Édition les allusifs . Traduit du polonais par l’auteure relu par Martin Gipet

 

Je dois cette lecture à Aifelle et je suis ravie d’avoir découvert cette auteure. On a tiré une pièce de théâtre de ce petit livre et je pense que la pièce devait être plus passionnante que le livre. J’ai trouvé le texte trop court et il manque de la profondeur à chacun des personnages c’est plutôt un synopsis qu’un roman ou qu’une nouvelle. Voici donc le sujet : une femme, enfant cachée de la guerre découvre que la meilleure amie de sa mère morte à Birkenau lui a volé son manuscrit . Elle est devenue riche et célèbre. L’enfant de la femme juive, ne veut qu’une chose se venger et elle est complètement habitée par cette vengeance. En moins de 60 pages, l’auteure donne une idée des protagonistes de ce drame qui s’avance inexorablement vers une fin tragique , sauf que … la fin en forme d’épilogue et de carte postal enlève (maladroitement selon moi !) le tragique de l’histoire.

Citation

Épeler son nom

Voulez-vous savoir comment je m’appelle ? Voilà une question préliminaire qui m’horripile ! J’aimerais vous répondre Marie Smith ou Stanislawa Gorka ou Rachel Néguev. En faisant un effort, je vous dirai mon vrai nom, Irena Golebiowska. Si vous n’êtes pas slave, et cependant honnête et bien intentionné, vous allez aussitôt me demander d’épeler ce nom barbare. Et cela va m’irriter. On ne me demandait jamais cela en Pologne. C’est à des détails comme celui-ci qu’on s’aperçoit qu’on est en exil. Après toutes ces années, de telles requêtes provoquent toujours chez moi une réaction presque paranoïaque.
(PS : pour habiter la France je sais qu’il n’y a pas besoin d’être étranger pour épeler son nom les Lozac’h bretons en savent quelque chose)

J’ai lu tous les livres de cette auteure, Jai rédigé un billet pour « Ru » et « Man ». J’aime beaucoup ses textes et celui-ci m’a donné envie de relire « RU » qui a connu un si grand succès. Vi explore encore une fois ses origines vietnamiennes et son adaptation à la culture occidentale . Cela passe par l’histoire de sa famille qui était une famille de riches notables intellectuels du Vienam . Sa mère est issue d’une famille de commerçants aisés et très travailleurs. C’est cet aspect qui la sauvera elle et ses enfants. (Le père n’a pas fui avec eux.) À Montréal sa mère avec un courage incroyable réussira dans la restauration. Vi, pourra faire des études et retournera au Vietnam dans le cadre d’actions humanitaires. Ce roman fait la part belle aux sentiments amoureux, de sa mère d’abord qui souffrira des infidélités de son mari sans jamais se plaindre, et puis de la jeune fille qui associe liberté intellectuelle et liberté amoureuse. On sent très bien dans ce livre que les traditions vietnamiennes ne résistent pas au monde occidental. Encore une fois ce roman se divise en de courts chapitres qui sont autant de courtes nouvelles qui dévoilent peu à peu les strates de la personnalité de Vi. Une lecture dépaysante et très émouvante comme tous les livres de cette auteure, on peut sans doute lui reprocher de se répéter un peu, mais, quand, comme moi on l’apprécie, c’est un plaisir à chaque fois renouveler.

 

 

Citations

 

 

Les « boat people »

Mon prénom ne me prédestinait pas à faire face aux tempêtes en haute mer et encore moins à partager une paillote dans un camp de réfugiés en Malaisie avec une dame âgée qui pleura jour et nuit pendant un mois sans nous expliquer qui étaient les quatorze jeunes enfants qui l’accompagnaient. Il fallut attendre le repas d’adieu à la veille de notre départ vers le Canada pour qu’elle nous raconte soudainement sa traversée. Ses yeux avaient vu son fils se faire trancher la gorge parce qu’il avait osé sauter sur le pirate qui violait sa femme enceinte. Cette mère s’est évanouie au moment où son fils et sa bru avaient été jetés à la mer. Elle ne connaissait pas la suite des événements. Elle se souvenait seulement de s’être réveillée sous des corps, au son des pleurs des quatorze enfants survivants.

 

Le Québec

 Nous sommes arrivés dans la ville de Québec pendant une canicule qui semblait avoir déshabillé la population entière. Les hommes assis sur les balcons de notre nouvelle résidence avez tous le torse nu et le ventre bien exposé, comme les Putai, ces bouddhas rieurs qui promettent aux marchands le succès financier et, aux autres, la joie s’ils frottaient leur rondeur. Beaucoup d’hommes vietnamiens rêvaient de posséder ce symbole de richesse, mais peu y parvenaient. Mon frère Long n’a pas pu s’empêcher d’exprimer son bonheur lorsque notre autobus s’est arrêté devant cette rangées de bâtiment où l’abondance était personnifiée à répétition : « Nous sommes arrivés au paradis au paradis.

