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Traduit de l’anglais (américain) par Isabelle MAILLET.

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J’avais noté ce titre car « Wisconsin » est un mot qui résonne en moi : j’ai pendant toute ma carrière enseigné le français aux étudiants de Beloit College, petite université de cet état lors de leur semestre en immersion en France. De plus, Clara Brize et bien d’autres m’avaient fait noter ce titre, que j’ai ensuite oublié.

C’est un roman à plusieurs voix, chaque protagoniste du roman a, un moment, la parole. L’axe principal, c’est la violence perverse d’un père de famille John Lucas. Mais pour nous amener à supporter l’horreur dévoilée à petite dose, Mary Relindes Ellis remonte dans le passé des personnages et peu à peu le lecteur a l’impression de comprendre et d’évoluer dans une société dont il connaît les règles et les soubassements.

Tout commence par un père allemand, violent et alcoolique qui n’a su transmettre que des messages de construction d’une personnalité masculine méprisant la femme et cherchant à tout prix à s’affirmer par la force. Son fils commence sa vie d’homme par un énorme mensonge qui brise à jamais son estime de lui-même, tous ceux qu’il pourra faire souffrir paieront très cher d’avoir croisé sa route. Les deux fils de John préfèrent fuir chez leur voisin, chez qui l’amour et le respect de la vie sont de vraies valeurs. La femme et la mère de ces enfants, Claire Lucas a eu pour son malheur une éducation catholique rigoureuse qui en gros lui disait « supporte ma fille, ton bonheur est dans l’au delà », elle ne saura pas protéger ses enfants qu’elle aimait d’un amour sincère. Jimmy l’ainé, partira faire la guerre au Vietnam et Bill restera dans cette famille, lieu de souffrance absolue. Heureusement pour lui, il y a la nature et sa passion pour les animaux blessés qu’il veut sauver et y parvient souvent. Sans « divulgacher » la fin, il est bon de savoir que la famille des voisins, celle d’Ellis et de Rosemary apporteront l’espoir dans l’humanité.

La force du livre vient de la façon d’écrire de cette auteure, chaque morceau de son récit est comme une petite nouvelle dans un univers qui va mal, elle ne donne pas toutes les clés immédiatement mais nous laisse ressentir l’atmosphère qui emprisonne ou qui, au contraire, fait du bien à ses personnages. Ceux qui savent apprécier la nature si importante dans cette région du Nord du Wisconsin, sont un jour ou l’autre sauvés du désespoir causé par la cruauté du mâle humain dominateur sans limite quand s’y mêle la perversion, y échapper demande une force que peu d’entre eux sauront trouver.

Citations

Une citation qui hantera Ellis toute sa vie

Le printemps est la saison des femmes et de la naissance. L’automne est la saison des hommes et de la chasse.

Le poids du silence dans les familles

Mieux vaut vivre avec ses blessures que mourir étouffé dans sa coquille.

L’image du bonheur dans la famille d’origine allemande qui a forgé le caractère du père violent et sadique

Quand tu seras propriétaire de ta terre, ce sera toi le patron. Le secret , c’est de la (ta femme ) faire travailler pour toi. Comme ça, t’auras plus de liberté. Après, tu pourras partir pêcher et chasser tout ton saoul ! Tu seras heureux. Tu connaîtras la Gemütlichkeit ! avait-il lancé en lui donnant une bonne bourrade dans le dos.

Milieu allemand avant la guerre 39 45

John savait que son père ne l’aurait jamais laissé entrer chez eux s’il n’avait pas été médecin, car il était juif.

La perversité

Il a guetté ma réaction en se fendant de ce sourire qui ponctuait toujours ses tentatives pour me faire du mal. Sur un enfant, un tel sourire – manifestant la joie d’avoir accompli un exploit au prix de gros efforts, comme par exemple placer des blocs ronds dans des trous ronds – aurait été touchant ; sur un adulte, il paraissait sinistre et menaçant.

La douleur

Moi, j’ai beaucoup pleuré, comme bien des femmes ici. Mais même au plus fort de la douleur, nous gardons toujours espoir. Nous les femmes, nous manifestons notre chagrin à la manière des loups et des coyotes, hurlant à l’adresse de nos partenaires et de toute la meute. Quand les hommes pleurent, ils expriment une telle vulnérabilité, une telle angoisse, qu’ils semblent presque à l’agonie.

La nature

Les feuillages déclinant toutes les nuances du feu, que les premières tempêtes d’octobre emporterait comme de la fumée. L’étonnante beauté des branches nues dressées vers le ciel, comme si il les avait déshabillé pour les mettre au lit.

SONY DSCTraduit de l’italien par Danièle VALIN.

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J’avais beaucoup aimé « Eva dort », ensuite j’ai lu dans les blogs que je fréquente tout le bien que vous pensiez de ce deuxième roman : Dominique qui a su trouver et les mots et les photos qui convenaient pour m’attirer, Krol à sa façon sans rien dire du roman mais en expliquant son plaisir de lectrice, et bien d’autres encore (j’ai malheureusement effacé ma liste des livres à lire de l’an dernier, je ne peux donc pas citer tous les blogs).

