Édition Sonatine. Traduit de l’anglais par Julie Sibony 

Tout est faux dans cet excellent roman , même ma classification. Non ce n’est pas tout à fait un roman policier, non Saint-Louis dans le Haut Rhin n’est pas la ville de province sinistre que le personnage Manfred Baumann se plaît à nous décrire, non, la préface que j’ai lue -sans rien trop la comprendre au début- ne dit pas la vérité sur l’auteur sauf sans doute cette citation de Georges Simenon dont je n’ai pas eu le temps de vérifier l’authenticité

tout est vrai sans que rien ne soit exact.

Je ne peux tout vous dire sur ce roman incroyablement bien ficelé sauf qu’on y boit beaucoup -et pas que de l’eau-, qu’il décrit avec beaucoup de talent les ambiances des habitués dans les bars restaurants de province et que vous connaîtrez petit à petit Manfred Baumann, cet homme torturé et enfermé dans des habitudes qui lui servent de règles de vie. Le coiffeur et d’autres habitués fréquentent régulièrement le café restaurant « La cloche » ici tout le monde connaît, Baumann comme directeur de l’agence bancaire sans rien savoir de lui.

 

Le policier l’inspecteur Gorski, a un point commun avec Manfred Bauman, mais comme ce point n’est dévoilé qu’à la fin, je ne peux pas vous en parler sans divulgâcher l’intrigue. Les deux personnages n’ont rien de remarquables sinon qu’ils sont tous les deux issus de cette petite ville et qu’ils ont peu d’illusion sur l’humanité. Le policier a plus de cartes dans sa manche et surtout une fille Clémence qui lui donne le sourire, pour sa femme, qui appartient au milieu chic de Saint-Louis c’est plus compliqué et ce n’est pas certain que son mariage tienne très longtemps. Manfred, lui aussi, vient des quartiers chics mais il a été orphelin très jeune et a été élevé par un grand père qui ne l’aimait guère. Les femmes sont un gros problème pour lui, et il est heureux dans son café en « reluquant » le décolleté d’Adèle Bedeau, celle qui disparaît . Il s’enfonce dans un mensonge qui fera de lui un coupable possible et les bonnes langues du café ne vont pas tarder à se délier. C’est un roman d’ambiance où chaque personnage est décrit dans toute sa complexité, où la vie de cette petite ville nous devient familière, mais dans ce qu’elle a de sombre et d’ennuyeux, c’est sans doute ce qu’on peut reprocher au roman, je suis certaine que l’on peut être joyeux et insouciant à Saint Louis dans le Haut Rhin. Pour conclure c’est un livre que je recommande chaudement (malgré l’ennui qu’a ressenti Gambadou) à tous les amateurs de romans policiers, et à tous ceux qui n’apprécient pas ce genre ; je ne suis donc pas étonnée qu’il ait reçu un coup de cœur à notre club de lecture.

 

Citations

Propos masculin

 Petit et Cloutier, bien que tous deux mariés, parlaient rarement de leur épouse et, quand ils le faisaient, c’était toujours dans les mêmes termes péjoratif. Lemerre, lui, n’avait jamais pris femme. Il déclarait à qui voulait l’entendre qu’il était « contre le fait d’avoir des animaux à la maison ».

Le décor

Bref, les gens de Saint-Louis sont exactement comme les gens d’ailleurs, que ce soit dans les petites villes tout aussi ternes ou nettement plus clinquantes.
 Et comme les habitants de n’importe quel autre endroit, ceux de Saint-Louis ont une certaine fierté chauvine de leur commune, tout en étant conscient de sa médiocrité. Certains rêvent d’évasion, où vivent avec le regret de n’être pas partis quand ils en avaient l’occasion. Mais la majorité vaquent à leurs affaires sans prêter grande attention à leur environnement.

le Policier

Ce qui l’ intéressait n’était pas tant dans le fait que quelqu’un mente que la façon dont il le faisait . Souvent , les gens allumaient une cigarette ou s’absorbaient un peu brusquement dans une activité sans aucun rapport avec le sujet . Ils n’arrivaient plus à soutenir son regard . Des femmes se tripotaient les cheveux . Les hommes , leur barbe ou leur moustache .

2 Thoughts on “La disparition d’Adèle Bedeau – Graeme MACRAE BURNET

  1. Je ne suis pas un grand fan de policiers mais l’ambiance que tu décris me parle alors pourquoi pas.

  2. Tu sais que je n’aime pas trop les polars… alors, il faudra qu’il me tombe dans les bras.

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