Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
J’ai choisi de lire ce livre car l’image des femmes tondues à la libération, est quelque chose qui m’a toujours profondément révoltée. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas réagir contre des femmes qui avaient profité de la guerre pour s’enrichir grâce à des soldats allemands, mais alors qu’elle soient jugées et non livrées à la vindicte publique, c’est bien en tant que femmes qu’elles sont ainsi humiliées et non pour des faits de collaboration. J’ai déjà lu un roman de cette auteure (et toujours dans le cadre du club) « les oubliés de la lande » et je retrouve dans celui-ci un aspect qui ne me touche pas, un mélange du merveilleux de l’ancien monde celtique avec la cruauté du monde moderne. Cependant, j’ai apprécié que finalement, au moins dans un roman, toutes les femmes tondues se trouvent venger. Maria Salaün avait une superbe chevelure rousse et à l’époque c’était toujours mal vu et apparenté au diable, les choses ont bien changé , encore que … si on en croit Pascal Sacleux ce n’est toujours pas si facile d’être roux en Bretagne.
Voici les cheveux de Charlotte, ils me donnent le sourire à chaque fois que je les vois. Et je ne suis pas la seule …
Citations
Préjugés contre les rousses
– La couleur du diable. Celle du feu et de tous les roussis de l’enfer.
Superstitieuse, Marguerite refusa de toucher aux cheveux de l’enfant.Son père s’occuperait de la toilette de la fillette tandis que la vieille serait chargée de la nourrir, de la promener et de la divertir par quelques histoires de son cru.Passant le seuil de la porte, il n’était pas rare de la voir s’immobiliser, demeurer comme interdite et cesser là tout ouvrage, oublier même celui qu’elle s’apprêtait à conduire. Aussi pouvait-elle entrer d’un pied ferme dans la chambre où l’enfant gazouillait et resté planté là, l’instant d’après, sans oser faire un pas de plus. C’était cette histoire de cheveux qui la paralysait. Rien à faire, elle ne s’y habitait pas. Elle prétendait voir une couronne de flammes ceindre la tête de la gamine. Quand ce n’était pas des grappes de vipère qui s’agitait en tous sens.Malheur, quel malheur ! Clamait la vieille à tout bout de champ impossible de savoir si elle parlait toujours des cheveux de l’enfant, de sa naissance qui avait tué sa fille, de la vie qui l’avait fait veuve trop tôt, ou de l’avenir de la petite.
Un thème intéressant, aujourd’hui encore le sexisme fait des victimes.
Par contre en matière de cheveux roux, j’ai l’impression qu’aujourd’hui cela passe mieux pour les filles (ah ! les rousses aux yeux verts…) que pour les garçons :-)
C’est incroyable que de tels préjugés perdurent.
Pas sûr que j’aime ce mélange de thèmes…
Mais c’est ce qui fait son charme pour ceux et celles qui l’apprécient.
Un roman que j’ai envie de lire depuis longtemps. Le mélange de merveilleux ne me gêne pas.
Alors tu aimeras ce roman. Mais je dois rajouter qu’il a eu peu de succès au club de lecture.
Un roman qui me tente depuis un moment. Le mélange des genres ne me gênant pas. Et je suis comme toi révoltée par ce qu’on a fait aux femmes à cette période !
J’ai hâte de te lire, cette auteure n’arrive pas à me convaincre mais cela vient de moi, je suppose.
Je trouve dans ce livre une force extraordinaire, la transformation d’une souffrance, d’un traumatisme en un combat pour parvenir à s’en sortir : la narratrice ne nous raconte pas « seulement » comment cette femme est dégradée par cette humiliation publique, mais bien comment elle va parvenir à s’en sortir, et c’est éblouissant. Une magnifique réparation, si tant est qu’on puisse se réparer de cela. Sublime histoire, qui parle tout autant de rapport au corps, du rapport aux hommes, et de notre féminité que des chaos de notre Histoire.
Surtout on veut croire que c’est possible (dans la vraie vie , je n’ai entendu à travers des témoignages romancés ou pas, surtout des femmes et des enfants complètement dévastés) . Tu nous as manqué au club personne n’a vraiment défendu ce livre.
j’ai le même sentiment que toi pour ces femmes tondues et parfois violentées à la libération, ce livre ne semble pas tout à fait réussi alors je passe
Mais tu vois aussi qu’il donne un certain espoir , un peu irréel mais quand même ça fait du bien.
Je comprends ton avis, mais c’est la première fois que j’entends parler du côté merveilleux / celtique pour ce livre. Je croyais qu’il n’était que sur les femmes tondues.
Sinon, à propos de roux, il y a un photographe qui a décidé, en Bretagne, de photographier les gens ayant cette teinte de cheveux pour montrer comme ils sont beaux
https://www.ouest-france.fr/bretagne/vannes-56000/vannes-il-prend-des-photos-pour-lutter-contre-les-cliches-anti-roux-5411727
J’ai mis un lien dans mon article vers le compte Facebook de ce photographe. C’est souvent présent dans l’écriture de cette auteure sans me convaincre. Par exemple le chiffre 5 quelque peu magique : 14 fait 5 en additionnant les deux chiffres qui forme ce nombre.
j’ai été plus emballée que toi. Oui, Charlotte a des cheveux splendides!
Je me dis que ce n’est pas un sujet facile et que cette auteure a eu le courage de l’aborder d’une façon originale. Mais son écriture ne me touche pas assez. Et oui Charlotte me ravit avec sa chevelure flamboyante.
Bonjour Luocine, ma maman m’a souvent parlé des femmes tondues à la Libération. Cela l’avait beaucoup marquée.. C’était très violent. J’ai déjà repéré ce livre sur d’autres blogs. Je l’ai noté. Bonne après-midi.
Mon amie bibliothécaire est originaire de Saint Brieuc, la même ville que Fabienne Juhel, et les violences à la libération racontées par sa mère, l’ont beaucoup marquée. En particulier les femmes tondues.