J’ai lu ce roman d’une traite, touchée par la douleur de Luisa et de Paolo qui viennent voir dans une prison de haute sécurité sur une île, l’une son mari violent et assassin, et l’autre son fils révolutionnaire et criminel. Leur souffrance est décrite de façon si exacte et si précise, que l’on ressort bouleversé par cette lecture. Francesca Melandri, a concentré tout son talent à ne parler que du point de vue des trois personnages : Luisa, l’agricultrice qui a dû subir les violences de son mari et qui n’est pas étonnée que celui-ci ait tué un des gardiens. Paulo qui porte en lui toute la culpabilité d’avoir un fils qui a commis de telles atrocités au nom d’un idéal qu’il lui a lui-même enseigné, et enfin le gardien Nitti Pierfrancesco, qui a peur de perdre son humanité tant la violence est importante dans ce genre d’univers carcéral.

Il ne s’agit pas d’un document et Francesca Melandri ne veut donner aucun renseignement qui pourrait écarter son lecteur de son propos : ce que ressentent les proches de ceux qui ont commis de tels actes. Au début cela me gênait de ne pas mettre un nom sur l’île où sont enfermés ces gens si dangereux . Mais peu à peu, j’ai accepté le parti pris de l’auteure. On ne saura pas, non plus, ce que pensent les détenus et la visite si importante pour leur famille n’est pas racontée. Il s’agit seulement de ceux qui n’ont rien fait de mal et qui souffrent d’avoir un membre de leur famille qui les oblige à fréquenter ce genre de lieux. Leurs peines sont différentes, le gardien Nitti perd son âme et commet souvent des actes qui le dégoutent, Paolo se sent responsable et coupable, Luisa est en quelque sorte soulagée de ne plus être confrontée à la violence, sans pour autant rejeter ce mari qui était un homme travailleur.

J’ai beaucoup aimé la fin du roman qui ne tombe dans aucune mièvrerie, mais je me serai volontiers passé du dernier chapitre (trente ans après), le fou-rire de Luisa et Paolo me suffisait.

Citations

La douleur d’une mère

Quand Emilia vit entrer son fils par la porte au bout de la salle, elle se mit à pleurer. Sans arrêt, tout au long de la visite. Des larmes silencieuses, sans gémissements ni sanglots, rien qu’un incessant jaillissement d’eau de ses yeux. « Les cataractes du ciel » se surprit à penser Paolo : sa femme femme pleurait comme un déluge divin. On aurait dit qu’elle voulait de verser hors d’elle tout le liquide organique, se dessécher, se réduire à l’état de momie. 

La comédie de la souffrance

À la fin de la rencontre avec leurs parents, il n’y avait eu de ces drames, ces implorations, ces larmes, auxquels s’abandonnaient trop d’entre eux, beaucoup trop. C’étaient surtout les femmes des chefs de clan qui tenaient à montrer à leurs hommes combien cette séparation était insupportable. Le gardien Gamba soupçonnait justement les femmes qui piquaient des crises de nerfs à la fin de la visite d’être celles qui cocufiaient le plus leurs maris en prison. Naturellement, il avait toujours gardé pour lui cette conviction, il ne tenait pas à finir poignardé. 

La lutte armée clandestine

En revanche, il avait connu très peu d’enfants de détenus, à part quelques-uns en bas âge. Ceux qui s’étaient engagés dans cette voix – clandestinité d’abord, prison ensuite – l’avaient fait jeunes, même très jeunes parfois : bien peu avaient eu le temps de se reproduire avant. L’objet de toute leur tendresse et de leurs soins était la lutte armée qui, à la différence d’un enfant, pouvait grandir aussi dans des appartements loués sous un faux nom.

Le pouvoir des mots

Le premier était sûrement « révolution ». Qui n’est pas laid en soi, pensa Paolo, comme chose et encore moins comme mot… C’était simple, au fond. Quand la chose correspond au mot on fait de l’Histoire. Mais s’il n’y a que le mot, alors c’est de la folie. Ou bien tromperie, mystification. 

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Pourquoi des lunettes de soleil ? Parce que je l’ai lu sur la plage et je dois dire que j’ai un petit compte à régler avec Jérôme et Keisha (c’est chez eux que j’avais noté ce livre) : j’ai éclaté de rire à la lecture de l’introduction et vous savez quoi ? ça ne se fait absolument pas sur la plage de Dinard, j’ai dérangé, de ce fait, beaucoup de gens très bien par mon rire intempestif. Alors, tant pis pour vous, si vous ouvrez votre ordi sur votre lieu de travail et que vous allez sur Luocine pour, soi-disant lire son billet sur Proust, je vais vous la recopier cette fameuse introduction et si vous riez aussi fort que moi, votre collègue sera bien étonné que ce soit le petit Marcel qui vous fasse cet effet :

« Je suis désolé, ma chérie, je l’ai sautée par inadvertance. »
Je comprends qu’un homme puisse sauter une femme par dépit, par vengeance, par pitié, par compassion, par désœuvrement, par curiosité, par habitude, par excitation,par intérêt, par gourmandise, par nécessité, par charité, et même parfois par amour. Par inadvertance, ça non. Pourtant ce substantif vint spontanément à l’esprit de Marc, lorsque je le pris sur le fait avec sa maîtresse.

Définition d’inadvertance : « défaut accidentel d’attention, manque d’application à quelque chose que l’on fait ».

Faut-il le dire ? Quand j’ouvris cette porte, ce que je vis n’avais rien d’un manque d’application. Bien au contraire. Il s’agissait d’un excès de zèle érotique caractérisé. En tout cas, le porc qui vit à mes côté ne m’a pas sauté avec autant d’inadvertance depuis longtemps…

À la définition, le dictionnaire accolait une citation de Martin du Gard : « Antoine ne voulait pas se laisser distraire une seconde de cette lutte pressante qu’il menait contre la mort. La moindre inadvertance, et ce souffle vacillant pouvait s’évanouir. »

Cela faisait déjà un bout de temps, chez moi, que le souffle vacillant menaçait de s’évanouir. Plusieurs années sans doute. Cette inadvertance fut de trop et déclencha tout le reste.

