Traduit de l’américain par Anne Laure Tissut. Ce roman est arrivé jusqu’à moi grâce à Keisha qui ne l’a pas commenté et Aifelle que je remercie pour sa gentille attention.
Laird Hunt plonge le lecteur du 21e siècle dans la guerre civile américaine que nous appelons en France guerre de sécession. Elle fit un million de morts, il faut se souvenir qu’elle fut la guerre la plus meurtrière de la nation américaine. Comment la faire revivre aujourd’hui ? L’auteur a pris le parti de la raconter du point de vue d’une femme, puisqu’il est avéré qu’une centaine de femmes se déguisèrent en homme pour participer aux combats. C’est évidemment un point de vue original, car même si Constance a un fort tempérament, l’horreur de ce qu’elle doit vivre fera vaciller sa raison. Peu à peu, le lecteur perd pied dans l’imaginaire d’une femme dont l’esprit flotte entre la réalité sordide des violences de la guerre et les souvenirs de son enfance qui sont aussi marqués, on le découvrira peu à peu, par des scènes traumatisantes. Elle doit faire face à deux dangers, celui de tout soldat à la guerre et celui d’être reconnu comme femme. Une seule chose est vraiment douce pour elle, son amour pour Bartholomew trop faible pour être soldat.
Pourquoi ne suis-je pas plus enthousiaste pour ce roman encensé par la critique et la blogosphère ? Je sais que cette guerre est encore un sujet brûlant aux États-Unis, beaucoup moins pour moi. Je reconnais à cet auteur un talent certain pour faire revivre cette époque et les troubles psychologiques causés par les faits de guerre. Mais je dois dire que la conscience troublée de Constance ne m’a pas permis de toujours bien comprendre ce qu’elle vivait. Distinguer le réel du cauchemar est compliqué quand le filtre passe par un cerveau dérangé. Comme pour Constance , le début de la guerre est clair et précis, donc ma lecture enthousiaste et rapide, et peu à peu, je me suis embourbée dans l’horreur, les cadavres putrides, les corps mutilés, la folie traitée à coups d’eau glacée et ma lecture est devenue très laborieuse.
Citations
Problème de traduction ?
Il y avait des batailles en aval et dès que la rumeur eut circulé que nous allions à leur rencontre, le régiment connut une saignée sévère de recrues. Ce n’était à faire que de sortir du rang pour ne plus revenir.
Un beau personnage de femme mais qui trahira Constance
Elle parlait d’amour et d’amour anéanti par la guerre . Cela ne la dérangeait pas de trahir la cause pour laquelle son mari avait combattu et péri, me dit-elle. Les États confédérés avaient fait sécession par entêtement, et la guerre était venue emporter son mari . Elle partirait au Nord quand tout serait fini. Elle retournerait dans ce village du Maine qu’elle avait quitté tant d’années plus tôt.– » S’ils m’acceptent , dit-elle.– Pourquoi ne le feraient-ils pas ?– Cette guerre, fit-elle. Cette guerre, cette guerre. »
Résumé de ce qu’a vécu Constance
Il en fallait plus que que la brûlure du fouet du vieux pour me donner du cœur à l’ouvrage. Plus que l’homme à la corde avec son pistolet de cavalerie . Plus que le souvenir de tous les hommes avec qui j’ai vécu dans l’armée de l’Union,. Des hommes capables de pisser sur un chat à l’agonie. De se moquer d’un petit garçon perdu. De violer une femme entrée dans l’automne de sa vie. De faire brûler une maison appartenant à des femmes d’église. De vous boucler dans une taule à fous et de vous y laisser pourrir.
Un nouveau mot
Secesh : homme du sud.
Je n’ai pas du tout ressenti la même difficulté que toi avec l’état d’esprit de Constance ! ça confirme qu’il y a autant de lectures que de lectrices …. L’auteur passait sur France Inter hier, à 14 heures, je vais aller l’écouter en podcast.
