Édition Héloïse d’Ormesson, 358 pages, octobre 2023

 

je propose ce livre dans les feuilles allemandes, même si l’auteure est australienne le sujet est bien l’Allemagne : la RDA

 

Dès que vous, mes tentatrices, mettrez un commentaire je mettrai un lien vers votre billet. Quel livre et quelle horreur ! ! Oui il faut lire ce livre même si, parfois, il faut prendre son courage à deux mains. On peut se consoler en se disant que cet horrible régime a été soutenu par plus de 75 % de la population. Mais avant de lire mon billet écoutez la voie de Charlie Weber qui lui est mort dans les geôles de la Stasi en 1980 :

Dans ce pays

Je me suis écœure de silence

Dans ce pays 

Je me suis égaré, perdu

Dans ce pays

Je me suis tapi pour voir

Le sort qui m’attendait

Dans ce pays

Je me suis retenu

De ne pas hurler

  • – Mais j’ai fini par hurler, si fort

Que ce pays m’a répondu

En gueulant avec la même laideur

Que les maison qu’il bâtit 

Dans ce pays

Seule ma tête dépasse

De terre, comme un défi

Mais elle se fera tondre un jour.

C’est alors, et enfin, que je ferai partie 

De ce pays.

 

Je ne connais pas les raisons qui ont poussé Anna Funder à enquêter sur la Stasi, mais son travail est remarquable et m’a sortie de ma torpeur sur ce sujet. Oui, je savais que la RDA était un état policier, et que la Stasi espionnait tout le monde, mais je n’avais aucune idée et sans doute ne voulais-je pas le savoir à quel point cela impactait la vie des habitants. Ma plus grande surprise a été de découvrir le nombre de gens qui ont travaillé pour la Stasi . Les raisons pour lesquelles autant de gens travaillaient pour ce service de police et d’espionnage sont à la fois incroyables et faciles à comprendre. Une partie des recrues de la Stasi travaillaient par conviction communiste  : rien ne leur semblait pire que le capitalisme de RFA, d’autres étaient tenues par la peur : la Stasi savait très bien exercer des chantages qui marchaient le plus souvent, et enfin d’autres se sentaient importants en connaissant de petits secrets que d’autres ne savaient pas !

L’auteure a d’abord découvert l’histoire de Myriam Weber la femme de Charlie, à 16 ans elle a essayé de fuir à l’ouest , et elle a été attrapée puis torturée. La torture la plus répandue était de priver de sommeil la personne pendant parfois plusieurs jours, il semble que personne ne résiste à cette torture. Elle est ensuite envoyée en prison pour dix huit mois. Elle a été totalement détruite moralement et c’est son mari Charlie Weber qui l’a aidée à se reconstruire. Mais lui aussi sera arrêté et il mourra en prison. C’est à partir de là qu’Anna Funder a voulu découvrir comment fonctionnait la Stasi et elle a eu l’idée de passer une petite annonce pour rencontrer des anciens de la Stasi. Et, elle en a rencontré qui n’ont pas hésité à lui expliquer comment ils recrutaient, comment ils espionnaient, comment ils tenaient les gens en leur pouvoir. Certains regrettent cette période où leur pays marchait droit et où la délinquance n’existait pas. Tous ont tourné la page et sont passé à autre chose, aucun n’exprime de regrets.
C’est une lecture éprouvante mais nécessaire, les rares personnes qui sont restée dignes dans ce pays l’ont payé très cher , mais comme le chanteur de rock dont le groupe a été dissous préfère ne pas avoir pu chanter pendant 17 ans plutôt que de s’être renié : quel courage !

C’est vraiment intéressant d’avoir à la fois le point de vue des victimes et celui des bourreaux qui se sentent d’autant moins coupables qu’ils ont tous trouvé des postes intéressants. En effet connaissant parfaitement les habitants de la RDA (et pour cause !) , ils ont pu servir d’intermédiaires entre les entreprise allemande de l’ancienne RFA qui cherchaient à recruter une main d’œuvre dans l’ancienne RDA. Vous serez peut-être surpris du nombre de passages que j’ai recopiés mais Luocine, me sert aussi à ne pas oublier les livres qui me marquent et dans ce cas j’essaie vraiment de tout retenir ou du moins de savoir où je peux retrouver ce que je veux expliquer.

 

Et donc merci à Keisha, Ingannmic, Sacha, et Eva

Extraits.

 

Début .

 J’ai la gueule de bois. Dans la gare bondée d’Alexander-Platz, je dirige mon corps comme un véhicule. Plusieurs fois je n’évalue pas bien ma largeur et heurte une poubelle ou une borne publicitaire. Demain les bleus se développeront sur ma peau, comme une photo à partir d’un négatif.

Des employés de bureau surchargés de travail !