Ensuite, tout sera un enchainement d’histoires toutes plus improbables les unes que les autres, chaque récit est loufoque et montre une qualité d’invention extraordinaire. La seule question que je me pose, c’est pourquoi je ne l’ai pas lu plus tôt, puisqu’il a fallu que j’attende son second roman toujours chroniqué par Jérôme  et Keisha pour lire celui-ci qui était bien sagement dans ma liste. Parfois le mot loufoque me fait fuir, si c’est votre cas, je peux vous rassurer car le récit est d’une logique implacable, simplement tout est inventé. J’adore ce genre de textes, vous ne connaissez pas les rats-taupes, ni les vierges de Barhoff, ni le syndrome de Paul Sheridan, alors il est plus que temps de vous lancer dans la lecture de « la Fractale des raviolis »ça fait quand même du bien d’être moins bête et tellement plus heureux quand on referme un livre.

SONY DSCTraduit de L’anglais (États-Unis) par Sylvette GLEIZE.

Voici la pensée de Marc Aurèle avec laquelle s’ouvre le livre et qui lui donne son titre  :

Nous sommes tous créatures d’un jour.
Et celui qui se souvient, et l’objet du souvenir.
Tout est éphémère.
Et le fait de se souvenir, et ce dont on se souvient.
Aie toujours à l’esprit que bientôt tu ne seras plus rien, ni nulle part.

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J’ai découvert cet auteur il y a deux ans maintenant et il y a entre ses livres et moi une résonance particulière. Cela ne s’explique pas complètement, la seule phrase qui me vient à l’esprit est celle-ci : j’aime passer du temps avec cet auteur. Pour ses romans déjà chroniqués (« le problème de Spinoza » , « Et Nietzsche a pleuré » et le premier « Mensonges sur un divan« ), je peux sans aucun problème mettre cinq coquillages pour convaincre tous ceux qui lisent ce blog de les lire, autant pour ce livre, ces quatre coquillages, reflètent davantage mon plaisir de sentir une telle adéquation entre cet auteur et ma sensibilité actuelle.

Oui, c’est compliqué parfois de vieillir, et la mort qui rôde autour de nous tous est de plus en plus présente supprimant de notre quotidien des amis qui partageaient notre vie. La lecture de Montaigne à travers le livre de Sarah Bakewell, m’avait rappelé que la peur de la mort empêchait souvent les êtres humains de vivre. Irvin Yalom, nous raconte dans son dernier ouvrage, dix personnalités qui sont venus le consulter en tant que thérapeute et se dévoilent alors, bien des facettes du comportement humain. Irvin Yalom est un thérapeute particulier qui intervient dans le dialogue entre lui et son patient quand il pense que cela peut aider la personne à prendre conscience des problèmes qui l’empêchent de mieux vivre. Il me fait penser à Paul Weston dans In Treatment  : jamais de recettes miracles et jamais de « déclic » qui vont totalement changer le comportement d’autrui.

Les phrases qui aident sont imprévisibles, comme celle prononcée par une infirmière à une patiente qui vivait la destruction de son foie « faire bonne figure pour ses enfants et petits enfants », elle réussira alors à surmonter son angoisse de mort. Irvin Yalom aura un jour cette infirmière comme patiente, et découvrira, à sa grande surprise et à la nôtre, les véritables raisons qui ont poussé cette femme à prononcer ces mots qui ont tant aidé sa patiente. Rien de spectaculaire dans ses dix patients , juste de l’humain et Irvin Yalom qui nous aide à faire un peu de tri dans nos soucis du quotidien, cet homme au sourire malicieux a quatre vingt un an, il semble si heureux qu’avec lui, on veut bien continuer notre chemin pour VIVRE le moins mal possible.

Citations

Vieillir

J’ai quatre vingt un ans, c’est vieux. Terriblement vieux. Cela m’horrifie quand j’y pense. Je ne me sens pas vieux et je me demande sans cesse comment c’est arrivé. J’ai toujours été le plus jeune partout – en classe, dans l’équipe de baseball du camp de vacances, au tennis – et voilà tout à coup que je suis le plus âgé, où que j’aille – au restaurant, dans les conférences professionnelles – je n’arrive pas à m’habituer.

Une maladie mortelle

Et à la lumière (ou à l’ombre) de cette idée, apprendre à vivre . À vivre maintenant. Voilà ce que m’a enseigné le cancer – qui vous montre la maladie incurable, avant de vous recracher, de vous renvoyer au monde, à votre vie, avec tous ses plaisirs et toutes ses douceurs que vous ressentez alors encore plus fort. Et vous savez que quelque chose a été donné et quelque chose a été repris.

Émettre des diagnostiques pour remplir des cases

Dans ma pratique de la psychothérapie depuis quarante ans auprès de patients moins gravement atteints, j’estime le diagnostique le plus souvent inapproprié, et j’en suis venu à la conclusion que les contorsions auxquelles nous, psychothérapeutes, devons nous livrer pour répondre aux exigences des compagnies d’assurances qui veulent des diagnostics précis, se font au détriment à la fois du thérapeute et du patient. Le processus de diagnostic n’est pas applicable à la personne dans sa complexité. Les catégories diagnostiques ont éte forgées de toutes pièces et sont arbitraires. Elles sont le produit d’un vote collectif et subissent invariablement, et dans des proportions considérables, des révisions tous les dix ans.

