Édition Albin Michel
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 
Encore un roman qui m’a scotchée . Et pourtant, je lis peu de roman policier, mais lorsque le second plan du suspens est aussi intéressant (et pour ce roman, je dirai plus intéressant) que le suspens alors mes réticences tombent. Il s’agit d’un triller haletant et bien ficelé, il s’agit de retrouver un tueur qui assassinent des gens qui ont eu un rapport avec deux meurtres de deux femmes qui ont eu lieu en 1986, le jour même où le réacteur de Tchernobyl a explosé. L’enquête est menée à la fois par un policier ukrainien qui a été nommé là pour le punir d’avoir dénoncé un supérieur corrompu. Et un flic russe recruté par un apparatchik richissime dont le fils a été le premier assassiné par le tueur à Tchernobyl. Ces deux hommes sont à l’image du flic dans la littérature, fatigué, alcoolique et trainant derrière eux pas mal de casseroles, et tous les deux ont besoin d’argent pour leur enfant. Le flic russe pour payer l’opération qui permettrait à sa fille sourde d’entendre. Le policier ukrainien pour payer un gilet pare-balle à son fils engagé dans la lutte contre les prorusses dans le Donetsk.
Pour moi tout l’intérêt, vient du lieu où se passe cette horrible histoire. Nous sommes dans la zone contaminée et cette enquête va permettre de comprendre la fin du communisme et comment l’Ukraine s’est formé dans une ambiance déliquescente, tout cela avec l’explosion de la centrale nucléaire qui a eu des conséquences terribles pour les habitants de ce pays.
L’horreur est au rendez-vous dans tous les thèmes qui sont traités : les touristes voyeurs qui viennent se distraire en regardant ce lieu dévasté par l’explosion. L’exploitation des métaux qui sont volés dans cette zone interdite et qui partent pour être recyclés dans des usines métallurgiques asiatiques alors que ce métal est irradié. L’exploitation du bois qui se retrouve dans les meubles bon marchés en Europe. L’exploitation de l’ambre dans des forêts contaminés. La vie des pauvres petits enfants nés difformes ou qui sont leucémiques.
J’ai personnellement peu de goût pour l’horreur mais c’est un peu la loi du genre, comme le fait de ne pas avoir tout de suite toutes les clés. Ne vous inquiétez pas je ne vous dévoilerai rien du suspens.

Citations

L’alcoolisme en Russie.

Il s’agissait d’une bouteille de Boyarychnik, une préparation à base d’aubépine dont on se servait normalement comme huile de bain. Mais en Russie, tout le monde savait que l’huile d’aubépine, c’était la roue de secours du poivrot : même quand les magasins et les bars étaient fermés on en trouvait dans des distributeurs automatiques en pleine rue. Elle cumulant trois avantages non négligeables : elle contenait jusqu’à 90 % d’alcool, était facile à trouver parce qu’elle ne subissait pas les restrictions qui s’appliquaient aux spiritueux et son prix était dérisoire, à peine une poignée de roubles. Et en prime c’était moins dégueulasse que l’eau de Cologne, et moins dangereux que l’antigel.

Russe ou Ukrainien.

Je suis né soviétique. La Russie c’est mon pays. L’Ukraine aussi. Choisir entre les deux, ce serait comme choisir entre mon père et ma mère.

Tchernobyl

Avec amertume, il se dit que le monde se souvenait de dictateurs, de joueurs de foot brésiliens et des artistes peignant des carrés blancs sur fond blanc et que personne ne pouvait donner le nom d’un seul de ces hommes qui avaient sauvé l’Europe d’un cataclysme nucléaire sans précédent. Qui connaissait Alexei Annenko, Valeri Bespalov et Boris Baranof ? Qui savait qu’ils s’étaient portés volontaires pour plonger dans le bassin inondé sous le réacteur 4, pour activer ses pompes et le vider de son eau avant que le cœur en fusion de l’atteigne ? Qui savait que si le magma d’uranium et de graphite s’était déversé dans le bassin, il se serait produit une explosion de plusieurs mégatonnes qui aurait rendu inhabitable une bonne partie de l’Europe ?

 Qui le savait ?

 

16 Thoughts on “De bonnes raisons de mourir – Morgan AUDIC

  1. As-tu à nouveau lu la fin avant ?

    • Oui bien sûr, même plusieurs fois car l’intrigue est si bien menée que j’avais du mal à comprendre. Je dois avouer que je n’ai tout compris que lorsque j’ai tout lu le roman. Mais ce n’est pas l’essentiel, le plus intéressant c’est que nous apprenons sur la Russie et l’explosion de la centrale nucléaire .

  2. On va finir par faire de toi une lectrice de romans policiers (ils sont de plus en plus ancrés dans l’actualité et les problèmes de société contemporains, donc beaucoup peuvent te plaire) ! ;-)

  3. keisha on 23 janvier 2023 at 13:00 said:

    Pourquoi pas? Je viens de lire un livre sur Tchernobyl mais tant pis, le sujet est intéressant.

  4. Il est dans ma PAL celui-là. J’attends le bon moment pour le lire, je sais qu’il est costaud.

  5. Merci, je le retiens :)

  6. Si tu recommade un polar, forcémeent, je le note … Même si j’ai un autre livre en attente qui traite du sujet, La désolation …

  7. Pas trop tentée, le back ground étant la réalité et me semble trop dur. Et puis impossible pour moi d’avoir cette couverture sur ma table de chevet !!!

  8. je lis de moins en moins de polars mais là tu m’intrigues beaucoup
    De toutes façons je note la référence j’ai une amie fan de polars à qui cela plaira certainement

  9. Bonjour Luocine, je le note pour un emprunt en bibliothèque. Bonne journée.

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