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Et oui ! le père Noël parisien qui commençait à souffrir de me voir monter les marches des appartements perchés dans les étages – à Paris, on doit choisir entre plus de surface et moins d’ascenseur !- a eu l’ idée de m’offrir un Kindle !

J’entends déjà toutes vos dents grincer ! Comment un Kindle, mais ne sait-elle pas qu’elle va en s’alliant à « A—–N », détruire un peu plus le réseau des librairies de quartier. Si j’étais malhonnête , je me cacherais derrière le père Noël et nierais toute responsabilité dans ce choix ( ce qui est vrai !) mais bon , je l’ai quand même essayé. Ne serait-ce que par politesse ! Un cadeau, c ‘est un cadeau.

Vous attendez tous et toutes mon verdict ! Je vais encore faire grincer des dents ! C’est tout simplement merveilleux ! J’explique : je n’ai, pour l’instant, chargé que des livres gratuits d’où « le rouge et le noir ». Je l »ai donc relu ce que je n’aurais jamais fait sans ce cadeau. Le confort de lecture est… total, et, surtout pour moi qui ai trop tendance à faire confiance à ma mémoire, ce format oblige une lecture très attentive : je n’ai rien zappé ce que je fais facilement quand je sens que je l’ai déjà lu.

J’ai été sidérée par tout ce que j’avais oublié de ce diable de Stendhal. Dans mes souvenirs, « Le rouge et le noir » était surtout un superbe roman d’amour , j’avais oublié toute la critique de la société de l’époque. En particulier de la religion. La description de la formation des séminaristes est irrésistible, c’est à la fois drôle, triste et sans doute, tellement vrai. Il est si difficile de cacher son intelligence et essayer d’épouser un modèle social quel qu’il soit lorsqu’on a un sens critique développé c’est une cause vaine aujourd’hui encore.

Bien sûr, j’ai relu avec plaisir la scène où Julien retient la main de Madame de Rénal sous les yeux de son mari à la faveur de l’obscurité d’une belle soirée d’été. Je crois que ce passage était dans mon Lagarde et Michard, je n’en suis plus si sûre mais je n’ai pas oublié mes premiers émois érotiques que j’avais ressentis à l’époque. En le relisant, l’émotion est toujours là et je suis certaine que « le rouge et le noir » peut toucher les adolescents de notre époque , je me demande même si ce n’est pas le romancier du 19° qui a le moins vieilli.

Une chose m’a amusée que j’avais complètement oublié, de temps en temps Stendhal intervient directement dans son roman et prend à partie son lecteur. Il dit parfois (en substance) : maintenant que vous avez compris je ne vais pas continuer à vous expliquer ! Roman à lire et à relire, pas forcément en format Kindle encore que… C’est sûrement grâce à ce format que ma lecture a été si attentive et donc, comme il s’agissait de Stendhal, si pleine de plaisir. Alors merci Morgan (mon père Noël de cette année).

Citations

 Et vlan pour ceux qui sont si fiers de leur mémoire

 Avec une âme de feu, Julien avait une de ces mémoires étonnantes si souvent unies à la sottise.

 La supériorité de la nécessite sur l’intelligence et le talent de Stendahl :

Après une conversation savante de deux grandes heures , où pas un mot ne fut dit au hasard , la finesse du paysan l’emporta sur la finesse de l’homme riche , qui n’en a pas besoin pour vivre.

L’imaginaire et le réel

Égaré par toute la présomption d’un homme à imagination , il prenait ses intentions pour des faits , et se croyait un hypocrite consommé . Sa folie allait jusqu’à se reprocher ses succès dans cet art de la faiblesse.

 La vocation religieuse

Le reste des trois cent vingt et un séminaristes ne se composaient que d’êtres grossiers qui n’étaient pas bien sûrs de comprendre les mots de latins qu’ils répétaient tout le long de la journée . Presque tous étaient des fils de paysans, et ils aimaient mieux gagner leur pain en récitant quelques mots en latins qu’en piochant la terre. 

 J’adore cette phrase, elle me fait penser à des gens que je connais qui savent d’où vous venez si vous utilisez le verbe « manger » à la place de « déjeuner » ou « dîner »

Au séminaire , il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote.

 La noblesse

Il y avait trop de fierté et trop d’ennui au fond du caractère des maîtres de la maison ; ils étaient trop accoutumés à outrager pour se désennuyer , pour qu’ils puissent espérer de vrais amis. Mais exceptés les jours de pluie, et dans les moments d’ennui féroce, qui étaient rares, on les trouvait toujours d’une politesse parfaite.

La peur de dire ce qu’il ne faut pas. Problème de censure et surtout de propos déplacés

Les jeunes gens qui venaient rendre des devoirs , ayant peur de parler de quelque chose qui fît soupçonner une pensée, ou de trahir quelque lecture prohibée, se taisaient après quelques mots bien élégante sur Rossini et le temps qu’il faisait.