 

Édition ZOE traduit de l’anglais (Canada par Christian Raguet)

Après « Les Étoiles s’éteignent à l’Aube » et les incitations de Krol et d’Aifelle , j’ai retrouvé avec grand plaisir le talent de Richard Wagamese. On retrouve Franck, celui qui avait permis à son père de mourir en Indien et à nous lecteur de comprendre la beauté de la Colombie-Britannique. Cette fois encore le rapport de l’homme et de la nature est un des ressorts de ce roman que l’auteur n’a pas eu le temps de finir.

Nous retrouvons le thème de la rédemption par le retour sur soi-même qu’offrent la nature et les animaux sauvages. Emmy est une jeune femme violentée par la vie et des compagnons tous plus brutaux et alcooliques les uns que les autres. Elle a une petite fille Winnie, au milieu de tant d’horreurs quotidiennes, il ne lui reste qu’une seule volonté positive : que sa petite fille connaisse une vie meilleure que la sienne. Elle fuit donc les deux hommes qui la brutalisent et la violentent régulièrement pour sauver sa fille. Elle rencontrera Franck et son ami Roth qui travaillent avec lui à la ferme du « Vieil homme » celui qui a sauvé Franck et lui a donné le sens et le respect de la vie. Le roman suit deux traces , l’une terrible et uniquement faite de violence d’alcool et de vengeance : celle des deux hommes qui traquent Emmie pour assouvir leur vengeance, et celle de la reconstruction de Winnie et d’Emmie auprès de Franck dans les montagnes de la Colombie-Britannique.
L’auteur n’a pas eu le temps de terminer son roman, mais, il me semble que la fin est inscrite en filigrane dans ce que nous pouvons lire. Il s’agit de deux chasses, mais l’une est le fait de prédateurs qui ne sentent pas la nature dans toute sa complexité et l’autre celle d’une réconciliation avec le monde dans toutes ses facettes. Parce que ce roman n’est pas complètement fini, on sent aussi, parfois, des dialogues rapidement esquissés qui auraient demandé une relecture. Mais à côté de cela , il y a des moments splendides en particulier sur les rapports possibles entre les animaux et les hommes quand ceux-ci prennent le temps de les écouter. Un très beau livre d’un auteur qu’on aurait aimé lire encore longtemps.

 

Citations

Les loups

Ils étaient couchés sur un rocher pentu qui dépassait de l’extrémité de la saillie. Derrière eux, la lune étincelait comme un œil gigantesque. Le mâle alpha était le seul à être assis, face au disque lunaire scintillant, la tête légèrement relevé, semblable à un enfant empli d’émerveillement. Starlight reprit son souffle rapidement et se releva de toute sa hauteur. Le loup tourna la tête. Il s’observèrent : l’homme se sentit percé à jour, vu dans son intégrité, il n’avait pas de peur en lui, seulement du calme, le même que dans le regard résolu du meneur de la meute. Le loup se dressa. Il balaya du regard l’ensemble du tapis céleste moucheté d’étoiles et Starlight suivit ses yeux. L’univers, profond et éternel, était suspendu au-dessus d’eux, solennel et franc comme une prières.
 Le loup se rassit et sembla étudier le panorama. Puis il souleva son nez et lança un un hurlement glaçant face à la lune et aux étoiles éparpillées autour.

La violence faite aux enfants

Elle ne pouvait se remémorer une seule fois dans sa vie ou des hommes n’aient pas voulu la toucher, la tenir dans leurs bras, la caresser, et pendant un moment elle avait laissé faire parce que ça comblait le vide de solitude qu’elle portait en elle, orpheline placée dans une famille. Elle avait laissé faire jusqu’à ce qu’elle commence à en souffrir. Elle ne voulait pas penser à cette époque-là. Elle avait, une bonne fois pour toute, claquer la porte sur cette noirceur d’une nature particulière. Il y avait là des monstres, à l’affût, furtifs, en embuscade, attendant l’heure avant de se montrer et de s’emparer d’elle de sang-froid, avec leur sauvage mâchoire hargneuse. Elle avait senti leur présence toute sa vie. Il n’y avait jamais eu assez de lumière pour les chasser ou s’il y en avait eu, elle n’avait lui que brièvement avant de devenir l’ombre qu’elle avait connu et à laquelle elle s’était habituée depuis un temps bien trop long. Ce n’est que l’impitoyable cruauté de Cadotte qui avait précipité à la surface la vieille rage couvant en elle. Elle l’avait submergée. Elle avait déferlé sur elle comme une incontrôlable vague de peur, de négligence, d’abandon, d’aspiration, de néant, de faim, de besoin et de haine ; une haine d’un violet pur, insidieuse, furieuse, pour les hommes pour la vie, pour elle-même, pour avoir toléré ce qu’elle avait toléré qu’il lui arrive.

