Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
Ce roman est une lente déambulation, parfois poétique, dans un corps qui commence à vieillir, dans le deuil d’un ami proche, dans la création artistique. Rien n’est très difficile pour ce cinéaste, sa vie est douce sans aspérité, Philippe Claudel a créé un personnage d’aujourd’hui qui a la chance de pouvoir encore aimer et être aimé. Il se laisse aller à la tristesse car son ami qui avait de l’énergie pour deux a été vaincu par un cancer. Commence alors pour lui une réflexion sur la vie, la mort et le vieillissement. Le titre du roman vient de cette civilisation des Toraja qui font une place très particulière aux morts et aux funérailles.
J’ai été très touchée par cette image des tout petits bébés que l’on enterre dans le tronc des arbres pour qu’ils puissent continuer à grandir, en quelque sorte. Ce livre se lit sans déplaisir certains passages m’ont bien plu car ils expliquent assez bien ce que je ressens quand l’âge s’attaque à mes forces vitales. Pour autant, sans le club, je n’aurais certainement pas lu ce roman et je ne sais pas s’il peut vraiment plaire à un large public.
Citations
Nous enterrons nos morts. Nous les brûlons aussi. Jamais nous n’aurions songé à les confier aux arbres. Pourtant nous ne manquons ni de forêts ni d’imaginaire. Mais nos croyances sont devenues creuses et sans écho. Nous perpétuons des rituels que la plupart d’entre nous seraient bien en peine d’expliquer. Dans notre monde, nous gommons désormais la présence de la mort. Les Toraja en font le point focal du leur. Qui donc est dans le vrai ?
Le vieillissement
Vous entrez dans la phase que j’appelle « le corps inamical ».
Pendant des années, vous avez vécu avec lui, en lui, en parfaite osmose, dans un équilibre qui vous satisfaisait : vous l’entreteniez du mieux que vous pouviez, et il vous procurait en échange ce que vous attendiez de lui, au moment où vous l’attendiez, performances physiques, amoureuses, plaisirs alimentaires, sensations… Puis le temps a lentement érodé votre partenaire. Vous avez senti peu à peu sa présence, je veux dire sa marque, son usure, son défaut à vous suivre.