Édition LA TABLE RONDE

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Qui aurait pu imaginer que je lise avec autant de passion une biographie de Jeanne d’Arc ? Sandrine et Dominique peut être, et d’autres sans doute, qui avaient mis des commentaires élogieux sur leur blog et qui semblaient prêts à se lancer dans cette lecture… Cet auteur a un don, chaque livre est un cadeau car ils nous transportent dans un univers qui n’est pas le nôtre et que pourtant nous connaissons. Quelles connaissances avais-je de Jeanne : Bergère à Domrémy … entend des voix … Pucelle… délivre Orléans… fait couronner le roi Charles VII à Reims… brûlée sur la place publique à Rouen. C’est peu ! mais si on réfléchit, c’est déjà beaucoup. J’en sais beaucoup moins sur Charles VII qui pourtant a été roi de France. J’ai détesté les statues la représentant que je voyais dans les églises du temps de mon enfance et encore plus sa récupération par un parti qui n’a guère ma sympathie.

Malgré toutes ces remarques, je savais que je lirai cette biographie puisqu’elle avait été écrite Par Michel Bernard dont j’ai tant aimé « Les forêts de Ravel » et  » Deux remords de Claude Monet« . Aucune réserve sur ce roman qui a été couronné du prix du roman historique en 2018. Il nous plonge au XV°siècle dans une époque terrible pour la France, les Bourguignons sont alliés avec l’Angleterre et ces deux puissances réduisent le royaume de France à un très petit territoire. C’est dans ce contexte, très bien rendu par l’auteur que s’inscrit l’épisode de Jeanne d’Arc, qui par sa bravoure et son assurance a rendu le courage aux troupes du roi. C’est raconté avec une économie de moyens étonnante, ce qui fait la preuve qu’un bon roman historique n’a pas forcément besoin de milliers de pages pour faire comprendre beaucoup de choses même si la situation est complexe. Le plus frappant chez Jeanne, c’est sa détermination, et le fait que grâce à cela elle s’impose à tous ceux qui l’ont connue de près même les horribles soudards chefs de guerre. Les autres traits de son caractère même s’ils nous étonnent aujourd’hui sont plus ordinaires pour son temps : son immense piété qui s’accorde bien avec celle de son roi, son courage et sa bravoure au combat, à cette époque, on se tue et on se fait tuer avec plus ou moins de panache. Mais là, il s’agit d’une femme enfin d’une Pucelle, c’est à dire un peu plus qu’une enfant et un peu moins qu’une femme. Une femme héroïne de guerre et dominant les hommes, il y a peu d’exemples dans l’histoire de l’humanité et en plus elle a permis à la France de retrouver son énergie pour bouter les anglais hors des frontières de son pays. Elle a mal fini, certes, mais quand même un court moment on a pu croire que la domination (nom féminin) pouvait changer et devenir l’apanage des femmes.

 

Citations

Première rencontre avec Baudricourt

Des folles, des illuminées, il en avait vu des dizaines depuis quinze ans qu’il commandait la place au nom du roi, mais comme celle-là, qui non seulement lui demandait une lettre de recommandation et une escorte pour la conduire sur la Loire, auprès de son souverain, mais prétendait qu’il lui donnerait, à elle , cette gamine, l’armée à conduire, ça jamais il n’avait connu. Les extravagants couraient les rues et la campagne en ces temps calamiteux. La guerre, la famine et les épidémie les faisaient sortir de nulle part, pulluler et brailler sur les places les carrefours et jusqu’aux porches des églises, chaque fois en se réclamant de Dieu, de la Vierge et de tous les saints.

Le portrait de Jean d Orléans

Jean d’Orléans l’avait vue à Chinon et il avait encouragé le roi à l’écouter et tenter le coup. Il n’était pas sûr qu’elle parviendrait à délivrer la ville, mais sa promesse, en versant l’espoir dans le cœur des gens, l’aidait à tenir. C’était déjà ça. Le roi lui avait confié la défense de ces murs. C’était son affaire, puisque le fief de la famille se trouve et là, et que Charles d’Orléans et son autre demi-frère étaient détenus en Angleterre. Il n’avait que 27 ans, mais c’était aussi l’âge du roi. Assez vieux pour s’être beaucoup battu, il avait non seulement du courage, chose commune chez les gens de guerre, mais de l’instruction, du jugement et de la mesure. Sa bâtardise empêchait que lui soit donné le commandement de l’armée, mais il avait l’estime du roi et de ses pairs qui cherchaient ses avis. Lui aussi avait décelé dans la paysanne de Domrémy ce qui faisait le plus défaut en France, la foi, le désintéressement et le sens d’une grandeur retrouvée. 

