularité de son pouls, l’enserre de ses doigts m’allège de cette pesanteur. Je sors de ma torpeur comme on recouvre progressivement la vue après avoir regardé trop longtemps le soleil en face.

 

J’aime beaucoup cette auteure, au point d’acheter deux fois son livre et de le lire deux fois aussi. Au fur et à mesure que je le lisais, je retrouvais les personnages et l’histoire que j’avais déjà lue, et comme je fais partie de la minorité, si injustement décriée, des lectrices qui adorent qu’on leur raconte la fin des intrigues, c’était le bonheur total. C’est vraiment une lecture distrayante et que vous aimerez si vous avez gardé le plaisir que vous l’on raconte des histoires. Le procédé narratif n’est pas banal , car pour expliquer pourquoi cette mère Tatiana a dû empêcher sa fille Nine d’aller à la fête du lycée, elle doit d’abord l’emmener dans une cabane perdue près d’un lac, où malheureusement aucune connexion n’est possible , mais surtout raconter son enfance et révéler peu à peu les secrets de sa famille. Ceux-ci sont si lourds et si complexes qu’il ne faut surtout pas les révéler trop brutalement, et il faudra bien tout le temps d’un roman, pour que Nine sente combien sa mère l’a aimée plus que tout et qu’avant sa mère, Rose-Aimée sa grand mère avait fait preuve d’un courage incroyable pour que ses trois enfants puissent vivre à l’abri d’un père on ne peut plus destructeur. L’auteure termine son roman quand les différents personnages vont se retrouver et j’avoue que j’aurais bien aimé savoir comment leurs retrouvailles allaient se passer . Mais son histoire est terminée quand tant d’autres la commenceraient.

C’est un roman qui est classé « ado », et oui, je pense que cela peut plaire à des jeunes lecteurs car l’intrigue est bien ficelée, mais surtout l’adolescence est parfaitement décrite. Dans ses excès, ses fragilités et son incroyable sens de l’humour. Et c’est ce qui rend ce roman lisible pour les adultes qui aiment cet âge. Quand elle était jeune Tatiana qui s’appelait alors Consolata a supporté les errances de sa mère qui changeait assez souvent de compagnon. L’auteure décrit très bien les difficultés de l’enfant lorsque sa mère change de partenaire, elle aimait l’ancien et détestait le nouveau qui pourtant a bien des qualité qu’elle découvrira petit à petit. Elle se crée des pères biologiques au gré de ses passions, un célèbre footballeur ou un chanteur de rock Elle ne sait rien des difficultés réelles de sa mère mais une chose certaine elle n’a pas manqué d’amour dans sa vie. À son tour elle aimera de toutes ses forces sa fille, Nine, même si elle ne lui offre pas le dernier IPhone le même que celui de toutes ses amies . D’ailleurs le rapport à l’argent de Tatania-Consolata semble bien compliqué, et on découvrira pourquoi. Rassurez-vous je respecte les anti-divulgâcheuse et je n’en dirai pas plus !

Je crois que j’ai préféré « et je danse aussi » du même auteur mais il est bien dans la même veine que « le temps des miracles » et pour le côté combat des femmes : « Pépites »

 

Citations

Tellement bien vu !

C’est une vieille voiture de marque allemande, le genre de tank démodé qui polluent l’atmosphère depuis la fin du 20e siècle et qui fait honte à la fille assise à l’arrière.
 La fille, c’est Nine, 16 ans la semaine prochaine, cinq cents kilomètres de silence au compteur.

Une autre époque

D’une certaine façon, le monde était plus lent et plus vide qu’aujourd’hui. Chaque chose que nous faisions prenait du temps, réclamait des efforts, mais personne ne s’en plaignait puisque c’était normal. Les photos, par exemple. Il fallait apporter la pellicule chez un photographe pour qu’elle soit développées dans un labo. Parfois, il s’écoulait plusieurs mois entre la prise de vue et le tirage, si bien qu’en découvrant le résultat, on ne se souvenait même plus qui était sur le cliché ! Rien n’était instantané, à part le chocolat en granulés et le café en poudre ! Si tu étais fan de musique, pour écouter ton morceau préféré, tu devais attendre qu’il passe à la radio. Ou bien, tu devais aller acheter le disque vinyle dans un magasin spécialisé. Et si par malheur tu n’avais pas de magasins de disques près de chez toi, tu devais le commander sur le catalogue, ce qui supposait d’attendre encore plus longtemps…

