Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Je dédie ce livre à mon fils heureux papa d’une petite fille qui a un an aujourd’hui. S’il lit ce roman, il y retrouvera toutes les angoisses de sa mère lorsqu’il était adolescent. Il s’agit, en effet d’un roman sur l’addiction au monde connecté. Isabelle Jarry nous plonge dans un futur pas très éloigné du nôtre. L’homme a réussi à créer des androïdes capables d’une certaine forme d’intelligence donc, d’autonomie. Pour lutter contre les méfaits d’un temps trop long passé devant des écrans, la société impose des cures de désintoxication d’une semaine à tous ceux qui ne savent pas se déconnecter du monde virtuel. C’est ainsi que commence le roman : Tim se retrouve brutalement dans un de ces centres pour une semaine sans possibilité de prévenir Today, son androïde, qui, à force d’interactions, est devenu pour lui beaucoup plus qu’un robot, il est son véritable assistant et son compagnon de vie.
Le roman permet de suivre deux survies, celle de Tim qui se retrouve confronté à la nature et qui s’inquiète sans cesse pour son androïde qu’il voudrait au moins prévenir de son absence. Or il ne le peut pas puisque le principe de la cure est de priver brutalement le patient de tous ses liens avec le monde virtuel. L’autre personnage en errance, c’est Today (l’androïde) dont l’existence est sans cesse menacée par des rencontres plus au moins hostiles.
Le roman ne décrit pas un monde déshumanisé et la relation de Tim et de Today n’a rien d’impossible. À travers leurs deux expériences, l’auteure nous fait revivre notre société dans des aspects à la fois tragiques et amusants. Les recherches de Tim portent sur la survie après une catastrophe nucléaire, et il rentre donc en contact avec un sage japonais qui est resté vivre à 40 kilomètres de Fukushima, ça c’est pour l’aspect tragique mais pas désespéré puisque ce Japonais a réussi à survivre dans une nature délaissée par l’homme donc de plus en plus belle. Le côté léger et drôle vient des personnages rencontrés par Tim et Today, le chef de cuisine, parodie de ceux présentés à la Télévision, la cantatrice quelque peu décatie, le clochard lubrique…
Bien sûr, on retrouve dans ce roman une opposition entre la vie dans la nature et le monde moderne connecté mais ce n’est pas pour autant un roman moralisateur ni trop simpliste. Et une fois n’est pas coutume, le mot de la fin est donné à l’androïde pas à l’humain. J’ai quelques réserves, encore une fois – ça devient de plus en plus fréquent- les passages en anglais ne sont pas traduits. Mais surtout, j’aurais aimé en savoir plus sur Tim et sur ce qu’il va devenir enfin l’histoire de plusieurs personnages ne me semble pas finie. l’auteure laisse à notre imaginaire le destin de plusieurs personnages : je me suis sentie abandonnée par l’écrivain , que deviendra Mme Hauvelle la chercheuse aigrie, et Mirène la cantatrice clochardisée et surtout Tim, c’est un peu dur de ne pas savoir où va le personnage principal , je suis désolée pour toutes celles qui détestent qu’on « divulgache » les intrigues mais voici la dernière phrase concernant Tim
Il ne savait pas où il allait….
Je n’en dis pas plus pour garder mes lecteurs et lectrices, mais moi je trouve ça frustrant. C’est la raison pour laquelle je n’ai mis que 3 coquillages alors que, jusqu’à l’avant dernier chapitre, je pensais en mettre quatre. L’auteure prépare peut-être une suite ?
Citations
La place de l’homme dans la nature
L’être humain lui-même était si faible… La nature dans son exubérance, sa force insurmontable, son inépuisable énergie, sa faculté à essaimer et à se reproduire, la nature l’avait nargué dès le début. Pourquoi, à l’instar des autres espèces, n’avait-il pas accepté la place qu’il occupait , prédateur des uns, proie des autres, maillon dans la chaîne de la vie ? Pourquoi avait-il voulu échapper à cette condition, imposer sa loi ?