 L ‘originalité à tout prix !

Je ne vois que la condamnation a mort qui distingue un homme , pensa Mathilde : c’est la seule chose qui ne s’achète pas.

Réellement mon mot a de la profondeur. La condamnation à mort est encore la seule chose que l’on ne se soit pas avisé de solliciter.

 


Éditions Marchialy, 331 pages, août 2024

Traduit de l’anglais par Julie Sibony

 

Le lecteur ouvre le livre sur une carte impressionnante où l’on peut voir les 350 vols commis par Stéphane Breitwieser entre 1994 et 2001 en France, en Allemagne, en Belgique et en Suisse.

L’auteur analyse avec une grande minutie la psychologie de ce voleur et de sa complice, leur originalité tient au fait qu’ils n’ont jamais revendu une seule œuvre, ils les ont juste exposées dans leur chambre au grenier de la maison de sa mère. J’ai détesté ce livre, à cause du personnage Breitwieser et j’ai du mal à en donner une opinion objective. (Mais, après tout, ce blog est le reflet de mes humeurs). Une de mes activités préférées, est de me promener dans de petits musées de province où, souvent, j’ai la surprise de découvrir, un tableau, une petite statue, un bel objet qui me font du bien quand je les regarde. Certes, je le sais ces petits musées avec peu de moyens sont faciles à cambrioler, c’était encore plus évident dans les petites églises de Bretagne qui offrent souvent aux visiteurs un statuaire dont la naïveté et la beauté m’enchantaient. J’emploi le passé car des abrutis comme ce voleur font que maintenant toutes les églises sont fermées et il y a donc des heures d’ouverture souvent peu pratiques. Ce qui a provoqué ma colère contre cet homme, c’est la justification qu’il donne pour expliquer ses vols  : pour bien profiter d’une œuvre, il a besoin de la regarder de près, autant de temps, qu’il le désire, de la toucher et de se réveiller chaque matin en la contemplant. Mais justement, c’est le but des musées : permettre au plus grand nombre, dont moi de pouvoir profiter d’œuvres qui, avant la révolution française, étaient uniquement dans les châteaux des nobles ou dans des demeures des grands bourgeois. Il a fallu une révolution pour que « le bas peuple » dont je fais partie puisse lui aussi profiter de la contemplation d’œuvres d’art.

Et … cette mère totalement abrutie qui a jeté ces chef-d’œuvre dans la Meuse et brûlé les petits tableaux que plus personne ne pourra contempler, juste pour disculper son fils chéri, cela me dégoûte .

Pour faire ma photo, j’ai recherché le genre d’objets que ce voleur mettait si facilement dans sa poche, ils n’ont rien de précieux mais je détesterais qu’on les vole car un voleur saurait mieux les apprécier que moi ! Je crois que je pardonne plus à celui qui veut se faire de l’argent, je ressens une humiliation aux motivations énoncées par Stéphane Breitwieser.

L’auteur éprouve une certaine admiration pour l’habileté de ce voleur sans jamais rendre sympathique le personnage, mais moi, depuis que j’ai refermé ce livre, je ressens une colère qui ne se calme pas.

Extraits

Début

 Alors qu’il s’approche du musée prêt à se mettre en chasse Stéphanie Breitwieser attrape la main de sa petite amie, Anne-Catherine Kleinklaus, et, ensemble, ils se dirigent tranquillement vers l’accueil, disent bonjour, un charmant petit couple. Après avoir payé deux entrées en liquide, ils commencent leur visite.

Le « gentleman » cambrioleur.

 Ce n’est pas comme ça que travaille Breitwieser. Si dépravé que puisse être la morale d’un criminel, découper ou casser délibérément un tableau devrait toujours être immoral. Un cadre, bien entendu, peut rendre une œuvre difficile à manier et donc à voler. Par conséquent, après avoir décroché un tableau du mur. Breitwieser le retourne et défait soigneusement au dos les attaches ou les clous afin de le séparer de son cadre, qu’il abandonne sur place. S’il n’a pas le temps pour une telle délicatesse, il préfère renoncer, et même s’il a le temps, il est conscient que l’œuvre désormais aussi vulnérable qu’un nouveau né, doit être protégé contre tout risque d’égratignure, de gondolage, de pliure, et contre la poussière. 
 Les cambrioleurs du Gardner, du point de vue de Breitwieser sont des sauvages : ils ont vandalisé gratuitement des œuvres de Rembrandt. « Rembrandt ». Virtuose de l’émission humaine et de la lumière divine (…. ) Comme la majorité des voleurs d’art, les cambrioleurs du Gardner n’avait en réalité aucun goût pour l’art. Ils n’ont fait qu’enlaidir le monde.

L’analyse de la personnalité de Breitwieser.

