Édition l’âge d’homme ; Traduit du tchèque par Marcella Salivarova Bideau

 

J’ai trouvé cette lecture chez Patrice et j’avoue que je pensais y trouver plus de plaisir. C’est vraiment une fable et l’humour est très daté. On sent aussi que l’auteur a eu du mal à finir son histoire et le passage dans l’île avec des cannibales est un peu lourde. C’est donc une fable autour du football et de l’envie de grandeur d’un petit village de Dolni Bukvicky qui voit naître 11 garçons dans la famille du vieux Klapzuba . Ce père très malin fait de ses fils des champions de foot . Il va leur donner le sens de l’entrainement, et le plaisir du foot. Ils sont soudés entre eux comme des frères peuvent l’être. Ils vont devenir les meilleurs joueurs du monde , si célèbres que le roi d’Angleterre leur confiera son fils le prince de Galle pour en faire un champion. Leur ascension est très intéressante et se lit agréablement avec le sourire car rien n’est sérieux dans cette fable.

Mais un jour, les frères perdront leur envie de jouer car il rencontreront un petit garçon qui leur fait comprendre qu’ils sont devenus des professionnels.

Oui, vous êtes des professionnels, et c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas jouer avec vous. Nous jouons pour l’honneur et vous jouez pour l’argent. Je ne veux avoir rien en commun avec vous.

Ils prennent conscience de tout l’argent qu’ils ont gagné et cela rend le football moins passionnant. On est loin du football contemporain. Avant de tout arrêter, il faudra une dernière et folle équipée vers l’Australie et les onze frères finiront dans un sursaut d’honneur par retrouver leur compétitivité.

La fin est vraiment moins intéressante, l’auteur envoie son équipe de foot sur une île de cannibales puis au milieu de l’océan .

Je pense que ce roman est plutôt un livre pour la jeunesse. Malgré l’humour, je suis restée en dehors de cette fable qui pourtant est très célèbre en Tchéquie.

 

 

 

Citation

Humour tchèque.

« C’est vous, monsieur Klapzuba ? »

Klapzuba rassembla en vitesse toutes ses réserves de vocabulaire anglais, prit son temps pour y faire son choix, hocha la tête et dit finalement :

« Yes »

 

L’apprentissage et la royauté.

 Leur Majesté d’Angleterre m’ont envoyé leur fils en apprentissage, et de ma vie je n’ai jamais vu un apprenti se faire servir. Il s’est engagé, faut qu’il porte lui-même son barda. Le meilleur des rois est celui qui a le moins de laquais autour de lui, si on oublie que pas de roi du tout, c’est encore mieux que le meilleur des rois.

Le sport et l’argent.

Il n’y a pas de quoi s’étonner, tout ce qui se répète à l’infini perd de son charme et se résume à la longue a un problème mécanique. On a vu le même phénomène avec les professionnels du Royaume-Uni. Seul un amateurisme total, celui qui exige de ses adeptes des sacrifices, apporte en récompense le plus beau cadeau que la culture physique puisse offrir : l’esprit sportif. Toutes les autres formes d’activités sportives mène à la mortification de l’esprit.

Scène avec un colonel anglais .

Le colonel ne faisait rien d’autre que de rester assis, tirer sur sa pipe et cracher alors Klapzuba faisait de même, rester assis, tirer sur sa pipe et cracher -et ainsi ils restèrent assis, tirèrent sur leurs pipes crachèrent à deux. Une heure plus tard, le colonel leva la main, montra un oiseau blanc qui passait par là et dit en anglais :
« Mouette »
Klapzuba approuva de la tête :
« Yes »
 Une heure plus tard Klapzuba aperçut un dauphin surgissant et disparaissant dans l’eau. Il observa un moment leva la main et dit posément :
 « The poisson » 
Là-dessus le colonel Ward hocha sérieusement la tête :
« Yes »
Et ils retournèrent à leurs occupations, rester assis, tirer sur leurs pipes et envoyer des crachats.

Édition Belfond. Traduit de l’anglais(États-Unis) par Catherine Gibert .

