J’ai cherché à la médiathèque un livre noté chez Jérôme L’incendie par Choplin et Mingarelli.Il n’y était pas, en revanche, j’y ai trouvé plusieurs romans de Mingarelli, dont celui-là. Il s’agit plus d’une longue nouvelle que d’un roman. Trois soldats allemands en Pologne préfèrent partir à la chasse aux juifs que passer leur journée à les fusiller. On les sent fatigués et mal à l’aise de devoir fusiller tant de gens. Ils auraient même eu quelques sentiments pour deux juifs qui avaient, pendant un mois laver et plier leur linge. Il partent donc dans un froid terrible et très bien rendu dans ce texte. Ils réussiront à trouver un juif caché dans un trou en forêt, et dans une scène assez dramatique passeront un certain temps dans une pauvre masure à chauffer une soupe qu’ils partageront avec un Polonais qui déteste encore plus les juifs qu’eux. Ils donneront donc une partie de la soupe chaude au juif pour, semble-t-il, uniquement ennuyer le Polonais.
J’avoue ne pas trop apprécier ce genre de fiction : que les Allemands aient été fatigués de tuer des juifs, qu’ils aient eu mauvaise conscience, et qu’ils se demandent ce que leurs enfants penseront d’eux, ne me semble pas très important au vu du résultat final. Cela me gêne aussi, qu’ils se sentent mieux que ce Polonais et qu’ils supportent mal sa haine des juifs. Mais, je le souligne, ce romancier sait créer une ambiance dramatique à cause du froid et de la faim, ils doivent brûler tout ce qui est en bois dans cette masure pour arriver à faire bouillir une marmite de soupe.
Citation
Formule très évocatrice
Tout à l’heure nous avions traversé un village polonais, triste comme une assiette en fer qu’on n’a jamais lavée.
Le froid
On s’arrêta pour fumer. Autour de nous il n’y avait que des champs immenses. Le vent avait fait onduler la neige, il avait construit des vagues longues et régulières que le froid avait figées depuis longtemps. nous regardions comme si nous étions au milieu d’une mère toute blanche. Au-dessus , c’était pareil, à part là-bas vers l’est, le voile à peine coloré devant le soleil.
On en parle
Tiens tiens, Aifelle avait vraiment beaucoup aimé en 2012.
J’avais beaucoup aimé ce titre avec lequel j’avais découvert cet auteur (jamais relu depuis, alors que j’ai acheté trois autres titres … Mais bon !). Ce que j’avais apprécié, c’est l’ambiance dramatique, comme toi, et aussi le propos, les personnages ne sont que plus ignobles d’être un peu humanisés. Ils n’obéissent qu’à une sorte d’instinct de survie, ils sont empreints d’une mesquinerie crasse. C’est dérangeant d’être dans leur peau. Même pour peu de temps …
Ton commentaire est très pertinent et rend hommage au talent de l’écrivain. Mais il reste que l’humanité des bourreaux, n’est pas mon intérêt premier. Que les tueurs de Daesch ou de Boko Haram qui crucifient des êtres humains, violent des femmes, et assassinent des enfants aient des remords, ce n’est pas trop ce qui m’intéresse . Je voudrais comprendre comment par idéologie, on arrive à massacrer des populations entières.
Oui, j’avais beaucoup aimé, c’était ma première lecture de l’auteur et depuis j’en ai lu deux autres, avec la même admiration pour son talent. On ne tue pas que par idéologie, loin de là, c’est souvent plus complexe.
Ce qui en ce moment me tourmente, comme beaucoup de gens je suppose, c’est comment on peut endoctriner des gens pour organiser des crimes de masse. En ce moment je suis dans l’horreur du communisme russe ….j’espère avoir assez souligné le talent de l’écrivain qui est réel je suis d accord avec toi.
Ce genre de texte met forcément mal à l’aise : il n’est pas simple de comprendre cette haine-là.
Vu ta réponse au com’ d’Athalie, je te conseille de regarder la série qui est diffusée en ce moment à la télé et qu’on peut voir sur internet : « Jusqu’au dernier, la destruction des Juifs d’Europe ». Le premier épisode, s’attache justement à essayer de comprendre comment les Allemands ont pu devenir de tels bourreaux. Je croyais connaître pas mal de choses sur le sujet mais j’en ai encore découvertes.
Je vais regarder merci . Je trouve un réel talent l’auteur, mais c’est son point de vue qui m’a dérangée.
Je me permets de noter la référence donnée par Sandrine, parce que moi aussi je croyais connaître le sujet, et puis, je suis allée à Birkenau, et j’ai compris que je ne n’avais rien compris, que je ne comprendrai jamais, il n’y a que la littérature qui fait comprendre, un peu …
Je crois que je te comprends trop bien, je n’ai même jamais eu le courage d’aller sur les lieux des crimes nazis.
pas lu celui là mais j’avais apprécié plusieurs romans de l’auteur
J’en lirai d’autres, moi aussi , car l’auteur m’a semblé avoir beaucoup de talent dans la retenue.
J’avais adoré ce texte. Beaucoup plus que « L’homme qui avait soif », autre roman de Mingarelli lu depuis. J’aime son économie de moyens et de mots pour installer une ambiance, ça me laisse totalement admiratif.
je suis d’accord avec l’économie de moyen.