Une maison de retraite

Fairlawn Oaks est un endroit formidable . Une sacrée organisation. Si je devais le gérer, je ne changerai pas grand chose, je crois. Le problème vient de moi, je le reconnais. Fairlawn Oaks a tout pour plaire. Les repas sont de qualité, on peut y faire des tonnes d’activités fabuleuses. Le parcours de golf est un peu sage, mais pour mon âge il est parfait. Le problème chez moi , c’est ce sentiment d’ambivalence qui me paralyse à longueur de journée. Chaque fois que je commence une activité, mes pensées s’orientent vers une autre . Je ne fais aucun plan maintenant – du moins pas comme les autres le font – ça ne me correspond pas . Pourquoi faudrait il que j’aille à l’aquagym tous les après midi à quatre heures ? Ou au briefing sur l’actualité à dix heures tous les matins ? Pourquoi faudrait-il que je mette chaque fois la clef dans la poche qui est accrochée à ma porte ? Pourquoi faudrait il que je prenne mes repas à la même heure tous les jours ? Ce n’est pas moi le vrai moi, le vrai Rick Evans , aime ce qui est spontané.

La mort et la vie

Lorsque la passion décline avec le temps, alors on découvre le merveilleux ciel étoilé que le soleil a obscurci, ou caché. La disparition des passions parfois tyranniques de la jeunesse m’a personnellement permis d’apprécier davantage encore le ciel étoilé et le prodige que constitue le fait d’être en vie. J’ai plus de quatre vingts ans , et je vais vous dire une chose incroyable : je ne me suis jamais senti aussi bien ni plus en paix avec moi même. Oui , je sais que ma vie approche de sa fin, mais la fin est là depuis le début. Et la différence aujourd’hui est que je goûte les plaisirs que me procure ce savoir.

20150705_215034Traduit du slovène par Andrée Lück Gaye.

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Voilà un an, je recevais ce roman en cadeau, j’ai donc mis beaucoup de temps à le lire. Je ne connaissais pas ce livre pourtant très célèbre, je dois avouer que je ne suis pas attirée par les romans historiques, et puis, à chaque fois que je le commençais, j’étais rebutée par les noms étrangers et pour suivre cette histoire, il faut retenir et se familiariser avec « Hassan Ibn Sabbâh, Abd al Malik, Abdu Saroka , Ibn Tahir… ». Et puis, lors d’une navigation très calme où le soleil brillait plus que le vent ne soufflait, j’ai enfin lu d’une traite ce roman. Je me suis plongée dans le monde musulman du XIe siècle, dans ce château d’Alamut en Iran, et comme tous les les amateurs de romans historiques, j’ai été fascinée par cette histoire très bien racontée.

Un homme : Hassan Ibn Sabbâh, se prétend prophète et lié directement à Dieu, il forme des fedayins prêts à tout pour leur chef au nom de la foi Ismaélienne (variante du chiisme). Il prétend avoir les clés du paradis où il peut envoyer les plus valeureux de ses fidèles. Cette secte connue aussi sous le nom « secte des assassins » a été évoquée par Marco Polo, mais la vérité et le mythe sont très difficiles à démêler, on ne sait donc que peu de choses historiques sur ce personnage et sa secte, en revanche, son histoire a envahi bien des imaginaires toujours liés à la violence de ceux qui prône le fanatisme. Le roman est le récit d’une manipulation d’un leader pour obtenir un pouvoir absolu grâce à des hommes qui lui sont entièrement dévoués.

Mais si Vladimir Bartol s’est emparé de cette histoire, pour en faire ce roman publié en 1938, c’est pour mettre en scène le fanatisme et ses terribles conséquences. Il s’agit donc d’une réflexion très pointue et encore très pertinente sur ce qui permet de fanatiser des personnes jeunes et idéalistes. Pour tous les commentateurs, Valdimir Bartol s’empare de cette histoire de l’Islam du XIe siècle, pour aider ses contemporains à ouvrir les yeux sur l’engagement communiste ou nazi. Il est vrai que l’on retrouve dans les deux cas, un embrigadement de la jeunesse au nom d’un idéal et la demande du chef d’une fidélité jusqu’au sacrifice suprême, mais il y a dans « Alamut » une histoire bien particulière de création d’un « faux » paradis et je ne vois pas très bien à quoi ça correspond dans l’Allemagne nazie, pour le communisme on peut penser aux  » lendemains qui chantent », mais dans les deux cas la jeunesse s’enflamme pour un chef pour qui ils sont prêts à donner leur vie.

Et hélas ! Ce roman permet de très bien comprendre le fanatisme islamique d’aujourd’hui. Le principe du leader manipulateur est très simple, après avoir constaté que les peuples en règle général ne veulent pas du savoir mais adorent croire aux histoires merveilleuses, il comprend que pour les manipuler, il suffit d’attiser leurs croyances, celui qui sera leur maître doit simplement avoir une avance sur eux et ne croire en rien de ce qu’il fait croire aux autres. Ce roman m’a fait beaucoup réfléchir et je comprends son succès mondial, je crois qu’aujourd’hui , où des fous tuent au nom d’une religion, il a sa place dans nos bibliothèques. Je viens, en effet, de lire une citation tirée du journal Dar AL-Islam appelant à la guerre sainte contre la France qui aurait pu être prononcée par Hassan Ibn Salâa dans le roman de Vladimir Bartol :

« Nous n’avons pas d’avions pour vous bombarder comme vous nous bombardez. nous avons des hommes qui aiment la mort comme vous aimez la vie ».

