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Je sais, ce n’est pas une nouveauté, mais j’avais raté ce film à sa sortie alors je l’ai vu en DVD. Quel plaisir ! Tout est juste dans ce film pour une fois on ne brocarde ni le rural enraciné dans sa campagne et ses habitudes (tous les ans Royan avec les pompiers et Nice avec « la » femme,) ni le parisien qui fréquente les galeries à la mode et qui ne connaît rien aux réalités de la campagne.

Les deux personnages très bien joués par Daniel Auteuil et Jean-Pierre Daroussin. Dupinceau et Dujardin sont très attachants chacun dans leur vérité, ils ont été amis à l’école primaire et retrouvent immédiatement des liens très forts au-delà de leurs différences sociales.

Le film évite tous les clichés, les outrances, les charges trop faciles. Autant le jardinier est un magicien dans son jardin, autant il est déplacé partout ailleurs. La description des vacances à Nice est absolument extraordinaire : le plaisir de faire tous les ans la même chose, la même plage, la même promenade , le même hôtel… On sent bien que l’écrivain d’abord, le cinéaste ensuite n’ont pas réussi à bien comprendre ce bonheur si simple, mais il n’a pas voulu s’en moquer, simplement en témoigner.

J’ai revu deux ou trois fois le film, que j’avais trouvé un peu bavard la première fois maintenant, au contraire, j’apprécie tous les dialogues et j’ai hâte de lire le livre. Si j’aime ce film, c’est parce qu’il ne s’inscrit pas dans la veine du charme de la campagne. Il faut que je le dise tout net, je déteste la campagne, je ferai bien mienne la phrase de Céline :

« moi, d’abord, la campagne, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui mènent nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre, c’est à pas y tenir. »

Donc le romantisme du « bonheur est dans le pré » je regarde ça de loin, ici, il ne s’agit pas de ça, mais de l’amitié réelle entre deux hommes différents et qui se respectent l’un l’autre. Toutes les images sont réussies donc pas simplement belles comme l’est parfois la nature : je garderai longtemps en mémoire l’image du jardinier lorsqu’il peut se payer une mobylette neuve qui lui permet enfin de ne plus se faire ennuyer par le sale petit roquet qui lui court après en aboyant à chaque fois qu’il passe devant sa maison au risque de le faire tomber.

Si vous ne l’avez pas vu faites vous prêter le DVD : plaisir garanti.

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J’ai beaucoup hésité entre « c’est nul » : zéro coquillage, et « je n’aime pas du tout » : un coquillage. Tout est convenu dans ce film et tellement prévisible ! Je rajoute tellement cinéma américain dans le mauvais sens du terme, on est dans le cliché tout le temps, l’exagération, aucun vrai problème posé , tout en superficialité.Je me demande qui sera ému par la super-women qui dit en pleurnichant regretter de n’avoir pas su garder un compagnon plutôt que sa solitude active. Qui ? J’ai trouvé , toutes les femmes mariées qui sont malheureuses en couple, elles vont se consoler en se disant : c’est tellement pire sans nos tyrans domestiques ! !

Quant à l’approche du vieillissement (autre sujet du film) , je me demande qui à 60 ans achète un déambulateur, en prévision de… ! ! Bref, film à éviter ! Quand j’ai vu le nom de la réalisatrice, je me suis demandée si le fait d’être la fille de Costa, ne lui avait pas ouvert trop de portes sans qu’elle ait véritablement à faire ses preuves.

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 Je me suis inscrite au soleil d’or sur le blog de Christoblog , vous pouvez, vous aussi, participer, voici la liste et comme je fais tout bien j’ai commencé par le premier !

10 août : Melancholia de Lars Von Trier
17 août : La piel que habito de Pedro Almodovar
24 août : Les Bien-aimés de Christophe Honoré
31 août : La guerre est déclarée de Valérie Donzelli
7 septembre : Habemus papam de Nanni Moretti
14 septembre : La fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et et Bruno Romy
14 septembre : Crazy, stupid, love de John Requa et Glenn Ficcara
21 septembre : L’Apollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello
21 septembre : Restless de Gus Van Sant
28 septembre : We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay

Hélas, je ne sais pas si je vais finalement participer à l’attribution des soleils d’or car j’ai été, pour le moins, déçue par ce film et il m’en reste 9 à voir ! Le sujet de Melancholia : la dépression d’une femme et la fin du monde. Les images de la fin du monde sont superbes et pourquoi pas ? Oui pourquoi ça ne se passerait-il pas comme ça, ou autrement peu importe en réalité. Visiblement Lars Von Trier y croit à sa vision et hélas aussi à ses propos moralisateurs sur la terre : la terre est mauvaise et mérite de disparaître. La femme dépressive est très belle, sa dépression très esthétique.

