Édition Gallmeister, 275 pages, décembre 2023

Traduit de l’américain par Anatole Pons-Reumaux

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

Un roman apprécié par Aifelle et au programme de notre club de culture. Je comprends très bien pourquoi ce roman plaît aux amatrices exigeantes de romans policiers. Car oui, il s’agit bien d’un roman policier, mais c’est surtout une plongée dans l’Amérique avec une population qui n’est ni riche ni pauvre, mais qui peut vite tomber dans la misère. On voit par exemple comment le système de santé laisse les gens sans protection, il vaut vraiment mieux être riche , jeune et en bonne santé pour bien vivre aux USA ! Le personnage enquêteur Mike est le frère de la sheriff et il est aussi policier mais dans l’armée. C’est un personnage attachant, très classique pour un policier dans les romans (ou les séries et les films) il a raté sa vie personnelle et n’a pas beaucoup d’illusions sur les valeurs de ses frères humains. Mais comme Mike a été élevé par son grand père dans une cabane dans la montagne, c’est un fin observateur de la nature et cela permet à l’écrivain de faire profiter à son lecteur de très beaux paysages.

C’est un roman qui se lit vite et que j’oublierai vite.

Ce que je ne comprends pas très bien et qui me gêne c’est la facilité avec laquelle les morts s’accumulent dans ce genre de romans. Si on en croit ce roman, il y a peu de différences entre les USA et n’importe quel pays dominé par une mafia terroriste ou (et) de barons de la drogue. Car le bilan ici est, si je compte bien, on est face à 14 cadavres sans que cela ne donne une réaction de l’état local ou fédéral.

Extraits

 

Début.

À l’âge de huit ans, Albin avait décidé qu’il deviendrait pilote de course quand il serait grand. Il fabriquait des maquettes de voitures, assemblant des pièces de divers modèles pour créer son propre bolide – numéro onze, peint en vert et blanc. Il se rêvait comme le plus jeune vainqueur du Brickyard 400, avec assez d’argent pour se payer des glaces à chaque repas. Il ne s’était jamais imaginé qu’à vingt-deux ans il conduirait un taxi dans sa ville de Rocksalt, Kentucky.

Personnalité de Mike.

 

Il n’avait jamais aimé la ville. Il n’avait rien contre Rocksalt en particulier, plutôt contre les groupes de gens en général. La ville exigeait une patine sociale qu’il n’avait pas, un exosquelette de politesse. Les gens disaient une chose et pensaient le contraire. Ils se venaient si on osait être franc et direct. Comme si dire ce qu’on pensait était interdit. Il préférait la franchise des gens de la campagne et de la vie militaire.

 

Édition Gaïa

Tome 5 Les pionniers du lac Ki-Chi-Saga

 

Les voici donc la famille de Karl Oskar et Kristina de mieux en mieux installée et d’autres Suédois les rejoignent , mais avec eux l’intolérance religieuse pointe son nez. Kristina reste proche d’Ulrika qui est mariée à un pasteur baptiste, les luthériens l’auraient bien vouée aux gémonies s’ils avaient eu le moindre pouvoir. Kristina aimerait ne plus avoir d’enfant mais elle est de nouveau enceinte et la marraine de la petite fille sera justement Ulrika : comme il est loin le passé de prostituée de la digne femme du pasteur si fière d’avoir une petite filleule qui porte son prénom ! Robert ne donne plus de nouvelles, la famille pense qu’il est sans doute mort quelque part. Nous assistons à la création d’une petite société suédoise avec la construction d’une école et le projet d’une église. Et … toujours plus de terrains qui deviennent des terres privées aux dépens des pauvres Indiens bien incapables de se défendre contre l’exploitation forestière et les terrains que les émigrants privatisent . Le tome se termine par une terrible tempête de neige qui a failli couter la vie au fils aîné de Karl , la puissance de l’évocation du danger est vraiment extraordinaire . C’est tout le talent de cet écrivain.

Extraits

Début tome 5

 Un grand arbre fut déraciné par la tempête et vint s’abattre en travers d’un sentier longeant la berge du lac Ki-Chi-Saga, en pays Chippewyan. Il resta à l’endroit où il était tombé, obligeant ceux qui passaient par là à faire un détour. Il ne vint à l’idée de personne de le couper en morceaux et de l’enlever. Peu à peu apparut un nouveau sentier contournant l’obstacle. Au lieu de déplacer celui-ci les indiens déplacèrent le chemin.(…)
 Un jour un homme à la peau d’une autre couleur arriva le long de ce sentier. Il portait une hache sous le bras et foulait lourdement le sol de ses bottes fabriquées dans une autre partie du monde. En quelques coups de hache, il trancha ce tronc en voie de pourriture en deux endroits et écarta l’obstacle : le chemin avait retrouvé son tracé de jadis plus droit et plus court. Et cet homme qui ne voulait pas perdre son temps à faire un détour inutile s’étonna : pourquoi ce tronc était-il resté là longtemps, à barrer le chemin, au point de commencer à pourrir ?

La pudeur et la sexualité.

Anders Mânsson se mit à rire, mais Karl Oskar se contenta d’esquisser un sourire. Il commençait à se lasser un peu de ces éternelles histoires de femmes et de coucheries qu’il entendait Jonas Petter raconter depuis le départ. On pouvait comprendre que de jeunes puceaux connaissant les mots mais pas les actes correspondants s’en délectent mais entre hommes adultes, il y avait des sujets de conversation plus importants. Lui aussi avait de puissants besoin corporels et il souffrait des périodes de grossesses et des couches de sa femme, qui empêchaient tout rapport ; mais, le reste du temps, il était satisfait du plaisir qu’il prenait avec elle. Quoi qu’il en soit ce genre de choses faisait partie de ce qui se passait là nuit et en silence et il trouvait que c’était le souiller et le rendre tristement banal que d’en parler en plein jour, de façon aussi ouverte et crue. 

Toujours les pratiques religieuses.

 Aucun prêtre n’aurait célébré les relevailles d’une femme portant un enfant. Or elle était grosse sans avoir été purifiée et bénie, après son dernier accouchement. Voilà à quel point elle avait été négligente en matière de religion ! Que pourrait penser Dieu d’une pareille conduite ? Pourrait-Il avoir quelque indulgence envers une femme qui, non seulement recevait la communion mais également de nouveau enceinte sans avoir été purifiée de ses précédentes couches ?

La tempête de neige.

