20161125_185110Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

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Surtout que cette photo ne vous induise pas en erreur, ce roman n’est pas à jeter aux toilettes. Il fallait que j’évoque, soit le RER, soit la machine à broyer les livres, soit une « dame pipi » .
J’avais très envie, de rendre hommage aux « Dames-pipi » , car Julie qui nettoie tous les jours les WC dans une galerie marchande, est un des rayons de soleil de ce roman. Je trouve particulièrement compliqué de parler de ce métier sans tomber dans la grossièreté ou la condescendance. Julie est gaie, a plein d’idées, attend son prince charmant en comptant les carreaux de faïences des toilettes qu’elle nettoie avec ardeur et conscience. Le personnage principal Guylain Vignol que le surnom de Vilain Guignol poursuivra toute sa vie, a bien besoin de rayons de soleils dans sa vie lui l’amoureux des livres qui travaille dans une usine on les pilonne, les livres !

7438643-11462508Pour lutter contre cette destruction qui lui déchire le cœur, le personnage principal du livre vole quelques page à la monstrueuse machine, et il les lit à haute voix dans son RER de 6 heures 27 créant ainsi, peu à peu, un public attentif. Il est entouré de personnages sympathiques, un Italien qui a perdu ses jambes dans cette broyeuse de livre et un concierge fou d’alexandrins , heureusement qu’il a ses amis car son patron est horrible et son poisson rouge pas très bavard. Je vous laisse découvrir comment Julie rencontrera Guylain et comment ce doux rêveur enchantera les pensionnaires plus très jeunes de la résidence des Glycines.
Le charme de ce roman vient beaucoup de la langue de l’auteur on a l’impression parfois de petits morceaux de douces poésies un peu désuètes. Je vais mettre une nouvelle catégorie : romans qui font du bien et ce sera le premier de la liste. J’ai vraiment envie de lire de tels romans en ce moment , cela me fait du bien de le mettre sur Luocine un 26 décembre après un Noël où tant de gens luttent pour leur survie.

Citations

Quel joli début

Guylain Vignolles, lui, était entré dans la vie avec tout fardeau la contrepèterie malheureuse qu’offrait le mariage de son patronyme avec son prénom : Vilain Guignol, un mauvais jeu de mots qui avait retentit à ses oreilles dès ses premiers pas dans l’existence pour ne plus le quitter.

Jolie façon de parler de l’alcoolisme

Il savait de quoi il parlait le vieux, lui qui n’avait rien trouvé de mieux que le rouge étoilé pour se donner le courage de continuer.

Les énumérations évocatrices

La chose était née pour broyer, aplatir, déchiqueter, malaxer, pétrir, ébouillanter.

Une évocation parlante du christianisme

Arrosé d’un Lacryma Christi, Giuseppe se plaisait à lui rappeler que s’enivrer avec des larmes du Christ était la plus belle chose qui puisse arriver à un chrétien.

Petit moment de poésie (selon moi)

Mes attentions vont plutôt aux éclopées, aux fendillées, aux jaunies, aux ébréchées, à toutes celles que le temps a estropiées et qui donnent à l’endroit, outre ce petit cachet vieillot que j’ai fini par aimer une touche d’imperfection qui étrangement me rassure. « C’est dans les cicatrices des gueules cassées que l’on peut lire les guerres, Julie, pas dans les photos des généraux engoncés dans leurs uniformes amidonnés et tout repassés de frais. » M’a dit un jour ma tante tandis que toutes les deux briquions les carreaux à grands coups de peau de chamois pour leur rendre leur lustre d’antan.

J’ai ri

Si avec ça l’habit ne fait pas le moine, alors comme disait ma tante : « Que Sainte Aude-Javel, la patronne des dames pipi soit damnée ! »

Auto-portrait du personnage principal

Non tout ne va pas si bien que ça, eut envie de rétorquer Guylain. J’attends le retour d’un père mort depuis vingt huit ans, ma mère me croit cadre dans une société d’édition,. Tous les soirs je raconte ma journée à un poisson, mon boulot me dégoûte à tel point qu’il m’arrive de dégueuler tripes et boyaux, et enfin pour couronner le tout, je suis en train de tomber amoureux d’une filles que je n’ai jamais vue. En résumé pas de problème, sauf que je suis quand même dans tous les domaines un petit peu « à la limite inférieure de la courbe ».

Sourire

On peut s’attendre à tout d’un constipé même à rien.

27 Thoughts on “le Liseur du 6h27 – Jean-Paul DIDIERLAURENT

  1. J’ai une catégorie « feel good book » sur Tête de lecture, bien que ce genre de livres n’y soient pas très nombreux. Et contre toute attente, ce roman-là m’a plutôt plu. Je me souviens de celui qui cherche à retrouver les livres fait en partie avec ses jambes…

    • En anglais ça a beaucoup plus de classe, mais au bout du compte seul le résultat compte on a parfois besoin de livres qui font du bien . Ce roman y arrive grâce à son écriture.