Mais ce qui m’a le plus agacée, c’est le milieu social qu’il a choisi pour son film, une famille immensément riche (c’est mieux pour les décors) et tous complètement déjantés c’est mieux pour les regards et les sous entendus. Je pense que la fin du monde dans les quartiers surpeuplés c’est moins poétique mais tout aussi tragique.

Pour finir, (je sais c’est un peu facile) mais que Jack Bauer n’arrive pas à sauver la planète m’a fortement déçue :déjà je n’arrive pas à finir la saison 7, je ne peux plus faire confiance à personne ! Je dois dire que je suis restée jusqu’à la fin, ainsi que tous les spectateurs de Dinard, que le film tout en m’agaçant m’a quand même captivée c’est pourquoi il reçoit ses trois coquillages.

 On en parle

Article intéressant d’un blog queje ne connaissais pas : Sur mes brisées

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Deuxième film pour mon palmarès de cet été (voir le blog de Christoblog) et j’ai passé une excellente soirée. Bien sûr, ce n’est pas mon film préféré d’Almodovar. C’est un thriller et il lui manque l’émotion et la vie que l’on trouve habituellement dans les films d’un de mes réalisateurs préférés. J’ai lu et j’ai entendu que c’était un film raté, que les effets étaient convenus, et qu’on devinait trop vite la véritable identité de Véra et que la fin ne surprenait personne. Je suis en partie d’accord, d’autant plus que je n’aime pas beaucoup les thrillers en général et celui pas plus que d’autres, mais c’est tellement bien filmé que cela m’a permis de passer au-delà de l’aspect suspens, enquête.

Il faut dire que je suis une inconditionnelle de l’esthétique d’Almodovar. J’aime ses références aux autres films, ses clins d’œil m’amusent , et sa culture m’impressionne. Comme toujours ses acteurs sont excellents, et Antonio Banderas très, très beau. J’ai été amusée par le tour de force de sa bande annonce, pour la première fois vous pouvez regarder sans aucun problème la bande annonce, elle vous dit tout sans rien dévoiler du film.

Elle donne également l’impression que vous vivrez un thriller insupportable, alors que le film construit peu à peu la réalité de chaque personnage et il est même assez lent, je dirai trop lent. Encore un point positif, la très belle voix et la chanson que je réécouterai avec grand plaisir, (je n’ai pas encore trouvé le titre). Ces personnages sont, sans doute, moins crédibles que dans ses autres films, mais ils sont très éloignés des caricatures habituelles des thrillers que j’ai pu voir.

Je pense qu’aucun amateur des films d’Almodovar ne sera déçu, par contre les amateurs des thrillers risquent de l’être.

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Un réalisateur sympathique et un film grand public. Je ne peux pas dire que j’ai été complètement séduite par ce film, mais c’est un bon moment de cinéma. C’est aussi ça le cinéma un moment de partage dans une belle histoire. J’aime qu’on me raconte des histoires et dans un cadre aussi beau c’est agréable.

Mais voilà, j’aime bien aussi pouvoir croire à l’histoire, là c’est un peu facile. Les femmes musulmanes ne doivent pas exactement être dans cette situation là, je pense qu’elles participent beaucoup plus à leur asservissement. On n’a, d’ailleurs, que très peu d’exemples de leurs révoltes.

Je n’aime pas beaucoup raconter les films mais peut être n’avez-vous, encore, rien lu sur celui-ci. Il s’agit ici de femmes d’un village du Maghreb qui se révoltent car elles doivent aller chercher de l’eau alors qu’on pourrait l’amener au village par des canalisations. Elles font la grève du sexe pour que les hommes se bougent un peu.

Il y a un moment qui m’a fait sourire, c’est lorsque les touristes plein de bons sentiments viennent dans leur village. Le réalisateur qui était présent lors du film, a précisé que son film ne se veut pas une image de la réalité, mais un message d’amour. On le sent bien, il aime la vie et les êtres humains cet homme là. C’est ce que je disais un film sympathique allez le voir vous ne vous ennuierez pas.