L’alcool

Son monde était circonscrit par la picole. Il buvait constamment. Mais elle aussi avait sa propre alliance avec l’alcool, qui semblait en accord avec celle de Cadotte. La picole permettait aux monstres et à l’obscurité de disparaître. Elle lui permettait presque d’arriver à éprouver un sentiment de joie, de liberté, et Emmy la laissait entrer dans son monde aussi souvent que s’en représentait l’opportunité. Avec Cadotte, elle se présentait tous les jours. Elle fut ivre six semaines d’affilées.

Un lieu à soi

Assister au lever et coucher du soleil est devenue la seule prière que j’aie jamais éprouvé le besoin de prononcer. Voilà mon histoire. Voilà mon chez moi. Cela vit en moi. 
Je vous vois toutes les deux, je vous vois chercher quelque part où vous installer. Très nerveuses et angoissées à l’idée de ne pas avoir de repère fixe. Effrayées, même. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai pas à le savoir. Mais le vieil homme m’a appris que si je peux aider quelqu’un je dois le faire. Cette terre m’a donné un endroit où poser mes pieds. Je crois que peut-être je pourrais en donner un aussi à Winnie. 
En vérité, une fois qu’il est en nous, une fois qu’on a fini par le connaître, on ne se sent plus jamais esseulé perdu ou triste. On a toujours un lieu pour porter tout cela, ou le laisser, ou lâcher prise. Et ce lieu est de nouveau en nous. Ce que je pense ? Je pense que Winnie doit avoir besoin de faire le vide. Vous aussi, si vous êtes prête.

Édition folio. Traduit de l’anglais (Canada) par Clélia Laventure 

Je cherche désespérément qui m’a donné la mauvaise idée d’acheter ce livre … Ce roman a sûrement de l’intérêt mais il n’est pas pour moi. Cependant, il pose de vraies questions sur le journalisme d’aujourd’hui et le goût pour le sensationnalisme. Mais pauvre petite Luocine ! Plonger dans le glauque et le pervers : tu n’as plus la force de rechercher la substantifique moelle à travers des corps torturés, violés, dévorés .. et j’en passe. J’ai donc lâchement abandonné Nathan et Noémie à la page 100 . L’un avec ses relations sexuelles avec une femme cancéreuse et l’autre à la recherche du philosophe français qui a tué et dévoré sa femme. Si la blogueur ou la blogueuse qui a aimé ce livre au point de me le faire acheter se reconnaît qu’elle ou qu’il me le dise, je mettrai volontiers un lien vers un avis plus courageux que le mien.

 

Citation

L’éthique journalistique

Naomi appartenait en quelque sorte à une autre génération que Nathan, plus récente, bien qu’ils aient le même âge. Nathan semblait avoir façonné son éthique journalistique à partir de vieux film sur les reporter de presse. Pour Naomi, la collecte d’infos et la récupération sur Internet était une forme absolument valable de journalisme, ne présentait aucun nuage déontologique sur son horizon en open source. Ne pas être photographié de manière quotidienne, même par soi-même, ne pas être enregistré ni filmé pour être dispersé dans les vents turbulents du net, c’était s’exposer à la non-existence. Elle savait qu’elle se montrait fourbe vis-à-vis du Dr Trinh en lui parlant de preuves, mais, si elle en étais consciente, sa tromperie avait pour unique effet de la faire se sentir plus professionnelle. Ainsi en allait le net, et c’était libérateur.

 