 Mais le vacarme se faisait de plus en plus fort, au-dessus de leurs têtes. La tempête approchait à grands pas, elle aussi. La cime des arbres était de plus en plus courbée et les troncs commençaient à s’agiter. Les vagues invisibles du vent balayaient maintenant la forêt, se brisant avec fracas sur la vallée. La tempête avançait de centaines de milles pendant qu’ils en couvraient couvraient un quart. Elle se jetait sur eux avec une violence et une brusquerie incompréhensibles et les touchait déjà de sa pointe : les premiers flocons de neige aveuglaient Karl Oscar s’abattant sur l’attelage tel un vol de faucon.
Ce fut l’affaire de quelques minutes. Cela débuta par quelques grains durs comme des cailloux qui vinrent le frapper au visage, puis la tempête se déchaîne. La neige se mit à tomber en abondance, poussée par un vent violent. En l’espace de quelques instants le monde, autour d’eux, ne fut plus qu’une masse blanche, tourbillonnant et indistincte : de la neige, de la neige et encore de la neige. Poussee6par le vent du nord-est qui balayait la vallée de son souffle impitoyable, elle s’amassait sur le sol en tas de plus en plus haut.

Tome 6 L’or et l’eau .

Ce tome est consacré à Robert qui revient avec des milliers de dollars pour son frère. Peu à peu on apprendra ce qui lui est arrivé ainsi qu’à son ami Arvid . Il revient malade mais heureux de pouvoir apporter la richesse à sa famille. Ce tome est l’occasion de décrire toujours avec la même minutie la ruée vers l’or avec tous ses dangers . Robert est un aventurier mais c’est aussi un jeune homme naïf qui parle mal l’anglais , avec Arvid, ils rencontrent un muletier qui les aide à avancer dans cette route si dangereuse. Mais hélas , un matin Robert et Arvid se rendent compte que deux mulets ne sont plus là. Ils partent à leur recherche et vont se perdre dans un désert sans pitié. C’est là qu’ils se rendra compte que le seul bien réel pour l’homme c’est l’eau. La souffrance des deux amis est très bien décrite, l’auteur a un réel talent pour décrire les situations extrêmes et la mort d’Arvid qui n’a pas pu se retenir de boire de l’eau empoisonnée est d’un réalisme incroyable. Robert sera sauvé in extrémis par le muletier mais il sera définitivement marqué par la mort de son ami et son combat contre l’absence d’eau. Le muletier lui n’a peur de rien si ce n’est que « Yellow Jack » . Robert ne comprend pas ce que représente ces mots mais hélas le muletier mourra de la fièvre jaune, la terrible maladie qui se cache derrière ces mots. Cet homme lèguera à Robert toute sa fortune car celui-ci le soignera jusqu’à son dernier souffle. Le voilà donc riche mais sans aucune envie de vivre, il finira par rencontrer le Suédois qui lui avait donné envie de partir à la recherche de l’or californien , celui-ci lui proposera de venir dans son hôtel . Je ne vais pas plus loin dans le récit car il y a un retournement de situation si douloureux pour tout le monde.

Extraits

Fin de l’introduction .

Seul un rêve pouvait rassembler une telle foule, seul un rêve pouvait la pousser vers l’avant pendant deux mille miles, à travers les régions les plus sauvages et les plus désertiques de la planète. 
Pour indiquer le chemin à ces milliers de gens se déplaçait jour et nuit devant eux un mirage doré, une colonne de feu : « L’OR ! C’était leur but commun, leur quête à tous :  » L’or ! Le pays de l’Or ».

Le monde change.

On entendait parler de tant d’escroqueries et de poudre aux yeux, en Amérique. Ces derniers temps, le Territoire avait vu arriver une foule de paresseux refusant de cultiver la terre et se contentant d’en faire commerce. Ils voulaient être riches sans travailler, tout comme Robert. C’étaient des parasites qui tentaient de vivre aux dépens des pionniers travailleur, de même que les poux suçaient le sang des êtres humains. Il était toujours fâché d’entendre parler de ces paresseux de marchand de terre, installés çà et là, dont on ne pouvait se débarrasser. Le Territoire n’était pas encore organisé de façon satisfaisante : le pays était trop grand, les cultivateurs trop peux nombreux, les paresseux et les filous en trop grande quantité, au contraire.

L’histoire du Grand Hôtel de grand City.

La salle à manger sentait le renfermé et le moisi et il ne put s’empêcher de dire à son ami qu’il avait un peu le sentiment de se trouver dans une cave.
– C’est exact. Le Grand Hôtel était une cave à pomme de terre, originellement, répondit fièrement Fred.
Il poursuivit en racontant l’étrange et noble histoire de l’établissement : la maison était un monument historique, car c’était le plus ancien édifice encore en existence dans la ville. Elle datait déjà de quatre ans. Il avait d’ailleurs l’intention de mettre un écriteau pour le proclamer à la face du monde.

La monnaie dans un trop vaste pays encore en construction.

L’Indiana State Bank de Bloomfield, qui avait émis ces billets, avait disparu depuis plusieurs années déjà. C’était sans doute la raison pour laquelle elle ne figurait pas sur la liste des établissements malhonnêtes publiées dans le journal : elle n’existait plus. On ne trouvait plus les billets qu’elle avait mis en circulation dans cette partie de l’Amérique, uniquement dans les régions de l’ouest les plus éloignées, avait dit le directeur, avant d’ajouter que seuls des immigrants suédois et autres étrangers pouvaient se laisser abuser de la sorte.

 


Édition le livre de poche , 347 pages, septembre 2021

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Roques

Un roman chaudement recommandé par la blogosphère (par exemple Ingannmic , Je lis je Blogue ) et je comprends pourquoi. Nous allons suivre douze personnes indiennes ou ayant du sang indien, qui doivent se retrouver pour un grand « Pow-Wow » à Oakland. Je ne connaissais pas ces manifestations qui permettent aux Indiens de se retrouver entre eux en chantant et en dansant. Visiblement, ces manifestations ne sont pas uniquement folkloriques, elles font du bien aux participants qui ont si peu l’occasion de se sentir fiers de leurs origines.
Bien loin des images habituelles d’Indiens vivant dans les réserves en peine nature, nous sommes avec des urbains qui ont tous connu des graves difficultés. L’alcool, la drogue, la violence sont le quotidien des ces gens. À aucun moment, l’auteur ne cherche à simplifier les problèmes que ces êtres mal dans leur peau créent ou qu’ils rencontrent. Le passé est comme un poids énorme qui pèse sur leurs personnalités, cela permet à l’auteur de raconter les différentes exterminations dont les tribus indiennes ont été les victimes, et de faire prendre conscience que leurs difficultés actuelles, même si ces gens font parfois des actes violents cela est si peu de choses à côté de ce dont ont été victimes leurs ancêtres.

Mais si tous viennent à cette cérémonie dans un esprit de communion, malheureusement certains ont d’autres projets, et auront comme projet d’arriver avec des armes pour voler l’argent qui doit récompenser les participants aux différents concours de chants et de danses.