Édition NRF Gallimard. Traduit de l’anglais par Élodie Leplat

J’avais lu des réserves sur ce roman, réserves que je partage, pourtant son premier roman : » Le Chagrin des Vivants » m’avait beaucoup plu, j’étais moins enthousiaste pour « La salle de Bal’ et encore moins pour celui-ci. On suit le destin de trois amies : Hannah qui cherche à avoir un bébé à tout prix, Clare qui se remet difficilement de la naissance de son fils et Mélissa (Lissa) qui veut réussir sa vie d’actrice. Ces trois femmes sont les filles de la génération qui pense avoir libéré la femme des carcans qui avaient tellement pesé sur elles. Libérées ? je ne sais pas si elles le sont mais en tout cas heureuses elles ne le sont pas tellement. Lissa, malgré un succès dans une pièce de Tchekhov, finira par renoncer à sa carrière . Hannah détruira son couple à force de FIV et de traitement hormonaux, et Clare ne sait plus si elle est homosexuelle ou amoureuse encore d’un mari qui fait tout pour l’aider à élever leur fils. L’auteure promène son lectorat dans l’enfance et la jeunesse de ces trois femmes et je lui reconnais un soucis d’honnête très poussé au détriment des effets romanesques trop faciles. Je pense qu’elle cerne bien les personnalités des jeunes femmes à l’heure actuelle , mais c’est loin d’être passionnant. Tout tourne autour de la transmission mère/fille et du désir d’enfant. ( je me suis demandé si l’auteure n’étais pas confrontée à un bébé un peu fatigant quand elle a écrit ce roman). Les difficultés de notre société, et la vie des couples d’aujourd’hui sont très bien rendues, et beaucoup d’entre nous reconnaîtrons leur mère, leur fille, leurs amies. Il n’empêche que cette lecture m’a quelque peu ennuyée et je sais que j’oublierai assez vite ces personnalités sans grand intérêt. Je crois que c’est particulièrement compliqué de rendre compte de la vie « ordinaire » ! ( pas si ordinaire que cela puisque deux d’entre elles sont diplômées d’Oxford !)

 

Citations

 

L’université

C’est là, d’après Lissa, l’enseignement principal de l’Université, comment raconter des conneries avec conviction. Plus la fac est réputée, meilleures sont les conneries.

Droite et gauche en Grande Bretagne

Comparés à ses propres parents, la mère et le père de Cate paraissent jeunes. 
Chez Cate on vote à gauche. Chez Hannah on vote à droite.
 Chez Cate il y a Zola et Updike. Chez Hannah il y a les Reader Digest et l’Encyclopaedia Britannica. 
Le père de Cate fait un métier en rapport avec l’ingénierie. Le père d’Hannah est gardien à l’hôpital Christie.
 Chez Cate il y a de l’huile d’olive. Chez Hannah il y a de la vinaigrette toute prête.

 

 

 

Édition L’Élan . Traduit du suédois par Marguerite Gay

 

Encore une fois , j’ai oublié comment j’ai noté ce roman. Et en plus, de façon suffisamment forte puisque je l’ai même acheté . Finalement je crois qu’il vaut mieux se plonger dans « la saga des émigrants » le livre qui a fait connaître Vilhelm Moberg, mais je ne le ferai sans doute jamais. En lisant cette passion amoureuse racontée dans les moindres détails, je croyais vivre un film d’Ingmar Bergman , tourné au ralenti … Je dois avouer que j’ai fait l’impasse sur quelques pages au milieu du livre tellement il me pesait. Inutile de vous dire qu’on comprend dès le début que cette belle Märit épouse du trop sage et trop gentil Pavel va succomber au charme de Hakan grâce à qui elle éprouve le plaisir physique pour la première fois de sa vie.

Si j’ai acheté ce roman, c’est certainement qu’il promet au delà de la passion amoureuse, une peinture de la société rurale du 19° siècle. C’est vrai on apprend pas mal de détails sur l’organisation foncière de la Suède et la difficulté pour les petits paysans à sortir de la misère. On voit aussi le poids de la religion protestante, peu encline au plaisir physique. Mais cela n’a pas suffi pour m’embarquer dans une lecture plus attentive. On peut même penser parfois à Flaubert ou Maupassant mais à la suédoise donc sans une once de joie ou d’humour : pour moi, un ennui total que la qualité d’écriture n’a pas pu soulever.

 

Citations

 

Le mariage

Il est vrai qu’on ne se marie qu’à deux périodes de la vie : ou avant d’avoir tout son bon sens ou quand on l’a perdu.

L’amour physique

Les hommes et les femmes sont faits pour se donner mutuellement du plaisir par leur corps. Et, pourtant, ils s’écartent sans nécessité l’un de l’autre, tant le prêtre leur inspire la peur de l’enfer et dans l’enfer leur inspire la peur du prêtre. Que de volupté perdues chaque jour dans le monde ! Et dire qu’un pareil gaspillage reçoit des louanges ! Celui qui le premier à prêcher cela était d’une bien grande naïveté !