Édition livre de poche Folio

J’avais noté le nom de cette auteure à propos d’un autre livre « J’irai danser si je veux » chez Cuné d’abord, puis chez Aifelle. Voilà une tentation que je ne regrette absolument pas et je vais certainement lire les autres romans de Marie-Renée Lavoie. J’ai commencé par son enfance, car ce livre est paru en poche et que les deux amies blogueuses en disaient du bien. Je vous le recommande sans aucune réserve. J’ai beaucoup ri et souvent retenu mes larmes. J’étais rarement à l’unisson avec Joe-Hélène qui pleure comme une madeleine lorsque son héroïne Oscar du dessin animé qui va enchanter toute son enfance, mourra dans un dernier combat pendant la révolution française. Au contraire quand Joe-Hélène reste digne en nous racontant les souffrances ordinaires des habitants de son quartier, je me suis sentie très émue, les portraits de ces vieux sortis de l’asile qui ont tout perdu sont presque tragiques, même s’ils sont « ordinaires » pour la petite fille qui a toujours vécu parmi eux. « Le vieux » Roger qui veille sur elle à sa façon lui sera d’un précieux secours lors d’une agression où le courage et la beauté de l’enfance ont failli se flétrir définitivement sur un trottoir. La galerie de portraits des habitants du quartiers est inoubliable, cela va de la famille des obèses, à ceux confits en religion, et ce Roger (c’est lui « le vieux ») qui ne dévoilera jamais son secret à la petite fille pour qui il a tant de tendresse, et qui jure dès qu’il ouvre la bouche. J’ai encore oublié ce détail, la langue ! Le québécois a pour moi des charmes qui me forcent à sourire et les « Ostie » « Jériboire » « Face de Bine » « Calvaire » « Crisse » »En Maudit » chantent dans ma tête. J’ai toujours eu des coups de cœur pour les livres qui savent raconter l’enfance. Ce n’est pas si facile : il faut, à la fois, retrouver la naïveté de cet âge-là et en même temps faire comprendre à l’adulte lecteur la réalité du monde dans lequel vivait cette enfant. Joe-Hélène est une petite fille d’un courage incroyable et si elle se trouve bien banale à côté de son modèle « Oscar » jeune fille déguisée en soldat pour servir Marie-Antoinette, elle va faire l’admiration de tous ceux qui, enfants, qui n’ont jamais eu à se lever deux heures avant tout le monde pour distribuer des journaux, afin de gagner quelques sous pour aider la famille. Sa famille est tenue de main de maître par une mère courage. Tout aurait pu se passer à peu près normalement si son père, enseignant, ne trouvait pas dans l’alcool et le tabac des compensations naturelles à un métier où il souffre de ne pas pouvoir imposer son autorité. D’ailleurs de l’autorité, il n’en a pas, il est seulement gentil et profondément humain. Sa femme heureusement tient la famille et grâce à elle cette bande de cinq petites va sans doute s’en sortir. Oui, ils n’ont n’a eu que des filles ! mais quand on voit le portrait des hommes dans ce roman , on se dit que c’est mieux d’être une fille, elles ont plus de courage et sont moins portées sur l’alcool.

Citations

Portrait des voisins

L’énorme fille unique de nos voisins portait, à seize ans à peine, une petite centaine de kilos, une permanente bouclée serrée et une humeur adaptée à sa condition de victime injustement traitée par des légions de médecins incompétents qui osaient prétendre qu’elle était responsable, en grande partie, de son sort. Gargantua Simard, son père, cardiaque de profession, toujours vêtu d’un maillot de corps jauni au travers duquel perçaient des mamelons dont la texture et le mouvement imitaient la pâte à gâteau pas cuite, promenait sont imposantes panse sur le balcon en maudissant à peu près tout. La pauvre mère, la sainte femme, faisait des ménages en plus d’assumer à elle seule toutes les tâches de la maison. Comme elle se mouvait presque normalement, quand ses tâches le lui permettaient, c’est sur elle qu’ils déversaient leur fiel bien macéré. Plus on s’en prenait à elle, plus elle souriait. Elle opérait comme une photosynthèse de l’humeur qui rendait l’atmosphère à peu près respirable. Les deux ventrus – jambus, fessus, doublementonus, têtus- avaient des visages de plâtre plantés sur décor de gargouilles obèses, et jamais l’idée de se rendre sympathique ne leur était passée par la tête.

Deux expériences à ne pas tenter

Je n’avais pas peur de ma mère, je savais seulement qu’il n’était pas possible de tailler, ne serait-ce qu’une toute petite brèche, dans son imprenable personnage. Pas la peine de se plaindre, de pleurnicher, d’argumenter, de se monter un plaidoyer. Insister ne pouvait que condamner à une abdication des plus humiliantes. Je le savais pour m’être quelquefois frottée à son opiniâtreté. Chercher à gagner sur cette femme relevait de la même témérimbécilité que de se coller- avec la même intention de voir ce que ça fait vraiment- la langue sur une rampe de fer forgé bien glacé. Mais bon, j’avais mis un certain temps à le comprendre. Dans les deux cas.

La mort et les jeunes

 Je comprenais ça parce que j’étais à l’âge où la mort n’avait encore aucune prise sur moi. Je n’allais jamais mourir , moi , je n’avais même pas dix ans . Et, à cet âge-là, on accepte d’emblée que les vieux doivent mourir, ça semble même dans l’ordre des choses. Après, le temps coule et ça se complique parce que ça se met à nous concerner. C’est là qu’on a besoin de concepts philosophiques dérangeants, comme celui de l’absurdité, ou d’abstractions humanoïdes réconfortantes, comme la plupart des Dieux.

L’adolescence

De toute façon, les crises d’adolescence ne sont pas à la portée de tous : ça prend avec les parents qui ont de l’énergie pour tenter de discuter, s’énerver, crier et faire des scènes ou encore pour lire des bouquins de psychologie de comptoir et traîner les jeunes ingrats chez des spécialistes. Aucun adolescent ne prend la peine de se farcir une crise sérieuse sans avoir la conviction de susciter la colère d’au moins un petit quelqu’un en bout de ligne. Tous ces petits arrogants en mal de vivre, qui se faisaient les dents sur le dos des professeurs un peu mou, comme mon père, avant de jouer leur grand « Fuck the world » à leurs parents pas payés cette fois pour les endurer, usaient mon père prématurément.