On suit au plus près le destin des jeunes qui souvent sont élevés sans père, ou avec des pères violents, des femmes qui ne sont pas capable d’être mères mais qui ont quand même des enfants. Comme Tony qui a été porté par une mère alcoolique et qui souffre donc du Syndrome d’Alcoolisation Fœtale, sa mère est en prison et hélas il va essayer de gagner de l’argent avec la drogue.

Chaque chapitre porte le nom d’un personnage qui va participer au « pow-wow » , positivement ou pour détruire. Tout le roman monte vers la catastrophe qui était annoncée dès le début. Un très beau roman, pour lequel j’ai une réserve car c’est compliqué de passer d’un personnage à l’autre puis de le retrouver. On passe, non seulement d’un personnage à l’autre, mais d’une histoire à une autre, cet éparpillement est à l’image de la façon dont vivent les Indiens d’aujourd’hui qui ne sont plus une communauté, ils vivent en effet en ville et le plus souvent dans des situation marginales ou la limite de la marginalité. Cet éparpillement ne facilite pas la lecture. J’ai dû faire de gros efforts pour garder à l’esprit l’engrenage fatal dans lequel l’auteur plonge son lecteur. Mais j’ai beaucoup aimé la façon dont chaque personnage est décrit.

 

 

Extraits

Début.

 Il y avait une tête d’Indien la tête d’un Indien, le dessin de la tête d’un Indien aux longs cheveux parée d’une coiffe de plumes d’aigle, dessinée par un artiste anonyme en 1939 et diffusée jusqu’à la fin des années soixante-dix sur tous les écrans de télé une fois les programmes terminés. Cela s’appelait la Mire à tête d’Indien. Si on laissait la télé allumée, on entendait le son d’une fréquence de 440 hertz -celle servant à accorder les instruments- et on voyait cet Indien, entouré de cercles pareils à ceux de la lunette de visée d’un fusil. Il y avait ce qui ressemblait à une cible au sens de l’écran, et des chiffres comme autant de coordonnées.

Exemple de massacres.

 En 1637 entre quatre cents et sept cent Pequots se rassemblèrent comme chaque année pour la Danse du Maïs vert. Les colons encerclèrent leur village l’incendièrent et abattirent tout Pequot qui tentait de s’échapper. Le lendemain, la colonie de la baie du Massachusetts organisa un banquet pour fêter l’évènement, et le gouverneur proclama un jour d’action de grâce. Ce type d’action de grâce survenait partout, chaque fois qu’il y avait ce qu’il fallait bien appeler « un massacre couronné de succès ». On raconte qu’au cours d’une de ces fêtes à Manhattan, les habitants célébrèrent l’évènement à travers les rues en donnant des coups de pied dans les têtes d’Indiens, comme s’il s’agissait de ballons.

Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale.

 Devant la télé juste avant de l’allumer, j’ai vu le reflet sombre de mon visage. C’est là que je l’ai vu pour la première fois. Mon vrai visage, celui que voyaient tous les autres. Quand j’ai posé la question à Maxine, elle m’a dit que ma mère buvait quand j’étais dans son ventre, et m’a dit très lentement que j’avais le syndrome d’alcoolisation fœtale.

Le titre.

 Cette citation est importante pour Dene. Ce « là, là ». Il n’avait pas lu Gertrude Stein en dehors de cette citation. Mais mais pour les Autochtones de ce pays, partout aux Amériques, se sont développés sur une terre ancestrale enfouie le verre, le béton, le fer faire et l’acier, une mémoire ensevelie et irrécupérable. Il n’y a pas de là, là :ici n’est plus ici.

Réflexion sur le temps.

 On ne l’a pas, le temps mon neveu. C’est le temps qui nous a. Il nous tient dans son bec comme le hibou tiens un rat des champs. On frissonne. On se débat pour qu’il nous relâche, et lui nous picore les yeux et les intestins pour se nourrir, et on meurt de la même mort qu’un rat des champs.

Réflexion sur le suicide des Indiens

Des jeunes sautent par la fenêtre d’immeuble en flamme et trouvent la mort. Et nous pensons que le problème c’est qu’ils sautent. Voilà ce que nous avons fait : nous avons tâché de trouver un moyen de les empêcher de sauter. Nous les avons convaincus qu’il vaut mieux brûler vif que s’en aller dès que les ennuis deviennent trop brûlants. Nous avons condamné les fenêtres et installer de meilleurs filets de protection pour les rattraper, nous avons trouvé de meilleures façons de les convaincre de ne pas sauter. Ils décident qu’il vaut mieux être mort et enterrer que vivant dans ce monde que nous avons façonné pour eux et dont ils ont hérité. 

Les pow-wows.

 Nous avons organisé des pow-wows parce que nous avions besoin d’un lieu de rassemblement. Un endroit où cultiver un lien entre tribus, un lien ancien, qui nous permet de gagner un peu d’argent et qui nous donne un but, l’élaboration de nos tenues, nos chants, nos danses, nos musiques. Nous continuons à faire des pow-wows parce qu’il n’y a pas tant de de lieux que cela où nous puissions nous rassembler, nous voir et nous écouter.


Édition 10/18, 402 pages, septembre 2013 

traduit de l’anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié

Je sais que j’ai acheté ce roman après avoir lu un billet sur un de vos blogs , j’espère que vous me direz dans les commentaires si vous l’avez lu. Le roman raconte l’histoire tragique d’une famille qui vit la disparition d’une petite fille de cinq ans. Son grand frère et sa grand soeur, l’ont laissé se baigner dans une carrière remplie d’eau pendant qu’ils allaient chercher des baies dans la forêt. Les deux aînés se sentent responsables de la disparition de leur petite soeur.
Leur père a disparu en même temps, mais il l’a fait souvent, seulement cette fois il ne revient pas. La mère des enfants est incapable de réagir la famille s’enfonce dans le désespoir. L’auteure raconte cette tragédie en mêlant plusieurs temporalité, la plus ancienne, le temps où les esclaves ont creusé cette carrière au prix de tant de souffrance et de leur vie pour construire des belles maisons aux propriétaires blancs . Elle est maudite cette carrière, car elle connaît un drame qui a marqué la jeunesse du père de Willet et de Roberta les aînés qui ont laissé seule leur petite soeur. Le lien de toute ces vies meurtries c’est celle qui pense être leur grand-mère Clémentine qui aide les femmes à accoucher ou à avorter. Les enfants partiront dans le sud de la Floride où enfin ils trouveront des réponses.