La femme d’un paysan « gentil » !

Pour lui, elle fait partie de son bétail. Dans cette situation, elle a tout de même eu de bons jours, bien que qu’elle ne les ait peut-être pas appréciés à leur juste valeur. Car il l’a entourée de soins. Il s’est préoccupé de son bien-être. On tient à voir son bétail bien portant et prospère. Il a peur qu’elle ne travaille trop. Celui qui est raisonnable ne veut pas surmener ses boeufs . Il a veillé sur elle d’une manière parfaite. Un homme raisonnable ne laisse pas dépérir ses animaux. Un paysan raisonnable profite de de la santé et des forces de son bétail, il gagnerait moins si ses bêtes se portaient mal ou s’affaiblissaient. Et quand elle était bien disposée, il lui donnait parfois une tape sur la hanche, comme il caressait à l’occasion les flancs d’une jument.

 

 

 

Édition Jacqueline Chambon. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Gilbert Cohen-Solal.

Un livre d’apparence légère mais qui exhale aussi un parfum de tristesse : Arthur Mineur essaie de se remettre d’une rupture amoureuse en faisant le tour des invitations pour écrivains à travers le monde. Nous suivons donc la tristesse d’un homme amoureux américain qui est souvent maladroit et fait de mauvais choix. Arthur Mineur se raconte lui-même de façon très drôle à l’image de son apprentissage de la langue allemande et la joie d’être,enfin, dans un pays dont l’auteur parle la langue – du moins le croit-il- ses propos se terminent ainsi :

Toujours est-il que Mineur arrive à Berlin et se rend en taxi jusqu’à son appartement provisoire à Wilmerdorf en se jurant de ne pas parler un seul mot d’anglais durant son séjour. Bien sûr, le vrai défi est de parler un mot d’allemand.
Il s’amuse beaucoup et nous fait sourire à propos de toutes ses approximations dans la langue de Goethe, il n’hésite jamais à souligner le ridicule dans lesquelles ses différentes maladresses le mettent souvent. Comme l’image de la couverture  : sa carte magnétique n’ouvrant plus la porte de son appartement, il entreprend de passer par le balcon ! Il scrute avec précision la moindre de ses réactions en particulier sur sa place en tant qu’écrivain. Est-il un écrivain important ? Il n’en est absolument pas certain, d’autant qu’il a vécu pendant longtemps avec un génie de la poésie américaine et qu’il sait bien que lui n’est pas un génie. Et puis il y a cette barre des cinquante ans qu’il doit franchir pendant son périple, on voit alors le problème du vieillissement pour un homme dont la jeunesse a été le principal atout de séduction. La lecture est rendue plus difficile par le changement de narrateur, sans prévenir le lecteur on ne sait jamais si c’est Arthur d’aujourd’hui qui prend la parole ou Mineur l’écrivain connu pour un premier roman et à qui a-t-il donné la parole au dernier chapitre ? je ne peux vous le dire sans dévoiler la fin. Je ne suis pas enthousiaste à propos de ce roman et contrairement aux lectrices du club, je n’aurais certainement pas mis de coup de cœur mais c’est un roman original très agréable à lire.

Citations

Humour

Mineur n’est pas vraiment connu en tant que professeur, de même que Melville ne l’était pas vraiment en tant qu’un inspecteur des douanes. Et pourtant, les deux hommes occupent respectivement ces fonctions.

Un hommage à la traductrice

Mineur se met à imaginer (tandis que le maire marmonne toujours son discours en italien) qu’on a mal traduit, où – comment dire ?- qu’on a comme « super-traduit » son roman, confié à un poète de génie méconnue (elle s’appelle Giulliana Monti), qui a réussi à faire de son pauvres anglais un italien stupéfiant. Son livre a été ignoré en Amérique, on en a à peine rendu compte, sans qu’un seul journaliste ait demandé à l’interviewer (son attaché de presse lui a dit : « L’automne est une mauvaise période »). Mais ici, en Italie, il se rend compte qu’on le prend au sérieux. Et en automne, de surcroît. Pas plus tard que ce matin, on lui a montré des articles de la « Républica », du « Corriere della Serra », de journaux locaux et de revues catholiques, avec des photos de lui dans son costume bleu, fixant l’appareil du même regard bleu saphir, naturel et inquiet, qu’il avait lancé à Robert sur cette plage. Mais la photo devrait être celle de Giuliana Monti, c’est elle, en fait, qui a écrit ce livre .