 Il n’est pas cleptomane. Même si le syndrome de Stendhal était une maladie reconnue, cela ne nous éclairerait guère sur ses crimes : de tous les cas recensés par la psychiatrie italienne qui a nommé le syndrome, aucun n’impliquait le vol d’œuvres d’art. Tout porte à croire que Breitwieser est atteint d’un grave trouble psychologique, une forme de folie criminelle. Anne-Catherine et lui ont commis des vols trois semaines sur quatre pendant six mois au bas mot, ce qui est insensé, et Breitwieser assure que ce rythme lui paraît naturel et parfaitement tenable, ce qui est encore plus. Peut-être qu’il pourrait être traité et guéri.
 Non répond le psychothérapeute Michel Schmitt il n’y a aucune psychose criminelle à traiter ni à guérir.
 

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Voilà ! Mes coquillages parlent pour moi, ce livre est une grande déception. J ai quelques difficultés à exprimer ce que j’ai ressenti pour plusieurs raisons
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  •  Ce livre est un cadeau que j’ai demandé, dans le cadre de l’opération match de la rentrée littéraire organisée par Price.Minister.
  • Un cadeau, on a toujours envie que cela plaise, c’est toujours plus compliqué à évaluer, mais c’est le jeu on doit même noter ce livre .

  • Mais pourquoi donc, suis-je allée vers ce roman ? J’avais lu des critiques élogieuses du premier livre de Maria Pourchet : « Avancer » sur des blogs que je lis régulièrement . (Comme celui de Keisha). Et, souvent, j’aime ce genre de regard acide sur notre société

  • Et enfin,cette écrivaine a l’art de la formule, c’est absolument certain.

    Alors ?

Tout ce livre m’a rendu triste et très perplexe. Pourquoi mettre son talent à décrire des gens qui n’en ont aucun ? Cela se passe dans le milieu « bobo » branché parisien. Tous ses personnages n’ont comme sujet de conversation que la critique acerbe des gens qu’ils connaissent et si possible de se faire les dents sur les plus faibles qu’eux. Le départ c’est une fête d’anniversaire surprise. Ressort souvent utilisé au cinéma , avec une petite variante, l’homme ne veut pas sortir et sa compagne ne pourra pas l’extraire de son canapé face à sa télé. Les invités, sur une terrasse en plein Paris, se morfondent en les attendant, et, l’alcool aidant ils dressent des portraits peu flatteurs des uns et des autres.

On est dans un monde du paraitre et de la formule qui fait mouche. L’auteure semble promener sa caméra dans un monde qui la dégoûte quelque peu, elle prend le lecteur à partie et raconte ses personnages comme si elle les disséquait plutôt que de leur donner vie. Son lecteur, peu à peu, s’attriste et se se demande , pourquoi Maria Pourchet s’intéresse à ces gens là , et si, elle même s’ennuie à les fréquenter , elle nous amène à éprouver le même sentiment. On a envie de fuir, la vie est ailleurs, ces bobos parisiens qui peuvent en une soirée dépenser en boisson un mois d’un bon salaire, ce n’est qu’une toute petite partie de notre société, vaut-elle un roman ?

Ma réponse est : en tout cas pas celui-là !

Citations

Scène avec l’homme du cinéma (Ariel) qui embrasse et tutoie tout le monde et qui attire ceux que la notoriété fascine

Toujours à propos d’Ariel, elle songea mufle, connard, frimeur, mais le garda pour elle.

On commençait à trouver curieuses ces démonstrations répétées d’affection de quelqu’un qui n’avait a priori besoin de personne, vis à vis d’un autre qui, en plus d’être anonyme, semblait se complaire dans le service.

 Portrait de Paul-chômeur (celui qui aurait dû être le héros de la fête) vu par sa femme

Commentant les liens, pas toujours clairs, qu’elle ne pouvait s’empêcher d’établir entre l’accès de Paul à l’emploi, leur accès à la propriété et son accès à la maternité, elle avait un peu insisté sur ce travail que Paul n’avait pas su conserver . Et ensuite sur tous ceux qu’il n’avait su prendre. Elle les avait évoqués un à un , rappelé les excuses que Paul avait trouvées, innovant chaque fois pour échapper au salariat, ou simplement à la rémunération . C’était trop loin, c’était trop peu, tel employeur avait mauvaise réputation , tel autre était sous alerte financière, untel avait la poignée de main humide. Les occasions que Paul ne voyait pas arriver, les offres qu’il ne sentait pas , les gens dont il se méfait, les gens dont il était sûr qu’ils se méfiaient. Toutes les proies lâchées pour autant d’ombres, pas même des ombres, des fantasmes.

 On en parle

Un blog que je ne connaissais pas, tenu par quelqu’un qui l’a lu dans le même cadre que moi : Stendhal syndrome