Édition Actes Sud Jacqueline Chambon . Traduit de l’anglais(États-Unis) par Gaëlle Rey

 

Aifelle m’a donné envie de découvrir cette auteure à travers un autre titre « Dans la course » , un des commentaires parlait de ce roman que j’ai donc lu. J’ai cherché dans la campagne bretonne ce qui pouvait évoquer l’Amazonie pour faire ma photo, j’ai eu un peu de mal ! mais vous avez quand même l’eau et les herbes.

Si par hasard vous avez envie d’aller en Amazonie (ce qui n’est pas mon cas) lisez ce roman avant pour avoir une idée de ce que vous pourrez y trouver. Entre les moustiques tueurs, les serpents, les plantes toxiques voire mortelles, la chaleur gorgée d’humidité, se cachent des tribus indiennes certaines sympathiques d’autre pas. L’horreur absolue ! Dans cet enfer une jeune scientifique part à la recherche d’une spécialiste des médicaments pour avoir des explications sur la mort de leur collègue qui était déjà parti à la recherche de cette spécialiste. Pour ne pas attraper la malaria, elle prend des médicaments qui lui donnent des cauchemars abominables, ce qui permet à l’auteure de nous faire comprendre son passé. Son père était Indien (de l’Indes) et sa mère du Minnesota. Elle a peu connu son père qui s’est séparé de sa mère pour vivre en Indes et y a refait sa vie. Ce n’est pas du tout le thème principal du roman, même si cela explique sans doute une part du caractère de Marina Singh. Ce roman raconte comment des chercheurs essaient de trouver de nouveaux médicaments dans la jungle amazonienne si riche en biodiversité. Il y a du suspens autour de la mort d’Anders Eckman, dont je ne peux rien dire sans me mettre à dos toutes les anti-divulgâcheuses. En revanche, je peux vous parler de la très antipathique Dr Swenson employée par le même laboratoire que Marina et Anders pour trouver un médicament qui permettrait d’allonger la période de fertilité des femmes. Les femmes indiennes qui accueillent ces scientifiques ne connaissent, en effet, pas de perte de fertilité durant toute leur vie. C’est bien là le but des recherches pour lesquelles le Dr Swenson est rémunéré, mais si elle ne donne pas les résultats de ses recherches, c’est qu’elle veut, avant, trouver un médicament efficace contre la malaria. Elle sait que ce médicament ne sera pas financé par son laboratoire car il n’intéressera pas les femmes américaines. On peut reconnaître les débats actuels sur les médicaments chers (remdesivir) et ceux qui ne coutent rien (l’hydroxychloroquine).

Les histoires d’amour compliquées de Marina, son attachement à un petit enfant indien ne m’ont pas du tout passionnée. En revanche la course aux médicaments et les descriptions de la vie en Amazonie m’ont beaucoup marquée. Si j’ai des réserves sur ce roman, c’est parce qu’aucun personnage n’est vraiment sympathique. J’ai besoin de me sentir bien avec les personnages et entre le Dr Swenson en grand patron détestable et méprisant tout le monde et les amours de Marina, je n’étais bien avec personne. En plus, j’étais plongée dans l’univers – très bien décrit- que je déteste le plus au monde (sans y être jamais allée !)  : la forêt amazonienne.

Citations

 

Une belle lettre d’amour du Dr Ekman

Tous les jours ou presque, j’ai mal à la tête et j’ai peur qu’un de ces minuscules animaux d’Amazonie ne soit en train de creuser un trou de ses dents pour atteindre mon cortex cérébral, et la seule chose au monde que je désire, la seule chose qui donnerait du sens ou de la légitimité à mon existence, serait de pouvoir poser ma tête sur tes genoux. Tu passerais ta main dans mes cheveux, je sais que tu me ferais pour moi. Tel est ton courage, telle est ma chance.

L’arrivée au Brésil

À l’extérieur, l’air était si épais que l’on aurait pu mordre dedans et en mastiquer un morceau. Jamais les poumons de Marina n’avait inhalé tant d’oxygène, tant d’humidité. À chaque inspiration, elle avait l’impression d’emmagasiner dans son corps d’invisibles particules florales, et que de minuscules spores s’installaient entre les cils vibratiles de ses organes pour y prendre racine. Un insecte frôla son oreille dans un bourdonnement si perçant que la tête de Marina bascula en arrière comme si elle avait reçu un coup. Un autre insecte lui mordit la joue tandis qu’elle levait la main pour chasser le premier. Il n’était pas dans la jungle, mais dans un parking. L’espace d’un instant, des éclairs de chaleur illuminèrent un banc de nuages menaçant a des kilomètres au sud avant de les ramener dans la pénombre.