L’humour et la sexualité

Mais leurs rapports sexuels n’était pas idéaux : Howard était trop directif.  » Pince-moi là ; oui c’est ça ! Maintenant, touche-moi là ; non, plus haut ; mais non, plus haut ! Non, plus haut, je te dis. » Mineur avait presque l’impression de passer une audition pour une comédie musicale.

Je vois bien la scène

Pendant qu’il patiente, une jeune femme en robe de lainage marron pollinise l’un après l’autre des groupes de touristes, avec les mouvements circulaires d’une sorte d’oiseau-mouche vêtu de tweed. Elle se penche sur un bouquet de chaises, pose une certaine question et, mécontente de la réponse, s’élance à tire-d’aile vers un autre groupe.

 

Édition Payot et Rivages . Traduit de l’anglais par Geneviève Doze

Comme la Souris Jaune , je ne sais plus qui a glissé ce roman d’Elizabeth Taylor dans ma bibliothèque, ni quelle impulsion j’ai suivie pour l’acheter , ni même si je l’ai vraiment acheté. Mais ce roman était là, et, j’ai pris bien du plaisir à le lire. Ce n’est pas une lecture très facile, on se perd beaucoup parmi des personnages et j’ai dû me faire une fiche pour m’y retrouver. Le roman se situe en 1947 dans un petit port du sud de l’Angleterre. Le tourisme n’a pas encore repris et la station autrefois animée l’été a bien du mal à retrouver ses touristes. Nous suivons les déambulations d’un sous-officier de marine à la retraite, Bertram, qui veut se mettre à la peinture sans en avoir les capacités. En revanche, il a la capacité de rentrer en relation avec les habitants de la petite ville et avec lui, nous faisons la connaissance de Beth, l’écrivaine que l’auteure comprend certainement mieux que quiconque. Un peu absorbée par l’écriture de ses romans, voit-elle que sa meilleure amie Tory divorcée et mère d’un petit Edward qui est pensionnaire, a une relation amoureuse avec son mari Robert, médecin du village. Leur fille Prudence le sait et en est malheureuse, ainsi que Madame Bracey la commère qui tient une friperie avec ses deux filles qu’elle tyrannise. Mais plus que ces intrigues, c’est l’ensemble des petites histoires, la galerie des personnages dont aucun n’est caricatural et les réflexions sur la vie qui rendent ce livre très riche. Ce n’est pas une lecture passionnante, mais on se dit souvent « c’est si vrai ! ». Une fois que l’on a une cartographie précise des lieux : le phare, le pub, la friperie, la maison de Tory et la maison du Docteur, que l’on sait quel personnage nous parle, alors on est très bien dans ce roman. Le difficulté vient du style : c’est un livre avec beaucoup de dialogues et on passe d’un personnage à un autre sans savoir très bien pourquoi. À la fin, Beth mettra un point final à son roman, et Bertram aura fini sa toile qui est loin d’être un chef d’oeuvre. Gageons que le roman d’Elizabeth Taylor aura une meilleure postérité que la tableau de Bertram. La dernière phrase de « Vue sur Port » me semble une petite vengeance de l’écrivaine, mais à vous de me dire si vous l’avez comprise comme moi !

 

 

Citations

Erreur à propos de la vieillesse

La vie est la plus forte, songea-t-il. Elle est source de souffrance tout au long de l’existence, et maintenant, le grand âge venant – dans son esprit, il allait toujours venir, jamais l’atteindre – on s’attend à trouver la paix, à ce que la curiosité une fois écartée, sa place soit prise par la contemplation, les abstraction facile, le travail. Coupé de tout ce qui m’était familier, dans un endroit inconnu, je pensais pouvoir réaliser tout ce dont j’avais rêvé et que j’avais voulu faire depuis ma jeunesse, lorsque j’étais aux prises à chaque instant avec l’amour, la haine, le monde, perpétuellement impliqué, engagé, enserré répare la vie. Alors je serai libéré, pensai-je. Mais à cet instant même, tandis que je suis ici depuis deux jours, voilà que la marée monte sournoisement, commence à me rejoindre, et je prends obscurément conscience que la vie ne connaît pas la paix, pas tant qu’elle n’en n’aura pas fini avec moi.