Encore une remarque, je déteste la bande annonce, elle dévoile les meilleurs moments du film.

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5
J’avoue avoir du mal à mettre des coquillages à ce chef d’œuvre de la littérature, il faudrait que je crée une nouvelle catégorie ! Voici la raison de mon relatif silence littéraire sur mon blog : j’ai entrepris de relire très attentivement « le Voyage » comme il faut dire, pour faire bien dans les salons branchés !

J’ai mis du temps à découvrir Céline, je n’arrivais pas à passer au-delà de son antisémitisme virulent ni de ses positions pro-nazi Quand j’ai , il y a bien vingt ans, lu « le Voyage » (à mon avis le seul livre de Céline qui vaille vraiment la peine) , j’avais ressenti une très forte émotion. Un profond désespoir d’abord devant tant de misère et de petitesses humaines, j’ai cru y lire la pente naturelle pour la détestation de toute l’humanité. Et en même temps une admiration sans limite pour son style.

J’ai retrouvé intactes ces deux sentiments, mais, comme ma lecture a été plus attentive, je me suis régalée de petits moments qui semblent comme des croquis pris sur le vif des comportements humains. Si vous voulez sourire, relisez la discussion sur la constipation, c’est gratiné ! Mais il y a aussi de grands moments, par exemple, l’absurdité de la guerre 14 /18, cela n’a jamais été aussi bien racontée.

La dénonciation du colonialisme est extraordinaire, nous sommes en 1931, je pense que personne n’était aussi clairvoyant que lui à cette époque ». C’est d’autant plus étonnant que Céline n’est pas dans une position humaniste « pro-noirs », il décrit simplement la turpitude des uns et des autres. Mais on comprend que c’était impossible qu’une telle exploitation et un tel mépris des populations africaines puissent continuer éternellement.

La misère des pauvres gens du Rancy est terrible également, j’avoue que je trouve un peu long la fin du roman et je supprimerais bien le passage dans la clinique psychiatrique. Au milieu des peintures de gens aigris, mauvais, calculateurs, intéressés, cruels vis des faibles, sentant mauvais, pervers … et j’en passe, deux beaux portraits d’être sensibles : Aristide qui laisse sa santé en Afrique pour offrir à une petite nièce une éducation convenable et Molly la prostituée intelligente et sensible que Ferdinand n’a pas eu le courage d’aimer.

Bref un roman qu’il faut lire et relire, et je ne comprends toujours pas pourquoi cet homme si génial est devenu antisémite, raciste et pro-nazi.

Alors voilà, on peut détester un homme et qu’il soit un très grand écrivain, même si, pour moi, il n’est l’écrivain que d’un livre. Je vais mettre beaucoup de citations certaines sont dans ma tête pour toute la vie, d’autres me font sourire où me rendent triste c’est selon. Dans tous les cas, il a un art de dire les choses qui , souvent, fait mouche. Ma préférée à cette relecture :  » Les femmes des riches, bien nourries, bien menties, bien reposées, elles deviennent jolies. Ça c’est vrai. Après tout ça suffit peut-être. On ne sait pas. Ça serait au moins une raison pour exister. »

(Je comprends bien le plaisir de Fabrice Lucchini à dire du Céline )

 Citations

C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.

 

L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches

 

Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui mènent nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre, c’est à ne pas y tenir.

 

Dans ce métier d’être tué, faut pas être difficile, faut faire comme-si la vie continuait, c’est ça le plus dur, ce mensonge.

 

En transe de bêtise inquiète qu’elle était. Ça dure longtemps ces états là.

 

Un cerveau c’est un tyran comme y a pas.

 

Ce n’est pas qu’elle fût laide Madame Puta, non, elle aurait même pu être assez jolie, comme tant d’autres, seulement elle était si prudente, si méfiante, qu’elle s’arrêtait au bord de la beauté, comme au bord de la vie, avec ses cheveux un peu trop peignés , un sourire un peu trop facile et soudain, des gestes un peu trop rapides ou un peu trop furtifs

 

 
Il y a un moment où on est tout seul quand on est arrivé au bout de tout ce qui peut vous arriver. C’est le bout du monde. Le chagrin lui-même, le vôtre, ne vous répond plus rien et il faut revenir en arrière alors parmi les hommes, n’importe lesquels. On n’est pas difficile dans ces moments là car même pour pleurer il faut retourner là où tout recommence, il faut revenir avec eux.

