Édition Gallmeister traduit de l’américain par Sophie Asnalides

A obtenu un coup de cœur au club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Comment classer ce roman qui a tant plu aux lectrices et au lecteur de notre club de lecture : roman social , parce qu’il décrit si bien la société d’une petite ville de l’Arkansas groupée autour d’un pasteur charismatique, roman policier parce qu’il y a des meurtres, thriller parce que le suspens bien que prévisible est très bien mené. C’est tout cela et beaucoup plus. Parlons d’abord du contexte, le jour de Pâques la famille du pasteur Richard Weatherford est réunie pour célébrer le Seigneur en ce jour qui célèbre sa résurrection. Celui-ci est tourmenté car il a eu une relation homosexuelle avec un jeune de son village, Gary Doane . Celui-ci a décidé de fuir le village et la domination du pasteur avec de l’argent soutiré au pasteur pour ne pas dévoiler ces relations. Tout se passe en cette journée de Pâques et l’on sent que l’on va vers une catastrophe si prévisible. Mais le plus important n’est pas là, même si l’intrigue est très bien menée, à aucun moment on est dans l’interprétation des faits mais dans les faits eux-mêmes. Chaque chapitre tourne autour d’un personnage du village et peu à peu le village apparaît devant nos yeux et c’est vraiment très intéressant. Le titre dit tout de l’ambiance de Stock, cette petite ville où tout le monde connaît tout le monde et se surveille avec peu de charité chrétienne même si le pasteur est bien le personnage tutélaire de ce roman. On est dans l’Amérique profonde qui ne croit ni à le théorie de l’évolution ni à la liberté de penser. Un pas de travers et vous voilà rejeter de ce petit village qui donne envie de fuir. Mais pour cela, il faut un peu d’argent et c’est bien là le nerf de la guerre. Même si on sent bien que rien ne peut s’arranger, je ne peux pas dire que j’avais prévu la fin. Ce roman conviendra à toutes celles et tous ceux qui sont persuadés que les bons sentiments ne mènent pas le monde, même quand ils sont prêchés tous les dimanche d’une voix tonitruante. Un excellent moment de lecture que j’aimerais partager avec vous.

PS . Ce billet est écrit depuis longtemps, mais tout à fait par hasard il résonne avec l’actualité. On y voit, en effet, les ravages que provoquent le risque de mettre à jour une relation homosexuelle qui révèlerait la part d’ombre d’un homme puissant.

 

Citations

La famille du pasteur

Papa, comment c’est possible qu’il y ait des gens qui pensent qu’on descend des singes ? – Je ne sais pas, mon fils. Hitler a dit que si on veut que les gens croient un mensonge, il suffit de le répéter sans arrêt. Les anticléricaux ne cessent de répéter leur discours sur l’évolution et les gens l’accepte sans le remettre en question. Ils entendent des hommes instruits avec des diplômes impressionnants qui pérorent sur les singes, des fossiles, que sais-je d’autre, ils se disent : « Bon je n’y comprends rien, mais je suppose que ça doit être vrai si ces gens intelligents le croient. »

Dialogue entre la femme du pasteur et une amie

Non, je vous ce que tu veux dire, dit Sandy. Femme de pasteur c’est un job qui occupe nuit et jour.
– Tout à fait. Et j’aime ça. Je ne me plains pas. Mais cette position est très exigeante, un peu comme celle de la femme d’un homme politique. Beaucoup de gens la qualifieraient à peine de boulot, mais en réalité, c’est assez proche de la manière dont Ginger Rogers qualifiait ses danses avec Fred Astair.
– « Je faisais tout ce qu’il faisait, mais à reculons et en talons. »

Le cœur du roman : monologue du pasteur

Ce que je ne suis pas, c’est un homosexuel. Cela n’existe pas, les homosexuels. Le concept de l’identité gay est un mensonge du diable, fondée sur les idées fausses que l’homosexualité est un état de l’être. Si les homosexuels existent, alors Dieu a dû créer les homosexuels, donc, non, il ne peut pas y avoir d’homosexuels. Il n’y a que des actes homosexuels, et on peut choisir ou non de commettre ces actes. Je peux me détourner de mon péché.

Le dépressif

Vachement déprimant, comme idée. Soit c’était un raté et sa grange est là, à pourrir au bord de la route, soit il avait réussi et sa grange est là, à pourrir au bord de la route.

19 Thoughts on “Au Nom du Bien – Jake HINKSON

  1. brrr, ça fait froid dans le dos ! Ma BM ne connaît pas cet auteur (et moi non plus!) mais il m’intrigue, ce roman…

    • Tes bon roman et qui, tout à fait par hasard, a un rapport avec un thème d’actualité. Le silence et ce que cela peut entraîner sur des relations sexuelles qui abîment l’image d’un homme très puissant.

  2. Je crois l’avoir déjà vu sur d’autres blogs, mais sans le noter. Je le fais, mais je vais attendre, vu que je sors de la lecture de l’affaire actuelle que tu évoques dans ton billet.

    • Il y a un parallèle possible entre ces deux affaires , seulement dans ce que cela veut dire de casser l’image d’un homme puissant. Car il ne s’agit pas d’inceste.

  3. Ce roman a tout pour me plaire. En plus de ton avis positif, les éditions Gallmeister sont souvent un gage de qualité pour moi (en tout cas de romans qui me conviennent bien).

    • Je ne fais pas encore très attention au nom de l’éditeur , je sais que j’ai tort. Mais je conseille ce roman ce qui est rare de ma part pour un thriller, que je ne juge pas si thriller que ça.

  4. J’ai assisté à une rencontre avec cet auteur en 2015 aux Quais du Polar, mais ça me semblait très sombre, et je n’ai encore lu aucun de ses romans. Ton avis me donnerait bien envie d’en acheter un !

  5. je note pour ce que tu en dis et parce que ma petite fille passe un an en ce moment dans une petite ville d’Arkansas, ça me mettra dans l’ambiance

  6. Waouuu, coup de coeur des lecteurs et 5 coquillages, je note tout de suite.

  7. Bonjour Luocine, je n’ai pas lu ce roman ci mais L’enfer de Church Street: très très bien aussi. C’est un portrait au vitriol de l’Amérique croyante, en particulier des Baptistes. Je note Au nom du bien. Bonne après-midi.

  8. j’en garde un bon souvenir

  9. L’Amérique profonde, c’est pas vraiment le rêve…

  10. Pingback: Jake Hinkson, Au nom du bien – Lettres exprès

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