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L’avantage d’élargir sa blogosphère, c’est de trouver de nouvelles tentations : la lecture de ce livre je le dois à « Et si on bouquinait un Peu » qui signe ses commentaires « Patrice » sur mon Blog mais c’est Eva qui a écrit l’article qui m’a tentée. Son billet doit être bien fait car j’ai peu de goût pour les romans historiques et pourtant je n’ai pas hésité une seconde. J’espère donc, vous donner envie à mon tour. Cet auteur nous fait revivre un fait historique qui appartient à la face sombre du grand règne de Louis XIV. À la fin de son règne, ce grand roi devient bigot et révoque l’édit de Nantes. Pour le plus grand malheur des protestants installés en France qui avait gagné une certaine tranquillité et prospérité. La France s’est ainsi privée d’artisans industrieux qui ont fait la richesse des pays qui les ont accueillis.

La famille que Guillaume Vallade (fils cadet d’une bonne famille catholique) va aider à fuir la France travaille dans des tapisseries et sont « Lissiers » ou liciers . Il tombera éperdument amoureux d’Esther mais qui est mariée, elle lui confie sa sœur Jéhanne restée en France pour protéger leurs biens. Jéhanne a connu les dragonnades et toutes les horreurs que la soldatesque à qui l’on permet tout est capable de commettre sur une femme sans défense et d’origine huguenote . Guillaume, fis du plus grand bâtisseur de Versailles aurait dû connaître une vie facile, malheureusement, il sera la victime de la jalousie de sa belle sœur. Et c’est là que se situe le fait historique du « Congrès ». L’église dans sa version la plus stupide a organisé un procès pour prouver l’impuissance du jeune garçon, et annuler son mariage. La belle sœur compte ainsi faire de son fils le seul héritier des Vallade. Et donc, on oblige le jeune couple après moult examens de leur appareil génital de passer à l’acte devant une foule de médecins de gens d’église et de la partie adverse. On ordonne au présumé coupable de « Dresser, pénétrer, mouiller ».

Le roman évite tout passage voyeur, on est dans le drame de ce jeune homme chez qui ces investigations bloquent tout espèce de désir. Je ne veux pas divulgâcher ce roman, la fin est triste autant que le début. Le passage le plus tragi-comique, ce sont les discussions des médecins entre eux, Molière n’est vraiment pas loin, sauf qu’ici ces ânes savants ont entre leurs mains la vie et l’honneur d’un jeune homme et d’une jeune femme. L’absurdité des lois religieuses qui se mêlent de justice humaine sont révoltantes. J’ai beaucoup apprécié la façon dont cette fin de règne et les difficultés des uns et des autres sont décrites. Mais j’ai toujours les mêmes réserves pour ce genre de roman, j’aurais largement préféré lire le travail d’un historien que ce sujet . Qu’est ce que c’est que cette histoire de « congrès » ? Est-ce qu’il y a eu beaucoup de cas de couples obligés à s’exécuter devant témoins ? et le cas de ce Guillaume Vallade était-il lié aux Huguenots ?

Bref, je ne suis pas totalement en accord avec la partie romancée de ce texte mais très intéressée par la partie historique, tout en ne faisant pas complètement confiance au romancier pour la véracité des faits. Compliqué ! mais c’est ce que j’éprouve à chaque fois que je ne suis pas totalement bien dans un roman historique. Que ceux qui aiment le genre se précipitent et me disent ce qu’ils en pensent car c’est vraiment dans le style un bon roman même pour moi, la difficile.

Citation

La note est de moi, et malgré le moment tragique du récit, j’ai éclaté de rire en trouvant la définition

L’impuissant commet le plus affreux crime de mensonge ! j’accuse de stellionataires* et d’imposteurs ceux qui font supposer de fausses marchandises pour véritables. En commettant cette mystification ils deviennent faux-monnayeurs.

*Stellionataire qui commet un stellionat : fait de vendre un bien dont on sait ne pas être propriétaire (la note est de moi car j’avoue que je ne connaissais pas ce mot)

Opposition de deux conceptions de la religion

– Une femme doit comprendre ce que des confesseurs attendent qu’on leur réponde, murmura-t-il en surveillant qu’on ne l’entendait pas.

– De la religion d’où je viens, ce genre d’homme n’existe justement pas, dit-elle d’une voix qui sonnait.

– Hélas, madame ! Il est peut-être là, le fond de notre problème.

Une remarque tellement vraie

Je l’avais deviné dès qu’il est entré. Les porteurs de mauvaises nouvelles ne peuvent pas dissimuler longtemps le malheur dont ils sont embarrassés.

