Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

Déçue ! j’avais pourtant bien aimé « le club des incorrigibles optimistes » un peu moins « la vie rêvée d’Ernesto G. » et vraiment très peu celui-là. Bref, pas sûre que j’en lise un autre, de cet auteur. Jean-Michel Guenassia se plaît à découvrir les dessous de la grande Histoire . Ici il s’attaque à un fait divers tragique qui a certainement privé l’humanité d’un artiste qui avait encore tant à nous dire à travers sa peinture. Comment est mort vraiment Vincent Van Gogh, on est sûr d’une chose, il est mort des suites d’un coup de feu. Mais qui a tiré ? lui ? Des enfants qui jouaient ? Un homme rencontré peu de temps avant ? et ensuite pourquoi n’a-t-on pas pu extraire la balle pour lui sauver la vie ? Le docteur Gachet était-il compétent ? Quand on va à Auvers toutes ces hypothèses sont évoquées, celle du suicide aussi évidemment, avec une véritable interrogation à propos de l’arme. Un pistolet sera bien retrouvé dans un champ en 1960 mais est-il celui qui a servi et qui s’en est servi ?

Fort de toutes ces interrogations Jean-Michel Guenassia, invente un amour entre Marguerite Gachet et Vincent Van Gogh. Pourquoi pas ? Que ce peintre ait pu émouvoir jusqu’à la passion une jeune fille de province vivant sous la domination d’un père peu sensible à ses volontés d’émancipation, c’est possible. Ce n’est qu’une hypothèse de plus. Je l’ai acceptée au début, espérant qu’elle permette de mieux comprendre ce génie de la peinture. Et c’est là que le roman est faible car si la jeune fille sent immédiatement la force de ce peintre et que quelques descriptions de sa façons de peindre sont attirantes, le génie de Vincent Van Gogh ne devient pas plus familier pour autant. Ce n’est pas très surprenant car l’auteur a vraiment très peu de documents pour étayer sa thèse. Vincent n’a jamais parlé de Marguerite Gachet à son frère. La partie artistique est quelconque et je n’ai guère cru à l’intrigue amoureuse.

Je retiendrai une chose qui est connue mais qui est bien expliquée ici : on peut être une copiste géniale et ne rien avoir à apporter à l’art, autrement dit ne pas être un artiste. Ainsi certains tableaux du musée d’Orsay seraient des copies de la main de Marguerite Gachet dont ce célèbre portrait de son père. Il est vrai que Vincent dans les lettres à Théo parle d’un portrait et pas de ce deuxième. Pas plus qu’il ne parle de son amour pour Marguerite. Et surtout que se cache-t-il derrière le regard dans le vague du Docteur qui aurait laissé mourir sciemment Vincent Van Gogh ? Dans ce cas il mériterait grandement l’opprobre de Jean-Michel Guenassia.

Le vrai acheté par quelqu’un qui ne l’expose jamais.

Et le faux ? celui qui est à Orsay

Citations

le père et le frère de Marguerite Gachet

Ils sont tellement prévisibles, leur égocentrisme est tellement forcené que cela serait risible si je n’en avais autant de tristesse. Chaque année, je n’y fais pas allusion , pour voir s’ils y penseront, et je ne suis pas déçue : ils m’ont oublié.

Les lieux peints par Vincent Van Gogh et les impressionnistes

Nous étions au bord de L’oiseau, c’est un lieu que Vincent affectionne particulièrement. A cette époque cet endroit ressemblait au paradis terrestre, le grand saccage commençait à peine, nous n’avions pas conscience que l’homme était en train de tout défigurer…Quand on voit les bords de Seine tels que les ont peints les impressionnistes et ce qu’ils sont devenus, nous ne pouvons qu’être atterrés de la destruction systématique de ce qui était si beau.

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Comme les lycéens de 2009, j’avais beaucoup apprécié « le club des incorrigibles optimistes », j’ai donc pris, sans hésiter, celui-ci dans les rayons de ma bibliothèque. On retrouve la même énergie pour traverser les époques et le personnages. Cela me fait un peu penser à la façon dont aujourd’hui on « zappe » d’un sujet à l’autre à travers les média interactifs. En roman, cela permet d’écrire 535 pages là où les romanciers, il y a une cinquante d’années, écrivaient une dizaine de tomes.

Les Duhamel et autre Martin du Gard appartiennent donc à un monde de la lenteur bien révolu, et j’apprécie assez qu’on suggère les événements plus qu’on ne me les racontent en détail. J’ai donc galopé à travers le 20e siècle en suivant la vie de Joseph Caplan médecin juif d’origine pragoise qui adore le tango. J ai appris à connaître Gardel et depuis j’écoute Volver.

On traverse la shoa , la deuxième guerre mondiale en Algérie, le communisme à Prague, les purges communistes, la vie en Tchécoslovaquie dans le régime communiste et puis cet amour romancé du « Che G. » et le désenchantement. Que de vies brisées par le communisme !