Tous les personnages vivent en marge de la légalité, leur père fabrique des faux billets, et Willet gagnera de l’argent trop facilement dans des trafics de drogue. La grand-mère Clémentine soigne par les plantes des gens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas aller voir des médecins officiels, et fait des avortements pour aider des femmes ou aide les femmes à confier leur bébé à des familles d’adoption. Ce roman décrit bien l’ ambiance si particulière du sud des USA, et bien sûr ce qui sous tend ce roman c’est le racisme contre les noirs et des gens qui ont du sang noir, ils ont si peur que les traits physiques des noirs réapparaissent chez leur enfants, car ils connaissent le rejet dont ils seront alors victime.

J’ai eu du mal à me plonger dans ce roman mais peu à peu j’ai été prise par le rythme du récit, un de mes freins pour aimer complètement ce roman, c’est le personnage de Roberta qui semble toujours être à côté de la plaque, deux exemples : elle ne dit pas ce qu’elle a vu le jour de la disparition de la petite soeur, elle veut absolument annoncer la découverte que son père est vivant alors que son frère veut lui annoncer son mariage. Elle semble une éternelle enfant ou adolescente ! En revanche, la description de la nature rend ce roman très beau même quand celle-ci est inhospitalière .

 

Extraits :

Début.

White Forest, Mississipi 
1976
 On était en août et il faisait plus chaud, bizarrement, qu’en juillet ; une chaleur lourde, étouffante qui nous laissait poisseux et nous empêchait de dormir même au plus noir de la nuit. Il pleuvait presque tous les après-midi dans le delta du Mississipi, de violents orages dans des ciels gris tendre. La pluie aurait dû nous soulager, mais dès que les nuages se dispersaient, laissant poindre le soleil, une vapeur s’élevait de l’herbe desséchée, du bitume craquelé et des champs bruns et il faisait encore plus lourd.

Portrait du père.

 Il apparaissait et disparaissait sans prévenir. Nous étions censés être content de le voir, et en général nous l’étions. Papa était charmant, comme les hommes malhonnêtes sont obligés de l’être, et trop beau pour son propre bien. Il ressemblait à si méprendre à Paul Newman. Il le disait lui-même.

Après l’appel à la télévision .

 Tous les jours des gens appelaient chez nous pour dire qu’ils avaient vu Pansy dans une supérette à Shreveport ou un centre commercial en Alabama. Un homme a appelé pour dire qu’il détenait Pansy et qu’elle allait bien, il ne fallait pas s’inquiéter. Une gamine, jouant une farce cruelle, a voulu se faire passer pour notre sœur elle criait dans le téléphone : « Maman viens me chercher ! je suis toute seule ici ! » Willet a arraché le combiné des mains de maman et à jurer à son adresse jusqu’à ce que l’enfant à l’autre bout du fil éclate en sanglots et raccroche.
 Une femme se prétendant médium a affirmé que Pansy se trouvait entre les mains d’un méchant homme. Elle disait qu’elle pouvait la trouver et la libérer de son emprise si maman lui envoyait trous cent trois-trois dollars dans les trente-trois heures le chiffre 3 avait une importance particulière mais je n’ai pas retenu les explications. Maman a voulu s’exécuter, mais Willet l’en a dissuadée. Les policiers l’ont félicité.
 » C’est une arnaque, à expliquer le maigrichon. Ça loupe pas chaque fois qu’une personne disparaît. »

Un des drames du roman.

 Lui et Fern avaient huit ans quand leur père les abandonna sur le bord de la route. On l’appelait Junior à l’époque, le premier des nombreux surnoms qui lui colleraient à la peau toute sa vie.  » Prend soin de ta sœur », lui avait recommandé son père avant de monter dans un train en direction du nord. Ils ne se désolèrent pas de son départ. Ils en étaient encore à se faire à la perte de leur mère.

Le caractère de leur mère .

 Et la vérité n’avait jamais intéressé maman. Elle couvrait la part sombre de notre père d’un joli glaçage comme elle l’aurair fait avec un gâteau au ccaramel. Elle ne pouvait pas supporter de regarder tout ce qui était laid ou douloureux.

Les paysages de Floride.

 Les palétuviers poussaient de travers malgré leurs hauteurs et, dans les zones où l’eau était moins profonde, je voyais que les racines formaient une masse enchevêtrée comme des lianes. Nous avons flotté pendant un moment dans une mare stagnante bordée d’herbe. Il faisait chaud pour une mi-janvier. Les moustiques sifflaient constamment. Un poisson a fait un bon en l’air. Un oiseau a lancé un appel dans les arbres. Une araignée tissait sa toile dorée sur une souche. Partout où je regardais, l’atmosphère était dense lourde et grouillante de vie. Nous avons traversé une nuée de moucherons et j’ai manqué laisser échapper ma pagaie en tentant de les écarter. Les feuilles, les branches et les fragments de mousse qui pendouillaient semblaient s’avancer pour nous caresser au passage. Les troncs d’arbres étaient recouverts de plaques de mousse vert fluorescent.

 

 


Édition Delcourt/ Encrages . Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Quel livre ! Pour, moi c’est vraiment trop dur, mais je suis une petite nature ! Il faut aussi que je dise que c’est très beau. Valentine Cuny- Le Callet est dessinatrice et écrit ce livre avec Ronaldo un homme qui est dans le couloir de la mort en Floride pour un meurtre qu’il dit ne pas avoir commis. Ce livre permet, encore une fois, de voir la condition des noirs aux USA, et aussi de se réjouir d’habiter un pays où la peine de mort n’existe pas.

Tout le talent de la dessinatrice est de nous faire comprendre toutes les injustices à travers les dessins. Ronaldo apparaît comme un homme sensible et attentionné. Son procès va être revu mais on ne sait pas, à la fin, si sa peine sera commuée en détention à vie où si la peine de mort sera de nouveau requise.

Si vous avez plus de courage que moi pour vous plonger dans l’univers carcéral américain, n’hésitez pas ce livre est pour vous. Et si vous aimez le dessin alors vous serez complétement conquis. J’ai pris quelques photos de planches qui m’ont totalement bouleversée, surtout celles où on voit que les gens qui assistent au lynchages, ce sont des gens ordinaires contents d’être là .



Édition Albin Michel. Traduit de l’américain par Sarah Gurcel

Je vais vous parler d’un roman qui a plombé tout mon été 2022, et pourtant les quatre coquillages vous montrent que je vous en conseille la lecture. J’avais tellement aimé « le fils » du même auteur que je me suis lancée sans hésitation dans ce roman. Soutenue par l’enthousiasme de Krol qui dit dans son commentaire qu’elle aurait bien continué 500 pages de plus !