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Je pensais avoir fait un billet sur « Il faut qu’on parle de Kevin », mais visiblement non alors que j’ai lu . En revanche j’ai chroniqué et peu apprécié « Double-Faute« de la même auteure. Je suis déçue par cette lecture qui pourtant commençait bien : un couple de sexagénaires se trouve à la retraite devoir résoudre la question qui traverse tant de couples : Que faire de tout ce temps libre que l’on doit maintenant passer ensemble, sans le travail ni les enfants ?

La femme était une grande sportive elle a complètement détruit les cartilages de ses genoux à force de courir tous les jours, l’homme au contraire n’a pratiqué aucun sport mais vient de se faire virer de son boulot à la ville car il s’est opposé à une jeune femme noire qui est une spécialiste du « Woke » à défaut se s’y connaître en urbanisme. Le roman commence par son annonce surprenante et qui m’a fait croire que j’allais aimer ce roman : il annonce à sa femme qu’il va courir un marathon. Sa femme vit très mal cette nouvelle passion de son mari. D’ailleurs cette femme vit tout très mal, il faut dire qu’il n’y a rien de très réjouissant dans sa vie. Sa fille est confite en religion et en veut terriblement à sa mère, son fils est délinquant et sans doute dealer, et elle souffre le martyre tout en continuant à s’imposer le maximum d’efforts physiques que son corps peut supporter.
Tout cela pourrait faire un bon roman, mais moi je m’y suis terriblement ennuyée. Comme pour beaucoup d’auteurs nord-américains c’est beaucoup trop long, mais ce n’est pas la seule raison. Cette écrivaine ne sait résoudre les problèmes de ses personnages qu’à travers des dialogues qui s’étirent en longueur. Cela a provoqué chez moi une envie d’en finir au plus vite avec cette lecture. Il faut dire aussi que je n’étais bien, ni avec la femme, ni avec son mari et son coach Bambi absolument insupportable, ni avec la fille confite en religion qui va faire le malheur de tous ses nombreux enfants. Je n’ai toujours pas compris -mais je l’avoue ma lecture a été très rapide à partir de la moitié du roman- pourquoi après tant d’événements qui déchirent ce couple, ils restent ensemble finalement.
Ce n’est donc pas une lecture que je peux conseiller, mais si ce roman vous a plu, je lirai volontiers vos billets.

 

Citations

C’est bien vu

 – Ce qui m’agace à propos de ces expressions subitement ubiquitaires… 
Tommy n’allait pas demander la signification de « ubiquitaire »
– … c’est-à-dire celles que soudain tout le monde emploie, ajouta Serenata, c’est seulement que ces gens qui balancent une expression à la mode a tout bout de champ sont persuadés d’être hyper branchés et plein d’imagination. Or on ne peut pas être branchés et plein d’imagination. On peut être ringard et sans imagination ou bien branché et conformiste.

Bizarreries du couple

 En fait, toute honte bue, Serenata était en train de se servir de leur fille difficile pour réveiller un sentiment de camaraderie entre-eux. Ils s’étaient sentis tous les deux maltraités, avaient tous les d’eux été sidérés par le sombre grief que leur fille entretenait contre eux et tous les deux désespérés de son adhésion à l’Église du Sentier Lumineux, dont les fondateurs ignoraient certainement qu’il s’agissait du nom d’une organisation terroriste péruvienne. Unis dans la consternation, ils n’en demeuraient pas moins unis, et elle ne se sentait même pas coupable d’étaler effrontément l’histoire inconséquente de Valeria pour faire émerger une solidarité. les chagrins devaient avoir leur utilité.

