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Jamais plus je ne regarderai les familles nombreuses à la sortie de la messe de Saint-Lunaire ou de Saint-Enogat, sans penser à ce livre. J’ai toujours eu beaucoup de compassion pour les fratries de 6 ou 7 enfants, tous coiffés de la même façon, cheveux courts pour les garçons, carré retenu par un serre-tête écossais pour les filles (la variante avec la barrette est aussi acceptable). Je sais par expérience que la vie dans ces familles n’est pas aussi rose que les gilets ras du cou de la dite couleur le laisseraient croire…

Quand en plus, la mère en veut à la société, à sa famille, à son conjoint, à ses enfants, de ne pas mener la vie digne de son « rang », alors ce qui était une difficulté de vivre devient un enfer. Au-delà de cet enfer, provoqué par la personnalité des parents, l’auteur décrit parfaitement bien la difficulté des rapports entre enfants et parents dans ce genre de famille.

J’avais déjà beaucoup aimé Priez pour nous, qui est son premier cri de désespoir adressé à ses parents. Lionel Duroy est plus complet dans ce livre autobiographique. Comme il commence au début de la rencontre de ses parents en 1944 et termine dans les années 2000, nous voyons toute notre époque se dérouler, avec ses violences et ses évolutions.

On voit aussi l’auteur prit dans des amours difficiles, il faut dire que, s’il sait critiquer les autres, il ne s’épargne pas non plus. Le moment où sa jeune compagne doit avorter seule et son manque de compréhension à ce moment là est d’une tristesse incommensurable. Toute ma jeunesse et ma vie d’adulte repassent devant mes yeux, et souvent un trait de caractère, une tristesse, un sourire, un souvenir me revient comme une fulgurance.

Etant donné le succès de cet auteur, il doit correspondre à plusieurs formes de sensibilité. J’ai beaucoup apprécié, également, la façon dont il décrit sa nécessité d’écrire, on le sent dans un état d’urgence et parfois même de survie. Il fait partie des enfants mal-aimés qui, sans l’écriture, auraient encore, tellement plus mal vécu. Il a le talent de savoir l’écrire, d’aller au-delà de sa souffrance personnelle et de s’adresser à chacun d’entre nous.

Citations

Ils ne s’autorisent que la méthode du docteur Kyusagu Ogino, qui consiste, pour la femme, à déterminer ses périodes de fécondité à l’aide d’un simple thermomètre, parce que cette technique a reçu l’onction de Rome.

 

Tant d’années après, je me dis que c’est ce soir-là qu’elle nous a fait le plus de mal, et par notre faute, parce qu’aucun d’entre nous trois, les garçons, n’a trouvé la force de la rappeler pour lui balancer en plaine figure ces mots que je me répète silencieusement, certaines nuits, aujourd’hui encore, et alors que notre mère est morte depuis longtemps : « maman, tu pourrais au moins nous remercier. On n’est pas des chiens. »

 

Comme si elle n’avait trouvé aucun moyen d’échapper à son personnage d’emmerdeuse – ni la force ni l’imagination-, et je me dis aujourd’hui qu’en cédant à ses caprices, à sa bêtise affichée (revendiquée, allais-je écrire), notre père a sans doute contribué à cet enfermement.

On en parle

Un nouveau blog (pour moi) le journal de Chrys

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Toujours dans l’espoir de pouvoir participer à l’attribution du tournesol d’or (voir Christoblog), je suis donc allée voir La guerre est déclarée qui fait partie de la liste… Très déçue par ce film, je n’y serai jamais allée sans le challenge auquel je participe, je savais que cela ne me plairait pas, je ne vois pas comment on peut faire un bon film avec un tel sujet.

La cinéaste évite les écueils du trop mélo et du combat gagné d’avance. L’enfant survivra à une tumeur du cerveau mais il s’en est fallu de très peu. Le malheur des parents est bien filmé et le monde médical ni mis sur un piédestal ni trop critiqué. Mais voilà faire un travail sérieux sur un tel sujet, cela ne fait pas un bon film… Pourquoi pas un bon reportage ? Je retiendrai quand même une blague que l’on peut dire à propos de bien des gens :

« Connaissez-vous la différence entre un chirurgien et Dieu ? Non ? Dieu ne se prend pas pour un chirurgien ! »

Bande annonce

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 Je sais que je vais peut-être choquer tous les gens qui ont adoré ce film, mais je me suis beaucoup ennuyée. Je me demande si je ne deviens pas trop difficile. Pour moi il y a un côté téléfilm ou série pour l’été de la télévision française qui m’insupporte. Les deux personnages de fils sont bien vus et les acteurs jouent très bien, les deux pères sont moins intéressants et le père patriarche et manipulateur manque pour le moins de nuances.