Le sujet est intéressant, mais vous l’avez certainement déjà rencontré dans d’autres pavés américain : la désindustrialisation de ce ce grand pays – grand, autant par la taille que par les problèmes qu’il engendre et qu’il doit affronter- a laissé des régions entières sans emploi et dans une misère noire. Qui dit misère, dit problème de violence et ce roman le raconte très bien.

D’où viennent mes réserves ? D’abord du style de l’écrivain, je reconnais que, comme il veut écrire un roman choral il cherche à varier son style suivant les personnages du drame. D’abord nous rencontrons Isaac un être supérieurement intelligent mais inadapté socialement. Ils font souvent des bons personnages de films ou de séries ces gens quelque peu autistes à haut potentiel. Le style de l’écrivain devient haché car Isaac parle par phrases lapidaires et est difficilement compréhensible. Ensuite nous serons avec Poe, l’abruti au grand cœur qui cogne avant de réfléchir, il fera le malheur de Grace sa mère qui ne réfléchit pas beaucoup non plus mais qui fera tout pour sauver son fils. La sœur d’Isaac, Lee, a fui cet endroit mortifère en faisant de brillantes études à Yale, mais elle se sent coupable d’avoir abandonné son frère qui doit s’occuper de son père Henry accidenté du travail. Il me reste à vous parler de Harris le policier amoureux de Grace et qui va essayer de sauver Poe.

Voilà, vous les connaissez tous maintenant et ces personnages vont être pris dans un drame provoqué par Isaac qui a décidé de fuir cet endroit en volant l’argent de son père. L’auteur fait parler les personnages les uns après les autres et cela permet au lecteur de ne donner raison à personne. Ils ont tous leur part de responsabilité. Ils sont pris dans un engrenage infernal dont le moteur principal est la misère, dans une région où plus rien ne marche ce n’est pas le meilleur de chaque homme qui est aux manettes.
Comme souvent pour les romanciers américains, il faut à Philipp Meyer cinq cents pages pour nous raconter cette histoire. Il est vrai que la toile de fond du récit est bien rendu : dans une très belle nature qui peu à peu reprend ses droits, les hommes qui l’ont tellement abîmée par une industrialisation intensive sont aujourd’hui les victimes et non plus les maîtres. Ils ont perdu leur pouvoir et semblent bien peu de chose. C’est un récit implacable donc plombant pour le moral et ce n’est pas la fin, dont hélas je ne peux rien dire ici, qui sauvera l’impression de l’énorme gâchis qui ressort de cette lecture si éprouvante.

Citations

L’usine désaffectée :

 Vertes collines ondoyantes, lacets de rivière boueuse, étendues de forêts que seules déchiraient la ville de Buel et son aciérie, une petite ville en elle-même avant qu’elle ne ferme en 1987 et soit partiellement démantelée dix ans plus tard ; elle se dressait maintenant telle une ruine antique, envahie d’herbe aux cent nœuds, et de célastre grimpant et d’ailantes glanduleux.

La fin d’un monde.

Pendant un siècle, la vallée de la Monongahela River, que tout le monde appelait la Mo et qui avait été la plus grosse régions productrice d’acier du pays, même du monde en fait, mais le temps qu’Isaac et Poe grandissent, cent cinquante mille emploi avait disparu et nombre de villes n’avaient plus les moyens d’assurer les services publics de base -la police notamment. comme la sœur d’Isaac l’avait dit un ami de fac « la moitié des gens se sont tournées vers et services sociaux, les autres sont redevenus chasseurs-cueilleurs ». Une exagération, mais pas tant que ça.

Un pays qui va mal.

 Il ne voyait comment le pays pouvait survivre à long-terme, la stabilité sociale repose sur la stabilité de l’emploi, c’est aussi simple que ça. La police ne pouvait pas résoudre ce genre de problèmes. Les gens qui avaient des retraites et des mutuelles, on les voyait rarement voler leurs voisins, battre leur femme ou se cuisiner de la meth dans leur cabane de jardin. Et pourtant, c’était toujours la faute des flics -comme s’ils avaient les moyens d’empêcher toute une société de s’effondrer. La police doit faire preuve de plus d’agressivité, disaient les gens -jusqu’au jour où vous pinciez leurs fils en train de voler une voiture et que vous lui tordiez un peu violemment le bras : la, vous étiez un monstre et un violateur des libertés publiques. Les gens voulaient des réponses simples, mais elles n’existaient pas. Faites en sorte que vos enfants ne sèchent pas les cours. Priez pour que des compagnies biomédicales viennent s’installer par ici.

Différence USA/France.

Il y avait là, dans cette propension à se considérer comme responsable de sa propre malchance, quelque chose de typiquement américain : une réticence à admettre que l’existence puissent être affectée par des forces sociales, et une tendance à ramener les problèmes plus généraux aux comportements individuels. Négatif peu ragoûtant du rêve américain. En France, se dit-elle, les gens auraient paralysé le pays. Ils auraient empêché les usines de fermer.

 

Éditions Les Escales. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Caroline Bouet.