 

On n’est jamais mécontent qu’un adulte s’en aille, ça fait toujours une vache de moins sur terre, qu’on se dit, tandis que pour un enfant, c’est tout de même moins sûr. Il y a l’avenir.

 

Ne croyez jamais d’emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s’ils peuvent dormir encore…si oui, tout va bien. Ça suffit.

 

Je ne connaissais que des pauvres, c’est-à-dire des gens dont la mort n’intéresse personne.

 

Nous voguions vers l’Afrique, la vraie, la grande ; celle des insondables forêts, des miasmes délétères, des solitudes inviolées, vers les grands tyrans nègres vautrés aux croisements des fleuves qui n’en finissent plus.

 

Par exemple à présent c’est facile de nous raconter des choses à propos de Jésus-Christ. Est-ce Qu’il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ. J’ai l’idée que ça n’aurait pas duré longtemps son truc s’il avait fait caca en public. Très peu de présence tout est là, surtout pour l’amour.

 

Pour les ravigoter, on les remonte les riches, à chaque dix ans, d’un cran dans la légion d’Honneur, comme un vieux nichon et les voilà occupés pour dix ans encore.

 

Le voyage c’est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons.

 

La vie c’est un petit bout de lumière qui finit dans la nuit.

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3
J’ai fait un petit tour dans ma bibliothèque préféré et je suis tombé sur ce livre. J’ai immédiatement pensé à Krol et sa grande sensibilité à cette maladie. Déjà elle m’a fait découvrir Rides, j’aurais envie de trouver des mots consolateurs pour elle. Mais voilà je ne sais pas. Sauf lui dire qu’elle a raison ce livre est beau et finalement pas si triste que ça.

C’est une belle histoire d’amour qui se finit tendrement malgré la maladie. Mais il faut aussi dire qu’il faut des moyens financiers énormes pour que la fin d’un être atteint d’Alzheimer soit à peu près correcte. Des moyens personnels qui ne suffiront pas, la prise en charge par la collectivité a un coût qui me fait toujours me demander jusqu’à quand pourrons-nous supporter de telles charges financières. Car sinon, c’est l’horreur des centres où on parque des malades impuissants et dépendants.

J’ai beaucoup aimé la façon dont elle raconte son aventure à Madagascar, loin d’être accueillie à bras ouverts, elle sera obligée de fuir ce pays en but à l’hostilité de la population. On se dit que la France n’accueille peut-être pas si mal les étrangers. Mais ce n’est pas le propos. L’important c’est la façon dont elle décrit la souffrance du malade et la difficulté de la prise en charge.

Je pense que toutes les personnes qui ont été confrontées à cette maladie retrouveront dans cet essai une partie de leur difficile chemin vers une mort qu’ils espèrent la plus digne possible.

Citations

Les statisticiens aussi y sont allés de leurs élucubrations et prédictions socioculturelles, pour nous prouver que plus notre niveau de culture et de diplôme est élevé, moins on est « sujet à risque ». Que les intellectuels se rassurent, ils sont équipés d’un « réservoir cognitif » bien garni qui leur permettra de mieux résister aux attaques de la maladie d’Alzheimer. Ex-docteurs ès lettres, ex-ingénieurs, ex-avocats ou ex-diplômés de tous bords que j’ai côtoyés au centre d’accueil de jour, comment avez-vous pu dilapider ainsi votre « réserve cognitive » Immunitaire ?

Autre paradigme saisissant, énoncé dans une émission de télévision avec une véhémente componction par un neurologue patenté, « le cerveau vieillit bien si l’on n’est pas malade ». Je suppose que le foie aussi s’il n’a pas de cirrhose, tout comme l’oreille, si elle ne devient pas sourde.

On en parle

Chez Krol bien sur et Brize que je viens de découvrir dans le monde des blogs littéraire.

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Traduit de l’anglais britannique par Nelly PERONNY.