Un bibliothécaire haut en couleurs

Derrière le comptoir de la bibliothèque se trouvait un vieil homme, muni d’un tampon encreur et d’un grand timbre ovale, au moyen desquels il menait une campagne passionnée et bizarre contre la dégradation des mœurs. La censure qu’il pratiquait était toute personnelle.(…) Le bibliothécaire qui rendait des services inestimable au lecteur avait en tête certains critères bien établis tandis qu’installé là il parcourait les pages, tripotant le timbre d’une main. Il admettait l’assassinat, mais pas la fornication. L’accouchement (surtout si l’intéressée en mourait), mais pas la grossesse. L’on était autorisé à supposer qu’un amour était consommé pourvu que personne n’y prenne plaisir. Certains mots à eux seuls suscitaient immédiatement le recours au timbre. Les personnages était autorisé à crier « Ô Seigneur » à la dernière extrémité, mais pas « Oh, bon Dieu ! » « Sein ».ne devait pas être au pluriel. « Viol » plongeait le timbre en convulsions dans l’encre violette.

Une remarque étonnante au cours d’une conversation

– C’était notre maison de vacances.
-Mon mari aimait faire de la voile. Il avait tendance à être riche.
– Est-ce que cela continue, où est-ce terminé en ce qui vous concerne ?
-Il me donne de l’argent, comme il le devrait et le doit. On ne peut pas permettre à un homme de garder la beauté d’une femme pour lui jusqu’à ce qu’elle soit fanée et remettre ensuite sa compagne sur le marché sans qu’elle ait rien à vendre.

Réflexions d’écrivain

Je ne suis pas un grand écrivain, ce que je fais à toujours été fait auparavant, et mieux, songea-t-elle tristement. D’ici dix ans, personne ne se souviendra de ce livre, les bibliothèques auront vendu d’occasion tous leurs exemplaires crasseux et les autres seront disloqué, tombés en poussière. Et puis, en admettant que je fasse partie des grands, qui attache de l’importance à la longue ? Quelle différence cela ferait t-il aux gens qui déambulent dans les rues, si les romans de Henry James n’avaient jamais été écrits ? Ce serait le cadet de leurs soucis. Personne ne nous demande d’écrire : si nous arrêtons, qui nous implora de continuer ? Le seul bienfait qui en sortira, c’est assurément l’instant présent ou je me demande si « vague » vaut mieux que « faible » ou « faible » que « vague », et ce qui doit suivre, en alignant un mot après l’autre comme on assortit des soies de couleur, un genre de jeu.

But du mariage

Je suis arrivé à la conclusion que le vrai but du mariage, c’est la conversation. C’est ce qui le distingue des autres formes de relations entre relations entre hommes et femmes, ce qui vous manque le plus, bizarrement, à la longue : le déversement de petits riens jour après jour. Je pense que c’est le besoin foncier de l’humanité, beaucoup plus important que…la passion violente, par exemple.

Je suis d’accord

Oh, balivernes. C’est une commère fouineuse avec une langue très médisante.
– Aucun être humain n’est jamais aussi simple que ça. Il y a toujours autre chose en plus… sa curiosité a été bridée par les circonstances et s’est orientée dans des voies indignes…

 

 

Édition Feux croisés Plon . Traduit de l’anglais (États-Unis) par Karine Lalechère

Un roman peu banal sur un sujet qui démarre pourtant de façon si classique dans la littérature et hélas dans les faits divers américains  : Un jeune homme, Roy, marié depuis peu à la belle Celestial est accusé d’avoir violé une jeune femme blanche dans le motel où il passait la nuit . Sa femme a eu beau dire qu’il était auprès d’elle cela n’a pas empêcher un jury de le déclarer coupable et de lui infliger douze ans de prison. Il n’a rien fait mais il est noir et c’est donc suffisant. Cela pourrait être le sujet du roman mais pas vraiment. Les traitements qu’il a dû subir en prison et sa lutte pour prouver son innocence ne sont évoqués qu’à travers les courriers que s’échangent Roy et Célestial. Courrier qui est plus allusif sur ces sujets car tous les deux parlent surtout de leurs liens amoureux . Roy et Celestial se sont aimés mais leur couple ne résistera pas à la prison , les parents de Roy se sont aimés toute leur vie . C’est un bel exemple de couple américain uni pour la réussite de leur fils, enfin le fils de sa mère car son père, Big Roy, l’a adopté quand il a épousé Olive . Le père biologique jouera pourtant un rôle dans l’histoire de Roy. Les parents de Celestial parents fortunés feront tout ce qu’ils peuvent pour aider Roy à sortir de prison. Il est effectivement acquitté au bout de cinq ans mais sa femme l’a quitté pour son ami d’enfance André. Un roman passionnant car complètement en dehors des évidences sur la condition des noirs aux États-Unis, tout en nuances mais qui par la même m’a beaucoup touchée.