Des formules bien trouvées

Le commandant de l’armée anglaise Lord Glasdale, était préoccupé. Les affaires prenait mauvaise tournure. Mécontents de leurs alliés, les Bourguignons avait retiré leur force du siège à la fin de l’hiver. L’entente entre les deux puissances, celle qui faisait bouillir le bœuf et celles qui le mouillait de vin rouge, s’était refroidie.

Un autre portrait et un soldat vaincu par le charme de Jeanne d’Arc

La Hire, de la gueule dirigeait sa compagnie, des yeux suivait sa Pucelle et le grand guerrier qu’il avait dévolu à sa sauvegarde. Le capitaine le plus brutal de l’armée française se montrait le plus attentif à son intégrité. Dans la furie du combat, s’il la savait près de lui, il ravalait ses jurons, ce qui lui coûtait plus que de renoncer à achever un Anglais à terre. Cela aussi, au nom de Dieu, elle l’avait interdit

L’aspect très religieux de Jeanne et de l’époque

Dans cette petite ville sur le Cher , en lisière de la forêt de Sologne, se trouvait une des grandes abbayes du royaume. D’Alençon considérait l’appui logistique que les moines pourraient apporter à un grand rassemblement d’hommes et de chevaux , Jeanne pensait au soutien spirituel que les saints hommes dispenseraient à une armée de pêcheurs. La débauche ne pourrait se donner libre cours dans un pays bâti et labouré par les hommes de Dieu. C’est par la vertu que nous vaincrons, répétait Jeanne, car c’est elle qui donne au bras sa force et à l’épée son tranchant.

16 Thoughts on “le bon cœur – Michel BERNARD

  1. Je suis comme toi : toujours très enthousiaste à la lecture de Michel Bernard. Comment se fait-il qu’il ne soit pas plus connu ? Mystère…

  2. Il faut que je découvre cet auteur, décidément !

  3. comme Kathel, c’est surtout le nom de l’auteur qui m’interpelle parce que je veux le lire depuis longtemps. Tu confirmes avec ce titre. (remarque qui ne sert à rien : ma fille de 10 ans voue une grande admiration pour Jeanne d’Arc… je trouve ça étrange !^^)

    • Est ce que ta fille entend des voix,elle aussi. Si elle n’en entend pas rassuré toi ça lui passera mais fais lui lire ce livre il est excellent.

  4. je te suis à 100 % j’ai lu maintenant tous ses livres et je suis sous le charme et l’intérêt permanent
    j’ai commencé avec Maurice Genevoix puis son livre sur Monet
    Pour Jeanne j’y suis allée sans trop y croire et je suis tombée sous la plume de l’auteur avec bonheur
    j’ai fini pour le moment avec les Forêts de Ravel dont l’envie m’est venue chez toi et je ferai un billet à la rentrée : j’ai énormément aimé
    un auteur rare dont tous les livres me plaisent, un auteur discret et trop peu mis sur le devant à mon goût

    • Les « forêts de Ravel » est mon préféré mais c’est aussi mon premier roman de lui. Et puis il m’a fait découvrir un artiste d’une telle beauté d’âme que j’ai carrément adoré le livre de bout en bout.

  5. Je ne lis pas de biographies ou peu, je ne connais donc pas Michel Bernard… Faut-il que j’y remédie?

    • Pour moi oui , car c’est avant tout un grand talent littéraire. Et une telle discrétion qu’il se cache derrière l’œuvre d’un autre artiste.

  6. keisha on 12 août 2019 at 13:56 said:

    Hé bé là je craque! Je sais que l’auteur a ses fans (et j’ai tendance à les écouter)
    Sinon Jeanne est bien sûr passée par chez moi et aurait logé à l’hôtel sur la place…

  7. Bon, j’habite la ville où elle a été brûlée, alors .. elle est incontournable ici Jeanne. J’ai commencé le livre à « lire à la plage » il y a deux semaines, mais le principe, c’est que tu ne repars pas avec .. il faut donc que je l’emprunte maintenant à la bibli. J’ai énormément aimé ses écrits sur Ravel et Monet.

  8. Bonjour Luocine, je ne connais pas du tout cet écrivain. Je note d’autant plus que le Moyen-Age est une période m’intéresse beaucoup. Bonne après-midi.

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