4
Excellent roman, on est bien avec Jack et Sally autant quand ils se disputent que lorsqu’ils s’entendent bien. Ce roman nous fait rire, sourire et nous émeut souvent. Je pense que ceux qui peuvent lire en anglais ont beaucoup de chance car ils doivent être, plus que nous, sensibles aux maladresses de langue. La traductrice essaie de nous en donner un peu l’idée mais c’est toujours compliqué ce genre de jeux de mots, évidemment !

Donc voilà, Jack veut devenir Anglais, mais alors un Anglais pur jus ! Il a quelques handicaps, il est juif d’origine allemande, il s’appelle Rosenblum, quand il est vraiment en colère les jurons sortent en allemand, sa femme Sadie adore parler allemand et surtout cuisine parfaitement des spécialités qui lui viennent de sa mère et grand-mère et qui n’ont rien à voir (heureusement !) avec la cuisine britannique. Le pire de tout : il n’est pas admis dans les clubs de golf où les juifs ne sont pas les bienvenus. C’est oublié que Jack ne s’arrête jamais à des détails d’aussi piètre importance, puisqu’on ne l’admet pas sur les terrains de golf, il construira le sien.

J’ai tout aimé dans de livre, l’évocation de la campagne anglaise, la peinture des habitants du Dorset, les animaux dont-il faut avoir peur (le cochon laineux par exemple !), et par-dessus tout la façon dont l’auteur rend compte des difficultés d’assimilation de la première génération d’immigrés. Sadie ne peut pas oublier les siens emportés par la Shoa mais grâce à ses talents de cuisinière le village finira par l’adopter, elle et sa mémoire à jamais meurtrie. Jack veut devenir plus Anglais que n’importe quel Anglais il rédige un code de 151 règles. Finalement, il forcera, grâce à son courage -celui de creuser seul la terre du Dorset pendant un mois- l’admiration des villageois et lui permettra de devenir un des leurs.

J’aime que l’antisémitisme anglais soit épinglé sans que cela devienne lourd ni tragique, je trouve que c’est encore plus efficace : le fameux humour britannique ! Lisez le passage où Jack vend sa maison de Londres sans avertir sa femme pour réaliser son rêve, c’est savoureux.

 

Citations

 

Si vous ne pouviez pas traire la vache du voisin, il vous suffira de posséder une vache. Aucun club de golf ne voulait de lui, il n’aurait qu’à construire le sien.

 

Cette boîte contenait tout ce qui lui restait de l’avant : une demi-douzaine de photographies…un vieux livre de prières … ainsi que le livre de recettes de sa mère et une serviette en lin blanc pliée avec soin.

 

« Sadie tâche donc d’être heureuse. »

Il n’avait pas compris. Malgré les années, il n’avait toujours pas compris. « Je ne veux pas être heureuse »

 

« Mein Gott ! Constamment de bonne humeur ! Ce n’est pas normal. Tu ne pourrais être un peu malheureux, une fois de temps en temps ? Nous aurions peut-être enfin des choses à nous dire après tant d’années !

– La colère affleurait dans sa voix, à l’immense satisfaction de Sadie ? Enfin elle le tenait. « Tu es comme un rayon de soleil à un enterrement. »

Jack eu un petit rire nerveux. « Et alors, où est le mal ? »

– Tout le monde veut du beau temps pour un mariage, mais, pour un enterrement, le ciel devrait au moins la décence de se couvrir. Juste par respect. »

Jack finit son pain, décocha un regard las à sa femme et sortit de la cuisine »

 

Sadie lut la recette à voix haute : « Mélangez les œufs, la bonne dose de sucre, de la farine en quantité suffisante et juste ce qu’il faut de vanille »

 

Voyez, voyez ! C’est pour cette raison que l’Angleterre est un grand pays. Dieu vous a donné les meilleures terres de golf au monde. C’est la providence. »

 

On en parle

Chez la souris jaune , je sais où elle a trouvé ce roman !

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Livre à recommander pour tous ceux qui, comme moi, se demandent comment l’auteur du chef d’œuvre Le Voyage au bout de la nuit, a pu être « antisémite militant ». David Alliot ne cherche pas à excuser Céline, tout l’accable : il publie en 1941, Beaux draps troisième pamphlet antisémite alors que les mesures de Vichy sont déjà en vigueur. Il réclame haut et fort, lors de l’exposition antisémite organisée par Vichy que ses deux précédents pamphlets rédigés avant l’occupation allemande, Bagatelle pour un massacre et L’école des cadavres fassent partie de la dite exposition.