Titre original Friends and Stangers
550 pages … encore un gros pavé américain qu’un bon écrivain français écrirait en une centaine de page. J’ai hâte que les cours d’écriture des universités américaines aident les futurs auteurs à synthétiser ce qu’ils ont à nous dire..
Ceci dit, le sujet est intéressant deux femmes vont s’apprécier l’une (Sam) est étudiante et a un peu plus de vingt ans, l’autre (Élisabeth) est une femme de quarante ans écrivaine, elle a connu un grand succès avec un premier roman. Elle vient d’avoir un bébé et voudrait pouvoir avoir du temps pour se remettre à écrire. Pour cela, elle va embaucher Sam comme baby-sitter.
Les deux vont devenir « amies » alors que beaucoup de choses les opposent : l’âge d’abord et leur milieu d’origine : Elisabeth vient d’une famille désunie mais très très riche, Sam vient d’une famille unie mais de revenus modestes.
Le roman explore avec lenteur où se logent les différences dues à l’argent.
Au bas de l’échelle les employées mexicaines qui font la cuisine et le ménage à qui l’on retire peu à peu les rares avantages que leur métier leur avait offert (couverture médicale, emploi stable).
Un peu moins victime de la dureté de la vie aux USA les américains moyens qui ont fait des erreurs d’adaptation face au monde connecté.
George le père du mari d’Élisabeth qui avait une petite compagnie de taxi et qui sera ruiné par l’arrivée d’Uber.
Les parents de Sam ne peuvent empêcher que leur fille s’endette pour pouvoir faire des études.
Très au-dessus il y a les amies de Sam dont les parents payent les frais de l’université et trouvent des stages intéressants pour leur fille. Et le père d’Élisabeth dont la fortune semble ne pas avoir de limites.
Les deux femmes s’entendent bien et le petit bébé Gill (Gilbert) profite de l’amour de ses deux femmes. Mais l’une et l’autre vont intervenir de façon fort maladroite dans la vie d’autrui. L’intervention de Sam s’avérera catastrophique pour les employées qu’elle voulait défendre. Celle d’Élisabeth sera bénéfique pour Sam sur le plan professionnel. Moins sur le plan sentimental.
Grâce au personnage de George qui milite pour montrer que l’Amérique fonctionne comme « un arbre creux », le roman aborde tout ce qui va mal dans cette société. Par cette image il veut faire comprendre que comme un arbre qui semble splendide en fait ce pays a sacrifié sa classe moyenne et s’effondrera un jour. Il cherche à motiver les gens pour qu’ils prennent conscience qu’ils ne sont pas responsables individuellement de ce qui leur arrive mais qu’ils sont victimes d’un système injuste qu’ils contribuent eux mêmes à alimenter. Si lui a fait faillite avec sa compagnie de taxis c’est parce qu’Uber a sous payé des hommes pour utiliser des voitures de moindre qualité et ne leur a donné aucun avantage social. Pas de couverture maladie pas de retraite …
C’est évidemment pire quand il s’agit de mexicains sans papier.
Il faut hélas (pour moi) lire tout cela à travers les méandres de la pensée d’Élisabeth qui peut se permettre de déchirer le chèque de trois cent mille dollars de son père car celui-ci trompe sa mère allègrement. Les difficultés post naissance de cette femme sont tellement puériles : l’allaitement, les forums de ses anciennes amies de Brooklin, les embryons congelés pour l’éventuelle deuxième five, sa difficulté à trouver l’inspiration pour un deuxième roman, aucun de ses sujets ne m’a vraiment intéressée. Pas plus que les amours de Sam, et ses difficultés à jongler entre une amie cuisinière et les étudiantes friquées, deux mondes que tout sépare elle sera bien la seule à croire que l’on peut les réunir. Et que dire de ce bébé qui se résume à des joues rebondies et des bouclettes. Qui, oh surprise ! ne dort pas la nuit et fait ses dents. Il est au centre du roman mais ne prend jamais vie.
Quant au mari et son invention de barbecue solaire c’est juste une image positive sans intérêt.
Bref un roman classique que j’ai lu attentivement dont le seul intérêt réside dans la difficulté de la classe moyenne à s’adapter au monde connecté qui détruit les valeurs des solidarités humaines américaines qui les unissaient auparavant.

Citations

Chater avec ses amies

 Elles ne se parlaient jamais de vive voix il n’y avait ni bonjour ni au revoir, juste une conversation en cours qu’elle reprenait et arrêtait plusieurs fois dans une même journée. Si sa meilleure amie lui téléphonait, cela signifiait soit que quelqu’un était mort, soit, à l’époque où elles habitaient toutes les d’eux à Brooklyn qu’elle s’était enfermée dehors.

Les épouses dévouée

 Le cours de l’histoire était émaillé de récits de femmes épaulant des hommes qui se lançaient dans des « aventures ». Leur foi, la bonne volonté avec laquelle elles acceptaient de vivre sans jamais prendre de congés, sans remise à neuf de leur maison ni soirée en amoureux, tout cela au service de la Grande Idée, étaient récompensées à terme. La femme qui croyait finissait plus riche que dans ses rêves les plus fous, et se consacrait alors à des activités qu’elle pratiquait en dilettante, comme par exemple diriger une association caritative éponyme, ou bien s’acheter la petite librairie de son lieu de villégiature préféré. 
Le cri de guerre du grand homme : » Rien de tout cela n’aurait été possible sans elle. »

Cela est très bien vu.

Dimanche, avec mon groupe de discussion, il y a eu une intervention de Hal Donahue, le propriétaire du magasin de chaussures du centre ville. Après soixante années d’activités, ils mettent la clé sous la porte. Il nous a expliqué qu’il y a quelque temps, des clients se sont mis à venir dans son magasin pour essayer trois ou quatre paires de chaussures pour eux et leurs enfants et ensuite, sous ses yeux, ils allaient regarder sur leur téléphone, s’ils pouvaient les trouver pour moins cher en ligne. Vous savez ce que Hal a dit ? il a dit : « Je leur souhaite bonne chance. Est ce qu’Amazon va financer l’équipe junior de baseball ou un char pour le quatre juillet ? »

Humour.

 Vous n’imaginez pas le nombre de grands-mères qui meurent le jour de remise d’un devoir. À ma connaissance, avec les partiels, c’est la principale cause de décès chez les grands- parents.

Les différences sociales.

 Isabella avait décroché son stage que parce qu’un ami de son père s’en était mêlé. Quand Lexi leur avait parlé de ses propositions d’emploi et qu’elles l’avaient félicitée, elle avait dit :
– Ma tante est agente littéraire, et pas des moindres. Elle a rendu un service c’est tout.
 Tant de camarades de Sam avait fait des stages non rémunérés au cours de l’été pendant qu’elle travaillait pour pouvoir payer ses frais de scolarité. 
Pourtant, bizarrement, jusqu’à présent Sam n’avait pas compris que la richesse n’était pas uniquement une question d’argent mais aussi une histoire d’opportunités.

 

 

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Carla Lavaste. Édition Pocket

 

Roman reçu en cadeau, et que j’ai lu d’une traite car l’histoire est saisissante et bien racontée. J’aime bien découvrir à travers un roman un fait historique dont je n’avais jamais entendu parler. Aux USA « Terre d’accueil et de liberté » pour des populations européennes chassées par la misère de leur pays, une pratique peu reluisante a vu le jour entre les deux guerres. Une oeuvre chrétienne chargeait à New-York un train avec des orphelins pour leur éviter l’orphelinat. Il arrivaient dans le Midwest et dans les gares les attendaient des couples en mal d’enfants. Une affiche avec cette annonce était collée sur les murs

On recherche
FAMILLES D’ACCUEIL POUR ORPHELINS
Une société de Bienfaisance de la côte Est
Pour enfants sans foyer
Arrivera à la gare de Milwaukee Riad.
Le vendredi 18 octobre
LA DISTRIBUTION AURA LIEU À 10H
ces enfants de tous âges et des deux sexes
sont seuls au monde

Les familles d’accueil faisaient leur choix et signaient une convention : ils devaient les nourrir et les loger contre de menus services et les envoyer à l’école. Les bébés étaient le plus souvent adoptés et les plus grands, surtout les garçons étaient choisis par des fermiers pour l’appoint qu’ils pouvaient apporter au travail de la ferme. Aucun contrôle n’était exercé et donc l’école était une option au bon vouloir des gens qui accueillaient ces enfants.
Le roman a choisi pour raconter cette histoire une petite fille irlandaise qui changera plusieurs fois de prénom, Niamh son prénom irlandais, Dorothy dans l’horrible première famille et Viviane chez les gens qui l’ont aimée et qui ont voulu lui donner le prénom de leur fille morte de la diphtérie . Le seul objet qui la relie à son origine est un médaillon en étain avec le symbole irlandais de l’amour ;  » le cladagh »