L’obésité et la télécommande

L’emplacement qu’avait choisi mon père était le seul que la télécommande occuperait jamais : sur le téléviseur. Même si le raisonnement qui justifiait cette règle relevait d’un syllogisme des plus fallacieux ( Badaboum utilisait toujours à distance la télécommande, or Badaboum est obèse, donc les télécommandes rendent obèse), le caractère imposant du contre-exemple qu’elle représentait suffisait à nous convaincre de son bien-fondé. L’énormité de l’argument permettait à mon père de faire de petites entorses au sens commun.

Découvertes qui font grandir

Plus jeune, j’avais fait quelques découvertes qui m’avaient arraché un bout de naïveté, mais jamais rien d’aussi grave. Durant l’année de mes six ans, par exemple, j’avais dans la même semaine découvert tous les cadeaux du Père Noël entassés au fond du congélateur désaffecté et le petit Jésus, pas encore né, dans la boîte à fusibles placée dans l’armoire au-dessus du sèche-linge. Ça faisait tout un tas de croyances qui tombaient d’un coup. Mais la peine alors ressentie avait rapidement laissé place au bonheur de partager tous ces secrets avec mes parents qui tenaient à ce qu’on soit complices pour que mes petite sœur bénéficient du droit sacré de croire à n’importe quoi. Ce n’était au fond qu’une autre forme du même jeu. Seule l’image de mes parents, que je suspecterai désormais de tout, c’était trouver altérée par ce mensonge pieux

Le feuilleton télévisé qui a rythmé sa vie d’enfant

Et puis, je suis morte dans l’épisode suivant celui de la mort d’André. Un vendredi soir, à 16h17, sur Canal Famille. Les morts télévisuels sont toujours précis, comme les naissances de la réalité. Ça m’a semblé tout naturel, même si j’avais secrètement souhaité quelques grandes scènes encore pour pouvoir engranger dans ma mémoire des hauts faits d’armes de dernière minute. Pour ma postérité. Mais voilà, comme tous les destins étaient liés, Oscar ne devait pas survivre longtemps à la mort d’André, de son beau cheval blanc et de la vieille France. L’effet domino.

Les toilettes uniques dans une famille nombreuse

Je me suis réfugiée dans la salle de bain, le seul endroit où il était possible d’échapper aux poursuites de la bienveillance familiale. Assis sur le carrelage gelé,me suis pleuré pendant des heures.
Et comme il n’y avait toujours qu’un seul WC dans l’appartement, il s’est passé peu de temps avant qu’on ne se mette à piétiner devant la porte. Les plus grands drames de l’histoire n’ont jamais eu d’emprise sur les plus petits besoins de l’homme. Ça contrecarrait un peu mes plans, je voulais mourir là, par terre, misérable, seul, au moins jusqu’au dîner.

 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. 

 

 

Un livre qui m’a davantage étonnée que plu. Il y a deux livres en un, d’abord le récit de formation de Pol Pot du temps où il s’appelait Saloth Sâr . C’est dans toutes les faiblesses de cet enfant, puis du jeune homme que Nancy Houston traque tout ce qui a pu faire de cet homme qui a tant raté, ses études, ses amours, un tyran parmi les plus sanguinaires. Il ne réussit pas à obtenir ses diplômes, il fera tuer tous les intellectuels. Il puisera dans les discours révolutionnaires français, de 1789 à 1968, le goût des têtes qui doivent tomber ! Les chiffres parlent d’eux mêmes, Pol Pot est responsable de 1,7 million de morts, soit plus de 20 % de la population de l’époque. L’article de Wikipédia, en apprend presque autant que ce livre, mais l’émotion de l’écrivaine rend plus palpable l’horreur de ce moment de l’histoire du Cambodge.

Et puis nous voyons la très jeune narratrice, qui doit avoir plus d’un point commun avec l’auteure, passer une enfance et adolescence très marquée par le mouvement hippie pendant son enfance et mai 68 à Paris pendant sa jeunesse. Le but de ces deux histoires, est de montrer les points communs entre cet horrible Pol Pot et la narratrice. Je pense qu’il n’y a qu’elle qui voit les ressemblances. En revanche, le passage par Paris et la description des intellectuels , Jean-Paul Sartre en tête qui soutiennent les Khmers Rouges est terrible pour l’intelligentsia française. La seule excuse à cet aveuglement volontaire, c’est de ne pas vouloir prendre partie pour les américains qui ont envoyé sur le Cambodge plus de bombes que pendant la deuxième guerre mondiale sur toute l’Europe. Et voilà toujours le même dilemme  : comment dénoncer les bombardements américains sans soutenir le communiste sanguinaire, Pol Pot.