 L’adjoint de Scheller, Uwe Schmidt, était aussi présent à notre entrevue. La première fonction d’Uwe en tant qu’adjoint, est de montrer que Sheller est assez important pour nécessiter un adjoint. Sa seconde fonction est de paraître toujours très occupé et bousculé, ce qui est nettement plus difficile puisqu’il n’a pratiquement rien à faire. Sceller et Uwe sont tous deux originaires de l’ouest.

Prison communiste .

 Deux gardes, des femmes l’y attendaient. C’était le baptême de bienvenue. 
 C’est le seul moment où elle a eu peur de mourir. L’eau de la baignoire était froide, une garde la tenait par les pieds, l’autre par les cheveux. Elles lui ont longuement tenu la tête sous l’eau, puis l’ont ressortie par les cheveux en l’insultant bruyamment. Et elles ont recommencé. Totalement impuissante, elle ne pouvait plus respirer. Elles l’ont remontée : « Petite merdeuse ! Saleté ! qu’une traîtresse et une salope. » Et l’ont replongée. En remontant, l’air qu’elle respirait était lourd d’injures. Elle a bien cru qu’elles allaient la tuer. 
 La voix de Myriam s’est tendue, elle est bouleversée et je n’ose plus la regarder. En la tabassant ces femmes lui ont peut-être causé des dégâts de irrémédiables.

Triste Ironie !

 On m’a montré un jour une liste de sujets de dissertation provenant de la Faculté de droit de la Stasi à Postdam. J’y ai trouvé de mémorables contributions à l’avancée de la connaissance universelle telle que : « Sur les causes probables de la pathologie psychologique du désir de commettre des infractions frontalières ». Il était impossible de se défendre contre l’ État, car les avocats de la défense et tous les juges travaillaient pour lui.

Location dans l’ex Berlin-Est et humour.

 Dans ces circonstances comment en vouloir à Julia d’avoir gardé les clefs et de revenir à sa vieille vie de temps en temps ? Je m’accommode de chaque disparition inattendue : le tapis de bain en caoutchouc, la machine à café et maintenant les caisses en plastique. Je m’habitue à une atmosphère de plus en plus épurée. J’ai tracé un chemin dépoussiéré sur le linot qui va de la cuisine au bureau et de la salle de bains au lit.
 Dans le hall d’entrée, en passant devant l’emplacement où était la bibliothèque, je n’ai plus qu’un seul sentiment : celui de baigner dans le lino. Le lino a envahi ma vie. Je peux en compter cinq types différents dans l’appartement et ils sont tous sans exception, marron. Certes, il y a des nuances : marron foncé dans le hall ; moucheté dans ma chambre  ; lino peut-être à l’origine d’une couleur différente dans l’autre chambre, mais qui a succombé au règlement intérieur ; marron beige dans la cuisine et, mon préféré, lino imitation parquet dans le séjour.

Nombre de délateurs.

 Après la chute du mur les médias allemands en qualifié l’Allemagne de l’Est « le plus étroitement surveillé de tous les temps ». La Stasi, sur la fin comptait 97 000 employés – plus qu’il n’en fallait pour surveiller un pays de dix-sept millions de personnes. Mais elle disposait aussi de plus de 173 000 indicateurs dissimulés dans la population. Sous le troisième Reich d’hiver, on estime qu’une personne sur 2000 était un agent de la Gestapo dans, l’URSS de Staline une sur 5830 était agent du KGB. En RDA une personne sur 63 était agent ou indicateur de la Stasi si l’on compte les indicateurs occasionnels certains estiment que la proportion peut atteindre une personne sur 6,5. Pour Miellé, tout dissident était un ennemi, et plus il rencontrait d’ennemis, plus il embauchant d’indicateurs et de personnel pour les mater.

En 1988, la Stasi avait prévu d’arrêter 85 939 habitants (Petit moment d’humour).

 On prévoyait aussi de distribuer à chaque prisonnier, lors de son arrestation une liste d’effets à emporter :
2p. de chaussettes
2 serviettes
2 mouchoirs
2 sous-vêtements 
1 lainage
1 brossé à dents et dentifrice 
1 kit de cirage
Femmes :
Prévoir en plus des serviettes hygiéniques
 Incarcérés sans savoir pourquoi ni pour combien de temps, les prisonniers avaient au moins la certitude d’avoir des chaussures cirées, les dents blanches et un slip propre.

Un membre de la Stasi qui espère le retour du communisme .

 » Le capitalisme pille la planète -ce trou dans la couche d’ozone, l’exploitation des forêts, la pollution- nous devons nous débarrasser de ce système social ! Sinon la race humaine n’a plus qu’une cinquantaine d’années devant elle. « 
 C’est tout un art, profondément politique, de s’emparer de l’actualité et d’en attribuer la responsabilité à vous-même ou à votre opposition, orientant constamment la réalité vers des conclusions complètement inappropriées. Le discours de mon interlocuteur illustre bien ce fait : le socialisme en tant qu’article de foi, continue à vivre dans les esprits et les cœurs, sans se soucier des épreuves douloureuses de l’histoire. Cet homme est déguisé en Allemand de l’Ouest pour mieux se fondre dans le monde où il vit, mais plus il parle, plus il est clair qu’il attend secret le second avènement du socialisme.

