J’avais tellement apprécié « les forêts de Ravel » que je me suis précipitée sur ce roman. C’est encore une fois Sandrine qui m’a fait noter son arrivée dans une rentrée littéraire trop encombrée pour moi. Michel Bernard a deux talents, il sait décrire la guerre dans toute son horreur et les sentiments patriotiques qui conduisent des hommes jeunes à risquer leur vie. Et cet auteur sait aussi raconter la création artistique. Le premier remord de Monet, c’est l’histoire de ce jeune talentueux, courageux et très beau Frédéric Bazille qui est mort pendant la guerre de 1870, alors que Monet est réfugié à Londres loin des tumultes des armes. Frédéric Bazille c’est ce grand jeune homme allongé sur ce tableau.
Le début du roman commence par la quête du père de Frédéric, il veut retrouver son fils, Michel Bernard nous décrit, alors, ce qu’a représenté cette défaite de la France. Une armée mal préparée, une république toute neuve qui n’a pas pu se défendre des soldats prussiens qui venaient de vaincre Napoléon III. La quête de ce père, fou de chagrin, à travers le pays dévasté, puis son retour sur ses terres avec le corps de son fils pour qu’il soit enterré dignement est bouleversant. On retrouve le talent de cet écrivain pour nous parler de la guerre comme il l’avait fait pour raconter celle que Maurice Ravel a faite en 14-18.
L’autre qualité du roman de Michel Bernard , c’est de nous faire partager l’élan créateur de ce peintre. Et ce sera le second remord de Monet que son amour pour Camille dont il a laissé de nombreux portraits . L’écrivain cerne au plus près les sensations du peintre et nous comprenons peu à peu les forces qui l’ont poussé à créer toute sa vie. Le roman suit l’artiste à Londres, à Argenteuil, sous le soleil, sous la neige, il épouse les différents moments de la vie de Monet et nous retrouvons des tableaux si célèbres et tant de fois admirés. Comme celui-ci dont j’ai toujours trouvé la lumière si belle :Puis viendra, pour Monet, le moment des séries et toujours la remise en question de son travail que ce soit à travers les peupliers, la cathédrale de Rouen. Je crois qu’après avoir lu ce roman, on comprend mieux la quête de la lumière pour les peintres en particulier les impressionnistes. Et quel superbe final que cette réalisation de son jardin de Giverny et sa séries des nymphéas. Monet a réussi sa vie, je ne sais toujours pas s’il a eu des remords mais ce qui est sûr, c’est qu’il a offert à la France une oeuvre magistrale à laquelle Michel Bernard rend un très bel hommage.
Citations
Les phrases que j’aime lire
Les cyprès, lanternes des morts au soleil de la Méditerranée, fusaient au-dessus des murs du cimetière.
L’élan patriotique
Les armées prussiennes étaient entrées en France et marchaient sur Paris. Cela avait décidé Frédéric, le doux rêveur Frédéric, à s’engager. Il avait lui aussi trouvé stupide ce conflit, stupide ce régime à bout de souffle, stupides ces généraux carriéristes ressassant les nostagies impériales. La défaite et l’invasion changeaient tout. Le pays était malheureux, la France était blessée, il fallait faire son devoir.
La création des nymphéas
Les teintes glauques, où les effets de lumières assourdis mêlaient l’air et l’eau, baignaient voluptueusement le regard blessé du peintre. Une autre dimension des choses vivantes lui apparaissaient qu’il n’aurait pas su voir quand il était jeune. Elle était supérieure, il le sentait, parce qu’elle lui apportait une certaine sérénité dans la contemplation. Il avait fallu la longue préparation d’une vie pour l’atteindre et le comprendre. Il y a vingt ans, il avait deviné que quelque chose était là, qui l’attendait, mais c’était encore trop tôt. Impatient, tumultueux et désordonné, il s’était prématurément jeté à la conquête de ce qu’il fallait encore attendre. Maintenant, devant ses yeux usés, un monde intermédiaire s’ouvrait, neuf pour lui et vieux comme la Création.
Je suis ravie que ce titre-là t’ait plu aussi. Et je pense que Michel Bernard a plus de deux talents ;-)
J’aurais dû dire deux talents exeptionnels? Je ne veux pas mettre de limites à son oeuvre.
Je n’avais pas vu ton billet. Une très belle lecture qui m’a fait entrer plus avant dans l’intimité du peintre et me l’a rendu nettement plus proche (et attachant).
J’ai beaucoup aimé ton billet, et je savais que tu aimerais ce roman car tu as la chance de bien connaître Giverny.
Ce livre me semble magnifique… Merci pour ce retour…
C’est une biographie romancée très bien écrite et qui rend compte de la création artistique.
Mais Aifelle en parle justement aujourd’hui! Beau roman on dirait.
Oui, un ecrivain qui a une très belle plume.
J’aime ton billet illustré de cette manière. Je ne connais pas cet auteur et je n’aurai certainement pas fait attention à lui si tu n’en avais pas parlé… Je note
J’ai beaucoup aimé « les forêts de Ravel » donc j’étais plus attentive. J’ai préféré le premier , pas tant pour le talent littéraire qui est réel dans les deux romans , mais j’ai beaucoup apprécié la personnalité de Ravel.
Entre Aifelle et toi je me sens totalement prise au piège mais c’est un bien bon piège
je n’ai pas lu le livre sur Ravel sans doute parce que le musicien m’attire peu mais là je succombe donc dès demain direction la librairie puis le cinéma pour rester côté peinture et voir Cézanne et moi
Tant mieux , j’aimerais bien lire ton avis.
J’étais assez sceptique au vu du sujet… mais je pourrais bien changer d’avis ! Je note dans un coin de ma tête !
Unpetit coin plein de lumières …..
Je vois que nous sommes nombreuses à être un peu « submergées » par l’effet rentrée littéraire. Pas toujours facile de s’y retrouver. Enfin, c’est un billet bien tentateur que tu proposes. J’aime beaucoup les liens littérature/peinture, alors, forcément… Et c’est la première fois que je vois ce roman qui doit être caché par les auteurs plus connus !
Non mais, c’est une coalition !!!! Moi qui m’étais jurée de ne pas acheter de livres de cette rentrée littéraire, pour moi aussi trop encombrée, voilà que Ys m’a déjà faite craquer avec « 14 juillet » et que tu t’y mets avec ce titre ! Je note le livre sur Ravel aussi, tant que j’y suis ….
J ai noté aussi 14 juillet, je succombe facilement.
Très très tentant ! Et ce tableau sous la neige, quelle lumière !
C’est mon tableau de Monet préféré.
Je le note comme cadeau de Noël pour ma mère qui aime beaucoup Monet (moi aussi d’ailleurs). Comme ça je pourrai lui piquer !
Si tu es en fond rajoute un petit livre de reproductions de Monet , c’est agréable de se référer aux tableaux quand l’auteur en parle.
Auteur inconnu pour moi, c’est donc avec plaisir que je note cette référence ainsi que le livre sur Ravel !
J’ai une préférence pour son livre à propos de Ravel. Mais c’est surtout un très bon écrivain.
Un sujet qui me tente beaucoup. Et ton avis enfonce le clou.
Alors on verra peut être un billet sur ton blog?
repéré à l’instant chez Aifelle, il me tente beaucoup beaucoup !!!
Avis positif pour un beau livre. Un beau billet. Merci.