D’abord, encore merci. Je suis ravie de discuter avec toi : je pense que ce livre souffre d’une traduction qui m’a laissée perplexe, et quand la raison du personnage part dans la folie, la langue est parfois incompréhensible. Je n’ai pas su discerner ce qui était voulu par l’auteur de ce qui était traduit trop littéralement. Ensuite, c’est le point de vue de l’auteur que j’aurais voulu comprendre, pourquoi avoir choisi une femme , il y en a eu une centaine c’est vrai mais j’aurais largement préféré en apprendre plus sur cette centaine de femmes que de partir dans cette fiction. Je comprends très bien que les Américains « re »visitent à l’infini un de leur mythe fondateur : la guerre civile qui oppose les esclavagistes du sud aux yankee, et que les points de vue se nuancent à l’infini également, mais avoir un point de vue féministe sur cette période est un peu tiré par les cheveux (selon moi). Et enfin comme je l’ai écrit , les horreurs de la guerre vus par un cerveau dérangé m’a soudain projeté dans les horreurs de notre époque et j’ai eu vraiment du mal à finir ce roman.
Merci beaucoup d’aborder ce thème. Je cherchais justement un roman qui relate la guerre de Sécession. Ce ne sera peut-être pas celui-là au vu des commentaires, mais si quelqu’un a une suggestion autre, je suis preneur. Bonne lecture et bonne semaine
Merci de ce passage , j’ai visité votre blog avec grand plaisir . La guerre de sécession ( dans l’univers romanesque) est mieux raconté du point de vue des sudistes que du nord. Il faut dire que les perdants ont vu leur vie complètement transformée et que les Yankee ont surtout assis leur emprise économique et accessoirement interdit l’esclavage . Curieusement le roman qui m’a le plus appris sur cette guerre est « autant en emporte le vent » qui sur cette guerre en dit beaucoup plus que beaucoup d’autres romans . Donc je n’ai pas de conseils à priori , j’espère que d’autres lecteurs de mon blog pourront vous en donner.
SI je cherchais des livres sur un thème comme celui-là , j’irai sur Babelio et je taperai « guerre de sécession » .
Oui ce roman est passé chez moi sans laisser de trace écrite (et figure toi qu’il vient d’arriver à la bibli, c’est souvent comme ça avec les livres voyageurs)(bref)
Je l’ai lu en entier, mais sans ressentir l’enthousiasme des autres (et pff, pas de billet), que constante soit une femme ou un homme n’avait guère d’importance au début, j’ai donc ressenti un décalage entre le choix de l’auteur et mon ressenti, son mari m’a paru lointain aussi. Je ne suis pas trop rentrée dans le roman, l’ai terminé en diagonale, et heureusement les billets m’ont donné un aperçu de ce que je n’avais pas compris;
je pense que ce roman doit avoir une autre résonance aux USA , pour eux cette guerre est une plaie encore vive dans leur mémoire lointaine et surtout constitutive de leur nation, prendre le point de vue d’une femme déguisée en homme leur permet de la voir autrement. mais pour moi cela n’a pas suffit .
Je ne l’ai pas du tout ressenti comme toi, je me suis laissé emporter par l’écriture, très belle… Les quelques moments relevant plus du délire de Constance, (j’aurais pu prédire qu’ils ne plairaient pas à Keisha) sont tout de même clairement identifiés et ne m’ont pas dérangée.
une belle écriture? hum tu l’as lu en anglais? la traduction m’a semblé laborieuse mais bon quand on n’est pas bien dans un roman on lui cherche des défauts et peut être que l’écriture n’y est pas pour grand chose.
Même impression que toi et comme je suis du genre expéditif quand ça a commencé à peser j’ai arrêté
Dommage j’aimais bien ce qu’Airelle en disait mais je n’ai pas eu l’étincelle
Aifelle plutôt qu’Airelle , non? le début m’a bien plu ensuite beaucoup moins , je n’aime pas laisser un roman en plan, surtout qu’Aifelle s’était donné le mal de me le faire parvenir . Est ce que tu aurais une idée pour répondre à Patrice?