La réalité et la RDA.

 En RDA on exigeait des gens qui les acceptent tout un tas de fictions comme la réalité. Certaines de ces notions étaient fondamentales, par exemple l’idée que la nature humaine est un chantier que l’on peut sans cesse améliorer, par l’intermédiaire du communisme. D’autres fictions étaient plus spécifiques : les Allemands de l’Est n’était pas les Allemands responsables de l’Holocauste (même partiellement) ; la RDA était une démocratie pluraliste ; le socialisme était pacifique ; il n’y avait aucun ancien nazi dans le pays ; et, sous le socialisme la prostitution n’existait pas.
 Beaucoup de gens se retirèrent dans ce qu’on qualifia d' »immigration intérieure ». Ils protégèrent leur vie privée, secrète, pour essayer de préserver leur espace personnel face au pouvoir.

L’architecture communiste.

 D’ici à Vladivostok, voici la contribution du communisme à l’art de la construction : linoléum, ciment gris, amiante, béton préfabriqué et toujours et encore des couloirs interminables et des pièces polyvalentes. Et derrière chaque porte, tout était possible : interrogatoire, emprisonnement, examen, administration, abri nucléaire ou, dans ce cas précis propagande.

Dans ce livre on va d’horreur en horreur.

 

 J’ai lu quelques articles sur le décès de Pannach dernièrement. Il est mort d’un cancer très rare, tout comme Jürgen Fuchs et Rudolf Bahro deux écrivains dissidents. Tous les trois avaient été incarcérés dans les prisons de la Stasi à peu près au même moment. Quand des appareils d’irradiation furent retrouvés dans une de ces prisons le Bureau des dossiers de la Stasi se mis à enquêter sur l’éventuelle irradiation de dissidents. Ce qu’elle découvrit choqua un peuple pourtant habitué aux mauvaises nouvelles.
La Stasi avait irradié des personnes et des objets qu’elle voulait traquer. Elle avait mis au point toute une série d’objets radioactifs, comme par exemple des épingles irradiées qu’elle pouvait glisser dans des vêtements, des aimants radioactifs à placer sur les voitures ou des granulés radioactifs injectées dans les pneus. Elle avait produit des aérosols pour les officiers et de la Stasi : ils s’approchaient de certaines personnes dans la foule pour les pulvériser ou ils vaporisaient secrètement le sol de leur foyer pour que les suspects laissent des traces radioactives ou qu’ils aillent…..

Pourquoi devenait on indicateur ?

 « De quels avantages bénéficiaient les indicateurs ? »
je veux savoir combien ils étaient payés.
 » C’était dérisoire, en réalité admet Bock. Ils touchaient trois fois rien. Il devait se réunir avec leur contact toutes les semaines sans être rémunérés. Ils percevaient de temps en temps un peu d’argent en récompense, s’ils fournissaient une information spécifique. Et on leur offrait aussi parfois un cadeau d’anniversaire.
– Dans ce cas, pourquoi acceptaient-ils de le faire ?
– Eh bien certains par conviction. Mais dans la majorité des cas je pense qu’ils le faisaient pour avoir l’impression de devenir « quelqu’un » . Vous savez on passait une ou deux heures par semaine à les écouter en prenant des notes. Ça leur donnait un sentiment de supériorité.

 Le côté charnel des autres dictatures, comme en Amérique latine par exemple, on leur donne à mon avis quelque chose de plus chaleureux et de plus humain. On peut plus facilement comprendre l’attrait des valises débordant d’argent ou de drogue, des femmes, des armes ou du sang. Mais ces hommes gris et obéissants qui rencontraient des indicateurs sous payés toutes les semaines, me semble encore plus sinistres et bêtes. Visiblement l’acte de trahison fournit sa propre gratification : la petite satisfaction profondément humaine de savoir des choses que les autres ignorent, d’être supérieurs à eux … un peu ce que ressent la maîtresse d’un homme. Le régime se servait de cette psychologie comme d’un carburant.

 

 

 

 

 

Édition Gallimard NRF. Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary

 

Ce livre ne reçoit que d’excellentes critiques, Dominique en a parlé avec enthousiasme et comme cet auteur m’avait enchanté avec Olga et le « Liseur » je savais que je lirai celui-ci. Il a évidemment toute sa place dans le mois consacré à la littérature allemande.