Citations

Mise en condition

Notre corps enclin à la paresse et au confort facile, redoute les difficultés que la réussite de grands projets attend de lui. Ses viles passions paralysent notre volonté et nos nobles résolutions. Vaincre ces passions et libérer l’esprit de leurs entraves, voilà le but de nos exercices. Conforter la volonté et l’orienter de façon appropriée vers un but donné, c’est notre seule obligation pour que nous soyons capables de grands exploits et d’actions sacrificielles. Donc ne pas rester comme ces milliers d’hommes, esclaves de leur corps et de leur faiblesse mais au contraire nous approcher du niveau de l’élite qui est maîtresse de son corps et de ses faiblesses, voilà notre ambition. Ainsi seront – nous capables de servir Notre Seigneur et d exécuter ses ordres.

Prosélytisme

Allez d’homme en homme et essayer de convaincre chacun. Ne soyez pas doctrinaires, adaptez votre façon d’agir à chaque cas.

La force du fanatisme

La force de cette organisation se construira sur des gens d’un genre tout à fait nouveau. Leur particularité sera un désir fou de mourir et un dévouement aveugle au chef suprême. Nous atteindrons les deux quand ils croiront, que dis-je, quand ils sauront que la jouissance éternelle les attend au paradis après leur mort.

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Je dois le dire tout de suite je ne suis pas très adepte des romans historiques et pourtant celui-là m’a vraiment passionnée. En réalité, pour que je me sente bien dans la lecture, le genre littéraire a tellement moins d’importance que le style de l’auteur et Bruno d’Halluin n’en manque pas. Pour vous en convaincre, j’aurais pu recopier les premières pages de son roman, il y décrit une tempête terrible au large de l’Afrique qui décimera l’armada des 11 caravelles envoyées par le roi du Portugal en 1500, pour confirmer la route des épices vers les Indes.

Cette tempête, à vous rendre malade, est décrite avec un tel réalisme que l’on ne doute pas un instant que Bruno d’Halluin sait de quoi il parle. En effet, il est lui même navigateur et il a dû essuyer quelques coups de tabac, sans doute s’est-il alors demandé comment faisaient les marins du XIVe et XVe Siècle sans carte ni moyen très efficace pour se positionner sur l’immensité des flots. C’est grâce à leur courage, à leur volonté de dominer le monde, et surtout à leur insatiable envie de s’enrichir que les Portugais ont donné au monde occidental des cartes fiables et des possibilités de commerce vers des contrées lointaines.

Bien sûr, le chapitre des grandes découvertes a fait partie de nos programmes scolaires, mais pouvions-nous nous rendre compte de ce que cela voulait dire de partir ainsi vers les Indes sans savoir comment y arriver ? L’horreur du voyage est telle que le personnage principal en restera marqué toute sa vie. Les tempêtes, la vague scélérate qui a failli les engloutir, l’absence de vent et le risque de mourir de faim et de soif, le mal de mer dans des bateaux qui roulent et tanguent sans cesse, les accostages dans des pays hostiles où la population locale peut vous assassiner pour vous dévorer, les maladies dont le terrible scorbut qui attaquent tous les survivants. Il reviendra pourtant mais pour retrouver Lisbonne en proie aux pogromes contre les juifs même ceux qui comme notre héros s’étaient convertis au catholicisme, et en plus des misères humaines un tremblement de terre et évidemment la peste !

Alors, les grandes découvertes un moment de gloire pour le Portugal ? Oui assurément, mais que la vie était rude pour ceux qui ont fabriqué cette gloire au prix de leur souffrance et de leur vie.Le roman raconte également l’histoire de cette planisphère qui a été dessinée au Portugal mais qui est conservée en Italie, Bruno d’Halluin résout cette énigme et là encore il nous permet de mieux comprendre la valeur des cartes maritimes.

1280px-CantinoPlanisphereUn grand roman que j ai découvert grâce à Electra’s amazing, blog que je connais depuis peu, et depuis, j’ai vu que Yspadden  l’avait également repéré.

 Citations

Des phrases fortes pour des émotions qui le sont tout autant

« Si tu veux apprendre à prier, prends la mer » dit le proverbe.
 
Les vagues étaient si hautes que nous avions l’impression d’être envoyés vers les cieux, puis sitôt après d’être précipités dans l’abîme. Comme si l’humain n’avait pas sa place entre les deux.

Expression de marin

Les mâts et vergues nus, seulement parés de cordages sifflants, suffisaient d’ailleurs au vent d’ouest pour nous faire avancer.Nous allions ainsi, « l’arbre sec » comme disent les gens de mer, qui pour une fois utilisaient un vocabulaire facile à comprendre.

