Ce livre, cadeau d’amis navigateurs, a été récompensé par plusieurs prix et commenté de façon très élogieuse sur de nombreux blogs. Si j’ai quelques réserves sur ce roman et que je n’en fais pas comme tant d’autres lecteurs et lectrices un coup de cœur, je le considère cependant comme un très grand roman. Catherine Poulain, cette petite femme à la voix si douce est à coup sûr une romancière étonnante. Elle raconte, son expérience de 10 ans en Alaska, où elle est allée faire la pêche dans des conditions extrêmes. C’est une femme de défis, et elle veut montrer à tous, et d’abord à elle même qu’elle peut tenir sa place sur les bateaux menés par des hommes par tous les temps.
Comme elle n’a aucun préjugé, elle cherche à connaître ces marins qui après avoir passé des semaines en mer dans des conditions de fatigue effroyable reviennent à terre pour se saouler dans les bars des ports. Elle en fait des portraits au plus près de la réalité et trouve en chacun d’eux, même ceux qui roulent dans le caniveau après leur beuveries, leur part d’humanité. J’ai beaucoup aimé ces récits de pêche et on reste sans voix devant la violence contre l’espèce animale. Les scènes où ces hommes tuent ces superbes poissons sont d’une beauté mais d’une tristesse infinie, les hommes sont-ils obligés de tant de cruauté pour se nourrir ? Même les limites imposées par les contrôles pour la survie des espèces ne sont guère rassurantes pour la reproduction des gros poissons des mers froides. Bien sûr, les pêcheurs ne doivent pas ramener des poissons trop petits, ils les rejettent donc dans les flots, seulement qui s’inquiètent qu’ils soient déjà à l’état de cadavres ? Tout cela est parfaitement raconté, alors pourquoi ai-je quelques réserves ? C’est un récit très répétitif surtout quand Lily est à terre. Je n’ai pas une grande passion pour les beuveries dans les bars et il y en a beaucoup, beaucoup trop à mon goût dans ce roman.
Citations
Être pêcheur
Embarquer, c’est comme épouser le bateau le temps que tu vas bosser pour lui. T’as plus de vie , t’as plus rien à toi. Tu dois obéissance au skipper. Même si c’est un con (…..) Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d’amour aussi, il ajoute à mi-voix, jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à haïr le métier, et que, malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à devenir fou. Qu’on finit par ne plus pouvoir se passer de cette ivresse, de ce danger, de cette folie !
Dangers de la pêche
– Mais a quoi exactement je dois faire attention ?
– À tout. Aux lignes qui s’en vont dans l’eau avec une force qui t’emporterait si tu te prends le pied, le bras dedans, à celles que l’on ramène qui, si elles se brisent, peuvent te tuer, te défigurer … Aux hameçons qui se coincent dans le vireur et sont projetés n’importe où, au gros temps, au récif que l’on n’a pas calculé, à celui qui s’endort pendant son quart, à la chute à la mer, la vague qui t’embarque et le froid qui te tue….
Scènes à vous dégoûter de manger du poisson et une idée du style de l’auteure
Mais non, pas des dollars …. des poissons bien vivants… des créatures très belles qui happent l’air de leur bouche stupéfaite, qui tournoient follement sur le clair blanc de l’aluminium, aveuglés par le néon, se cognent encore et encore à cet univers cru où tout est tranchant, toute sensation blessante.
Une femme à bord
Une femme qui pêche va se fatiguer autant qu’un homme, mais il va lui falloir lui trouver une autre manière de faire ce que les hommes font avec la seule force de leurs biscoteaux, sans forcément réfléchir, tourner ça autrement, faire marcher son cerveau. Quand l’homme sera brûlé de fatigue elle sera encore capable de tenir longtemps, et de penser surtout. Bien obligé.
Que cherche-t-on dans ces conditions extrêmes
Vous êtes venus chercher quelque chose qui est impossible à trouver. Une sécurité ? Enfin non même pas puisque c’est la mort que vous avez l’air de chercher, ou en tout cas vouloir rencontrer. Vous cherchez… une certitude peut-être… quelque chose qui serait assez fort pour combattre vos peurs, vos douleurs, votre passé -qui sauverait tout, vous en premier.
Je l’ai lu l’an dernier et je partage complètement ton commentaire. Ce n’est pas un coup de coeur, certains moments sont très intenses et très vivants en mer, mais je me souviens de ma lassitude à lire les instants passés sur terre (elle aussi s’ennuie quand elle n’est pas sur la mer, d’ailleurs), notamment les beuveries. 3 coquillages est une note qui correspond bien !
Les descriptions de la pêche sont inoubliables. La profonde humanité de l’auteur également.
Complètement d’accord avec toi !
Pas lu car rien ne me tente dans ce roman, surtout pas la mer et l’Alaska. Et les beuveries, n’en parlons pas…
Je comprends mais je suis à peu près certaine que tu serais séduite par sa profonde humanité cela lui permet de trouver des trésors derrière des écorces très rudes.
Ce roman ne me tente pas du tout et tant mieux, rien à noter… Et puis tes réserves vont dans mon sens !
Je me demande si il n’existe pas un emballement « bloguesque » car quand on lit un roman un peu plus tard que les autres , on est en général plus critique.
Je suis assez d’accord avec toi !
vu dans beaucoup de blog le sujet ne m’a pas attiré
Je le redis il y a des pages inoubliables dans ce roman-témoignage.Et ses hommes qui font un métier si rude ne sont pas des caricatures . En cela ce roman vaut la peine.
J’ai eu envie de le lire à sa sortie et plus du tout maintenant.
Je comprends . Je n’ai pas regretté ma lecture.
Jamais eu trop envie, donc… ^_^
On ne peut pas tout lire . Où trouverais tu le temps de vivre?
Malgré la bonne presse reçue par ce premier roman, je sais d’instinct que je n’y trouverais pas mon compte…
Je n’en suis pas certaine . Il y a une force de vérité qui peut te plaire. Mais je ne te connais pas assez pour en être sûre.
On en a tellement parlé de ce premier roman. Sans doute pour ça que je n’ai pas franchi le pas. et à te lire je me dis que j’ai bien fait…
et pourtant.. comme à tous ceux et celles qui doutent je redis que tu serais touché par la sincérité de ce petit bout de femme.
je suis assez de ton avis, et après quelques mois de recul, je dirais même que mon ressenti est encore plus négatif. J’ai trouvé ça soporifique et redondant.
alors que moi je garde quelques belles descriptions de la pêche dans les mers froides.
Globalement il m’a laissé un bon souvenir
j’ai beaucoup aimé certains passages et l’humanité qui se dégage de cette auteure mais j’ai des réserves sur le roman.
… Je vous rejoins, et j’adhère aux réserves. J’en avais même une autre, je me souviens, même si effectivement c’est une écriture sincère et forte, c’est l’agacement que j’avais ressenti face à ce bout de femme qui semblait vouloir se punir et tout prix, et tuer cette part de féminité qu’il y a en elle… Ca m’avait gêné… Mais le récit est intéressant, en effet, moins long aurait été mieux ! ;)
et moins répététif , mais j’aime sa sincérité
JE le lirai peut-être car c’est un auteur qui va passer dans ma librairie…