  2. Comment ça, tu ne lis pas encore ces ‘romans qui font du bien’? Bien sûr, il ne faut pas lire que ça, mais de temps en temps, entre deux lectures fortes ou après plein d’abandons (note : parfois c’est gnangnan, là j’abandonne, faut pas pousser non plus)
    Les autres livres de l’auteur devraient te plaire, en cas de besoin !

    • Merci Keisha, je vais me faire une petite réserve de livres de ce genre, en cas de, en cas de quoi ? De livres trop trises, de livres abandonnés car ennuyeux, de livres trop répétitifs, trop consensuels, trop tirés par les cheveux, trop plats. Et surtout qui n’arrivent pas à me faire quitter un monde trop cruels où je me sens parfois trop mal.

  3. J’avais bien aimé ce petit livre sympathique. Une histoire originale dont l’écriture m’avait séduite. Je ne suis pourtant pas une adepte des romans fell-good… Mais comme dit Keisha, de temps en temps, ça fait du bien !

  4. ton introduction me fait beaucoup rire
    j’ai lu ce livre sans déplaisir mais sans passion mais je vois que tu t’es beaucoup plus prise au jeu

    Très bonnes fêtes de fin d’année

    • J’ai beaucoup aimé l’écriture de ce roman. Le récit est passé au second plan comme souvent quand j’aime le style.
      Et bonnes fêtes à toi aussi!

  5. Je ne l’ai toujours pas lu ! J’en lis de temps en temps des livres qui font du bien ; je n’en ferais pas une habitude, mais quelquefois on a seulement envie de trucs simples et réconfortants. Peu importe la crédibilité ;-)

  6. Ah ah ah !
    Il est vrai qu’au premier coup d’oeil, la photo est trompeuse.

  7. Lire un roman qui fait du bien, je devrais en faire une résolution pour 2017 !

  8. Malgré ton enthousiasme, ce roman ne m’attire pas trop, surtout à la lecture des citations…

  9. Permets-moi d’abord de saluer la mise en scène pour la photo ! Ce n’est pas banal :-). J’avais entendu parler de ce roman, le fait que tu le mettes en avant sur ton blog me le « labellise » désormais dans les lectures possibles. Bonne idée de lecture pour la fin d’année !

  10. La Souris Jaune on 28 décembre 2016 at 10:34 said:

    Je n’ai pas réussi à le lire, ce livre-là, l’histoire m’a rebutée dès les premières pages… J’ai détesté tout de suite ce Sylvain truc et l’idée que j’ai trouvée atroce qu’il bosse dans une usine à pilon ! Alors malgré ton billet, et tous vos commentaires qui m’indiquent que ce livre mériterait peut-être qu’on le sauve, je crois que ce serait au dessus de mes forces ! Tant pis pour la dame-pipi, je ne ferai pas sa connaissance !

    • c’est visiblement quelqu’un qui a pratiqué les ateliers d’écriture, en tout cas certains des passages ressemblent à des textes que j’ai entendus aux Scribouillards (célèbre atelier d’écriture de la région malouine qui hélas ne s’est pas réuni depuis 2 ans…)

      • La Souris Jaune on 28 décembre 2016 at 21:16 said:

        … Je te sens nostalgique de ces Scribouillards ! :) il va falloir qu’on remette ça :) Des gros bisous, Luocine ! :)

  11. J’an ai connu de ces dames pipi, elles font des horaires épouvantables et font souvent ce travail ingrat pour arrondir les fins de mois ou carrément pour vivre. Sans compter que la plupart du temps elle finissent tard et doivent se balader avec toute leur monnaie en poche la nuit.
    Aah ! Sainte-Aude-Javel :-))
    Bonne fin/début d’année Luocine.

  12. Merci et que 2017 nous permette de joyeux échanges autour de lectures communes ou pas.
    Ce livre rend hommage à ce métier et c’est très rare sans être ni ridicule ni larmoyant.

  13. Bonjour Luocine, toujours pas lu ce roman, ton avis positif me donne envie. J’avais lu des critiques mitigées le concernant. Merci et bon réveillon de fin d’année.

    • Je comprends qu’on fasse des critiques mitigées mais j’ai bien aimé sa façon d’écrire. C’est un conteur d’histoires et j’ai un faible pour les gens qui savent raconter.

  14. J’ai aimé ce livre. Je dois dire que le dénouement est un peu fleur-bleue quand même, alors que le début s’alignerait plutôt sur un roman noir, avec des accents grinçants et un petit quelque chose de Germinal….Mais l’ensemble tient la route grâce à l’humour et à la tendresse des personnages. (donc de l’auteur?)

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