Il lui avait été offert par une grand-mère dont elle se souvient avec tendresse. Mais quand elle sera orpheline personne ne cherchera à la récupérer ni sa famille irlandais avec qui elle n’a plus aucun contact ni sa famille(éloignée) américaine qui devait sans doute se battre avec sa propre misère. Elle partira donc dans un de ces trains et connaîtra deux horribles familles avant de rencontrer ceux qui deviendront ses parents adoptifs . Cette histoire nous est racontée au gré des rangements dans un grenier par une autre enfant placée en famille d’accueil, Molly qui a écopé de cinquante heures de travaux d’intérêt général. Ces deux femmes l’une dans l’année de ses 18 ans l’autre dans ses 93 ans finiront par s’entendre. Elles ont en commun de savoir ce que c’est que de vivre dans une famille d’accueil.

J’ai quelques réserves sur la fin trop en happy-end à mon goût , en particulier pour la jeune Molly mais cela n’enlève rien à l’intérêt du roman.

 

Citations

Une jeune placée en famille d’accueil

S’il y a bien une chose qu’elle déteste à propos des familles d’accueil, c’est d’être à la merci de gens qu’elle connaît à peine et de dépendre de leur moindre lubie. Ne rien attendre de qui que ce soit, voilà ce qu’elle a appris. Ses anniversaire sont souvent oubliés et c’est tout juste si elle est invitée à participer aux différentes fêtes qui jalonnent l’année. Elle doit se contenter de ce qu’elle reçoit, et c’est rarement ce qu’elle a demandé.

Le train d orphelins

« Les enfants, vous voici à bord de ce que l’on appelle un train d’orphelins et vous avez la chance d’en faire partie. Vous laissez derrière vous un lieu diabolique où règne l’ignorance, la pauvreté et le vice. À la place, vous allez découvrir la noblesse de la vie à la campagne. »

 

Édition Gallmeister traduit de l’américain par Sophie Asnalides

A obtenu un coup de cœur au club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Comment classer ce roman qui a tant plu aux lectrices et au lecteur de notre club de lecture : roman social , parce qu’il décrit si bien la société d’une petite ville de l’Arkansas groupée autour d’un pasteur charismatique, roman policier parce qu’il y a des meurtres, thriller parce que le suspens bien que prévisible est très bien mené. C’est tout cela et beaucoup plus. Parlons d’abord du contexte, le jour de Pâques la famille du pasteur Richard Weatherford est réunie pour célébrer le Seigneur en ce jour qui célèbre sa résurrection. Celui-ci est tourmenté car il a eu une relation homosexuelle avec un jeune de son village, Gary Doane . Celui-ci a décidé de fuir le village et la domination du pasteur avec de l’argent soutiré au pasteur pour ne pas dévoiler ces relations. Tout se passe en cette journée de Pâques et l’on sent que l’on va vers une catastrophe si prévisible. Mais le plus important n’est pas là, même si l’intrigue est très bien menée, à aucun moment on est dans l’interprétation des faits mais dans les faits eux-mêmes. Chaque chapitre tourne autour d’un personnage du village et peu à peu le village apparaît devant nos yeux et c’est vraiment très intéressant. Le titre dit tout de l’ambiance de Stock, cette petite ville où tout le monde connaît tout le monde et se surveille avec peu de charité chrétienne même si le pasteur est bien le personnage tutélaire de ce roman. On est dans l’Amérique profonde qui ne croit ni à le théorie de l’évolution ni à la liberté de penser. Un pas de travers et vous voilà rejeter de ce petit village qui donne envie de fuir. Mais pour cela, il faut un peu d’argent et c’est bien là le nerf de la guerre. Même si on sent bien que rien ne peut s’arranger, je ne peux pas dire que j’avais prévu la fin. Ce roman conviendra à toutes celles et tous ceux qui sont persuadés que les bons sentiments ne mènent pas le monde, même quand ils sont prêchés tous les dimanche d’une voix tonitruante. Un excellent moment de lecture que j’aimerais partager avec vous.

PS . Ce billet est écrit depuis longtemps, mais tout à fait par hasard il résonne avec l’actualité. On y voit, en effet, les ravages que provoquent le risque de mettre à jour une relation homosexuelle qui révèlerait la part d’ombre d’un homme puissant.

 

Citations

La famille du pasteur

Papa, comment c’est possible qu’il y ait des gens qui pensent qu’on descend des singes ? – Je ne sais pas, mon fils. Hitler a dit que si on veut que les gens croient un mensonge, il suffit de le répéter sans arrêt. Les anticléricaux ne cessent de répéter leur discours sur l’évolution et les gens l’accepte sans le remettre en question. Ils entendent des hommes instruits avec des diplômes impressionnants qui pérorent sur les singes, des fossiles, que sais-je d’autre, ils se disent : « Bon je n’y comprends rien, mais je suppose que ça doit être vrai si ces gens intelligents le croient. »

Dialogue entre la femme du pasteur et une amie

Non, je vous ce que tu veux dire, dit Sandy. Femme de pasteur c’est un job qui occupe nuit et jour.
– Tout à fait. Et j’aime ça. Je ne me plains pas. Mais cette position est très exigeante, un peu comme celle de la femme d’un homme politique. Beaucoup de gens la qualifieraient à peine de boulot, mais en réalité, c’est assez proche de la manière dont Ginger Rogers qualifiait ses danses avec Fred Astair.
– « Je faisais tout ce qu’il faisait, mais à reculons et en talons. »

Le cœur du roman : monologue du pasteur

Ce que je ne suis pas, c’est un homosexuel. Cela n’existe pas, les homosexuels. Le concept de l’identité gay est un mensonge du diable, fondée sur les idées fausses que l’homosexualité est un état de l’être. Si les homosexuels existent, alors Dieu a dû créer les homosexuels, donc, non, il ne peut pas y avoir d’homosexuels. Il n’y a que des actes homosexuels, et on peut choisir ou non de commettre ces actes. Je peux me détourner de mon péché.