La façon dont il s’est opposé à Robert Desnos, décriant son physique et faisant croire qu’il était juif, est absolument dégoutante, mais pour autant il n’est responsable ni de son arrestation ni de sa mort. La seule chose qui nuance le tableau peu ragoutant du personnage, c’est qu’il détestait autant Pétain que les juifs. Il n’a pas franchement collaboré avec les Allemands qui le trouvaient un peu outrancier ! ! !

En analysant un à un les principaux reproches que l’on fait à Céline, David Alliot permet au lecteur de se faire une opinion plus exacte. C’est aussi toute une période qu’on voit revivre et évidemment la vérité n’est pas que d’un côté. Le recul historique fait du bien, car on a le droit, aujourd’hui, de ne plus admirer Jean Paul Sartre pour ses qualités de résistant et que reste-t-il de son œuvre romanesque ?

J’ai été également très intéressée par son parcours en tant que médecin, on le présente souvent comme quelqu’un de désintéressé et altruiste, enfin un côté sympathique !

Un petit bémol, il a fait des études de médecine « allégées » parce qu’il revenait des tranchées, il n’était pas un très bon médecin, et s’il aimait mieux les pauvres, c’est qu’il pouvait les dominer. David Alliot qui connaît bien son Céline, place Mort à Crédit au dessus du Voyage. Il en explique la raison : le style célinien est plus abouti. Or, pour moi Céline restera l’auteur du Voyage, cela veut dire sans doute qu’il me reste des œuvres à découvrir, et cette idée me fait bien plaisir. Enfin, David Alliot souligne le rôle positif de Luccini à propos du regain d’intérêt pour Céline, je suis bien d’accord avec lui (Merci Mathieu de m’avoir offert ce livre pour mon anniversaire).

Citations

 Dans ce pamphlet, tout y passe, et Céline aligne tous les poncifs de son époque. Si l’antisémitisme n’est pas une rareté dans la société de son temps, il est le seul écrivain d’envergure à avoir mis son talent au service d’une cause aussi contestable.

 Quand parait « Mort à crédit » en 1936, l’évolution stylistique est importante. Encore classique dans « Voyage au bout de la nuit », la structure du roman est désormais complètement chamboulée. La grammaire et la syntaxe volent en éclat pour mettre en valeur le « rendu émotif ».

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J’ai cette chance d’habiter près d’une salle de cinéma avec une programmation intéressante. Hier soir, Pierre Schoeller est venu discuter avec les Dinardaises et les Dinardais de son film « l’exercice de l’état ». Je ne sais pas s’il en gardera un très bon souvenir car à Dinard on tombe parfois sur des « hyper-spécialistes » et qui aiment le faire savoir. Un brin de pédanterie est très bien vu dans ma station préférée.

Je suppose que le réalisateur ne lira pas mon blog, j’aurais voulu pouvoir lui dire que j’ai beaucoup aimé son film. Que j’adore me faire surprendre au cinéma et que son film traite du monde politique comme je ne l’ai encore jamais vu. Ce n’est pas un reportage, mais cette fiction nous dévoile beaucoup plus de la réalité des hommes de pouvoir en politique que n’importe quelle émission de télévision.

Il n’y a pas de message, sinon que nous confions nos décisions à des hommes qui vivent à cent à l’heure, qui avalent dans leur journée des émotions qui suffiraient à terrasser le plus fort d’entre nous, qui réfléchissent en groupe plutôt que seul au risque de se tromper de conseillers, que sa responsable en communication lui souffle tous ses mots, qu’on ne peut pas garder ses convictions quand on est dans un gouvernement, et qu’on a souvent conscience que le vrai pouvoir est ailleurs.

Tout cela mené au rythme d’enfer de la vie quotidienne d’un ministre du transport. On comprend que le pouvoir est un puissant aphrodisiaque comme le montrent ses rêves, et qu’il est prêt à tout sacrifier pour garder son poste au gouvernement même l’amitié et aussi son honneur. Les acteurs son excellents, ma seule réserve c’est la peinture du Français ordinaire : autant je trouve remarquable la peinture des hommes de pouvoir autant je trouve caricaturale celle de la vie des gens aujourd’hui.

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Merci au réalisateur Pierre Shoeller de m’avoir envoyé cette photo.