 

Citations

L’amour

Mais en te perdant j’ai appris une chose au sujet de l’amour. Notre maison n’est pas simplement vide. Elle a été vidée. L’amour se crée une place dans ta vie, il se crée une place dans ton lit. À ton insu, il se crée une place dans ton corps, détourne tes vaisseaux sanguins, bat juste à côté de ton cœur. Et quand il part, il laisse un trou.
Avant de te rencontrer je ne me sentais pas seule. À présent je me sens si seule que je parle aux murs et chante pour le plafond.

 

Être noir aux USA face à la justice

Ce calvaire n’aurait alors été qu’une histoire que nous lui aurions racontée plus tard, pour qu’il comprenne qu’il fallait être prudent quand on était un homme noir aux États-Unis. Lorsque nous avons décidé qu’il valait mieux avorter, d’une certaine manière, nous nous sommes résignés. Nous avons cessé de croire que je serais acquitté.

Humour de prison

C’est le destin de l’homme noir. Porté par six ou jugé par douze. 

 

Les femmes

L’immense générosité des femmes est un tunnel mystérieux et nul ne sait où il mène. Partout, il y a des indices qui sont autant de pièges et, quand on est un homme, il faut être conscient que la logique ne nous conduira pas nécessairement à la sortie.

 

Édition P.O.L

 

J’ai trouvé cette lecture chez « lire au lit » un blog qui propose des lectures originales et qui sont souvent éditées chez P.O.L. Comme cette blogueuse, je me suis attachée à Aymeric, le père du petit Jim, né d’une d’une maman, Florence qui mène sa vie un peu à « l’arrache ». Le roman couvre la jeunesse d’Aymeric et de Florence, puis raconte les dix ans de bonheur absolu pendant laquelle Aymeric sera le père de Jim, jusqu’au retour du père biologique. Ensuite, nous partageons la terrible souffrance de cet homme qui verra son « fils » partir au Canada avec ses parents biologiques. Aymeric et Jim se retrouveront, mais vingt ans plus tard et Jim aura beaucoup de questions à poser à ce père qu’il a tant aimé.
Résumé de cette façon, je ne sais pas si je vous donne envie de lire ce roman, pourtant c’est incroyable comme cette lecture m’a touchée. D’abord parce qu’on ne traite pas si souvent de l’attachement d’un homme pour un enfant jusqu’à penser à en être le père. Sans pour autant faire les démarches administratives qui officialiseraient le lien, pensant sans doute que le lien d’amour est plus fort que n’importe quelle administration. Ensuite parce que tous les personnages sont dans la nuance, trop sans doute, si Aymeric s’était plus imposé et avait plus rejeté Christophe le père biologique, il aurait sans doute moins souffert. Combien de fois dans ce roman, j’ai eu envie de lui dire : « mais réagis, impose toi , ne te laisse pas faire » . Comme il le dit si bien dans ce roman les conseils des autres qui ne vivent pas la situation sont souvent trop tranchants et n’aident pas à comprendre l’ensemble de la situation. Ces personnages sont des gens d’aujourd’hui ni en réussite particulière ni en échec, ils vivent dans une région que l’auteur aime profondément : le Jura. Une région de bois et de montagne, dans laquelle Pierre Bailly a ses attaches . Le centre du roman qui raconte l’enfance de Jim au milieu de la nature qu’il découvre grâce à son père et à une grand-mère qui vit dans une ferme au milieu des bois, est un moment magique. Comme tous les bonheurs, il y a des failles que le narrateur ne veut pas voir : est-il encore amoureux de Florence ? ou reste-t-il près d’elle pour élever leur (son) enfant ?

Le récit est très bien mené , le choix de la maman de le couper de ce père pour que l’enfant essaie de s’adapter au Canada est très logique mais que de dégâts derrière. Le personnage que je trouve le moins crédible mais aussi celui qui m’a le plus dérangé c’est Christophe le père biologique. Il n’a absolument pas voulu de cet enfant et a repoussé cette femme quand il a su qu’elle attendait un enfant de lui. Un terrible accident a tué sa femme et ses deux filles et c’est chez Florence qu’il vient se faire consoler. Il fallait bien un personnage pour le roman , mais lui je n’arrive pas à imaginer sa construction mentale.

Nous sommes aussi dans un monde que je connais peu, un monde où on va écouter des concerts pour tout oublier et la drogue aide bien dans ce cas. Je préfère et de loin quand le narrateur obtient le même résultat dans ses marches en montagne.

Un superbe roman et je me promets de lire les autres livres de cet auteur.