Le dépressif

Vachement déprimant, comme idée. Soit c’était un raté et sa grange est là, à pourrir au bord de la route, soit il avait réussi et sa grange est là, à pourrir au bord de la route.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Édition Seuil

Un essai ? un roman ? ce qui est sûr c’est que cette lecture a été un peu difficile dans le cadre du club de lecture parce qu’il faut l’avaler en quelques jours et que cette oeuvre ne s’y prête guère elle conviendrait mieux à la flânerie littéraire qui permettrait au lecteur de réaliser le vœu de Bernard Chambaz :

Aux morts pour qu’ils vivent. Aux vivants pour qu’ils aiment

Cette citation extraite de l’oeuvre de Joseph Delteil « les poilus », est le fil conducteur de ce roman, les vivants, dans le texte, ils sont deux, les parents de Martin né en 1976 et on peut aussi y rajouter nous, lecteurs et lectrices. Les morts ils sont très nombreux en dehors des deux principaux Jack London mort en 1916 et Martin mort à 16 ans en 1992, il y a aussi la famille quelque peu compliquée de Jack London et tous les écrivains que Bernard Chambaz convoque dans ce voyage qui retrace un itinéraire possible pour mieux connaître l’auteur, entre autre, de Martin Eden . Le livre se divise en chapitres qui sont autant de lieux évoquant la vie du grand écrivain qui, parfois, dialogue avec Martin, et que l’auteur visite avec son épouse. Je pense que si on ne connaît pas l’œuvre de cet auteur extraordinaire qui s’est battu contre tant d’injustices et qui a produit un nombre d’écrits incroyables, on ne peut pas apprécier ce livre. Beaucoup de gens se sont emparés de sa vie car elle se prête aux scandales et aux révélations sulfureuses même sa propre famille y est allée de différentes versions, comme souvent dans ce cas le plus intéressant et sans doute le plus proche de lui est dans ses livres. Je me souviens bien de ma lecture de Martin Eden, c’est un livre que j’ai lu et relu je crois qu’une grande part de lui est dans ce roman. Cela m’a donné envie de relire les livres qui ont enchanté mon enfance comme « l’appel de la forêt » et « Croc blanc » je ne sais pas si les jeunes d’aujourd’hui pourraient être sensibles à ces histoires, eux qui peuvent regarder de si nombreux documentaires animaliers de si grande qualité. Jack London est un écrivain de qualité et un homme privé médiocre, comme le prouve les lettres à ses filles dont l’auteur dit qu’il aurait aimé en faire un grand feu de joie tellement il y apparaît comme mesquin. J’ai retrouvé dans ce livre l’engagement de l’auteur face à la misère du monde capitaliste et la fluctuation de sa pensée politique. C’est souvent le cas lorsqu’un homme connaît la misère populaire, il sait souvent très bien décrire d’où il vient mais quand lui-même atteint un niveau de vie très confortable grâce à ses écrits sa mauvaise conscience le taraude et peut le conduire à des positions paradoxales.

Je ne suis pas enthousiaste pour ce livre, parce que je me suis souvent perdue dans les différents point de vue des chapitres : étions nous avec l’auteur et son amoureuse ? avec leur fils, avec Jack London ? et surtout je n’ai pas compris le dialogue entre Martin et Jack . Est-ce-que cela a enrichi pour l’auteur la connaissance de son fils ? et j’avoue que les constantes allusions aux signes astrologiques me laissent perplexe.

Toutes ces réserves viennent aussi, sans doute, du fait que j’ai lu trop rapidement ce livre pour le rendre au club et avoir l’avis des autres lectrices. et pourtant dans ce livre j’ai lu cette phrase qui me touche beaucoup :

Nous sommes aussi, un peu, les livres que nous avons lus.

 

Citations

 

Une mère au caractère sans tendresse.

Toute sa vie, il restera animé par des sentiments contradictoires, partagé entre l’affection naturelle qu’il porte à sa mère et l’irritation instinctive que ses réactions provoquent (…… )
On garde au fond du cœur des épisodes cuisants auxquels nous donnons, quelquefois, trop de relief. Le plus lancinant quand il y repense n’est pas que sa mère ne lui ait dispensé aucune tendresse, c’est son comportement lors de l’épidémie de diphtérie ou une fièvre carabinée faillit les emporter, sa demi-sœur et lui. Ce jour-là, Flora demanda au médecin si elle pouvait les enterrer dans le même cercueil.

L’enfance de Jack London

Il n’y a pas que les livres dans la vie. Dès ses huit ans, Jack doit gagner sa vie ou plutôt contribuer au budget familial, débitant des pains de glace l’été, balayant les pistes d’un bowling le weekend, livreur de journaux, à pied d’ œuvre pour l’édition du matin et pour l’édition du soir, la nuit noire l’hiver, avant et après la journée d’école où il s’est davantage ennuyé qu’il n’a appris.

Ce qui rend difficile le livre : mélange des époques et des lieux

Icefields Parkway -ou la promenade des Glaciers- longe depuis Jasper la rivière Athabasca. En langue crie, on entend tantôt l’herbe éparse tantôt les roseaux que les champs de glace prodiguent à la saison estivale.

Défense de l’assassin du président Garfield

À son procès, l’assassin ne plaida pas la folie mais la volonté de Dieu dont il était l’instrument, convaincu qu’il serait à ce titre innocenté, assurant sa défense avec des arguments spécieux :  » Ce sont les médecins qui l’ont tué. J’ai seulement tiré . »

Londres en 1900…

Avant même d’arriver au cœur des ténèbres, sa première impression de la capitale mondiale et d’une « abjecte pauvreté » bientôt « sans limite ». Jack est saisie par la vision des vieux et des enfants fouillant les ordures dans la boue. …. 
 Dormir est un méchant casse-tête, que ce soit dans une pièce insalubre où s’entassent plusieurs familles, chez des marchands de sommeil qui louent très cher des lits occupés par roulement, dans des logements exigus, sordides des taudis, des galetas, des tanières, parfois sans fenêtre, presque toujours sans lumière.

Une histoire qui lui servira dans ses nouvelles

Un vieux marin lui rapporte son histoire et le hasard une fois encore fait que c’est une histoire pour Jack. Le vieux avait donc frappé un lieutenant qu’il avait insulté, le lieutenant était tombé à la mer, il avait sauté dans l’eau par réflexe, mais j’aurais mieux fait de nous noyer tous les deux, crois-moi, un canot les avais repêchés, on l’avait traduit devant un tribunal, on lui avait enlevé la Victoria Cross gagnée sur les champs de bataille au bord de la mer Noire pour les beaux yeux de la reine, et il conclut d’une voix ferme, laissant Jack sans voix. : « Ne te laisse pas vieillir, mon petit ! Meurs quand tu es encore jeune ! »

Jack en époux

Alors que Bess est enceinte, qu’elle se coltine les tâches ménagères et tape à la machine ses manuscrits, il continue de faire du vélo, boxer, nager, sortir au club avec ses copains, animer des réunions publiques où il retrouve Anna.