20160730_151921Traduit de l’italien par Elsa DAMIEN

4
J’ai commencé la lecture soutenue par vos commentaires à propos de « L’Amie Prodigieuse » . Quand on a beaucoup aimé un roman, on aborde le second tome avec plus de réticences, mais très vite, j’ai été happée par le style d’Elena Ferrante. Voici une auteure qui rend l’Italie du sud tellement vivante ; elle nous fait comprendre de l’intérieur ce que cela veut dire d’être femme dans une société machiste donc violente et de plus dominée par un clan qui ressemble fort à la mafia. Nous retrouvons les mêmes personnages que dans le premier tome, ils ont vieilli et ne sont plus confrontés aux mêmes difficultés. Lila se bat dans son quartier contre un mari qu’elle n’aime pas et contre tous ceux qui veulent la dominer. Elle essaie de vivre comme une femme libre dans un pays où cela n’a aucun sens. Elle est rouée de coups mais ne plie jamais. Elena sort tant bien que mal de sa misère initiale en réussissant brillamment ses études.

Ses amours ne la rendent pas toujours heureuse mais lui permettent de se rendre compte qu’elle a beau se donner beaucoup de mal pour se cultiver, le fossé entre elle et ceux qui sont bien nés est infranchissable. Les liens très forts qui unissent les deux jeunes femmes n’ont pas résisté aux passions amoureuses qui se sont entrecroisées le temps d’un été. Même si Lila lui vole sous son nez son amoureux et malgré sa peine, Elena restera lucide et ne lui enlèvera pas totalement son amitié. Grâce à un jeu d’écriture, (les cahiers de Lila lui ont été confiés) , l’écrivaine peut décrire la vie de cette femme farouche si peu faite pour vivre sous la domination des hommes napolitains.

Raconter les intrigues risque de faire perdre tout le sel de ce roman qui vaut surtout par le talent de cette auteure. Elena Ferrante décrit dans le moindre recoin de l’âme les ressorts de l’amitié, de l’amour et des conduites humaines et donc, comme les grands écrivains, elle nous entraîne d’abord dans une compréhension de l’Italie du sud et puis au delà des frontières terrestres dans ce qui constitue l’humanité dans toutes ses forces et ses faiblesses.

Citations

Portraits des femmes de Naples

Ce jour-là, en revanche, je vis très clairement les mères de famille du vieux quartier. Elles étaient nerveuses et résignées. Elles se taisaient, lèvres serrées et dos courbé, ou bien hurlaient de terribles insultes à leurs enfants qui les tourmentaient. Très maigres, joues creuses et yeux cernés, ou au contraire dotées de larges fessiers de chevilles enflées et de lourdes poitrines, elles traînaient sacs de commissions et enfants en bas âge, qui s’accrochaient à leurs jupes et voulaient être portés.

Le mur infranchissable de l’origine sociale

Je n’avais pas véritablement réussi à m’intégrer. Je faisais partie de ceux qui bûchaient jour et nuit, obtenaient d’excellents résultats, étaient même traités avec sympathie et estime, mais qui ne porteraient jamais inscrits sur eux toute la valeur, tout le prestige de nos études. J’aurais toujours peur : peur de dire ce qu’il ne fallait pas, d’employer un ton exagéré, d’être habillé de manière inadéquate, de révéler des sentiments mesquins et de ne pas avoir d’idées intéressantes.

21 Thoughts on “Le nouveau nom – Elena FERRANTE

  1. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas lu de roman italien…

  2. Peut-être que je finirai par le livre vu tout le monde l’apprécie

  3. Ah, Elena et Lila ! – je suis justement en train d’écrire une chronique :-) Je peux déjà dire que le deuxième tome ne m’a pas déçue !

  4. moi non plus alors que j’avais un peu peur.

  5. Je ne suis guère tentée pour l’instant malgré tous les avis élogieux… Va savoir pourquoi…

    • Je comprends si bien ce court commentaire, la motivation pour lire un roman tient à tellement de variables! En plus maintenant il y a les blogs. Pour moi l’avantage des blogs c’est que l’on sait que les gens qui écrivent les billets ont lu le livre dont ils parlent. C’est déjà énorme. Mais ça ne suffit pas. Un jour cette auteure croisera ta route quand ? je ne sais pas mais beaucoup de choses peuvent te plaire.

  6. J’ai « l’amie prodigieuse » dans ma PAL ». J’en resterai là pour l’instant.

  7. Je suis en pleine lecture du premier tome, je l’ai vu beaucoup sur la plage en concurrence avec Paris Sorbonne.
    Je suis un peu déçue même le style ne plaît pas et pourtant je vais le lire jusqu’à la dernière ligne………

    • Le livre était très bien mais son titre c’est Sorbonne plage !!!

      • mais de qui est Sorbonne plage?

      • Freg on 16 octobre 2016 at 15:15 said:

        j’ai mis beaucoup de temps pour répondre, Sorbonne plage est de Édouard Launet.
        Je suis allée lire les commentaires concernant L’amie prodigieuse et c’est ainsi que j’ai découvert votre question.
        Le livre, l’amie prodigieuse ne m’avait enthousiasmé mais j’ai dévoré Le nouveau nom.
        La peinture de Naples, les rapports hommes femmes, les classes sociales, le déterminisme de la naissance m’ont donné l’impression d’être le temps de la lecture dans le sud de l’Italie.

  8. Comme d’habitude, j’arriverai après après tout le monde, mais je le lirai par curiosité pour les destins de Lila et Elena ….

  9. elle est partout cette Mme Ferrante et me tente de plus en plus ! Il faut que je m’y attelle !

    • En plus je viens de découvrir qu’on ne sait absolument pas qui elle est! ça ne rajoute rien à la lecture, mais je ne le savais pas alors que tout le monde des médias en parle

  10. Je ne sais pas si je lirai ce second tome… J’ai lu le premier cet été et il m’en reste déjà peu de choses alors que j’avais aimé ma lecture sur le moment. Bizarre…

  11. J’ai encore préféré ce tome que je trouve plus dense, plus profond. Une belle plume en tous cas !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Post Navigation