Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sylvie Schneiter. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Un roman qui est construit comme une suite de fragments de vie, autour des souvenirs de Jacqueline Woodson, écrivaine spécialiste de littérature pour la jeunesse. Dans ce livre, c’est sa propre jeunesse qui l’occupe et elle se souvient, d’abord de la mort de sa mère qu’elle a essayé de toutes ses forces d’oublier. C’était avant Brooklyn, quand la famille vivait dans une ferme du Tennesse : »SweetGrove ». Moments de bonheurs bouleversés par la mort. Celle de Clyde le frère de sa mère mort au combat au Vietnam. Puis celle de sa mère qui ne surmontera jamais ce deuil, alors le père entraîne ses deux enfants à Brooklin, « où est maman ? » demande le petit frère d’August (prénom féminin, celui de la narratrice), « elle vient demain ou après demain ou encore après » répond inlassablement August qui est surtout attirée par les trois filles qui semblent posséder les clés pour vivre heureuse à Brooklin.

L’auteure sait si bien nous les décrire ces quatre filles qui parcourent les rues de la grande ville en se tenant par les épaules et en se défendant quand elles le peuvent de tout le mal que peuvent faire les habitants d’un quartier voué à la misère que nous la voyons cette bande : Sylvia Angela Gigi et August, on entend leurs rires et leurs peurs. Leurs vies peuvent devenir très vite tragiques et la réussite ne tient qu’à leur courage et à leur détermination. Le père est un personnage attachant, qui se soucie de l’éducation, on peut imaginer son bonheur d’avoir réussi à élever ses deux enfants dans un quartier où les dangers les guettaient à tous les coins de rue. Malgré tous les événements qui forment comme le décor de la vie de cette petite fille : les émeutes qui font fuir les rares blancs de son quartier, les pillages des quartiers chics et la drogue déjà bien implantée à Brooklyn, ce n’est pas, finalement, le tragique qui l’emporte mais l’optimisme et la fraîcheur de l’enfance qui arrive à devenir adulte sans trop se perdre.

Citations

Être noire : discours d’une mère à sa fille

Sa mère lui dit qu’elle avait les yeux de son arrière-grand-mère. « Elle est venue au monde en Caroline du Sud, par un papa chinois et une maman mulâtre. » Gigi regarde à ses yeux, légèrement bridés, marron foncé. « Les cheveux aussi, enchaîna sa mère, soulevant les tresses de Gigi. Lourds et épais comme les siens. »
 » Ta seule malédiction, c’est ta peau sombre. Je te l’ai transmise, conclut sa mère. Tu dois inventer un moyen de dépasser ta couleur. Inventer ta voie pour y échapper. Reste à l’ombre. Ne la laisse pas devenir plus foncée. Ne bois pas de café. »
 

Mot d’enfant

Une fois, j’étais petite, ma mère m’avait demandé ce que je voulais être quand je serai grande. « Une adulte » avais-je rétorqué. Mon père et elle avaient éclaté de rire.

La vraie misère

Un homme qui avait grandi dans notre quartier marchait dans les rues en uniforme de l’armée. Manchot. Il avait appris à tenir une seringue entre ses dents et à s’injecter avec sa langue, de la cam dans les veines au niveau de l’aisselle.

14 Thoughts on “Un autre Brooklin – Jacqueline WOODSON

  1. Je ne vois pas de bémols dans ta note, qui donne d’ailleurs envie de lire ce texte plein d’une fraîcheur qui semble alerte … Et pourtant trois coquillages seulement ! C’est moi qui ne sais pas lire ?

    • Non tu lis très bien . Il y a bien tout cela dans le récit et pourtant le roman ne tient pas complètement la toute. Ce sont des flashs des instants mais le récit lui même manque de cohérence. Et …. il s’oublie très vite.

  2. Voila, il s’oublie trop vite ce texte qui relève plus de l’anecdotique que d’autre chose…

  3. Je l’ai noté à sa sortie ; je l’emprunterai à la bibliothèque tranquillement.

  4. Et elle ne parle jamais de sa vocation ? Enfin de l’écriture en général ? Sinon, ca me tente…

  5. Et bien, je ne le noterai donc pas… C’est toujours ça de gagné !

    • Je comprends si bien cette réflexion. C’est le seul problème de la blogosphère : les tentations perpétuelles. Mais je préfère cela aux déceptions des livres conseillés par les critiques littéraires des journaux.

  6. C’est vrai que dans un registre semblable, j’ai préféré The hate U give, mais la lecture vaut la peine, même si effectivement elle ne devrait pas laisser de trace indélébile…

  7. Il est dans ma PAL, le sujet me tentait beaucoup mais les premières pages ne m’ont pas accaparée et je l’ai laissé de côté. J’y reviendrai tout de même !

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