SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème roman épistolaire.

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Le projet de Romain Slocombe : nous faire revivre les horreurs de la guerre à travers les lettres d’un jeune allemand membre du personnel de l’ambassade du Troisième Reich à Tokyo de 1942 à 1945. Il crée donc un Allemand « ordinaire » Friedrich Kessler ni trop Nazi ni résistant au nazisme, Friedrich est sûr qu’Hitler est celui qui a redonné la fierté au peuple allemand et il ne voit pas que son pays court à sa perte. Il est, également, séduit par le Japon, son art, sa philosophie. Il raconte ses étonnements, ses plaisirs mais aussi ses doutes à sa sœur à travers des lettres très détaillées.

L’intérêt du roman, c’est de vivre le quotidien des Japonais pendant la guerre, et de voir à quel point ce peuple suivait sans aucun recul, l’idéologie induite par leur confiance dans leur empereur. On se rend compte en lisant ce roman, qu’il y avait plus de doutes sur le nazisme chez les Allemands que chez les Japonais sur leur supériorité et leur invincibilité. C’est vraiment horrible de se rendre compte de cela. Car si les bombardements sont une catastrophe pour l’humanité, on se demande si sans cela les Japonais auraient pu revenir à des comportements plus normaux. Les descriptions des bombardements sont d’une précision absolument terrifiante, ce sont des passages difficiles à lire.

J’ai préféré les petites histoires de la vie de tous les jours de ce peuple courageux qui relève la tête quelque soient les horreurs qu’ils subit. On sent bien que l’écrivain aime cette civilisation, et a beaucoup d’estime pour les Japonais (comme je le comprends), mais je pense que je n’aurais pas eu la même estime pour les Japonais d’avant la guerre, ils se sont fourvoyés dans un régime qui par bien des égards est pire que le nazisme car la population y adhérait plus efficacement encore. Les massacres de Nankin sont une marque de honte sur cette civilisation.

Le seul reproche que je fasse à ce roman, c’est qu’à aucun moment on ne sent la réalité de la correspondance entre le frère et la sœur. L’écrivain a choisi un artifice qui dessert son projet. Friedrich Kessler est amené à nous raconter ce que lui dit sa sœur dans ses propres lettres. On a l’impression qu’il fait les lettres et leurs réponses, cela pour nous raconter aussi les horreurs de Berlin sous les bombes. Bizarre !

Citations

De la difficulté de réécrire l’histoire : est-ce que les Nazis éprouvaient ce racisme anti-japonais ?

C’est une éclatante insulte des Jaunes aux représentants de la race aryenne, même si en l’occurrence il s’agissait du Reich.

Hélas ! les abris des habitants de Tokyo seront peu efficaces faces aux bombes incendiaires

Les associations de voisinage, enseignent un excellent abri dans les placards (les maisons en possèdent toutes de très grands et profonds, destinés à ranger la literie) , capitonnés à l’intérieur par des matelas. Tout cela dans des maisons de bois aux fenêtres et portes coulissantes en papier. On peut, en effet, y attendre en toute tranquillité les bombes incendiaires.

Anachronisme ?

Dans les grands magasins, le rayon d’équipements de salles de bains ne propose plus que des bassines en matière plastique ou des baquets de bois.

19 Thoughts on “Un été au Kansai – Romain SLOCOMBE

  1. Belle présentation ! Merci.

  2. Pas trop tenté. J’ai lu Monsieur le Commandant et cet auteur m’a mis un peu mal à l’aise. Chroniqué sous le titre Deux habits verts. Bonne journée.

    • La partie qui concerne le Japon est très réussie . Ce qui concerne les Allemagne nazie moins . Pour deux raisons , on ne connaît la Allemagne qu à travers les lettres du diplomate en poste au Japon . C’estun peu bizarre . On a l’impression qu’il fait les questions et les réponses. L’autre aspect plus faible c’est de créerun Allemand nazi pas trop nazi mis nazi quand même …..

  3. De Romain Slocombe j’ai lu « Monsieur le Commandant » qui est une longue lettre, très réussie, d’un collabo français. On est plongé dans son esprit, sa logique, c’est un intellectuel très en vue et ça fait froid dans le dos.

    • Visiblement c’est le truc de cet auteur: se mettre dans la peau de personnages controversés. C’est roman malgré mes réserves est assez réussi.

  4. j’ai un peu de mal avec les romans sur ce type de sujet

  5. Je l’ai feuilleté plusieurs fois au moment de sa sortie sans le décider. C’est un auteur qui a aussi écrit des romans jeunesse.

    • Je ne connaissais pas cet auteur, ce roman a reçu un coup de coeur à mon club , moi j’aurais hésité mais sans m’y opposer.

  6. Le sujet est intéressant, j’ai peu lu sur le Japon à cette époque-là, mais ce que tu dis par ailleurs ne me convainc pas, je préfère passer.

    • Pour le Japon ce roman vaut la peine d’être lu , mes réticences transparaissent sans doute à travers ce que j’en ai dit, mes amies du club étaient plus enthousiastes que moi.

  7. Je note, c’est une période qui est m’intéresse toujours autant

  8. Merci pour cette ouverture vers un livre que je ne connaissais pas.

    • De rien, c’est un auteur à découvrir il a visiblement plusieurs cordes à son arc, films, bandes dessinées , roman pour enfants, illustrations. ….

  9. Merci de m’avoir fait découvrir ce livre. Après votre chronique, je l’ai emprunté à la bibliothèque et moi la fana de l’histoire et du Japon ai été complétement séduite par ce livre. Merci encore !

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