Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Je l’avais repéré en novembre chez Dominique. Je m’étais bien promis de le lire, et je suis ravie de ma lecture. Il a eu un coup de cœur au club de lecture, malgré les réticences de certaines lectrices qui m’ont étonnée. J’ai cru comprendre que le personnage du météorologue Alexexeï Féodossiévitch Vangenheim ne les a pas intéressées. « Ce n’est pas un héros » « Il n’a rien fait d’extraordinaire » … Mais ce sont exactement les raisons pour lesquelles j’ai aimé le travail d’Olivier Rollin. Il a choisi ce personnage parmi les millions de victimes du communisme. Je pense qu’il a été ému par les dessins que ce savant a envoyés à sa petite fille qui avait quatre ans quand il l’a vue pour la dernière fois. Ces dessins sont parvenus jusqu’à lui grâce au livre que sa fille lui a consacré .
Ensuite, il a lu ses lettres , et toutes témoignent de sa foi en Staline, et dans le communisme. Il voulait qu’on lui redonne son honneur, comme tant d’autres, jusqu’au bout il s’est estimé victime d’une erreur et que si les « bons et loyaux communistes » pouvaient lire ses lettres, il serait immédiatement réhabilité. Ses lettres m’ont fait penser à celles que Dreyfus écrivait de l’île du Diable, lui aussi ne voulait qu’une chose : qu’on lui rende son honneur, lui aussi adressait ses suppliques à l’état major de l’armée qui avait ourdi le complot contre lui. Le météorologue, n’a donc pas vu ou pas voulu voir les excès du stalinisme, il n’a rien d’un héros. C’est un homme brillant, un véritable savant doué pour les arts, la musique, peinture, la sculpture…. Mais voilà , le communisme russe a inventé un système de terreur bien particulier, que l’on soit pour son régime ou contre lui, cela n’a vraiment aucune espèce d’importance, il faut remplir les quotas de prisonniers et de morts.
Heureusement, grâce à l’énergie des descendants, on a fini par retrouver les fosses communes et les circonstances de sa mort sont aujourd’hui complètement élucidées. Il ne s’agissait pas vraiment d’une appendicite comme on l’avait d’abord annoncé à son épouse. Olivier Rollin décrit sa mise à mort avec tous les détails qu’il a pu rassembler, se demandant à chaque fois à quel moment le météorologue a ouvert les yeux sur le système qui le broyait ainsi, pour finalement l’assassiner et jeter son corps dans une fosse cachée au cœur d’une forêt. Comme l’auteur, je me console en pensant que la plupart des commanditaires de ces meurtres abominable seront eux mêmes et fusillés, car lorsque la terreur s’emballe elle a beaucoup de mal à s’arrêter. A la fin de ce livre Olivier Rollin, remercie Nicolas Werth dont je veux lire depuis longtemps les livres, il a réussi à retrouver dans les archives russes ce qu’a représenté l’ordre opérationnel n° 04447 du NKVD qui a fait « disparaître » Alexexeï Féodossiévitch Vangenheim ainsi que 1111 personnes fusillées à Medvejégorsk.
Citations
Les saboteurs
Il y avait encore, à ma droite, du côté des saboteurs, le camarade (pour combien de temps ? ) Roussanov, directeur du chemin de fer Moscou-Bielomorsk (qu’emprunterait bientôt dans un wagon à bestiaux, Alexei Feodossievitch), qui se plaignait de ne pas avoir assez de matériel roulant alors qu’il en avait bien suffisamment, seulement il laissait prospérer les tire-au- flanc de telle façon que les trains n’étaient jamais prêts au départ. Et le camarade ou bientôt l’ex-camarade Joukov était dans le même cas. Et celui du chemin de fer du Sud, qui retardait le chargement du charbon du Donbass.Et les vauriens de la centrale électrique de Perm, alors, qui depuis le début de l’hiver désorganisaient la production par des coupures de courant intempestives.
Un Cadeau venant du Goulag
Aujourd’hui, jour de ton anniversaire, écrit-il le dix-sept décembre, j’ai pensé à t’envoyer un portrait du camarade Staline et une tête de cheval en éclat de pierre. Drôle de cadeau d’anniversaire.
La disparition de 1100 êtres humains
Onze cent détenus embarquent pour Kem, fin octobre 1937, et à partir de ce moment on perd leur trace pendant 60 ans.
Voilà qui semble passionnant ! Je note !
L’ouverture progressive de la mémoire soviétique est très douloureuse et passionnante.
Bonjour,
Comme toi, j’avais repéré ce livre chez Dominique, et comme toi, je l’ai beaucoup apprécié, justement parce que l’on a affaire à un « héros ordinaire », je te rejoins complètement ! C’est justement cela qui fait l’intérêt du livre, s’il se mettait à douter du stalinisme, alors, il n’aurait plus rien … As-tu vu le reportage de l’auteur sur le même sujet ? il est passionnant aussi. (Il était sur le blog de Dominique, mais je crois qu’il a disparu), à rechercher ….
On est bien d’accord, les réactions de mes comparses du club m’ont beaucoup étonnée.
J’avais lu un livre de cet auteur qui ne m’avait pas enthousiasmée mais bon… C’était il y a longtemps ! Le thème ici ne m’attire pas outre-mesure malgré tout le bien que tu en dis ! :D
Je ne peux pas dire que j’ai une passion pour cet auteur, je me souviens d’avoir abandonné un de ses romans et complètement oublié d’ailleurs , celui-là dans la mesure où la période intéresse est vraiment un livre à lire.
J’ai vu cet été le documentaire de Rolin sur ses recherches en URSS, sur les traces de la bibliothèque du camp de prisonniers. Ça ne m’a pas forcément donné envie de lire ce roman mais j’ai beaucoup appris.
je vais aller regarder ce documentaire , je ne peux que recommander la lecture de ce livre.
heureuse que tu ressentes les choses de la même façon que moi
Comme toi et comme Athalie j’ai aimé que ce soit un héros presque ordinaire car c’est une belle façon de rendre hommages à tous les anonymes qui perdirent la vie
Lis Nicolas Werth en particulier un livre que j’ai beaucoup aimé
la route de la kolyma
mais tous ses livres sont excellents
je suis en train de lire l’île des cannibales ; c’est un travail d’historien remarquable. J’ai vu l documentaire sur « la bibliothèque oubliée », et j’ai été émue quand ils ont retrouvé les livres des pauvres gens assassinés.
Ton avis plus qu’enthousiaste est très tentateur ! Et puis j’aime l’idée d’être aller chercher un anonyme parmi tant d’autres plutôt qu’un héros.
et un stalinien convaincu.. ses lettres au camarade Staline sont impressionnantes , de véritable cri du cœur!