L’horreur absolue pour moi

À la tombée de la nuit, les insectes les assaillirent par nuées. Carapaces dures et souples, mordeurs et piqueurs, grésillant, vrombissant et bourdonnant : tous, jusqu’au dernier, déployèrent leurs ailes de papier et vinrent percuter avec une rage folle les yeux, la bouche et le nez des trois seuls êtres humains qu’il purent trouver. (…) « Le Dr Rapp disait que le travail des entomologiste était facile, dit le Dr Swenson en tournant le dos à l’assaut des insectes. Ils n’avaient qu’à allumer une lumière et tous les spécimens accouraient. »

En période où l’on conteste les recherches en médecine lire de tels faits fait froid dans le dos

Étude clinique mener à Tuskege, en Alabama, de 1932 à 1972, par des médecins américain qui étudièrent l’évolution de la syphilis sur des participants auxquels ils refusaient de donner un traitement curatif pour pouvoir continuer leur recherche.

 

18 Thoughts on “Anatomie de la stupeur – Ann PATCHETT

  1. keisha on 28 janvier 2021 at 08:27 said:

    Exact, cette forêt est bien rendue, et le côté scientifique m’a plu. N’hésite pas à lire Orange amère, par exemple.

  2. J’ai beaucoup aimé Orange amère, et du coup, j’ai acheté celui-ci dont la lecture recule encore et toujours, au vu de quelques avis mitigés. Quelque chose à ajouter pour m’encourager un peu ? :)

    • Oui, oui, je vais trouver des arguments : aimes-tu les ambiances humides voire visqueuses? les araignées de toute dimension ? les moustiques porteur de maladies mortelles inconnues ? les serpents qui peuvent te piquer aux jambes ou te tomber sur la tête? des populations autochtones agressives ou soumises? des occidentaux antipathiques ?
      Voilà je t’ai aidée ?
      Mais je pense que c’est une vision beaucoup plus exacte de l’Amazonie et de la recherche médicale que bien des récits idylliques que l’on peut lire ailleurs.

      • Tout ce que j’aime ! :D C’est sûr que ça ne semble pas trop idyllique.

        • Je savais que ça allait te convaincre. Mais n’oublie pas que c’était le but de l’auteure : ne pas idéaliser l’Amazonie ni la recherche scientifique.Avec ce qu’on vit aujourd’hui on peut comprendre.

  3. la forêt amazonienne c’est un bon sujet mais je suis un peu craintive question serpents :-)

  4. Je ne rêve pas du tout d’aller en Amazonie, beaucoup trop hostile pour moi, trop de bébêtes ! Et puis le traitement anti palu, les cauchemars et les hallucinations, j’ai déjà donné à Madagascar. En fait, je ne supporte vraiment aucun anti palu. Je n’en reprendrai qu’une seule fois, pour un voyage qui me tient trop à coeur : le Kenya, normalement en 2022 pour mes 50 ans !
    Quant à ce roman, je suis comme toi, j’ai besoin d’avoir au moins un personnage auquel me raccrocher par sympathie ou ressemblance. Donc malgré l’intérêt du sujet, je passerai !

    • Je ne savais pas que le traitement antipaludique donnait des hallucinations. Pour moi, on peut éviter cette lecture.

      • keisha on 29 janvier 2021 at 07:45 said:

        Un des médicaments anti palu peut avoir de gros effets secondaires; le lariam je crois.j’ai pris de la nivaquine pendant un temps, sans problèmes, mais à l’époque ça suffisait, depuis il y a d’autres médoc préventifs? Quand je suis allée dans le sud de l’Afrique en 2017, je n’ai rien pris.
        Mais je te garantis que je n’oublie pas la seule jolie crise de palu que j’ai eue… ^_^

        • Déjà que je n’aime pas trop voyager, je me dis que quand vous parler de vos voyages re rêves vous oublier les côtés négatifs que vous êtes moins objectifs que pour les lectures. (Vous s’adressent à toutes les blogueuses voyageuses)

  5. Le thème de ce roman-là ne me tente pas tellement. Par contre, je louche sur « Orange amère » à chaque visite en librairie depuis qu’il est sorti en poche. Je pense que tu aurais davantage aimé celui que j’ai lu « dans la course » avec des personnages très attachants.

    • Quand on a été déçue par un roman c’est compliqué de retourner lire un autre livre de cet auteur. Surtout que les sollicitations ne manquent pas.

  6. C’est une autrice que je veux découvrir depuis quelques temps. Tu n’es pas très enthousiaste, mais moi ça me tente assez la recherche, l’Amazonie, etc. Ce que je ne supporte pas dans la vie (chaleur, humidité et bébêtes), je le supporte bien mieux dans les livres ;-)

    • C’est vrai que les livres nous entraînent dans des univers que nous rejetons dans la vraie vie, mais il arrive parfois que les auteurs racontent si bien ces atmosphères que l’on soit mal à l’aise pendant la lecture.

  7. Cela fait un moment que j’ai à l’esprit de lire Orange amère… pour découvrir l’auteure. Celui-ci parait intéressant pour avoir un point de vue sur la forêt amazonienne…

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