J ‘ai quelques réserves pour ce deuxième roman à force d’aller trop vite les personnages sont un peu transparents et on a parfois du mal à comprendre leurs motivations.

Et puis, j’ai toujours une réserve au mélange Histoire avec roman ou même ici romance. Ces réserves ne m’ont pas empêchée de passer un très bon moment et mes récents différents périples train et RER ont été rythmés par la plume alerte de Jean-Michel Guenassia.

 Écouter Volver par Gardel

 

Citations

 Les problèmes de la vie

On peut classer les problèmes insolubles de la vie dans deux cercueils, ceux qu’on cache dans un coin obscur où on arrive à les oublier, ils finissent par ne plus vous embarrasser, abcès dormant peut-être étouffés (peut-être pas), et ceux qui vous écorchent comme des hameçons, vous continuez à saigner sans vous en rendre compte et ce sont les pires car on s’habitue à vivre avec la souffrance.

Réflexion sur l’Histoire

Il y a deux façons d’écrire l’Histoire : dans l’action , au moment où elle s’accomplit, ou à tête reposée, longtemps plus tard , avec le recul du temps, quand les passions sont apaisées. Le point de vue est alors si différent qu’on se demande comment ces faits ont pu avoir lieu, on a du mal à comprendre les acteurs, leurs motivations, leur inconscience. 

Une observation avec laquelle je suis d’accord

Ce sont souvent les personnes les plus tristes qui ont les plus beaux sourires.

Les souvenirs douloureux

Elle se disait qu’avec les années il finirait par cicatriser, ses blessures s’estomperaient, mais plus il parlait, moins il guérissait. Elle s’était rendu compte qu’il y prenait du plaisir, plus fort que la tristesse et l’amertume.

On en parle

Chez Kitty la mouette  » Page après page ».

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La lecture des blogs m’a amenée à lire ce roman, et je n’ai pas regretté. C’est un roman vivant et très attachant. Le personnage principal est un adolescent fou de lecture , il s’attire tout de suite la sympathie des lecteurs et lectrices boulimiques, il est le fils d’un couple qui va mal, d’une mère venant de la bourgeoisie commerçante qui se croit supérieure à son mari, fils d’émigré Italien. L’époque les années 60 est vraiment bien rendue, la guerre d’Algérie, le lycée où on s’ennuie, l’arrivée du rock et de la télé, le baby-foot les cafés. (Je me suis demandé si on disait déjà en 1960 bac plus ou moins six pour parler du nombre des années d’études)

Mais le plus important c’est la galerie de portraits des immigrés des pays de l’est rassemblés et désunis par des secrets que le roman dévoilera peu à peu. J’ai beaucoup apprécié qu’un romancier français prenne autant de soin à nous faire découvrir des personnages et les rendre crédibles même dans leurs outrances. Jusqu’au bout , ces personnages sont vivants et plein de contradictions , le livre refermé on aimerait en savoir encore plus sur chacun d’eux.

Citations

Longtemps, j’ai vécu dans l’ignorance la plus totale de l’histoire de ma famille. Tout était parfait ou presque dans le meilleur des mondes. On ne raconte pas aux enfants ce qui s’est passé avant eux ? D’abord ils sont trop petits pour comprendre, ensuite ils sont trop grands pour écouter, puis ils n’ont plus le temps, après c’est trop tard. C’est le propre de la vie de famille. On vit côte à côte comme si on se connaissait mais on ignore tous des uns et des autres. On espère des miracles de notre consanguinité : des harmonies impossibles, des confidences absolues, des fusions viscérales. On se contente des mensonges rassurants de notre parenté.

 

Le cinéma ça fait oublier. C’est le meilleur remède contre la déprime. De préférence un film qui finit bien, qui rend meilleur, qui donne de l’espoir, avec un héros genou à terre, abandonné par ses amis, humain, avec de l’humour, au sourire enjôleur dont le meilleur pote meurt dans es bars, qui encaisse les coups avec une résistance incroyable, triomphe des méchants et de leurs complots, rend justice à la veuve et aux opprimés, retrouve sa bien-aimée, une superbe blonde aux yeux bleus, et sauve la ville ou le pays au son d’une musique entraînante.

 

Tu nous emmerdes avec tes problèmes. Tu es vivant, profites-en pour vivre.

 

Des drôles d’accents qui leur faisaient manger la moitié des mots, conjuguer les verbes à l’infinitif, les mettre en début de phrase, bouffer les pronoms, confondre les homonymes, ignorer le masculin et le féminin ou les accoler dans des associations hasardeuses.

 

Quand un homme accomplit son rêve, il n’y a ni raison ni échec ni victoire. Le plus important dans la Terre promise, ce n’est pas la terre, c’est la promesse.

On en parle

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