 Sentiments pendant la tempête

Les vagues s’élevaient si haut que c’était merveille. Je doutais que la mer pût obéir au Seigneur. Elle semblait vivre sa propre vie , sauvage , indifférente aux hommes et aux dieux. Les gens de la mer disait qu’il fallait la respecter, mais elle ne nous respectait pas . Pour elle , nous n’étions rien. Peu lui importait qu’on vécût ou mourût . Je me remémorais les mots du philosophe athénien Anacharsis , à qui l’on demandait si les vivants étaient plus nombreux que les mors.  » Dans quelle catégorie, répondait-il , placez vous ceux qui vont en mer ? « 

Lisbonne

Quelle ville que Lisbonne ! À la fois capitale du royaume et grand port maritime, elle n’avait pas d’équivalent. On pouvait y admirer de prestigieux monuments , et l’instant d’après, en tournant simplement le regard , observer des caravelles en partance pour l’Afrique…. On pouvait facilement se procurer du drap de Flandres que des masques d’Éthiopie, et maintenant du poivre ou de la cannelle des Indes

Le traité de Tordesillas

Le pape avait d’abord donné à l’Espagne les îles et terres fermes nouvellement découvertes, ou à découvrir, à l’ouest d’un méridien fixé à cent lieues à l’ouest des Acores et des îles du Cap vert. Puis le fameux traité avait déplacé cette limite à trous cent soixante dix lieues à l’ouest des îles du Cap-vert. À l’est de ce méridien, les terres revenaient au Portugal. Je trouvais ahurissant qu’un homme, fût-il souverain pontife, pût couper la terre en deux pour la partager entre deux nations.

SONY DSCTraduit (de façon étrange parfois) de l’anglais par Béatrice Vierne.

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J’ai suivi les plaisirs de Dominique et j’ai mis mes pas dans ceux de Kathleen Jamie. Avec un peu d’appréhension car je me méfie des passionnées de nature. Mais je devais me rendre à la boutique Orange pour échanger ma « Live box » foudroyée par un orage du début de l’été. Allez chez Orange, c’est apprendre la patience, et pour ne pas être envahie par la laideur ordinaire du centre commercial, quoi de mieux qu’un livre qui vous entraîne dans les îles du nord de l ‘Écosse. Le livre comporte 11 ballades, 8 m’ont absolument ravie. Une m’a vraiment déçue, celle à travers les bocaux des pathologistes et anatomistes de l’hôpital de Surgeons’ Hall et je n’ai trouvé aucun intérêt à la description d’Edimbourg.

J’ai parfois été étonnée par la traduction, heureux ceux qui peuvent lire cette auteure en anglais ! Les cinq premières ballades sont absolument magiques, on peut les lire avec Internet pour savourer toutes les images que Kathleen Jamie nous évoque avec beaucoup de grâce, de précision et d’humour.

Elle se sert de ses talents d’écrivaine pour nous embarquer dans des lieux magiques et nous faire réfléchir sur la complexité de l’âme humaine. Pourquoi en effet les hommes d’aujourd’hui se précipitent-ils à Maes Howe sur l’île principale des Orcades, pour voir un simple rayon de soleil éclairer le fond du tombeau au solstice d’été, alors que notre monde met de la lumière partout et semble détester par dessus tout l’obscurité ? En revenant de cette visite, elle se demande et nous avec elle, quels vestiges de notre civilisation d’autres hommes dans 2000 ans visiteront avec autant d’émotion ? Un simple rayon de soleil capté par une construction de pierre a donc plus de chance de passer à la postérité que la fusée qui a conduit des hommes sur la lune ?

À la recherche des oiseaux , elle nous fait aimer le « crex-crex » ou « râle des genets » oiseau qui était commun et abondant et que la mécanisation de l’agriculture a fait disparaître. N’est-elle pas cette agriculture, responsable de la disparition d’une certaine poésie. Les horribles rollers de foin entourés de plastique vert ont définitivement chassé les « petits dieux des champs ». Si être passionné par les oiseaux, c’est avoir la chance d’assouvir son passe temps dans des endroits aussi beaux que les Orcades ou les iles Hébrides alors je crois bien que je ne vais pas tarder à faire partie de leur confrérie.

Citations

L’obscurité

Un peu de pitié pour l’obscurité ! Que nous sommes donc soucieux de la terrasser et de la bannir, qu’elle est donc pleine à éclater de tout ce qui est diabolique, tel un sinistre réduit sous l’escalier… Tenez , j’ai cherché le mot « obscurité » sur Internet – et aussitôt on m’a servi des ministères chrétiens se proposant de me guider vers le salut.

Météo que je connais (petit problème de traduction que vient faire le « cependant » ici ?)

Après la pluie, cependant, deux jours complets, nous avons vu poindre une journée éclatante et reluisante de propreté : tout avait été rincé à fond, le ciel et les arbres, les gouttières et les fenêtres, et même les éclaboussures de fiente, sous la corniche des deux faucons avaient disparu. 

Vrai problème de traduction que veut dire ici le mot « un cours » ?

Je n’avais jamais encore mis les pieds sur un yacht, jamais navigué sur un bateau plus petit qu’un ferry de la compagnie CalMac, je n’étais jamais arrivée à terre ailleurs que dans un port, une ville, avec toute la panoplie des activités humaines – les casiers empilés, les émanations de diesel, une église en haut d’une butte avec une girouette en forme de poisson. Je n’avais jamais compris qu’on pouvait tracer une ligne droite à travers l’océan et appeler ça un cours

La poésie et les oiseaux

Me voyant émerveillée, il m’a assuré qu’identifier un oiseau était assez comparable au fait d’élaborer un poème ou tout autre écrit , à partir de notes comme celles que je m’arrêtais pour prendre dans mon cahier à l’abri du vent

C’est bien vrai

Jusque là, cependant, si l’ancre chassait ou si la chaîne se rompait, nous serions drossé à la côte. « Pour un marin, la terre n’est pas synonyme de sécurité. Ce qu’on veut, c’est être entraîné vers la haute mer. »

Le râle des genets ou crex crex

Le temps n’est pas idéal pour observer les râles des genets. Le ciel est très couvert , les coups de chien menaçant, la brise est très froide.Or, si le vent dépasse les trois nœuds , les râles n’ont pas envie de sortir. Ils n’aiment pas voler, le vent et la pluie leur déplaisent, et ils n’ont aucune envie de se donner en spectacle- c’est le genre d’oiseau qui demande à être dispensé d’activités sportives.
Sarah me parle d’une vieille dame qui est restée assise , tranquille et bien élevée, pendant une heure , deux heures…. et puis soudain, il y a eu des cris de sioux et Sarah s’est retournée pour voir la visiteuse bondir comme une folle, en donnant des coups de poing dans le vide, comme un footballeur, tout ça parce qu’elle avait entrevu un insaisissable oiseau brun.