(Ma sixième participation pour l’année 2023)organisé par Eva et de livr’escapade 

Dans les deux précédents romans que j’ai lus de Bernhard Shlink, j’ai apprécié son regard intransigeant et lucide sur le passé de son pays. Nous sommes dans le présent avec « la petite fille ». Kaspar, fils de pasteur, fait ses études à Berlin en 1965, il est libre de fréquenter le milieu universitaire de l’est (l’inverse n’était pas possible : les étudiants de Berlin Est n’étaient pas libres de leurs mouvements) il fait la connaissance de Birgit dont il tombe amoureux et qu’il va aider à passer à l’ouest.

Le roman débute par la mort de Brigit, femme dépressive et alcoolique. Kaspar est désespéré, il retrouve les carnets de sa femme qu’il lit. Dans cette autre partie nous apprenons le lourd secret de Brigit : elle a eu un enfant d’un homme qui l’a abandonnée avant la naissance du bébé pour ensuite lui demander qu’elle lui donne ce bébé car il ne peut pas avoir d’enfant avec sa femme. Brigit refuse et demande à sa meilleure amie de laisser son bébé sur le parvis d’une église. Toute sa vie, cet abandon lui pèsera et expliquera sa neurasthénie et son alcoolisme.

La deuxième partie ainsi que la troisième sont consacrés à Sigrun la petite fille de Brigit et dont Kaspar voudrait être le grand père.

Chaque partie du roman nous permet de cerner un aspect de l’Allemagne contemporaine : l’Allemagne de l’est et le déséquilibre des anciens de l’Est qui ont bien du mal à s’adapter dans un pays qui ne reconnaît aucune des valeurs qui les ont construits dans une autre vie. Puis nous voyons les errances de leurs enfants qui cherchent à s’opposer à leurs parents en retrouvant des mouvements violents et, évidemment, le plus interdit en Allemagne  : le mouvement néo-Nazi. Pour finalement s’incarner dans un vieux parti le « völkisch » pas très loin des idées Nazi. Il prône la fierté d’être allemand, le retour à la terre, nie les atrocités du Nazisme en particulier la Shoa : Hitler ne voulait que la paix !

Dans un premier temps, toute la difficulté de Kaspar est de maintenir un lien avec cette petite fille, sans heurter les idées de ses parents, il va y arriver grâce à la musique qui ouvrira un nouveau monde à cette petite fille très douée, elle découvre, grâce à son grand père, le piano. Une très belle scène : le grand père lui fait écouter différentes musiques et la met au défit de reconnaître celle des compositeurs allemands ou étrangers. Leur rapport seront interrompus car les parents se méfient de son influence.

Quelques années plus tard, une catastrophe va arriver, liée à la révolte de Sigrun, sa violence l’entrainera trop loin. On espère quand on referme ce roman que la musique continuera à sauver la jeune Sigrun dans l’ailleurs qu’elle s’est choisie .

Un excellent roman !

Citations

 

La jeunesse de Kaspar.

 Il a vécu jusque là dans une rhénanie tranquillement catholique. Son père était un pasteur protestant ; Kaspar avait grandi avec Luther et Bach et Zinzendorf, et pendant les vacances chez ses grands parents avec des livres sur l’histoire patriotique où l’Allemagne devait sa complétude à la Prusse.

La RDA.

 Si l’on vit dans un pays sous un mauvais régime, on espère un changement, et un jour il advient. À la place du mauvais régime, un bon se met en place. Quand on a été contre, on peut de nouveau être pour. Si l’on a dû s’exiler, on peut revenir. Le pays pour ceux qui sont restés et pour ceux qui sont partis est à nouveau leur pays, le pays dont ils rêvaient. La RDA ne deviendra jamais le pays dont on rêvait. Elle n’existe plus. Ceux qui sont restés ne peuvent plus se réjouir. Ceux qui sont partis ne peuvent pas y revenir ; leur exil est sans fin. D’où le vide. Le pays et le rêve sont perdus irrémédiablement.
Discours lors de la fête du mouvement « Völkish » 
« Qui le sait encore, à part nous, ce sont les clans, les musulmans et les femmes voilées et leur familles. Ils veulent s’emparer de l’Allemagne, ils veulent faire de notre pays leur pays. Mais nous ne les laisserons pas faire. Nous somme prêts au combat. Sur le sol allemand nous croisons. Du sol allemand nous tirons notre force. À notre communauté allemande appartient l’avenir allemand. »

Un allemand ordinaire .

Kaspar c’était toujours tenu à l’écart de tout. Il était membre de l’église, qu’il fréquentait parfois sans croire en Dieu, mais sans jamais se charger d’une tâche. Sans endosser aucune responsabilité, il était membre de la chambre de commerce et d’industrie, et de l’Union des éditeurs et libraires allemands. La politique l’avait quelquefois irrité au point qu’il l’envisage d’adhérer à un parti. Il avait été parfois invité à s’engager dans l’association Citoyens pour le parc. Mais à part des votes rassurants et quelques ramassages occasionnels de papiers, gobelets et bouteilles en traversant ledit parc, il en était resté là. 