Je crois qu’elle aussi a du mal à comprendre ce qu’elle a vécu. Il me semble d’ailleurs que le syndrome post-traumatique (qui ne portait pas encore ce nom) est le sujet principal du livre, au-delà de la guerre de sécession.
bien-sûr que c’est le sujet, mais ce n’est pas une autofiction, il s’agit d’une œuvre romanesque , nous embarquer dans le syndrome post-traumatique après cette guerre demandait un talent que je n’ai pas trouvé à cet auteur , mais je le redis la traduction et le fait que cette guerre n’appartient pas à notre mémoire explique peut-être cela
Comme je ne connais pas très bien la période, je me dis pourquoi pas. Des romans très violents, j’en ai lu mais cela ne m’a pas fait abandonné, si c’est un contexte de guerre…
C’est un roman qui vaut la peine et beaucoup de blogs sont beaucoup plus enthousiastes que moi.
Oh la la, je ne suis pas sûre que je comprendrais au vu de ce qu’en dit Keisha et de ce que tu en dis.
si bien sûr tu comprendras, mais moi j’ai eu des réserves ce qui ne veut pas dire que tu aurais les mêmes
Bonjour Luocine, je comprends que tu ne sois pas plus enthousiaste que ça. Je l’ai lu avec plaisir mais je ne crie pas au génie non plus. Bonne après-midi.
merci Dasola, oui j’ai quelques réserves sur ce livre, mais il ne s’oublie pas car la description de la guerre est terrible. Bonne après-midi à toi aussi
C’est quand même marrant les blogs … Après lecture de ton article, j’allais t’écrire que comme souvent, quand les romans ont été encensés et très chroniqués, l’envie de les lire me passe ( ça m’avait fait cela avec » Les Suprêmes », et finalement, je l’ai quand même apprécié), je pensais donc te dire que j’allais passer mon tour, surtout avec tes réserves … Mais après lecture des commentaires, j’ai une envie pressante de me faire mon opinion, alors, dès qu’il sera en poche, je m’y plongerai ! Et je donnerai à Patrice le même conseil de lecture que toi, c’est avec « Autant en emporte le vent » que j’ai le mieux compris les enjeux de la guerre de Sécession !
C’est vraiment ma source principale d’inspiration pour choisir des livres, le monde des blogs. à ce propos , je te raconte ma discussion de ce matin avec Jules 10 ans, « -grand-mère comment tu fais pour choisir des livres qui me font autant plaisir …
-J’ ai de la chance de connaître Noukette , Jérôme … »
Pour ce livre , il faut le lire la première partie m’a plu et puis je dois avouer qu’en ce moment je recherche plus la consolation , fac à un monde qui me déplaît que la description des horreurs créées par les humains en folie guerrière. Enfin dernière remarque, comme toi, j’aime lire les commentaires et les réponses aux commentaires , on en apprend beaucoup sur le livre en question.
je t’ai lue en diagonale car j’en commence la lecture aujourd’hui !
alors je reviendrai … :-)
Bon…grosse déception après ce concert de louanges…rien appris…héroïne peu attachante…en ferai je un billet, je ne sais …
La déception vient parfois d’une trop grande confiance dans le jugement d’autrui. Ce qui est alors intéressant, selon moi, c’est de se demander pour quoi ça marche avec certaines personnes et pourquoi ça ne marche pas avec soi. Beaucoup ont aimé dans ce roman, le récit du traumatisme de la guerre . Moi j’avoue que j’ai trouvé le récit très laborieux . Mais apprendre ou ne pas apprendre quelque chose n’est pas l’argument le plus important pour me faire adhérer à une lecture.
J’avais beaucoup aimé son premier roman mais tu es la deuxième billet mitigé que je lis sur celui-ci, ça me refroidit.