 

Citations

Psycho à la fac

En psycho que on devait être trois mecs pour deux cents filles. Je me souviens d’une soirée où j’ai dit à un type que je faisais psycho, il en est resté bouche bée pendant plus de dix secondes, estomaqué par ma réponse. Il a fini par s’exclamer : mais oui, t’as tout compris, toi, oh, le petit malin, en plus ça marche à ce que je vois, bien joué mon gars. Là, il regardait en direction de Jenny, et quand je lui ai annoncé qu’on se connaissait d’avant, qu’on ne s’était pas rencontré sur les bancs de la fac mais au collège, il a repris sa tête de poisson crevé. Il venait de trouver la seule raison pour un mec aller en fac de psycho finalement non, ce n’était même pas pour ça que j’y étais .

L’éducation d’un petit garçon aujourd’hui .

On avait beau avoir le souci, autant Flo que moi, de ne pas trop valoriser les codes masculin et de ne pas lui imposer des pratiques de petit mec, on avait beau l’encourager à s’autoriser à aimer la couleur rose ou tel jouet traditionnellement destiné aux filles, et j’insiste pour dire que je faisais ma part de boulot en la matière, et bien je ne pouvais pas m’empêcher de camper ce personnage de père qui bricole, de père qui n’a peur de rien, de père un peu brutal parfois .

Comment gérer une crise : les amis ne sont pas forcément les mieux placés .

Elle était au courant de tout, bien sûr, elle était encore plus remontée que moi. C’est toujours facile de s’emballer quand on est extérieur, on ne vit pas les choses, on n’est pas vraiment concerné, on ne souffre pas de la même manière, et puis on n’aura pas à assumer les conséquences de nos réactions et de nos actes, alors on adopte une position radicale, on joue les durs, et on ferait mieux de se taire, car on est souvent de mauvais conseil,

Édition Plon, feux croisés . Traduit de l’anglais Aurélie de Maupéou

Tout est dit avec ces deux coquillages : ce roman n’était pas pour moi ! Pourtant Keisha en avait parlé avec un tel enthousiasme, je n’avais donc aucun doute sur mon plaisir de lecture. C’est peu dire que je me suis ennuyée avec cette pauvre Frances . Cependant, tout le long de la lecture, je me tançais en me disant : « Si Keisha a aimé c’est qu’il y a quelque chose que tu ne vois pas allez continue ! ». Mais tout est triste fade et convenu dans ce roman et j’ai été bien soulagée de le terminer et d’aller bien vite m’en débarrasser. Voici le sujet : Frances est correctrice dans un journal, mais là il ne se passe rien mais alors, rien du tout. Si vous voulez en savoir plus sur le monde de la correction et vous amuser un peu, lisez l’excellent livre de Muriel Gilbert « Au bonheur des Fautes » . Les parents de Frances sont « ordinaires » et leur fille les aime en les méprisant quelque peu. Ce sont les quelques soirées chez eux qui sauvent un peu le livre, je suis toujours intéressée par les différences sociales et les préjugés qui vont avec. Frances est le témoin d’un accident mortel pour la femme d’un écrivain de renom Laurence Kyte. Commence alors les manœuvres pour cette pauvre fille un peu terne pour se faire aimer du grand écrivain. Et tant pis pour vous, je vais raconter la fin (ce livre m’a tellement énervée !) : OUI la correctrice anonyme va devenir l’épouse du grand Laurence Kyte . Elle va savoir se rendre indispensable pour les deux enfants dans un premier temps, puis saura se faire aimer par leur père. Tout est prévisible dans ce roman et jamais mon attention n’a été captée, il est possible que je n’étais pas d’humeur à me laisser porter par ce roman qui vaut sans doute mieux que ce que j’ai éprouvé. Et surtout, je vous recommande chaudement le blog de Keisha chez qui je trouve souvent des suggestions de lectures merveilleuses !

 

Citations

Le jardin de sa mère

C’est un jardin de très bon goût. Avec un minimum de couleur et d’odeur – ma mère considère que la plupart des fleurs sont vulgaires, or elle a une terreur profonde de la vulgarité, comme si celle-ci pouvait l’attaquer par surprise dans une ruelle sombre – mais une abondance de textures et de formes. À cette époque de l’année, tandis que le crépuscule s’épaissit, il semble plus triste encore que d’habitude.