Dialogue incroyable .

 « Tu as bien un livre sur Rudolf Heβ. Il est plein de mensonges. Tous ces livres ici son plein de mensonges. Hitler ne voulait pas la guerre. Il voulait la paix. Et les Allemands n’ont pas tué les juifs . »
Kaspar s’assit par terre face à elle.
« Ce sont des livres d’historiens qui ont fait des recherches pendant des années. Comment peux-tu savoir ?
– Ils sont achetés. Ils sont payés . Les occupants veulent rabaisser l’Allemagne. Il faut qu’on ait honte et qu’on courbe l’échine. Alors, ils pourront nous nous opprimer et nous exploiter.

Le grand père et sa petite fille.

 « Mais je peux quand même être fiers d’être allemande. »
Kaspar à nouveau tourna dans un chemin et stoppa. 
« Je ne sais pas. Je trouve qu’on ne peut être fier que de quelque chose qu’on a fait. Mais peut-être qu’on peut voir les choses autrement. »
Il montra du doigt le paysage de collines, des champs, le bois et le village sur le quel tombait le soleil et un autre village dans un creux, dont on ne voyait que le clocher et quelques tpits. Le soleil était déjà bas, cela allait donner un magnifique crépuscule.
« J’aime mon pays, je suis heureux de parler sa langue, de connaître les gens que ce pays me soit familier. Je n’ai pas besoin d’être fier d’être un Allemand, il me suffit d’être heureux. »

Édition Gallimard NRF.

 

Ce peuple des promesses duquel il faut se méfier, car il est désespérément myope et doté d’une mémoire reptilienne. La preuve en est que depuis deux cents ans, à chaque tournant majeur de son histoire, il fait toujours le pire des choix.

 

Les trois coups de cœur du club de lecture sont entièrement mérités ainsi que mes cinq coquillages. Ce roman est extraordinaire, car il mêle l’analyse fine et fouillée du sentiment amoureux avec l’horreur de la lutte politique en Iran, de la chute du Shah à la répression la plus totale de la dictature islamique. Au début nous sommes dans une petite ville, une station balnéaire, Chamkhaleh sur la mer Caspienne où la vie, l’été, se déroule comme dans toutes les stations balnéaires, les filles sont jolies, montrent volontiers leur sourire et leur corps, les garçons sont amoureux mais n’osent pas s’approcher. Surtout de la si belle et si libre Niloufar, cousine du narrateur.

Comment peut on imaginer que ce monde a entièrement disparu sous le régime des Mollahs . L’auteur mêle avec un brio incroyable le récit de cet amour d’adolescent pour une jeune fille qui a trois ans de plus que lui avec la tragédie iranienne . Quand on a treize ans une jeune fille de seize ans , c’est une femme . Il raconte bien aussi toutes les contradictions qui divisent la société et les familles. Mais quel pauvre pays qui a cru se débarrasser d’un tyran est s’est jeté dans les bras de brutes sanguinaires bien pire que le Shah ! Ce que j’avais un peu oublié, c’est le rôle de la guerre contre l’Irak qui a conforté la répression contre la moindre opposition.

Ce récit est aussi une remise en cause de l’engagement politique, son héros n’est jamais sincère : il prend des postures et veut juste séduire celle qu’il aime. Mais surtout personne n’avait une vision claire de ce qui allait se passer.

Voilà ce qu’un roman peut apporter de mieux : comprendre grâce à ce récit l’absurdité du régime iranien et le côté factice des révoltes. Et pourtant , il s’agit surtout et avant tout d’un roman d’amour. J’ai vraiment été séduite par la performance littéraire et si triste pour ce pays qui n’est pas prêt de se débarrasser de ses tortionnaires.

 

Citations

C’est hélas vrai ! (et cela ressemble à l’incendie du Reichstag !).

 L’été 1978, le cinéma Rex d’Abadan prenait feu. . Plus de quatre cents personnes y périssaient brûlées vive. Un incendie de toute évidence criminel. Les doigts accusateurs se sont pointés vers le Shah et sa police secrète. Unanimement tu t’en souviens ? Toutes tendances confondues. C’était le coup fatal. L’étincelle dans les barils de poudre. Des corps calcinés ont été montrés sur les photos qui circulaient sous le manteau. Le régime du shah n’a jamais pu s’en remettre.
 Quelle énorme mensonge ! Quel coup de maître. Quii peut encore ignorer aujourd’hui que le cinéma a été mis à feu par des activistes musulmans appliquant une fatwa émise par un ayatollah ?, Quel intérêt avait le régime du shah à incendier un cinéma dans un quartier populaire d’une ville de second rang ? Vraiment quel intérêt ? Mais à ce moment-là dans ce pays de presque quarante million d’habitants, nul n’a été suffisamment lucide pour poser cette simple question ait dénoncé l’absurdité de la chose. Nous avons tous pris part à ce mensonge.