Tous les effets sont attendus aucune surprise dans un film trop lent trop prévisible et avec un personnage principal caricatural. L’amour de la vigne, du terroir, du bon vin tout cela est très photogénique mais aussi vu et revu. Bref, regardez la bande annonce elle dit tout sur le film comme d’habitude, et si elle vous plait allez-y et n’attendez pas plus que ça..

Bande annonce

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Traduit du danois par Hélène Hervieu et Alain Gnaedig.

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Voici la raison de mon silence sur mon blog, je suis restée plongée (jeu de mot trop facile !) dans ce roman pendant deux semaines. J’ai trouvé ce livre dans un lieu que j’aime la « droguerie marine » à Saint-Servan (à côté de Saint-Malo) ce livre était, pour le blog de la vareuse lié à la Droguerie, leur coup cœur de l’année 2010.

L’auteur revisite la fin du 19e et la moitié 20e siècle du point de vue de la communauté des gens de la mer de Marstal. Au début, lors des temps anciens de la voile (1848), c’est un peu lent pour moi, mais peu à peu, j’ai été captivée par ce roman et j’avoue avoir très envie d’aller visiter Marstal et sa région. La dureté de la vie sur un bateau est telle, que cela forge une mentalité particulière : sans la cohésion de tous et l’acceptation d’un chef incontesté, un bateau est menacé. Autrefois la survie en mer était très problématique tant les conditions étaient dures : l’humidité, le froid, les tempêtes, le risque de se perdre. Si, de plus, le capitaine ne savait pas se faire respecter de ses hommes, alors, tout l’équipage allait à une perte certaine.

J’ai beaucoup aimé le personnage d’Albert qui croit en l’unité et dans la solidarité et qui veut appliquer ce qu’il a appris de mieux sur les bateaux à l’organisation de la communauté. J’ai aimé aussi la tragique condition des femmes qui pleurent leur père, leur mari et leurs fils… Je comprends celle qui fera tout ce qu’elle peut pour que la mer n’attire plus les garçons. L’auteur a su donner vie à une région et à un pays, c’est je crois le premier auteur danois que je lis, je suis contente d’avoir commencé par ce livre car il rend compte du fondement de leur civilisation basée avant tout sur l’amour de la mer et de la navigation.

Les rapports entres les hommes sont finement analysés, la difficulté du sentiment amoureux également. Les hommes et les femmes vivaient vraiment dans deux mondes complètement séparés, pour les uns la dureté qui commençait dès l’école (mais était tellement pire à bord des navires), et pour les autres la survie du quotidien dans l’angoisse de l’attente.

Citations

N’est-ce pas là le secret des hommes à la guerre, qu’ils pissent et chient dans leur froc comme des enfants apeurés ? Nous avions tous, un jour ou l’autre, eu peur de mourir en mer, mais personne n’avait fait dans son froc parce que la tempête arrachait les mâts et le gréement ou parce qu’une simple vague brisait le bastingage et balayait le pont.
C’était ça la différence. La mer respectait notre virilité. Pas les canons.

 

Personne ne respecte le faible qui implore

 

Le destin qui nous attendait, c’étaient les coups et la mort par noyade, et pourtant on avait qu’un désir : prendre la mer.

 

Il voudrait être grand tout de suite. Il a l’intuition que l’enfance est un état qui n’est pas naturel et qu’à l’intérieur de lui-même se cache un être beaucoup plus grand qu’il empêche d’exister et qui surgira de autre côté de horizon.

 

Albert croyait au progrès. Il croyait aussi au sentiment d’honneur chez les marins. C’était sur lui que se fondait l’unité ? Sur un bateau, le manquement d’un seul pouvait être lourd de conséquence pour tous. Un marin s’en rendait vite compte. Le prêtre appelait ça les valeurs morales. Albert appelait ça l’honneur. À l’église, on était responsable devant Dieu. Sur un bateau, on était responsable devant tous les autres. C’est pourquoi le bateau était un meilleur lieu d’apprentissage que l’église.

 

Lors de son dernier voyage à bord de Résolution, James Cook avait fouetté onze de ses dix-sept matelots, il avait en tout distribué deux cent seize coups. Lorsque vint le moment où il eut besoin de leur soutien, ils lui tournèrent le dos, un dos couvert de cicatrices.

 

Il ne faut pas chercher vos racines dans votre propre enfance. C’est votre enfant qui vous lie à la terre. Votre chez vous, c’était l’endroit où se trouve votre enfant.