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Encore un roman que je peux rayer de ma liste. Quel succès sur Babelio ! plus de 617 lecteurs et 137 critiques, très favorables le plus souvent. Je ne connaissais pas l’auteure Lola Lafon, depuis, je l’ai écouté chanter et je lirai à l’occasion ses autres romans. Elle était particulièrement bien placée pour comprendre la vie de Nadia Comaneci : c’est une femme , elle vient des pays de l’est et a vécu en Roumanie. Elle revendique un point de vue féministe et fait très justement remarquer, dans les interviews qu’elle a données à propos de ce roman, que les commentateurs sportifs, le plus souvent masculins parlaient de magie quand Nadia avait un corps de petite fille et n’éprouvaient plus la même « attirance » quand elle a eu un corps de femme. Elle a construit sa biographie, en dialoguant avec l’ex-championne de gymnastique, celle qui est dans toutes les mémoires, pour avoir obtenu le premier 10 en 1976 aux jeux Olympiques de Montréal.

J’ai, dans un premier temps, pensé que Nadia C. avait donné son accord pour que ce livre décrive sa vie ainsi et qu’elle répondait aux questions de sa biographe, grâce à vos commentaires, je me suis rendu compte de mon erreur. En réalité, même si c’est bien un roman à deux voix , c’est Lola Lafon qui les imagine toutes les deux. Cela permet d’exprimer deux opinions. Nadia C. réagit fort pertinemment , à propos des différences en ce qui concerne les entraînements de sportifs de hauts niveaux en système communiste et capitaliste. Elle sait reconnaître également qu’elle est un produit du pays communiste roumains et elle n’a pas, loin de là, que des mauvais souvenirs. Elle mettra du temps à comprendre les abus du pouvoir. En réalité pour qu’une enfant réussisse à ce niveau en gymnastique, il n’y a pas deux systèmes, elle doit d’abord être douée, et son entraîneur savait reconnaître les dons chez les enfants. Il y avait beaucoup de petites Roumaines douées, mais il a su repérer le don unique de Nadia C. Ensuite tout n’est qu’entraînement et travail forcené.

Si la médaille d’or de 1976 est un choc extraordinaire, je trouve que l’on sent encore plus en 1980 le talent de son entraîneur, car Nadia a alors 18 ans, un tout autre corps et sa prestation est parfaite. D’ailleurs, Bella Karolyi recommencera avec le même succès aux États-Unis avec Mary Lou Retton qui apportera à ce pays sa première médaille d’or dans la spécialité . En revanche, on peut vraiment se poser des questions sur la violence des entraînements pour arriver à ce résultat : oui, un enfant peut le faire, et surtout on ne peut atteindre ce niveau que si on est un enfant, mais à quel prix ! Lola Lafon, nous plonge donc dans ce monde impitoyable de la très haute compétition et les ambiances des championnats, en particulier les jeux olympiques de Moscou alors que l’URSS envahit l’Afghanistan. J’ai lu avec grand intérêt cette biographie, alors que je ne m’intéresse pas du tout à ce sport, et cela m’a amenée à changer mes points de vue un peu simplistes sur cette spécialité. (Je me disais qu’il fallait interdire toutes les compétitions aux mineurs, mais ce n’est pas si simple !).

Citations

L’entraînement vu par Nadia

Nadia C. ne fait aucune remarque mais le lendemain, lorsque je lui demande comment elle explique l’obéissance absolue des gymnastes, elle paraît gênée par ce mot, obéissance : « C’est un contrat qu’on passe avec soi-même, pas une soumission à un entraîneur. Moi, c’étaient les autres filles, celles qui n’étaient gymnastes, que je trouvais obéissantes. Elles devenaient comme leur mère, comme toutes les autres. Pas nous ».

Le programme de Bella Karolyi

Il redessine les journées ; 6 heures-8 heures : entraînement. 8-12 heures : école. 12 heures-13 heures : repas. heures-14 heures : repos. 14 heures-16 heures : leçons. 16 heures- 21heures entraînement. 21 heures 22 heures : dîner, leçons et coucher.

Le système communiste roumain

Si vous avez souhaité écrire mon histoire, c’est que vous admirez mon parcours. Et je suis le produit de ce système-là. Je ne serai jamais devenue championne dans votre pays, mes parents n’auraient pas eu les moyens, pour moi tout a été gratuit, l’équipement, l’entraînement, les soins !

 Pour revoir le premier 10 en 1976 aux jeux olympiques de Montréal attribué à une jeune fille (au corps d’enfant) de 14 ans Nadia Comaneci :