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Coup de cœur au club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Il n’y a pas que les lectrices du club qui ont été touchées par ce très court roman épistolaire, Jérôme, Aifelle chez qui je l’avais déjà remarqué, partagent leurs avis. Je l’ai également beaucoup apprécié. Il s’agit d’un texte qui se lit en une heure ou deux mais qui trotte dans votre tête pendant beaucoup, beaucoup plus longtemps. Puisqu’il se lit vite on peut s’appesantir sur chaque mot et sur ceux qu’on ne peut pas prononcer tellement l’horreur est parfois au delà des mots.

Prenez, par exemple, ce texte qui sert d’introduction :

1991. L’Armée populaire yougoslave, soutenue par les forces paramilitaires, envahit la Croatie pour mettre fin à sa volonté de sécession. Les combats font des milliers de victimes. Des villes et des villages subissent de lourds dommages.

Ce genre de phrases, on les lit souvent, on est choqué puis on oublie. « Les combats », « les victimes » « les dommages » : ce ne sont que des mots, des mots ordinaires et sans beaucoup de contenu, des mots « normaux » puisqu’il s’agit de guerre. Antoine Choplin et Hubert Mingarelli, vont grâce à la correspondance de deux hommes qui ont participé à cette guerre nous la rendre dans toute son horreur à partir d’un seul fait qui n’est somme toute qu’un détail aux yeux de l’Histoire. Leurs lettres commencent alors qu’ils se sont revus après les événements qui les ont tellement marqués l’un et l’autre, on ne sait pas combien de temps s’est écoulé depuis qu’ils sont revenus à la vie civile, Pavle en Argentine et Jovan à Belgrade.. En revanche, on sait qu’un certain Branimir , n’est plus qu’un souvenir pour eux. Les lettres sont échangées d’abord sur un ton banal et puis peu à peu la tension monte jusqu’à la chute finale. Pavle et Joan, ne pourront jamais vivre comme si la guerre était derrière eux. Elle est en eux maintenant , et pour toujours.

La guerre c’est donc ça : pousser trois copains qui aiment rire et faire des projets d’élevage de lapins à commettre les pires atrocités ?

Citations

La fin du roman

Je vais aller m’asseoir au bord de la rivière et vous serrer dans mes bras, toi autant que Branimir. Je vais regarder passer l’eau et attendre. Demain je mettrai en marche ma scie à ruban et je regarderai les planches défiler. Le soir j’irai boire avec Herman, le contremaître. Je boirai comme un cochon et tous les deux nous aurons les larmes aux yeux. Un jour, toi et Branimir me manquerez à nouveau.

Un jour je t’écrirai.

16 Thoughts on “L’incendie – Antoine CHOPLIN -Hubert MINGARELLI

  1. Très tentant sur cette guerre presque fratricide. Sur le conflit yougoslave j’ai lu l’an dernier le très bon Robert Mitchum ne revient pas de Jean Hetzfeld.

  2. oui oui oui celui là je l’ai noté et surligné
    y a plus qu’à le trouver à la médiathèque

    • je suis grâce à toi plongé dans le Montaigne de Sarah Blackewell et j’ai hâte de le finir pour te dire à toi et aux autres combien cette lecture est jouissive.
      Ce court roman sur la guerre dans sa grande pudeur est très beau.

  3. maggie on 13 mars 2015 at 12:36 said:

    Très intéressée ! Es-ce que c’est une vraie correspondance ?

    • non, il s’agit d’un roman, et je ne sais pas comment les deux écrivains ont écrit ce roman, l’un s’est-il emparé d’un personnage et l’autre du second? se sont-ils écrits et répondu? on ne sait pas mais le résultat est étonnant et crédible

  4. C’est un petit livre, mais dense et tellement profond. Deux auteurs à suivre de très près.

  5. J’ai adoré découvrir ces deux auteurs dans texte à quatre mains. On y retrouve la sensibilité de leurs univers respectifs et c’est un vrai plaisir.

    • très bon livre, je me suis demandé comment ils avaient écrit, est ce qu’un auteur écrit pour un personnage et l’autre pour le second personnage?

  6. J’ai eu la chance d’assister à une rencontre de Choplin et Mingarelli le week-end dernier à Bron. Je suis revenue avec leur livre dans le sac à main évidemment, j’ai hâte de le lire ;)
    Merci pour ta chronique !

    • Alors, tu peux répondre aux questions que je me pose comment ont-ils procédé pour ecrire5ce roman? Avaient-ils une trame ? Se sont ils distribués les deux personnages?

  7. En ce moment, je suis dans la Seconde Guerre mondiale, le genre de conflit qui interroge aussi…

  8. Il m’a manqué un petit quelque chose pour être conquise…

    • Le ton ordinaire des lettres peut-être? L’horreur est évoquée et pas décrite le résultat sur les deux protagonistes est ce qui nous permet de mesurer la violence des actes.

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