Traduit de l’anglais (États-Unis) par Bernard Hœpffner avec la collaboration de Catherine Goffaux.


Le récent article de Keisha m’a amenée à relire ce roman que j’avais abandonné, il m’a fallu toute la force de sa conviction pour que je le termine. J’ai failli plus d’une fois faire comme Sandrine renvoyer ce roman aux oubliettes. Il est construit autour d’un texte perdu, caché, présenté comme « unique » et « superbe », il donne, donc, au lecteur une seule envie : le lire à son tour pour partager et comprendre ce plaisir mais les extraits qui sont donnés sont (pour moi) des flops, cette déception a entraîné une partie de mon désamour pour ce ce livre.

Extrait du livre présenté comme un chef d’oeuvre

Pendant l’age du verre, chacun pensait qu’une partie de son corps était extrêmement fragile. Pour certains c’était une main, pour d’autres un fémur, et d’autres encore pensaient que c’était leur nez qui était en verre. L’âge du verre avez suivi l’âge de la pierre en tant que processus évolutif de correction, avait introduit un sentiment nouveau de fragilité dans les relations humaines qui encourageait la compassion.

Pourquoi autant de mystère autour d’un texte aussi inintéressant ! Mais le pire n’est pas là, le côté absolument insupportable de ce roman c’est sa construction. Les personnages sont reliés entre eux par des fils qui sont si emmêlés que l’on ne sait pas ce qui les rapproche. Il y a cependant de très beaux passages, les évocations des différents aspects de l’extermination des juifs de Pologne et d’Europe centrales. Le poids de tous ces morts et les souvenirs qui ne peuvent plus être ravivés par les vivants mais qui se sont arrêtés alors que les parents, les frères les sœurs, les amants et amantes avaient encore le reste de leur vie à partager avec la fratrie ; cela finit par étouffer les survivants. J’aurais tant voulu apprécier ce livre, je suis bien triste de ne pas y être parvenue.

Citations

Une mère envahissante

Quand je disais que j’allais dans ma chambre elle m’appelait : « Que puis-je faire pour toi, je t’aime tellement », et j’avais toujours envie de dire,mais sans jamais le faire : Aime- moi moins.

Le grand amour

Et si l’homme avait autrefois été un garçon qui avait promis qu’il ne tomberai jamais amoureux d’une autre fille tant qu’il vivrait a tenu promesse, ce n’est pas parce qu’il était têtu ni même loyale. Il ne pouvais pas faire autrement. Et, après s’être caché pendant trois ans et demi, caché son amour pour un fils qui ne savait même pas qu’il existait ne paraissait pas impensable. Pas si c’était ce que la seule femme qu’il aimerait jamais lui demanderait de faire. Après tout, quelle importance si un homme doit cacher une chose de plus lorsqu’il a complètement disparu ?

Un juif réfugié au Chili et le poids de la découverte du sort de ceux qui sont restés en Pologne.

La guerre s’acheva. Petit à petit, Livinov apprit ce qu’était devenu sa soeur Myriam, et de ses parents, et de quatre autres frères et sœurs (ce qui était arrivé à son frère aîné André, il ne put le deviner qu’à partir de probabilité). Il apprit à vivre avec la vérité. Pas à l’accepter, mais vivre en sa compagnie. C’était comme s’il vivait avec un éléphant. Sa chambre était minuscule et, chaque matin, il devait se glisser le long de la vérité simplement pour se rendre à la salle de bains. Pour atteindre l’armoire et sortir des sous-vêtements, il lui fallait passer à quatre pattes sous la vérité, en priant qu’elle ne choisisse pas ce moment précis pour s’asseoir sur son visage. La nuit, quand il fermait les yeux, il la sentait planer au-dessus de lui.