 

 

Citations

l’écriture

De toute façon, elle a appris depuis l’enfance à neutraliser par l’écriture tout ce qui la blesse. Les mots réparent tout, cachent tout, tissent un habit à l’événement cru et nu . Dorit ne vit pas les choses en direct mais en différé : d’abord en réfléchissant à la manière dont elle pourra les écrire, ensuite en les écrivant. Protégée quelle est par la maille des mots, une vraie armure, les agressions ne l’atteignent pas vraiment.

 

Mai 68

Un jour Gérard vient l’écouter jouer du piano dans l’appartement de la rue L’homond. Au bout d’une sonate et demie de Scarlatti, il pousse un soupir d’ennui : » C’est bien joli, tout ça dit-il, mais je n’y entends pas la lutte des classes. »

 

Les Khmers rouges

 

Le 9 janvier 1979, les troupes nord-vietnamienne se déploient à Phnom Penh, révélant au monde la réalité du Kampuchéa démocratique, la capitale désertée, dévastée… Les champs stériles… Les monceaux de squelettes et de crânes… De façon directe ou indirecte, au cours de ces quarante cinq mois au pouvoir, le régime de Pol Pot aura entraîné la mort de plus d’un million de personnes, soit environ un cinquième de la population du pays. Le Cambodge gît inerte, tel un corps vidé de tout son sang .

 

Traduit de l’anglais par Christine Raguet.

Une plongée dans la souffrance d’un homme rongé par l’alcool, et qui a laissé sur son chemin un bébé qui a dû se débrouiller tout seul pour grandir. Non, pas tout seul car le geste le plus beau que son père a accompli, a été de le confier au seul être de valeur rencontré au cours de sa vie d’homme cabossée par une enfance bafouée, puis par la guerre, par le travail manuel trop dur et enfin par l’alccol : « le vieil homme » saura élevé l’enfant qui lui a été confié et en faire un homme à la façon des Indiens , c’est à dire dans l’amour et le respect de la nature. Bien sûr, cet enfant a de grands vides dans sa vie : son père qui lui promettait tant de choses qu’il ne tenait jamais et sa mère dont il ne prononce le nom qu’aux deux tiers du roman mais que la lectrice que je suis, attendait avec impatience. Ce roman suit la déambulation lente de la jument sur laquelle le père mourant tient tant bien que mal à travers les montagnes de la Colombie-Britannique, guidé par son fils qui jamais ne juge son père mais aimerait tant le comprendre. Après Krol, Jérome Kathel, j’ai été prise par ces deux histoires, la tragédie d’un homme qui ne supporte sa vie que grâce à l’alcool. Et celle de son enfant qui a reçu des valeurs fondamentales de celui qu’il appelle le vieil homme. Tout le récit permet aussi de découvrir le monde des Indiens, du côté de la destruction chez le père, on vit alors de l’intérieur les ravages mais aussi la nécessité de l’alcool. Souvent on parle de l’alcoolisme des Indiens, comme s’il s’agissait d’une fatalité, mais au centre de ce comportement, il existe souvent des secrets trop lourds pour que les mots suffisent à les évacuer. L’enfant en parle ainsi

C’est un peu comme un mot de cinq cents kilos

L’autre aspect, bien connu aussi du monde des Indiens, c’est l’adaptation à la nature qui remet l’homme à sa juste place sur cette planète. Et l’auteur sait nous décrire et nous entraîner dans des paysages et des expériences que seule la nature sauvage peut nous offrir.

 

Citations

Être indien

Il était indien. Le vieil homme lui avait dit que c’était sa nature et il l’avait toujours cru. Sa vie c’était d’être seul à cheval, de tailler des cabanes dans des épicéas, de faire des feux dans la nuit, de respirer l’air des montagnes, suave et pur comme l’eau de source, et d’emprunter des pistes trop obscures pour y voir, qu’il avait appris à remonter jusqu’à des lieux que seuls les couguars, les marmottes et les aigles connaissaient.

L’alcool

 Le whisky tient à l’écart des choses que certaines personnes ne veulent pas chez elle. Comme les rêves, les souvenirs, les désirs, d’autres personnes parfois.

La souffrance et l’alcool

 J’ai essayé de me mentir à moi-même pendant un paquet d’années. J’ai essayé d’me raconter que ça s’était passé autrement. J’ai cru que j’pourrai noyer ça dans la picole. Ça a jamais marché du tout.

Les couchers de soleil

Lorsqu’ils passèrent la limite des arbres au niveau de la crête, les derniers nuages s’étaient écartés et le soleil avait repris possession du ciel à l’ouest. Les nuages été à présent pommelé de nuances mordorées et il pensa que c’était bien la seule cathédrale qu’il lui faudrait jamais.
Photo prise dans un blog que j’aime beaucoup : ruralité .net
 oui, les couchers de soleil sont des cathédrales !