18 Thoughts on “Le congrès – Jean-Guy SOUMY

  1. je l’ai aperçu sur un blog et noté, tu te mets à l’histoire ?
    Attention ton lien du blog si on bouquinait ne fonctionne pas

    • et oui tu vois.. et merci pour ta remarque sur le lien, c’est corrigé maintenant, cela me fait plaisir de voir que les lectrices de Luocine suivent les liens, je le fais, moi-même, beaucoup car j’ai l’impression de flâner dans le monde virtuel et de prendre mon temps.

  2. Pour moi, c’est un excellent roman historique. On croule sous les romans historiques se déroulant au XVIIe siècle, on veut nous montrer la monarchie absolue, la toute puissance. Et on ressasse toujours les mêmes histoires de cour. Ici, tout est beaucoup plus subtil car l’auteur choisit de nous montrer les effets de cette monarchie absolue, appuyée sur l’Église, au sein même des couples et des familles : l’Église et le pouvoir royal peuvent s’immiscer au plus près de l’intimité, se glisser dans le lit des gens. C’est ça le vrai pouvoir absolu.
    Et je pense sincèrement qu’aujourd’hui, les auteurs de romans historiques font de très solides recherches avant de se lancer. Que certains aiment à scruter les interstices de l’Histoire, à débusquer des faits oubliés, des anecdotes incroyables. Il est toujours plus facile pour le grand public d’accéder à l’Histoire par le biais de la fiction. Libre ensuite aux lecteurs d’aller y voir de plus près. Et visiblement, Soumy t’a appâtée sur le sujet puisque tu as envie d’en savoir plus :-)

  3. l’article du blog de Patrice et d’Éva était très bien fait, et je suis sensible comme tout le monde en ce moment (je suppose) à l’intolérance religieuse et ses méfaits. L’histoire du « congrès » m’était totalement inconnu et c’est vrai, si bizarre que j’ai voulu lire le livre et comme toi je trouve que c’est un très bon roman.

  4. C’est révoltant cette histoire, mais de l’Eglise à travers les siècles rien ne peut me surprendre je crois. Je ne suis pas friande non plus de romans historiques, mais s’il est bien écrit pourquoi pas.

    • oui c’est bien écrit et si tu lis le commentaire de Sandrine tu vois qu’en plus il est assez original , c’est un roman à lire à mon avis. Qu’on aime les romans historiques ou comme toi et moi qu’on soit plus réservées sur le genre.

  5. A ton tour, tu m’as convaincu. J’aime bien les romans historiques mais après coupc’est vrai que je trouve que c’est trop romancée ( j’aime bien quand les auteurs indiquent leurs sources en notes de bas de pages etc…

  6. Moi aussi j’ai un peu de mal avec les romans historiques, ne sachant jamais ce qui est réellement historique de ce qui est romancé, et ça m’agace. J’ai souvent l’impression qu’il faut une grande connaissance historique pour être sûre de ce qui est relaté et j’en suis totalement démunie (de connaissances) !

  7. Voilà , tu dis très bien ce que je ressens et pourtant moi j’aime et je ne suis pas totalement ignorante en histoire , mais je veux connaître la partie véridique. Ici c’est tellement énorme que je trouve que ça méritait bien un roman assez réussi , dans le genre.

  8. J’aime beaucoup les romans historiques, alors pourquoi pas !

  9. je te comprends, je note quand même, un séjour à Versailles est prévu dans les prochains temps… :)

  10. J’ai été ravie de découvrir que mon billet a fait en sorte que quelqu’un n’appréciant pas particulièrement les romans historiques se penche sur Le Congrès ! :-) J’ai beaucoup aimé ce livre original, mais je suis d’accord avec toi pour le côté historique : j’aurais bien aimé, moi aussi, en apprendre plus sur les congrès, à quel point ils étaient répandus etc. Ca mériterait une ou deux pages à la fin du livre.
    Encore merci pour ton avis et au plaisir de partager d’autres titres !

  11. J’allais écrire que malgré tes quelques réticences, le sujet me passionnant, j’allais quand même noter ce titre. A la suite du commentaire de sandrine, c’est chose certaine ! Et puis, je ne sais pas si tu n’aimes pas les romans historiques, mais je sais que j’en ai déjà noté au moins deux chez toi, dont l’excellent « L’égaré de Lisbonne », très original aussi …. Alors, continue à ne pas aimer ^-^

    • Pour moi c’est un cran au dessous de « L égaré de Lisbonne » mais c’est quand même très intéressant. Quand on est difficile dans un genre et que l’on aime quand même , il s’agit souvent de livres avec un petit quelque chose en plus. Tu peux lire celui-la rien que pour te confronter une fois de plus à la violence de l’intolérance religieuse, à l’époque elle était catholique mais le principe est toujours le même et la femme toujours la victime.

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