Humour

Parfois, tout au moins en ce qui concerne ma mère, je soupçonne que le but réel d’avoir une famille consiste à avoir un sujet de conversation tout prêt quand elle croise madame Tucker au supermarché.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Édition Phébus , traduit de l’anglais par Jean buhler

Ce roman s’est retrouvé dans les propositions du club de lecture dans le thème : « écrivains américains ayant habité en France ». J’ai appris ainsi que Louis Bromfield a séjourné des dizaines d’années en France puis, il est retourné dans son Ohio natal pour y fonder une ferme écologique qui se visite toujours. Ce roman, je l’ai lu et relu dans ma jeunesse, j’adorais les passages où Mrs Parkington règle ses comptes avec les médiocres qui n’avaient pour eux que la richesse due à leur naissance. J’ai éprouvé un plaisir très régressif à le lire de nouveau. L’intrigue est bien menée : une riche héritière d’un mari peu scrupuleux qui a amassé une fortune considérable voit s’effondrer un monde basé sur l’appartenance à une classe sociale et qui se croit à l’abri des lois et du commun des mortels. Elle fera tout ce qu’elle peut pour sauver son arrière petite fille des retombées qui vont éclabousser son père qui a épousé la petite fille de Susie Parkington. L’auteur fait de constants retours en arrière qui nous permettent de revivre la vie de cette femme et expliquent pourquoi leurs enfants et petits enfants ont tant de mal à se sentir bien dans leur peau. Trop beaux pour ses fils, pas assez belle pour sa fille, mais dans tous les cas beaucoup, beaucoup trop riches, ils n’auront pas su être heureux. En relisant ce roman, j’ai pensé qu’aujourd’hui les requins de la finance n’ont guère été punis pour leurs actions qui ont ruiné tant de gens dans le monde. Il y a bien des aspects de ce roman auxquels je suis moins sensibles aujourd’hui et que je trouve même agaçants. La place de la femme, qui doit être belle, courageuse, soutenant son mari en toute occasion, et en même temps heureuse, on est loin des combats féministes ! L’idée que l’hérédité explique les difficultés des descendants : les « Blairs » étaient des originaux les enfants seront marqués un peu bizarres. En revanche, j’avais oublié à quel point ce roman était une critique du capitalisme américain et soutenait la politique de Roosevelt, le roman raconte la fin d’un monde fondé sur un capitalisme prédateur et l’arrivée d’un société plus humaine et plus honnête. L’auteur critique beaucoup les Américains qui croient que la naissance leur permettent d’appartenir à un monde au-dessus des lois, ce que je trouve un peu étrange car pour moi l’image de l’Américain est plutôt représenté par le « self made man ». Et finalement, je l’avoue, avoir de nouveau éprouvé de la sympathie pour cette femme extraordinaire même si je ne crois pas du tout que ce genre de personnalité avec toutes ces qualités puisse exister.

Plus qu’un jugement objectif sur ce roman, les cinq coquillages viennent illustrer tous les bons souvenirs que cette lecture m’a rappelés.

 

 

Citations

Sa jeunesse admirons au passage la nature féminine….

Susie ne manquait jamais de voir le soleil se lever, car sa mère et elle étaient toujours debout avant l’aube afin de préparer les provisions des hommes qui allaient travailler dans les mines. Il fallait emballer des sandwichs et verser le café dans des bouteilles. Active et précise dans ses gestes, la mère de Susie était jolie, avec ses petits yeux bleus et ses joues à se joue à fossettes. C’était une de ces femmes qui ont besoin de travailler sans relâche, de par leur nature même. Elle n’aurait pu se priver de fournir de grand effort physique. Susie connaissait aussi ce besoin dévorant d’activité, cette inquiétude qui ne l’eût jamais laissé en repos si son énergie n’avait été heureusement tempérée par une forte propension à la rêverie et à la contemplation.

Le personnage négatif de l’ancien monde

Ned avait peu d’expérience, mais il avait déjà rencontré assez d’individus de la trempe d’Amaury pour pouvoir les juger au premier coup d’œil. Ces gens-là croyaient être protégés par des privilèges spéciaux du fait de leur naissance et échapper ainsi aux lois qui régissent les actes de l’ensemble du peuple américain. Ils étaient nés dans cette période où le sentiment des valeurs avait été faussé, où l’on ne croyait qu’à la puissance de l’argent et où l’on négligeait complètement les qualités du cœur et de l’esprit.

Une phrase que je dédie à ceux qui sont toujours en retard

Toujours ponctuel, le juge Everett arriva à onze heures trente. L’exactitude est le propre des gens qui travaillent beaucoup. Seuls les oisifs peuvent se permettre de gaspiller le peu de temps qui nous est accordé pour vivre.

Réflexions sur un type de personnalité que je trouve assez juste

La pauvre duchesse, avec son visage blême et ses yeux pitoyables de tristesse, semblait demander l’aumône d’un peu de sympathie, mais dans l’instant qu’on lui accordait, elle la refusait contre toute attente et se cachait derrière l’écran de sa dignité blessé. Elle était triste comme seuls peuvent l’être ceux qui sont parfaitement égoïstes, ceux qui sont condamnés à souffrir toujours et partout, parce qu’ils ne veulent pas voir plus loin que les murs de la prison dans laquelle les tient enfermés le souci de leurs propres peines.