Le Haïku qui donne son titre au roman
La voix du rossignol s’éloigne
La lumière s’éteint
Magique aujourd’hui
C’est un thème que j’aime bien qu’on trouvait dans une série comme real humans, black miror, p.K. Dick.. Pourquoi pas…
Oui, ce livre apporte une réflexion sur le monde connecté et il n’est pas manichéen. Je regarde en ce moment « Black Mirror » et je suis saisie par le ton de cette série, c’est vraiment une série à part. Ce qu’elle dit n’est pas si nouveau , mais la façon dont elle le dit est totalement novateur.
Dis donc dis donc, tu nous donnes la fin si j’ai bien compris… c’est-à-dire qu’elle est trop ouverte pour toi, c’est ça ? On n’a pas les réponses à toutes les questions qu’on s’est posé ? Il est sorti quand ce livre ?
J’ai rédigé mon billet en ayant peur de ta réaction, je t’explique : voilà je donne une fin, mais pas LA fin, je me suis sentie abandonnée par l’écrivain qui ne termine pas l’histoire de nombreux personnages en particulier du personnage principal . Mais du coup elle donne le mot de la fin à l’Androïde et , ça, j’ai bien apprécié, mais les autre,s tous les autres, ils restent sur la route et ça me gêne . Je me devais de le raconter malgré Krol et toutes celles qui vivent dans la peur qu’on leur divulgâche les romans , alors s’il te plaît ne te fâche pas, lis le roman et dis moi si tu éprouves la même chose que moi. Merci Krol! (sortie du livre en juin 2015)
Comme Krol, je n’aime pas qu’on divulgâche un roman, mais là (je pense qu’elle sera d’accord avec moi), tu nous mets juste en garde quant à la fin de celui-ci. J’apprécie car moi aussi j’ai des attentes quand je lis et j’aime autant être prévenue qu’elles ne seront pas forcément satisfaites. Et pour ce qui est de me faire une idée (ce qui m’irait très bien), cela n’est pas pour le moment à l’ordre du jour car le roman ne figure au catalogue d’aucune de mes médiathèques (et je ne suis pas assez motivée pour leur demander de l’acheter).
Sympa le message, donc le clan des antidivulgâcheur ne quittera pas Luocine! Je le redis, ce roman mérite d’être lu, mais peut-être pas en priorité .. alors comme ça Brize a plusieurs médiathèque , bonne idée!
Mon premier billet de l’année prochaine concernera un roman où se sont les nombreux passages en latin qui ne sont pas traduits… c’est quand même un excellent livre puisque je le relis :-)
Bonne fin d’année à toi !
merci et que 2016 nous apporte tous l’espoir dans l’humanité!
je suis toujours très agacée par l’absence de traduction , et me demande toujours ce que ça veut dire de la part de l’auteur.
… Eh bien moi je ne suis pas ton fils, mais ça m’a quand même drôlement donné envie de le lire, même si ça risque d’amplifier mes propres peurs !! Et tu as bien fait de nous mettre en garde quant aux faims que nous risquerons de garder en lisant ce livre. Je le chercherai dans l’une de mes 3 biblio/médiathèques ! ;) Ne serait-ce que parce qu’il semble renouveler les thématiques de nos lectures de façon générale… Bises !
C’est un bon roman avec quelques faiblesses , selon moi.. mais je suis certaine que beaucoup de mères doivent se retrouver dans les inquiétudes face au monde hyper-connecté dans lequel nous vivons Bises à toi aussi
Il est dans ma PAL depuis peu.. à voir, donc (mon anglais étant relativement rudimentaire) ! J’avais lu de cette auteure Contre mes seuls ennemis, un récit qui flirte également avec la SF, et qui m’avait déçue, compte tenu du coup de cœur que fut pour moi La traversée du désert, roman avec lequel j’ai découvert I.Jarry.