26 Thoughts on “L’histoire de l’amour -Nicole KRAUSS

  1. Je relis mon billet (je les faisais courts à l’époque !) et j’ai beau chercher dans ma mémoire : je ne garde aucun souvenir de ce livre. Je me souviens qu’il m’avait terriblement ennuyée et je suis à peu près certainement que je n’y retournerai pas. Malgré Keisha ;-)

  2. ah quel dommage, c’est un livre que j’ai beaucoup aimé, je ne l’ai pas relu depuis mais je me souviens de mon enthousiasme à l’époque
    Flop c’est flop et parfois on ne sait pas vraiment pourquoi

    • Mais là je sais exactement pourquoi. Je trouve que l’auteur complexifie à plaisir les liens entre les personnages. Le lecteur doit toujours faire un effort pour savoir qui est qui et trouver le lien qui le relie à l’histoire. L’histoire du roman que l’on retrouve est agaçante (pour le moins!) . Mais il y a de très beaux moments.

  3. Le souvenir de ce roman s’estompe dans ma mémoire, mais je sais que je l’avais beaucoup aimé. Je ne suis pas prête à le relire pour te dire pourquoi ;-)

  4. Je vais me contenter de ton avis et ne pas aller plus loin avec ce titre…

  5. Et oui, parfois certains apprécient beaucoup un livre (certains avec qui on a beaucoup de goûts communs), on se dit qu’il doit être bien, on l’emprunte, on l’achète même peut-être et puis la magie n’opère pas. Cela m’arrive assez souvent…

    • C’est vrai , on m’avait offert ce livre et je n’avais pas accroché et puis j’ai lu des avis positifs alors j’ai voulu le relire sérieusement . Donc je peux dire sérieusement que je n’accroche pas à ce roman.

  6. Deux coquillages c’est généreux vu ce que tu en dis. Rien que le titre me fait fuir.

    • J’ai oublié le titre en américain. Tu sais qu’il ne faut pas juger sur la mine! Les coquillages s’expliquent par des passages que je trouve très beaux et novateurs. Le poids des morts qui étouffent les survivants. Je connais bien ce sentiment quand quelqu’un est le rescapé d’une grande fratrie , il est rattrapé un jour ou l’autre par tous ces gens qui n’ont pas pu vieillir.

  7. Je passe alors !

  8. Déjà le que titre ne me donne pas envie…

  9. C’était avant le blog Luocine !

  10. Parfois il faut laisser filer quand un roman n’est pas pour nous :-) j’avais beaucoup aimé mais j’avoue que j’ai du relire mon billet pour me souvenir de l’histoire…
    http://chezyueyin.org/blog/?p=2620

    • Ton billet est superbe et j’aurais tant aimé ressentir cela moi aussi. Si j’avais lu ton billet avant ma lecture j’aurais encore plus eu envie de lire ce roman. Mais comme tu le dis si bien ce sont tous des personnages perdus et je n’ai pas trouvé les intentions que tu leur donnes. Je le redis il y a parfois de très beaux moments.

  11. J’avais adoré ce roman, alors que le titre aurait dû me repousser ! Les personnages surtout le vieil auteur, la petite fille, la mère, le petit frère … C’est drôle et triste en même temps ! mais bon, je l’ai offert à une amie … Normalement, on a les mêmes goûts. J’étais enthousiaste, elle n’a jamais réussi à le terminer ! Comme quoi !

    • j’aime bien ton commentaire, car la personne qui me l’a offert était sure qu’il me plairait autant qu’à elle. Je me suis accroché à ce livre je ne l’ai pas lu rapidement sans réussir à accrocher vraiment.

  12. Bonjour Luocine, j’avais beaucoup aimé ce roman quand je l’ai lu il y a dix ans. Comme j’ai une mémoire de poisson rouge concernant mes lectures, je ne me rappelle pas trop l’intrigue mais j’avais trouvé ce premier roman réussi. http://dasola.canalblog.com/archives/2007/12/12/7103135.html Bonne journée.

    • je ne me souvenais pas de ton commentaire, je savais que, sur de nombreux blogs ce livre avait été encensé, contrairement à toi, l’absence de clarté m’a vraiment gênée. Et puis ce roman autour d’un roman est d’autant plus gênant que les extraits qui sont cités tombent complètement à plat.

  13. Je suis d’accord avec toi, je ne comprends pas pourquoi il plait autant.

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