À l’époque du shah !

 Attention ! C’était l’Iran de l’époque du shah. Tu ne l’as pas vraiment connu. Il n’y avait pas encore la moindre femme voilée sur le rivage, et les foulards et tchadors n’étaient pas de mise. À la place, il y avait elles, avec leurs minuscules bikinis, leurs débardeurs, leurs robes légères, ouvertes aux quatre vents, leurs éclats de rire. Elles se déhanchaient sur le sable chaud. Rigolaient à gorge déployée. Je te promets, devant un tel spectacle, les bronzés de Malibu pouvaient aller se rhabiller.

Son père .

 Mais, à chaque fois, je m’apercevait avec étonnement que mon père était le seul qui ne m’écoutait pas. Il était, toujours, rouge de honte, souffrant secrètement comme a son habitude. Un jour, il m’a avoué à quel point il détestait mes sorties, mes tirades savantes, mes discours. Il me trouvait vulgaire, vantard et malhonnête. Il disait que j’étais l’échec de sa vie et qu’il regrettait amèrement de n’avoir pas su m’inculquer un brin d’abnégation, de bon sens et d’honnêteté, valeurs indispensables à ses yeux pour être un homme bon. Là il avait raison. Il voyait juste, mon pauvre père !

La guerre Irak Iran.

 Malgré le massacre, personne n’avait intérêt à mettre fin au conflit. Ni les mollahs qui avaient trouvé dans cette guerre la garantie de rester au pouvoir. Ni les chefs de guerre, alliés aux nouveaux hommes d’affaires et qui gagnaient des sommes vertigineuses en contournant l’embargo américain. Ni les grandes démocraties européennes qui vendaient des armes aux belligérants, clients dociles et solvables, vu les gisements pétroliers sur lesquels ils étaient assis. Ni les riches émirats arabes sunnites terrorisés par la montée de l’islam chiite expansionniste. Bref, chacun trouvait son compte dans la prolongation du conflit. Des hôtels macabres, surmonté de l’image de jeunes martyrs étaient dressés à chaque coin de rue. Les murs et les portes étaient couverts de photos de jeunes soldats tombés au front.

 

 


Édition Liana Levi.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Mon club de lecture me conduit parfois vers des livres dont je n’avais pas entendu parler. Le thème du mois de février était l’Iran ? j’y ai découvert Négar Djavadi.
Du début jusqu’à (la presque) fin, j’ai suivi avec passion le récit tortueux et pourtant implacable de la vie de la famille Sadr, de grands notables iraniens. La narratrice Kimia Sadr, est dans la salle d’attente de l’hôpital Cochin, nous comprenons peu à peu le sens de sa démarche. Elle est dans le service de la fécondation assistée, elle est seule alors que tous les autres patients sont venus en couple. Elle s’adresse souvent à son lecteur et pour nous faire comprendre pourquoi elle est là, elle sent qu’elle doit dérouler toute l’histoire de sa famille. Nous passons de la famille d’un très riche propriétaire terrien dont le père est à la tête d’un harem, aux soubresauts de l’après guerre. Les intellectuels exilés iraniens sont, pour la plupart d’entre eux, les défenseurs de Mossammad Mossadegh qui a eu le courage de nationaliser le pétrole au dépend de l’Angleterre, le Shah, soutenu par les anglais et les américains l’a exilé sans l’emprisonner, et cela a été fini de la démocratie en Iran. Une répression de plus en plus sanglante, va s’abattre sur ce pays jusqu’à la révolution qui, hélas pour eux, sera captée par les religieux. On voit aujourd’hui que cette autre chape de plomb a bien du mal à se fissurer.
Sara et Darius, les parents de la narratrice sont engagés dans un combat très inégal qui les conduiront à un exil en France. Comment peut on construire une vie à travers tant de violence, Kimia aura d’autant plus de mal qu’elle ne se sent pas être féminine comme le sont ses deux soeurs.
Le mélange des deux temporalités , l’histoire de l’Iran et ce temps d’attente dans la salle de l’hôpital Cochin s’entrelacent et rajoutent à la tension du récit. Kimia, dit être née plusieurs fois, tout ce qui concerne la construction de son identité s’est passée dans la violence et on espère très fort pour elle que cet d’enfant à venir sera enfin une période pleinement heureuse.

Ce roman permet de mieux comprendre ce pays, du point de vue des classes favorisées et éduquées. On sent une coupure très grande entre eux et le peuple qui sans doute s’est plus reconnu dans les mollahs que dans ces intellectuels laïcs, descendants des seigneurs propriétaires de domaines grands comme des provinces. Je me suis laissée « désorienter » dans ce livre au titre tellment bien choisi, il dit si bien ce que la narratrice a dû vivre pour être enfin elle-même ;

 

Citations

Son père Darius et son grand père .