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Enfin un peu de légèreté dans mon blog, et en plus une BD que j’ai choisie toute seule sans mes amies et amis des blogs ni ma bibliothécaire préférée. J’ai bien connu le monde universitaire et j’ai côtoyé des thésards. Je retrouve dans cette BD bien des aspects de la vie universitaires française. Tout est frais et drôle dans cette BD et Tiphaine Rivière a du talent pour se moquer sans méchanceté d’elle même et des malheureuses et malheureux (nous sommes en lettres donc il y a moins d’hommes) embarqués dans la même galère qu’elle.

Comme l’auteure est honnête, on se sent quand même un peu triste de voir comment sont traités les doctorants dans les universités de lettres. Entre leur faire faire des cours les moins gratifiants et pas dans leur spécialité , très mal les payer et toujours à la fin du semestre, et les assommer de lectures plus ou moins en rapport avec leur sujet leur vie devient un enfer et ils perdent leurs amis, leur couple a bien du mal à résister et la famille pose toujours les mêmes questions. Tu en es où ? La thèse de lettre se mesure au nombre de livres que vous avez lus et que vous pouvez citer. Gare au candidat qui aura oublié de citer les œuvres d’un des membres du Jury…Et tout cela pourquoi ? En gros fuir l’enseignement en collège.

Ce ne serait pas rendre justice au talent de cette auteure que de parler d’un ton sérieux de ce qu’elle a su nous dire en nous amusant. BD à offrir à tous les thésards amis de thésard et mari ou femme de thésards.

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– ça va Augustin ?
– Ouais, je suis hyper content : j’ai une intervention qui a été acceptée à un colloque international à Poitiers. Je pense que je vais bien faire bouger le monde de la ponctuation à la Renaissance.

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Un essai que j’avais noté lors d’une de mes émission préférée sur France culture : « L’Esprit Public » animée par Philippe Meyer. J’apprécie cette émission que j’écoute en podcast ( le dimanche à 11h du matin, j’ai souvent autre chose à faire !) car les intervenants savent s’écouter et n’ont pas pour but de démolir les arguments de l’autre. L’émission se termine sur un moment agréable : « la séquence des brèves » , chaque intervenant arrive avec une recommandation de lecture, d’exposition ou de spectacle, et je suis rarement déçue par leurs idées. Un dimanche matin, donc, plusieurs intervenants étaient arrivés avec cet essai de Michel Eltchaninoff et les autres approuvaient ce choix.

J’arrive un peu tard pour dire tout le bien que je pense de cet essai et vous en recommander chaudement la lecture. Un peu tard car toutes les idées que ce journaliste, professeur et philosophe avait si bien mises en lumière sont aujourd’hui reprises par toute la presse. Par exemple : ce qui constitue un tournant dans les positions de Poutine face à l’Europe occidentale, c’est l’ intervention contre la Serbie pour soutenir le Kosovo. Poutine a alors su rassembler le peuple russe en rallumant les vieilles peurs de l’encerclement par des forces ennemies du territoire russe.

Mais même si on sait beaucoup de choses sur la Russie de Poutine et que cet essai a perdu un peu de son actualité, on découvre avec grand intérêt ce qui anime cet homme d’état hors du commun. Et les raisons pour lesquelles il est suivi par une majorité de ses concitoyens. Ce n’est pas un livre difficile à lire, même s’il nous plonge dans les pensées de philosophes du XIXe et du début du XXe siècle que je ne connaissais pas. Comme Poutine est un incroyable opportuniste, il pioche dans tous les modes de pensée qu’il peut trouver pour redonner à son pays le courage de lutter pour retrouver son lustre d’antan. Ce n’est pas très réjouissant, en particulier pour l’ Ukraine, car il est prêt à utiliser tous les moyens pour faire revenir cette région dans le giron du grand frère russe. Et quand on voit comment il n’a pas hésité à déclencher la deuxième guerre de Tchétchénie, on peut se dire que rien ne l’arrêtera.

Une petite note d’espoir ? Poutine veut redonner sa force aux idées traditionalistes, il veut retrouver les valeurs de l’homme russe, et pour cela est un violent adversaire d’un ensemble d’idées sans liens apparents entres elles, sauf qu’elles sont des marqueurs de la liberté d’expression. Il est donc violemment homophobe, il veut contrôler les réseaux sociaux et déteste Internet. Je me dis alors, que si sa jeunesse ressemble à la notre, il va avoir bien du mal à la contrôler. À l’extérieur de son pays il mise sur les forces politiques qui sont encore minoritaires, le front national en France et tous les partis qui font du sursaut national leur cheval de bataille.

La tête de Poutine est donc remplie de théories plus ou moins fumeuses mais toutes mises au service du développement économique de la Russie, le plus triste mais est-ce si étonnant, c’est que Poutine en réalité loin des grandes idées ne lutte que pour la suprématie du rouble.