On en parle

blog de La Vareuse

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 Désolée pour mes amis les livres , mais pendant cinq jours je vais m’enfermer avec délice dans les salles obscures de Dinard. Heureusement , la météo annonce la fin de l’été , mais même le soleil ne m’empêcherait pas d’aller voir mes 4 à 5 films quotidiens… J’essaierai d’en rendre compte chaque soir sur mon blog si je ne suis pas épuisée. La postion assise, ça fatigue !

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Premier film du festival et très bon cru. Que tous les lecteurs et toutes lectrices de roman policiers se précipitent, ils et elles vont retrouver tout ce qui charme leur nuit. Un flic alcolo et désabusé, une enquête avec des méchants et des pourris. Un agent du FBI noir, intelligent et intègre qui finira par apprécier notre flic pas très conventionnel C’est peut être un peu banal mais c’est bien filmé, drôle et très humain. Ceux qui ont la chance de bien parler anglais vont se régaler avec les différents accents, anglais, irlandais, gallois et américain.

Succès assuré, large public. Et des scènes vraiment drôles.

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Deuxième film et encore un bon moment. Une histoire d’amour sur fond de musique rock de qualité. Le festival d’Edimbourg, que personnellement je préfère découvrir au cinéma que dans la réalité, drogue, alcool, bruit, foule, boue, au cinéma ça passe dans la réalité je ne crois pas. J’ai beaucoup aimé l’idée de départ : deux chanteurs qui se détestent et qui ont un esprit très caustiques sont réunis par des menottes, mais je n’ai pas trouvé que cela ait donné de très bons gags. C’est pourquoi je n’ai mis que 3 coquillages.

Si et seulement si vous détestez le rock évitez ce film, pour tous les autres allez-y c’est un film sympathique.

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3
Si vous voulez comprendre de l’intérieur et dans le détail la vie des homosexuels allez voir ce film. Ce n’est pas un très bon moment de cinéma, car c’est très bavard et monocorde. On s’ennuie beaucoup. Pourtant c’est un film très honnête et qui cerne bien la personnalité des deux personnages. Leur sensibilité est finement décrite, on comprend très bien leur façon de comprendre le monde.

Ils passent beaucoup de temps à boire et à se droguer.

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 Oui vous avez bien lu , le réalisateur est le fils de Ken… Première vraie déception. C’est un bon sujet : des enfants anglais envoyés en Australie de 1945 à 1967 et qui ont souffert dans des orphelinats religieux. Deux scandales, l’attitude du gouvernement britannique qui n’avait pas le droit d’envoyer des enfants aussi loin de leur famille et l’attitude de l’Australie qui a martyrisé et exploité ces enfants.

Mais à partir de là, si le film rend bien compte de ce qui s’est passé, il est très long et larmoyant au possible. C’est un mauvais film rempli de bonnes intentions. On dirait du cinéma américain.

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 Traduit de l’américain par Anouk Neuhoff.

3
Je le dis tout net j’ai été déçue par ce roman qui pourtant m’avait été chaudement recommandé par ma bibliothécaire préférée. Elle connaît mon goût pour les histoires teintées de féminisme, pour l’Angleterre et les romans de Jane Austen.

Mais j’ai trouvé ce livre un peu raté. Comme nous l’avoue l’auteure en postface, elle a essayé de faire un roman à propos de deux femmes qui ont passé leur vie sur des plages à chercher des fossiles dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est que leurs découvertes ont obligé les savants de l’époque à abandonner leur certitudes à propos de l’évolution des animaux sur la terre. Que ce soit historique, ou non, n’enlève rien au manque d’intérêt d’un récit.

Certes cette femme illettrée de milieu extrêmement pauvre a découvert des squelettes d’animaux qui remettaient en cause les croyances religieuses de l’époque, certes les femmes n’avaient pas le droit de participer aux réunions scientifiques, certes la société britannique de l’époque est construite sur des préjugés sociaux qui ne sont vaincus que dans les romans de Jane Austen , tout cela est assez bien raconté et je ne savais rien de Lyme ni de Mary Anning.

Maintenant je le sais et je suis contente de l’avoir appris, j’aurais pu lire un article de presse , cela m’aurait fait le même effet.

Citations

Pour ma part, j’étais petite, anguleuse et dénuée de beauté, et comme je ne pouvais séduire par mes charmes, je m’efforçais de discuter de choses sérieuses, ce qui faisait tout autant fuir les hommes.

 

Jamais je ne pourrai faire confiance à un homme qui en imposait par ses vêtements.

 

Les femmes mariées étaient figées comme des flans dans un moule, alors que les vieilles filles comme moi étaient informes et imprévisibles.

On en parle

Très positivement Quartier livre Blog Littéraire. Un peu moins : à Sauts et à Gambades