 Darius, je pense détestait son père pour lui même. Parce qu’il incarnait l’aveuglement et la crainte, et la ruine de ce bien précieux qu’est la pensée. Il le haïssait tous autant qu’il haïssait la religion dont Mirza-Ali était le premier des représentants. Toute sa vie, d’abord par ses lectures, puis par son engagement politique et son réveil révolutionnaire, il combattit des êtres comme lui, des figures autoritaires/conservatrices dont l’action principale consiste à protéger leur pouvoir en maintenant les peuples dans une hiérarchie sociale sclérosée et l’ignorance absolue dans un autre monde possible. À plusieurs reprises, je l’ai entendu dire que la religion, comme la tyrannie asséchait la capacité d’analyse dans le but d’imposer un unique sentiment : la peur. « La peur est leur seule arme et la révolution consiste à la retourner contre eux » insistait-il avec conviction.

Statut de la femme (pas sûre que ce soit seulement la femme iranienne).

 Je songe à une réflexion de Sarah au sujet de couple de voisins, les Hayavi, mariés de longue date, mais sans enfant. « Bien sûr que c’est lui qui est stérile. Si c’était elle, il aurait divorcé depuis longtemps. » Voilà toute la condition de la femme iranienne esquissée en deux phrases.

J’ai ri.

-Ton oncle lui a acheté un billet d’avion et ouste partie à l’autre du monde …
– Quel bout du monde ?
– Celui qu’on dit qui s’appelle « Amirika » !
– Il est parti en Amérique ? !
– C’est ce que je viens de dire.
– Et il fait quoi là-bas ?
– Qu’est-ce que tu veux qu’il fasse, c’est un Sadr… Il secoue son petit tuyau et fabrique des enfants.

La paternité.

 Si je devais utiliser une comparaison pour tenter de définir le rapport de Darius avec la paternité, je dirais qu’elle se révéla comme une de ces attractions qui excite la foule à la Foire du trône (Luna Park pour les Iraniens), mais qui d’emblée ne vous tente pas. Pourtant on vous y traîne de force et vous cédez. Vous en descendez plutôt enthousiaste, admettant que vous vous étiez trompé, cela valait vraiment le coup mais de là à y retournez… D’autant que si vous êtes Darius Sadr, des attractions autrement plus stimulantes vous interpellent de toute part. La guerre du Viêt Nam et l’intensification des bombardements sur le Nord, la réélection de Nasser et la chasse aux frères musulmans ; et en Iran rien de moi que l’assassinat du premier ministre Hassan Ali Mansour devant le Parlement et l’accession au pouvoir de « l’homme à la pipe » Amir Abbas Hoveyda. 

D’habitude je n’aime pas ce genre de clin d’œil au lecteur mais j’ai bien aimé ce bavardage avec cette auteure .

 Le tabou était telle que, même en son absence personne n’osait en parler (vous remarquerez que tous les tabous famille bisous avait un lien avec onze numéro 2). Pourtant patiente encore un peu cher lecteur, et je te révèlerai ce qu’aucun des Sadr n’a jamais su. Pour l’instant, il y a un bébé et sa mère a sauver.

Les filles iraniennes.

 Les filles étaient élevés pour être le ciment de la famille, la colle qui maintient ensemble des générations, les maisons et les traditions. Elles étaient façonnées pour rester auprès des parents vieillissants et s’accommoder de la vie comme d’un pont à traverser. La preuve en est que, cet été là, aucun des cousins adolescents n’étaient présents. Ils avaient tous été envoyés en « Amerika », loin des manifestations et des arrestations, poursuivent leurs études et se tailler un destin. L’un après l’autre, ils avaient laissé leurs sœurs derrière eux et avaient disparu de nos vies pour ne plus jamais réapparaître. Eux non plus n’ont pas eu le choix, mais au moins ils ont pu avoir des aventures et épouser qui ils voulaient.

Explication du titre.

 Tandis que tout en bas à l’orient rétrécit, devient anecdotique, puis disparaît, assise près du hublot Kimiâ Sadr, telle que vous l’avez connue, subit le même sort. Bientôt, je vais naître pour la seconde fois. Habituée à venir au monde dans le sang et la confusion, à réveiller la Mort et la convoquer à la fête, cette renaissance de la traversée du territoire indompté et violent du Kurdistan à la chambre d’hôtel de Karakoy – est indéniablement digne de la première. Bientôt, mon prénom ne sera plus prononcée de la même manière le « â » final de viendra « a » dans les bouches occidentales, se fermant pour toujours. Bientôt je serai une « désorientale ».