Citations

Résumé de la pensée de Poutine

Cette doctrine s’étage sur plusieurs plans : à partir d’un héritage soviétique assumé et d’un libéralisme feint, le premier plan est une vision conservatrice. Le deuxième, une théorie de la Voie russe. Le troisième, un rêve impérial inspiré des penseurs eurasistes. Le tout sous le signe d’une philosophie à prétention scientifique.

Formule de Poutine

Celui qui ne regrette pas la destruction de l’Union soviétique n’a pas de cœur. Et celui qui veut sa reconstruction à l’identique n’a pas de tête.

Discours du 25 avril 2005

Qu’est ce que la chute de l’Union soviétique ? Vingt-cinq millions de citoyens soviétiques hors des frontières de la nouvelle Russie. Et personne n’a pensé à eux…

La voie russe pour justifier l’annexion de la Crimée discours de Poutine 18 mars 2014

La politique d’endiguement de la Russie, qui a continué au XVIIe, au XIXe, au XXe siècle, se poursuit aujourd’hui. On essaie toujours de nous repousser dans un coin parce que nus avons une position indépendante, parce que nous la défendons, parce que nous appelons les choses par leur nom et ne jouons pas aux hypocrites. Mais il y a des limites. Et en ce qui concerne l’Ukraine nos partenaires occidentaux ont franchi la ligne jaune. Ils se comportés de manière grossière, irresponsable et non professionnelle.

Conclusion

Mais à la chute de l’Union soviétique, la Russie a dû se résigner à devenir un pays comme un autre, ni pire ni meilleur. Désormais, grâce au pan le plus nationaliste et pseudo scientifique de la philosophie russe, Poutine rend à la Russie sa vocation idéologique internationale… L’URSS n’était pas un pays mais un concept. Avec Poutine, la Russie est à nouveau le nom d’une idée. 

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Traduit de l’anglais par Dominique Letellier.

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Un roman vraiment passionnant que j’ai repéré chez Dominique. Le prétexte choisi par Jessie Burton pour nous raconter la richesse des Pays-Bas, en particulier d’Amsterdam au 17e siècle, c’est une fabuleuse maison de poupée, que l’on peut voir au Rijksmuseum le musée national. Cette Miniature appartenait à une certaine Petronella Oortman. L’auteure a été fascinée par la minutie avec laquelle cette jeune femme a reproduit à l’identique sa propre demeure , dépensant autant d’argent pour la réplique que pour sa maison principale. Son roman se situe en 1686, le personnage principal à travers les yeux duquel nous découvrirons la riche ville d’Amsterdam et la VOC (la compagnie des Indes Orientales) est une toute jeune provinciale, Petronella dite Nella. La fraîcheur de son regard, l’envie qu’elle a de vivre et de mieux connaître son richissime mari si éloigné d’elle, donne beaucoup de charme à ce récit. L’auteure se plaît à nous décrire avec force détails, les décors, les menus, les tableaux la vie d’une riche demeure d’un « seigneur » de la compagnie.

Pour rendre ce roman palpitant, et il est même très angoissant, des mystères se mêlent à ce qui devrait être une vie paradisiaque. Pourquoi son mari tient sa jeune femme éloignée de lui ? Pourquoi un ou une « miniaturiste » lui envoie-t-elle des objets si proches de son quotidien ? A-t-il (ou a-t-elle ) un espion dans la place ? Ces objets prédisent-ils l’avenir ? Sont-ils une aide ou porteurs de maléfices ? Que cache l’hostilité de sa belle-soeur Marin ? Comment un jeune Africain, sauvé de l’esclavage par le maître de la maison, peut-il survivre dans une ville aussi peu ouverte aux autres ?

Car là est le paradoxe de ces richissimes néerlandais : ils font du commerce avec le monde entier, mais ils sont gouvernés par des forces obscures et rétrogrades de tendances calvinistes et aucune déviance n’est autorisée. On sent la présence de ces « ayatollahs  » de la religion dans tous les moments de la vie des habitants. Un peu comme des habitants d’une maison de poupée regardés par des géants inquisiteurs, bref un peu comme le regard de l’auteure elle-même visitant le musée où se trouve cette maison miniature. L’angoisse monte peu à peu, jusqu’à la fin où les catastrophes s’enchaînent.

On ne peut raconter les détails de la montée vers l’angoisse finale sans déflorer le roman (les Québéquois diraient « divulgacher » j’ai appris ce mot chez Keisha) . Jessie Burton fait découvrir peu à peu la personnalité de Johannes Brandt le mari de Petronella et c’est un beau personnage même si on n’y croit pas trop. C’est pour moi le point faible du roman, la période est parfaitement bien rendue, l’énigme bien imaginée mais j’ai eu du mal à croire aux personnages.

Citations

Une idée qui m’a étonnée

La pitié,contrairement à la haine, peut-être enfermée et mise de côté.

Une idée de la mer

La mer est tout ce que la terre ne sera jamais, déclare Otto. Aucune surface, même minuscule, ne reste la même.

Les femmes à bord

Les femmes portent malchance à bord

– Elles portent la chance que les hommes leur accordent

Description de la nourriture

Cinq minutes et cette tourte sera prête J’y ai ajouté des asperges .

Une bouffée brûlante qui sort du four emplit la pièce. la servante dépose la tourte sur un plat, l’arrose de verjus, de fonds de mouton et de beurre, avant de la passer à Nella.

Les grands mariages

La fête a duré trois jours. mais vous savez ce qu’on dit, à propos des grands mariages ? Qu’ils cachent un manque de désir.