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Une deuxième Bande Dessinée, celle-ci c’est Jérôme qui a été le tentateur. Les mystères du classement de ma médiathèque ont mis cette BD chez les « Ado » je me demande bien pourquoi. Ce n’est pas un album très gai puisque le personnage principal va mourir, mais c’est bien raconté et de façon très pudique. On est bien avec cette famille qui a connu tant de plaisir à se retrouver auprès des grands parents à la campagne même si, quand toute la famille est réunie, dormir devient un problème angoissant surtout pour les insomniaques. Comme l’album s’étend sur un temps assez long, on vit aussi plusieurs moments dont certains nous font sourire. La recherche d’une maison, les déboires avec Internet et les façons d’y accéder (il y a longtemps maintenant, mais personne n’a oublié les heures passées avec les fournisseurs d’accès).

SONY DSCPaul est un être calme d’habitude mais les gens qui étaient censés nous aider pour Internet étaient particulièrement insupportables, c’est peut être mieux maintenant. Les traits de caractères de chacun sont très bien vus sans être chargés, la sœur qui est infirmière et qui ne peut pas s’empêcher de donner des détails techniques sur la maladie de son père est aussi celle qui fera le discours le plus émouvant à son enterrement. Le bonheur des réunions familiales, les jeux de société, les repas trop riches, mais aussi les difficultés dues à la dégradation physique tout cela est très bien raconté. J’ai été émue par les souvenirs de la jeunesse du grand père.

La vie n’était vraiment pas facile au Québec en 1935, les femmes ont trop d’enfants, elle triment comme des bêtes et sont peu considérées, si le mari se défonce dans l’alcool alors la tragédie n’est pas loin. Le style du dessin est un peu trop sage pour me séduire complètement. Mais tout cela est raconté dans la langue de nos voisins du Québec ce qui donne un charme incontestable au texte :

Citations

Le québécois

Ils font exprès pour t’étriver

L’eau doit être frette

La p’tite s’est enfargée dans la lampe

une couple de semaines

Tire la plogue, on la rebranchera demain

Pis Batèche ! vos moucs se lèvent donc ben de bonne heure

Repas en famille les desserts

J’ai pas eu le temps de faire grand-chose : j’ai un tiramisu double crème avec truffes, j’ai un gâteau au chocolat double crème avec truffes, j’ai un gâteau au chocolat, fudge et caramel, et j’ai mon gâteau au sucre à la crème, meringue et tablette crunchie…

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Un grand plaisir de lecture avec ce livre reçu grâce à Masse critique de Babelio , j’avais pourtant dit que je n’y participerai plus ! Mais j’ai une grande tendresse pour nos voisins québécois, leur langue et la dureté de leur vie. alors voilà j’ai dit oui, et hélas ce livre est arrivé au milieu de mes trajets de l’été et c’est évidemment beaucoup plus compliqué pour publier dans les délais exigés.

3La couverture fait immédiatement penser à la BD de Loisel et Tripp « Magasin Général » et c’est bien le même monde qui est ici décrit, à tel point que je pense que la BD est une adaptation de ce roman. On retrouve les mêmes personnages si je me souviens bien de la BD que j’ai parcourue avec plaisir dans le cadre de mon club de lecture .
Nous voici donc, en 1901, dans le Québec rural, bien parti pour une saga en quatre tomes avec les familles Joyal et Boisvert dans le village de Saint-Paul-des-Près. La jeune Corinne, cadette de la famille Joyal, est amoureuse de Laurent le plus jeune fils de Gonzague Boisvert, un vieux grigou au cœur sec et nous assistons à la préparation de son mariage et au début de sa vie conjugale.

Le lecteur est embarqué une vie de village où chacun doit tenir sa part de travail pour que la communauté puisse faire face au climat rigoureux du Québec. Tout cela béni par une religion catholique bigote , chacun s’exprimant dans une langue qui me fait toujours sourire. Michel David possède un talent de conteur indéniable, et même si ce n’est pas de la grande littérature, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. L’intrigue tourne autour d’une sombre histoire de terrain sur lequel on doit reconstruire une église, les rivalités des clans politiques opposent « les Bleus » aux « Rouges » , mais le plus important ce sont les manigances du vieux Gonzague Boisvert qui aimerait être le maitre incontesté de son village. Surtout n’ayez pas peur des 500 pages, il ne m’a fallu que deux jours pour en venir à bout. Je ne sais pas si je lirai la fin de la Saga , mais à l’occasion pourquoi pas. Les personnages sont vivants et bien croqués, mais il y a un côté gentillet qui risque de m’ennuyer quelque peu.

Citations

Les jurons québécois

Ah ben, ma saudite air bête ! 
Maudit torrieu ! hurla-t-il . Même pas capable de traire une vache comme du monde !
Maudit calvinus de calvinus !