 

 


Édition P.O.L

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Iegor Gran connait bien la Russie parle parfaitement le russe (sa langue maternelle) et y a de nombreux amis. C’est donc de l’intérieur qu’il peut nous décrire l’état de l’opinion des Russes et c’est absolument terrifiant. Tout le monde devrait lire ce livre avant de penser quoi que ce soit sur l’Ukraine. Pour Iegor Gran, les Russes sont dans leur immense majorité devenus des « Zombies » et boivent comme du petit lait les paroles du grand Zombie chef Poutine. Iegor Gran a un style très particulier dans d’autres livres, il m’a fait beaucoup rire (l’écologie en bas de chez moi , les services compétents, un peu moins drôle Ipso facto) mais ici il ne rit pas du tout et nous non plus !.

Il commence par nous citer les propos de Madame tout le monde qui reprend mot à mot les discours de Poutine et qui sera fière d’envoyer ses enfants à la mort pour sauver la Russie de la mainmise de l’OTAN et du Nazisme. Ensuite, il explique combien il était insupportable pour les Russes d’imaginer que les Ukrainiens pouvaient mieux vivre qu’eux. Car les Russes connaissent la misère, il raconte des faits incroyables, cela ne les gène pas plus que ça. Ils y trouvent même une source de fierté de pouvoir supporter cette vie si difficile. Et quand on leur montre leurs oligarques qui s’enrichissent ils sont fiers d’eux car ils les jugent plus malins que les occidentaux. Iegor Gran termine son essai sur cette idée, les Russes nous méprisent profondément car ils nous jugent mous et incapables de défendre nos valeurs.

La guerre en Ukraine n’a sans doute que cette simple motivation, il ne fallait pas que les Ukrainiens sortent de la domination russes et que surtout ce pays fasse la preuve qu’alors elle obtient un niveau de vie correcte pour sa population contrairement à son immense voisin victime de la corruption de ses dirigeants et d’une misère incroyable pour les gens ordinaires.

Citations

Un exemple de zombie.

– De quelle guerre tu me parles ? se braque Anna. il n’y a pas de guerre, c’est une opération militaire, ça n’a rien à voir. 
Son euphémisme ne la gêne en rien. 
– Pour ta gouverne, la Russie n’a jamais attaqué personne, poursuit-elle. C’est un fait historique.
 Celle qui me parlait naguère du printemps de Prague a brusquement purgé sa mémoire. Le 24 février à l’aube, l’hypnotiseur suprême a claqué les doigts et Anna s’est réveillée en zombie. Désormais elle est capable de repérer un « nazi » dans Zelinski (alors qu’il est juif), de prétendre que la petite Ukraine est une menace existentielle pour la culture russe « que les nazis cherchent à éliminer » de diagnostiquer des « fake news » dans chaque article de média occidentaux. Elle dit noir là où le blanc crève les yeux et elle rejette les faits avec cette assurance tranquille de camion-citerne face à une trottinette. Mon désarroi est d’autant plus grand que je ne m’y attendais pas. Anna est sur diplômée. Elle a beaucoup voyagé. Au Louvre, elle aime particulièrement Clouet et Georges de La Tour. Elle adore Amsterdam et le zoo de Berlin Ce qui ne l’empêche pas de m’asséner : 
– C’est le moment de régler la question de l’Ukraine qui a toujours été comme un furoncle. Ces types nous poussent à la guerre ! La preuve tu l’as dit toi-même : « guerre » …ils sont trop heureux d’être au centre de l’attention médiatique avec ces drapeaux bleus et jaunes que l’Occident s’empresse de pavoiser. 
J’en ai le tournis.

Paradoxe .

 Vous ne trouverez pas un seul zombie qui militerait pour la décroissance ou la limitation volontaire de la consommation personnelle pour protéger les ressources naturelles, limiter la souffrance animale ou réduire l’empreinte carbone. On vomit l’occident et on bave devant ses produits avec un élan identique et une sincérité que l’on pourrait qualifier d’enfantine, tellement la contradiction, pourtant flagrante, entre ces deux positions restent dans l’angle mort de la plupart des Russes.

Moqueries sur la France .

 Le cuir, réputé mince, de l’occident est un prétexte à une infinité de sarcasmes. « Privé de sa marque de PQ préférée, un soldat français ne tient pas une semaine au front ! » me disait un vieil ami peintre. Il n’était pas le seul. Que n’ai-je entendu ces dernières années ! « Au moindre petit soldat qui meurt au Mali toute la France défile avec une tronche triste alors que Poutine, lui gouverne »,  » Il suffit d’un islamiste avec un couteau de cuisine, et ça y est, l’Europe est paralysée par la peur »,  » Un flic a tabassé un manifestant – vite, ouvrons trois cellules d’aide psychologique, une pour le flic, une pour le manifestant, une pour le chien qui pissait pas loin ! »