Je suis mort. C’est pas le pire qui pouvait m’arriver.


J’ai besoin de cet auteur, j’ai besoin de son humour, il me fait tellement de bien depuis sa « Grammaire impertinente » jusqu’à « Mon autopsie ». Il me fait éclater de rire même si je suis seule, et dans mon blog, peu de livres ont eu ce pouvoir. Evidemment, après, je partage les extraits de son livre avec tous ceux et toutes celles qui ont ri avec Pierre Desproges, un exemple des grands amis de cet auteur.

Dans « Mon autopsie », Jean-Louis Fournier répond à la critique qu’on lui a sans doute faite de s’être moqué de toute sa famille sauf de lui. Dans ce livre, il se passe donc lui-même sur le grill de son esprit caustique, il ne s’épargne guère, après son père alcoolique, sa mère du Nord , ses deux enfants handicapés, sa fille religieuse, sa femme qu’il a tant aimé, le voilà, lui l’écrivain. Lisez ce roman vous saurez tout sur Jean-Louis Fournier, disséqué par une jeune étudiante en médecine. Évidemment, l’auteur a besoin que cette jeune femme soit belle et émouvante. Au fur et à mesure qu’elle s’arrête sur telle ou telle partie de son corps, des souvenirs lui reviennent. Il cherche aussi à comprendre cette jeune femme et sa vie amoureuse. Les dialogues sont savoureux. Le livre ne se raconte pas vraiment, j’ai recopié quelques passages pour vous donner envie de l’ouvrir. Il réussit même à nous faire accepter que lui aussi va mourir et que ce n’est peut-être pas si triste (personnellement son humour me manquera).

Citations

Un chapitre entier pour vous

Laissez moi rire
 
Égoïne a découvert sur mon torse un tatouage au niveau du cœur,  » S’il vous plaît ne me ranimer pas do not disturb ».
 Il était destiné à mon dernier médecin, il a compris le message. Elle a ri. Toute ma vie j’ai voulu faire rire. Le faire encore, après ma mort, m’est délicieux.
 Petit, je me déguisais, j’improvisais des sketchs. À l’école, mon goût de faire rire m’a coûté cher. En retenue tous les dimanches, j’étais le mauvais exemple de la classe. Pour me faire remarquer je n’étais jamais à cours d’idées, jusqu’à mettre une statue de la Sainte Vierge plus grande que moi dans les chiottes. Là, je fus mis à la porte. Mais j’avais fait rire ma mère.
Pour un bon mot, j’étais prêt à tout. Pour éviter des poursuites judiciaires, j’ai même utiliser l’humour. Poursuivi pour avoir stationné dans la cour des départs de la gare du Nord, j’ai reçu un courrier m’enjoignant de payer pour arrêter les poursuites. J’ai écrit à Madame la SNCF que je refusais l’arrêt des poursuites, je tenais à être châtier pour expier. Je lui demandais une dernière faveur, être déchiqueté par le Paris Lille en gare d’Arras.
Les poursuites se sont arrêtées.
 Pour moi l’humour était un dérapage contrôlé, un antalgique, une parade à l’insupportable, une écriture au second degré, une arme à double tranchant, un détergent. Il nettoie, comme la pyrolyse, brûle les saletés, efface les tâches, les préjugés, les rancœurs et les rancunes.
Plus tard, dans mes livres, j’ai essayé de rire de tout.
De la grammaire, de l’alcoolisme de mon père, de l’hypocondrie de ma mère, de mes enfants handicapés, de ma vieillesse et j’ai voulu rire de ma mort…

J’en connais d’autres, tous élevés chez les curés

 Quand j’étais petit, un curé, à la confession, avant de me donner l’absolution, m’avait dit que la nuit il fallait prier avec ses mains, ça évitait de tripoter ses « parties honteuses ».
 Ça ne m’a pas empêché de continuer.
Je me sortirais. Les pensées impures étaient-elles des péchés mortels ? Évidemment, je n’osais le demander à personne.
Ma jeunesse a été empoisonnée par le péché mortel, et la peur d’aller en enfer.

Si drôle

Plus de mille fois j’ai récité  » Ne nous laissez pas succomber à la tentation ».

 Heureusement, Dieu ne m’a jamais exaucé

On pleure quand on arrive sur terre, pourquoi on râle quand on doit partir ?

Jamais content.

J’appelais pour donner des nouvelles, rarement pour en demander, et il ne fallait pas que ça dure longtemps.

 » Ce qui m’intéresse le plus chez les autres c’est moi » a écrit Francis Picabia.
Cette phrase me va comme un gant.

Et pour vous faire « mourir » de rire son ami si drôle

26 Thoughts on “Mon autopsie – Jean-Louis FOURNIER

  1. J’aime beaucoup l’humour et la distance de Fournier. Je l’ai vu parler de son livre à la télé et j’aimerais bien le lire.

  2. Eh bien eh bien, un livre qui ma foi semble provoquer beaucoup d’émotions positives… Je ne connaissais absolument pas.

  3. cet auteur est particulier et à chaque fois que j’ouvre un de ses livres, je me demande si je vais éclater de rire ou pleurer – ou les deux! Si je crois ce titre, je le lirai, oui !

  4. Margotte on 20 octobre 2017 at 12:53 said:

    Heureusement qu’il a de l’humour le monsieur parce qu’avec tout ça… veuf, deux enfants handicapés, etc, il y a de quoi prendre le sens du sérieux…
    Je ne connaissais pas du tout cet auteur, tu donnes envie de le découvrir !

  5. Fournier, je ne suis pas fan. Faut voir.

  6. Comme Krol, je ne suis pas fan .. je n’essaie même plus.

  7. j’ai beaucoup aimé cet auteur mais je trouve qu’il était devenu un rien outrancier et je m’en suis détournée donc pas certaine de replonger

    • c’est comme quand on écoute Desproges, on ne fait guère cet humour aujourd’hui son sketch sur les juifs ne peut plus être écouté on est passé au politiquement correct, c’est peut être mieux mais on a certainement perdu en liberté. Jean-Louis Fournier me fait toujours rire.

  8. C’est bien vu, les extraits sont très drôles. Je n’avais pas encore découvert l’univers de l’auteur, c’est bien tentant !

  9. Bonjour Luocine, de JL Fournier, je n’ai lu que Le CV de Dieu qui m’avait beaucoup divertie. Mon autopsie me tente bien. Sinon, merci pour Pierre Desproges que j’écoutais religieusement quand il était dans Le tribunal des Flagrants Délire sur France Inter: un « must ». Bonne journée.

    • Bonjour Dasola, un humour qui fait du bien. Même s’il est un peu daté, je ne sais pas si les jeunes générations rient de la même chose que moi. J’ai « ré »entendu le sketch « les juifs » de Pierre Desproges je ne crois pas qu’on pourrait en rire aujourd’hui.

  10. J’ai lu quelques Fournier et j’avoue que j’adore cet écrivain… Je finirai par découvrir ce texte.

  11. « Pour moi l’humour était un dérapage contrôlé, un antalgique, une parade à l’insupportable, une écriture au second degré, une arme à double tranchant, un détergent. » C’est exactement ce qu’il fait dans son livre, terrible et pourtant beau, « Où on va papa?  »
    Ce dernier livre me tente bien. J’ai beaucoup aimé sa lettre à madame la SNCF.

  12. Il est très rare que j’éclate de rire en lisant, mais que ça fait du bien quand un livre de ce genre tombe entre nos mains ! Je connais peu cet auteur, il me reste donc beaucoup de pages à découvrir !

  13. Excellents ces extraits…!

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