Croyance et religion

J’espère qu’il va faire beau demain, ajouta la jeune fille , l’air inquiet. 
-T’as juste à aller installer ton chapelet sur la corde à linge, lui conseilla Lucienne.
-Voyons donc, m’man, protesta Germaine. Vous allez pas nous dire que vous croyez à ça. ..
– Tout ce que je sais , c’est que je l’ai fait pour mes noces et Blanche a fait la même chose pour les siennes et ça a marché, déclara tout net la mère de famille.

Éducation sexuelle

Elle se dépêcha d’endosser sa robe de nuit en évitant de se regarder nue dans le miroir. Elle se rappelait très bien encore les mises en garde du vieux curé Duhaime qui prédisait la damnation éternelle dans les flammes de l’enfer à tous ceux qui succombaient au péché d’impureté. On devait éviter de regarder et surtout de toucher les « parties sales » du corps.

5
J’apprécie beaucoup cette auteure qui me permet d’accéder à l’univers japonais sans ressentir trop d’étrangeté. Il faut dire qu’ Aki Shimazaki écrit en français et réside au Québec. Ceci explique peut être cela ! Les 5 tomes, d’une centaine de pages chacun, raconte la même histoire vue par un protagoniste différent à chaque fois. C’est aussi l’occasion de cerner de plus près la réalité japonaise surtout dans ses aspects négatifs.

Le ressort de la narration repose sur un postulat qui m’étonne : des enfants se sont connus jusqu’à 4 ans et se retrouvent à 16 ans. Ils ne se reconnaissent pas et ne reconnaissent pas non plus les adultes qui les entourent. Ils s’aimeront en ne sachant pas qu’ils sont demi frère et sœur. Il me semble que j’ai gardé en mémoire le visage des gens qui s’occupaient de moi quand j’avais 4 ans. Ce n’est qu’un détail mais je l’ai gardé en tête pendant toute la lecture.

En revanche, ce que j’ai trouvé très bien raconté , c’est justement « le poids des secrets ». Toute cette famille est détruite par la conduite de du père de ces deux enfants et il faut donc attendre la troisième génération pour que la lumière se fasse enfin et que les conflits s’apaisent.

Le tome 1, révèle l’essentiel du drame, Yukiko explique pourquoi elle a tué son père. Son récit nous plonge dans le Japon au temps de l’explosion qui a détruit Nagazaki, on y voit une société figée sur les statuts sociaux et sur l’effort demandé à la population pour soutenir la guerre.

Le tome 2 est centré sur Yukio l’enfant qui est né hors mariage. Si son père,le même que celui de Yukiko n ‘a pas épousé sa mère c’est que celle-ci n’est pas « d’une bonne origine ». On est plongé dans les difficultés des femmes qui n’appartiennent pas à la bonne société.

Le tome 3 nous ramène du temps où , lorsqu’on était Coréen au Japon on pouvait être tué sans que personne ne trouve à y redire comme lors du tremblement de terre de 1923. C’est très émouvant de voir à quel point cette mère coréenne a essayé de lutter pour donner à sa fille des chances de s’intégrer dans cette société si fermée.

Le tome 4, c’est celui que j’ai trouvé le moins passionnant, il est centré sur l’homme positif qui a bravé tous les interdits de la société japonaise et a épousé la femme qui avait un enfant hors mariage.

Le tome 5, on est avec la maîtresse du père de son fils et le roman se termine sur la vérité et la boucle est brisée la malédiction prend fin,sa petite fille ne commettra pas les mêmes erreurs qu’elle.

Chaque tome peut se lire séparément mais l’ensemble a beaucoup de cohérence. C’est une autre façon de lire 500 pages, on ne sent pas le temps passer et on se perd moins que dans un énorme roman à personnages multiples, la façon de nous raconter le Japon est inoubliable cette société si fermée mélange de raffinement et de violence devient compréhensible à défaut d’être attractive.

Citations

Explication des deux bombes, l’explication de la guerre

– Grand-mère , pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
– Parce qu’ils n’en avaient que deux à ce moment là, dit-elle franchement.

 

Mais ce que mon père n’acceptait pas c’est la justification des Américains : quand il est question de guerre ils ont toujours raison.

 

On se justifie pour se défendre des accusations. Il n’y a pas de justice. Il y a seulement la vérité.

L’enfant sans père

 Les enfants des voisins ne jouent pas avec moi. Au contraire, ils me lancent des pierres, ils me barrent le chemin quand je rentre a la maison, ils m entourent me bousculent. Ils crachent sur moi. Tout le monde est plus grand que moi. Personne ne leur dit d’arrêter. J’attends qu’ils s’en aillent. Ils me crient des mots que je ne comprends pas : « Tetenashigo » (bâtard) ou enfant de « baïshunfu » (putain)/

 On en parle

Chez keisha.